VOULTEGON (79) - LE CLERGÉ
Les curés de Voultegon d'après les archives de l'église, de la mairie et celles du château de Saint-Clémentin :
Pierre de la Nohe, 1402 ; Jean Pasquerolleau, 1405 ; André Mirsot, 1427 ; Philippe Audigier, 1606- 1629 ; René Simonnault, 1640-1660 ; Simon Riffault ..., 1664 (D. Bonnard, l'abbaye de la Trinité de Mauléon) ; Vincent Louys, 1666-1692 ; René Hodemont, 1692-1693 ; René de la Plante-Pierres, 1693-1721 ; Jean Bachelon, 1721-1722 ; Michel-Louis de la Bigotière, 1722-1748 ; Jacques Godefroy, 1748-1765 ; Antoine-Michel Boissard 1765-1803.
Vicaires : Hilaire de la Celle, 1620 ; J. Rouctiau, 1644 ; J. Moslays, 1651 ; J. Vuillot, 1652 ; M. Thibault, 1658 ; Jacques Bernard, 1658 ... ; Turquois, 1666 ; de Saint-Hilaire d'Hillerin, chan. réf., 1666 ; Antoine Réthoré, 1671-1674 ; Guy Picault, prieur du Busseau, 1674 ; Bérard, 1674 ... ; J. Hay, 1684 ... ; M. Forget, chapelain de la Coindrie, 1692 ; F. Rousseau, 1694 ... ; E. Gratien, 1694 ; G.-R. Gaultier, 1696 ; J. Morin, 1697 ... ; Guy Brémand, 1720 ... ; Torrend, ch. rég. ; Mathurin Billy, 1727 ; Garnier de la Roussière, chan. rég. 1728 ; J. Hervé, 1729 ... ; P. Rambault, 1738 ; Joachim Cochon de la Vallinière, chan. rég., 1738 ... ; Pons, chan. rég., 1739 ; F. Vuillot, jacobin, 1747 ... ; Bondu, chan. rég., 1765 ; F. Mathias, capucin, 1765 ... On trouve Mathurin Marsault, prêtre à Voultegon en 1550.
M. Antoine-Michel Boissard, dernier prieur de Voultegon, avait été principal du collège de Thouars avant 1765 ; il refusa le serment à la constitution civile du clergé et parti en Espagne, avec M. Marquet, curé de la Coudre, au mois d'août 1792 (il fut embarqué aux Sables-d'Olonne pour Saint-Sébastien sur le Mandé, qui avait pour patron Jean-François Ravoud - Déclaration du 3 octobre 1792.) M. Boissard revint de son exil au mois de juillet 1802 ; son premier acte après dix ans d'éloignement est du 14 juillet 1802, il le signe encore prieur-curé de Voultegon. M. Boissard mourut le 17 mars 1803, âgé de 76 ans et fut inhumé le 19 mars en présence de Perreau, curé de Boesse, Chessé, curé de Moutiers, Richardin, curé de Saint-Aubin, Jarry, curé de Saint-Clémentin, Dillon, curé d'Étusson et Nepveu, curé de Luché.
Dernier feuillet de l'année 1784 du Registre paroissial de Voultegon tenu par le Prieur-Curé Boissard.
Après son départ pour l'Espagne, où il prit résidence à Falces, en Navarre, le service de la paroisse fut fait par M. Larc, curé de Saint-Clémentin, jusqu'au mois d'août 1794. A cette époque, M. François-Pierre-Charles Nepveu, curé de Luché, "en vertu de son pouvoir de desservant pour la paroisse de Voultegon et autre adjacentes environ 4 lieues sans prêtres, à lui accordé par Monsieur le vicaire général de Monseigneur Jean-Charles de Coucy, évêque de la Rochelle, en date du 17 juillet 1794, signé Supiot, supérieur des missionnaires de St-Laurent, vicaire général" exerce les fonctions curiales à Voultegon ; son dernier acte est du 7 février 1795. (M. Nepveu s'était réfugié dans sa famille à Voultegon ; François Nepveu, maître-chirurgien, demeurait à Voultegon en 1762. Après la tourmente, l'abbé Nepveu, reprit l'administration de la paroisse de Luché et mourut curé de Mouterre-Silly en 1838, âgé de 87 ans.)
Le culte ne cessa pas d'être administré par des prêtres fidèles ; après M. Nepveu, ce fut M. François Turpault, qui signe desservant de Voultegon et dresse les actes presque sans interruption jusqu'au mois de juillet 1802. Un prêtre nommé P. Ferrand fit aussi quelques actes en 1800.
E. Saillard, dans son livre La Terreur à Poitiers, page LII, fait figurer, dans la liste des habitants de la Vienne condamnés et guillotinés à Paris, "Bernard Clément, 33 ans, curé de Voultegon, 9 thermidor (1793)". M. Bernard n'était pas curé de Voultegon, mais de Berthegon. Voici la fiche que lui consacre M. de Roux dans La Révolution à Poitiers et dans la Vienne, page 418 : "Berthegon. Bernard ne prêta pas le serment à la constitution civile, prêta le serment de Liberté-Égalité et resta en fonctions jusqu'à son arrestation. Guillotiné à Paris".
M. F. Turpault était avant la Révolution titulaire de la chapelle de Saint-Sébastien ; il avait été précédemment principal du collège de Sanzay. Il était le frère de René Turpault, fabricant, demeurant à Cholet. Ce dernier avait épousé Perrine Potier, né à Cléré, en Anjou. Cette femme, mère de douze enfants, fut arrêtée par ordre du comité révolutionnaire de Cholet, le 13 janvier 1794. Elle était interrogée le lendemain et dès le 15 janvier envoyée à la Commission militaire à Angers avec 26 autres détenus. Pendant trois mois, Madame Turpault subit une dure détention au Calvaire, elle fut fusillée au Champ des Martyrs, le 16 avril 1794. De l'interrogatoire subi par elle à Cholet, nous extrayons ce qui concerne son beau-frère, l'abbé Turpault : "Avez-vous logé des émigrés ou des prêtres réfractaires ? - Non, mais mon beau-frère, François Turpault, desservant d'une chapelle, demeurant à Voultegon, vint se réfugier chez nous, lorsque sa maison fut brûlée et n'y resta qu'environ deux jours et c'est quelques jours avant la prise de Cholet par les Républicains (17 octobre 1793). - Où ce beau-frère est-il allé après être sorti de chez vous ? - Je n'en sais rien et je n'en ai même pas entendu parler depuis. - Était-il prêtre assermenté ? - Non ..."
La note de police qui le concerne dans le tableau des ecclésiastiques existant en l'an VI dans le canton des Aubiers est assez bénigne : "Le nommé Turpault, âge inconnu, demeurant à Voultegon, non assermenté, en exercice".
Nous ignorons s'il faut identifier François Turpault avec M. Turpault porté à l'organisation du culte comme curé de Brétignolles, ce dernier refusa le serment prescrit par le Concordat. Il est signalé en ces termes dans le rapport au Préfet des Deux-Sèvres, en 1804 : "dissident, borné, paisible, caché et introuvable". Dans un autre rapport adressé par M. Dupin à M. Réal, ministre de la Justice, 6 mars 1811, M. Turpault est dit né aux Aubiers, âgé de 65 ans, d'une capacité si médiocre qu'il n'était pas apprécié avant la Révolution. Il dirige avec deux autres prêtres les dissidents de Nueil, de Brétignolles, Cirières et Montigny. Ces renseignements peu flatteurs sous le rapport intellectuel ne nous semblent pas convenir à M. François Turpault, ancien principal d'un collège. Nous savons par ailleurs qu'il y eut un Jacques Turpault, vicaire à Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde, originaire des Aubiers où son père, Jacques Turpault, était marchand-aubergiste en 1762.
M. Antoine-Michel Boissard eut pour successeur, en 1803, M. Jacques-Charles-Joseph Cousseau du Vivier, dont le premier acte est du 2 juillet 1803. Ce prêtre appartenait à la famille des Cousseau, de Mauléon (Châtillon-sur-Sèvre) ; il était le neveu de l'abbé Cousseau de la Richardière, vicaire général du diocèse de la Rochelle. Pourvu du vicariat de Notre-Dame de la Rochelle, il fut ensuite prieur-curé de Saint-Sigismond. Il refusa le serment à la Constitution et se réfugia en Espagne. Son exil de dix ans fut adouci par l'accueil distingué que lui fit le chapitre de Saint-Jacques de Compostelle, et surtout par l'amitié de ses confrères que la douceur de son commerce et le charme de sa conversation réunissaient souvent autour de lui. A son retour dans sa patrie, il hésita à prêter le serment prescrit par le Concordat.
Voici un extrait de la lettre qu'il écrivait à ce sujet, le 6 pluviôse an XII (26 janvier 1803), à M. Redon, sous-Préfet de Thouars : "Je n'ai fait jusqu'ici, citoyen sous-préfet, aucun serment relatif à la Révolution française, et je ne puis me résoudre à faire celui qu'on me demande aujourd'hui, quoique je reconnaisse une grande différence entre celui-cy et ceux qu'on nous a précédemment demandés, puisque le Souverain Pontife l'approuve, et que d'ailleurs, il ne renferme qu'un acte que tout gouvernement a droit d'exiger des fonctionnaires publics. Mais je préfère cesser de l'être, si je ne puis continuer mon ministère sans cette formalité. Vous savez que depuis ma rentrée en France j'ai toujours tâché par mon ministère d'entretenir la paix parmi ceux sur qui mon ministère m'a donné quelque autorité. Cette conduite passée, je l'offre pour garant de ma conduite future, parce qu'elle est fondée sur les principes de notre sainte religion. Si ce garant vous suffit, je continuerai à desservir la paroisse de Voultegon ; autrement, je sortirai dès l'instant que M. l'évêque de Poitiers m'aura retiré les pouvoirs qu'il m'a donnés ..."
Le sous-préfet écrit en juin 1804, dans son État des prêtres qui ont prêté, différé ou refusé ce serment : Cousseau du Vivier, parent du secrétaire intime de M. de Coucy, a paru ébranlé dans la conférence que j'ai eue avec lui à Argenton, a demandé du temps, et enfin m'a remis son serment que j'ai envoyé au Préfet, à Niort.
M. Cousseau du Vivier quitta Voultegon en 1808; il fut nommé curé de Châtillon après la mort du dernier prieur, M. Perrinet, et y décéda en 1824 (le 5 avril).
Extrait : Monographies des villes et villages de France - Argenton-Château et ses environs - l'Abbé Gustave Michaud
On trouve aux Archives Départementales des Deux-Sèvres, un registre tenu par François Turpault, desservant de Voultegon de 1797 à 1801, continué par Antoine-Michel Boissard pour l'année 1802 jusqu'au 10 janvier 1803.
A compter du six Vendémiaire, an IX (28 septembre 1800), les registres sont tenus par Félix Brémond, maire de Voultegon.