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La Maraîchine Normande
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28 novembre 2015

LUÇON (85) - 1568 - L'HÉROÏQUE CHANTECLERC

LUÇON (85) - L'HÉROÏQUE CHANTECLERC


Si les pierres pouvaient raconter toutes les scènes dont elles ont été les impavides témoins, nous y trouverions la matière d'innombrables pages.

 

Luçon cassini

 

A l'époque des guerres de religion, combien de fois l'église de Luçon fut-elle envahie, saccagée, les catholiques massacrés, les autels ruinés, les objets sacrés pillés ou détruits par le feu ! ...

 

guerres de religion

 

Nous ne résistons pas au désir de reproduire ici le drame sanglant qui s'y déroula le 18 février 1568.

La cathédrale représentait, pour les partisans de la Réforme, la tête de la résistance et il fallait s'en rendre maître à tout prix.

Quand Sainte-Hermine, seigneur du Fâ, fut débarrassé de ses inquiétudes du côté de la Rochelle, que sa situation et ses défenses formidables rendaient inaccessible, il organisa des sorties de troupes pour balayer les environs et conserver toute sécurité dans ses retranchements.

Le 18 février 1568, il jeta contre Luçon onze cents hommes des garnisons de Marans et de La Rochelle dont il confia le commandement à Trousseau et à Jean Boisseau. Ceux-ci, afin d'aboutir au point fixé sans diminuer leurs forces, résolurent d'éviter le poste de La Charrie et passèrent par Le Poiré et Mouzeuil. Ils atteignirent Luçon vers quatre heures et demie du soir, y pénétrèrent sans coup férir et voulurent s'emparer de la cathédrale. Mais quelques courageux habitants, unis à une poignée de soldats du comte du Lude, s'étaient placés sous les ordres du chanoine Innocent Chanteclerc, décidés à mourir plutôt que de se rendre.

Au dernier moment voyant qu'aucun chef ne se mettait à la tête des catholiques, pas plus le sieur du Sableau que Salo de Beauregard à qui, cependant, avait été confiée la défense de la cathédrale, Chanteclerc avait pris le commandement des volontaires qui ne craignaient, pas plus que lui, d'affronter la mort.

Postés à toutes les ouvertures du clocher, ils tiraient sur les huguenots sans leur donner un instant de répit.

Ceux-ci, décimés et furieux de cette résistance acharnée, voyaient la victoire leur échapper car leurs coups, portés au jugé, ne semblaient pas atteindre des adversaires dont il était, du reste, impossible de connaître le nombre.

La position des assaillants était donc très critique et ils allaient reculer quand une troupe des leurs profitant du crépuscule et munis de matières inflammables, s'approchèrent vivement de la porte principale de l'église où, à l'abri des coups, ils eurent toute facilité d'entasser leur bûcher et d'y mettre le feu aux cris de triomphe des assaillants. La porte s'écroula mais, à l'intérieur, la défense s'était fortifiée, un mur épais qu'il fallut démolir, avait été construit dans le portail, et la nuit couvrait déjà la ville de son ombre quand les soldats purent franchir la brèche où ils étaient reçus à coups d'arquebuses et de pavés.

Les premiers massacrés, ceux qui suivaient songèrent à rétrograder, mais la poussée fut tellement violente qu'ils durent céder sous l'irrésistible flot. En un instant, les huguenots maîtres de la place fouillèrent l'édifice, se saisirent des catholiques dont pas un n'échappa.

A la lumière des cierges, au milieu des grandes ombres des piliers, le drame s'accomplissait sinistre. Le vaillant Chanteclerc qui, dès le début du combat s'était mis en évidence, avait eu le bras droit brisé et, malgré la souffrance, continuait à tirer de la main gauche. Il se défendit jusqu'au bout, ainsi qu'un choriste nommé Mathurin Rond, le seul survivant, avec lui, de la valeureuse petite troupe.

Ils sont là, couverts de blessures, cernés de toutes parts, expirants presque et ils frappent sans cesse, vendant cher leur vie. Ils savent qu'ils vont mourir, mais ils dépensent, sans compter, tout ce qui leur reste de force. Ils tombent enfin, percés de coups après avoir épuisé le dernier sursaut d'énergie et leurs corps en loques servent d'aliments à la rage féroce des vainqueurs, rage qui ne s'apaisa pas après même qu'ils eurent pendu et criblé de balles le corps du brave Chanteclerc, car ils se dispersèrent dans l'église et le clocher, dévastant tout, brisant les cloches et les verrières, brûlant les meubles et le monument lui-même.

Un incendie ne leur suffit pas, incontinent ils mettent le feu à Saint-Filbert et à Saint-Mathurin, à l'évêché, à la chapelle de l'Aumônerie et aux habitations des chanoines.

Il n'est pas de lâchetés qu'ils ne commirent, même celle de s'enfuir, pris de soudaine panique, en apprenant l'approche du comte du Lude et de ses soldats.

AD85 - Bulletin paroissial de Luçon - 1926

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