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La Maraîchine Normande
18 mars 2015

MONTBIZOT (72) - ANTOINE-JEAN DE CLINCHAMP-SAINT-ANDRÉ, VICAIRE-GÉNÉRAL ... GUILLOTINÉ

 

Montbizot château du Tertre

 

 

ANTOINE-JEAN DE CLINCHAMP, ancien moine bénédictin de Saint-Aubin d'Angers, prieur de la Trinité de Clisson, vicaire-général de Monseigneur de Suffren de Saint-Tropez, évêque de Sisteron.

C'était un érudit comme la plupart des membres de l'Ordre de Saint-Benoist.

Durant la Terreur, il quitta Paris pour regagner la maison paternelle de Beaumont.

De retour à Paris, peu de temps après, Antoine-Jean de Clinchamp fut arrêté chez Madame de Beauvilliers et traduit le 20 avril 1793, devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna à monter sur l'échafaud, pour avoir publié une brochure intitulée : "Aux amis de la vérité", en faveur de la Monarchie et de la Religion. L'auteur y flagellait l'impiété et les violences de l'époque, la pression exercée dans les élections, le choix d'étrangers et de citoyens indignes du mandat populaire. Il y protestait aussi contre la violation de la propriété et des personnes, sous toutes les formes, l'assassinat juridique du Roi, l'anéantissement de toutes les libertés publiques ; il finissait en annonçant comme prochaine l'heure de la vengeance et du châtiment. Sa tête tomba sur la place de la Révolution, le samedi 20 avril 1793, immédiatement après le prononcé du jugement.

Extrait de l'Histoire du tribunal révolutionnaire, par Wallon, relatif au prieur Antoine-Jean de Clinchamp :

"Les écrits constituaient un crime plus grave que les propos. Le 20 avril, comparaissait devant le tribunal Antoine-Jean de Clinchamp, dit Saint-André, ancien prieur de Clisson, comme auteur d'un imprimé en quatorze pages, ayant pour titre : Aux amis de la vérité, et pour épigraphe : Quid fuimus ? ancipites ; Quid sumus ? infelices ; Quid erimus ? heu ! Qu'avons-nous été ? en grand doute ; Que sommes-nous ? malheureux ; Que serons-nous ? hélas ! Cet écrit était donné comme provoquant au meurtre, à la violation des propriétés, à la dissolution de l'Assemblée nationale et au rétablissement de la royauté. Pour le rétablissement de la royauté, c'était certain, et la violation des propriétés ne faisait guère plus de doute, puisqu'il les voulait rendre à ceux que la Révolution en avait privés.

Voici en effet les conclusions de son appel :

"Le premier acte légitime que vous avez à faire de la puissance dont vous vous êtes investis, c'est :
1° De délivrer de la captivité votre jeune monarque, son auguste mère, sa soeur et sa tante, que vous tenez en charte privée, à la merci des cruels municipaux et de suppôts barbares ;
2° De le replacer sur le trône, où vous lui prêterez serment d'être aussi fidèles que vous avez été parjures ;
3° De chasser cette horde de brigands, dont tous les noms sont inscrits, pour que la loi, par ses juges légitimes, en fasse une justice éclatante ;
4° Que toutes les propriétés soient rétablies à qui il appartient, n'ayant été envahies que par des voleurs, entre les mains aujourd'hui des recéleurs.

L'ex-prieur, qui s'était qualifié homme de lettres "parce qu'il fallait bien prendre une qualité pour n'être pas suspect", dit-il en son procès, - et cette qualité le rendait fort suspect alors, - l'ex-prieur niait qu'il en fut l'auteur ; mais il avait contre lui le témoignage de la femme Lacloye, libraire, sous les galeries de bois, au Palais Égalité, à qui il avait donné son manuscrit à imprimer, et la déclaration de l'enfant qui lui avait apporté les épreuves. Il reconnaissait ses corrections sur l'exemplaire d'épreuves, et il prétendait qu'il ne les avait faites que par manière de distraction.

Il ne fit pas agréer cette excuse :
La Révolution (dit Fouquier-Tinville) aurait fait plus de progrès sans les écrits incendiaires qui n'ont cessé d'être mis en avant par des ennemis intérieurs, cent fois plus dangereux que ceux du dehors : car du moins ceux-ci ne peuvent cacher leur marche, on sait leur nombre et l'on se met en garde contre leurs entreprises ; etc.

Quand l'accusé entendit l'accusateur public conclure à la peine de mort, il dit ces seuls mots : "Ah ! mon Dieu !" qu'il répéta plusieurs fois. La mort pour un écrit de quatorze pages !" 
L'imprimeur, cité comme témoin, fut mis en état d'arrestation, séance tenante ; et néanmoins ayant allégué que sa femme allait accoucher, il obtint d'être gardé chez lui par un gendarme.

La femme Lacloyre, libraire, avait été aussi poursuivie pour la vente du livre ; mais dans son interrogatoire, elle allégua que "privée de lumières et d'instruction, elle n'avait pu en discerner le poison. Un peu pour cela, et surtout pour avoir, par sa déclaration, fait connaître l'auteur de l'ouvrage, elle fut mise en liberté (25 mai)."

 

Voici la notice qui lui a été consacrée par le R.P. Dom Paul Piolin, dans l'Histoire de l'Église du Mans durant la Révolution :


"En même temps, un ecclésiastique, qui appartenait au diocèse du Mans par sa naissance et par sa famille, ANTOINE-JEAN DE CLINCHAMP-SAINT-ANDRÉ, subissait la peine capitale à Paris.

Né au château du Tertre, dans la paroisse de Montbizot, d'une des familles les plus anciennes du Maine, Antoine-Jean entra de bonne heure dans l'ordre de Saint-Benoît, et fit profession dans l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers. Après plusieurs années passées dans le cloître, il devint prieur de la Trinité de Clisson et vicaire général de l'évêque de Sisteron, Louis-Jérôme de Suffren de Saint-Tropez.

Doué d'une belle intelligence et livré à un travail assidu, il possédait des connaissances solides et profondes ; et un historien rapporte qu'il avait composé quelques ouvrages ; mais il avait commis la faute de demander sa sécularisation. Il avait d'abord fixé son séjour à Paris ; puis, voyant les dangers que couraient tous les hommes attachés aux principes religieux et monarchiques, il se réfugia chez son frère, à Beaumont-le-Vicomte. Il n'y resta pas longtemps, et, de retour à Paris, il fut arrêté dans l'hôtel de Mme de Beauvilliers.

Il parut devant le tribunal révolutionnaire le 20 avril, en compagnie d'un colonel, d'un lieutenant de vaisseau et d'une domestique. L'accusation contre Antoine-Jean de Clinchamp roula sur ce qu'il avait composé et fait imprimer un ouvrage intitulé : Aux amis de la vérité ... On y lisait que "la religion relèverait le trône comme elle l'avait élevé sous Clovis ; que l'impiété était un torrent qui entraîneroit les impies dans une mer de douleurs, et que "Dieu, tôt ou tard, mettroit fin aux calamités publiques."

En présence de ses juges, l'auteur de cet écrit ne montra aucune faiblesse et proclama hautement les principes qu'il avait toujours professés.

Un des témoins appelés pour déposer en sa cause, tâchait de justifier ses intentions ; il l'interrompit avec dignité et lui dit : "Ce sont des impies qui jugent les chrétiens, comme autrefois des misérables ont jugé le Fils de Dieu ;" et aussitôt la sentence de mort fut portée contre lui.

Il marcha avec le courage d'un martyr au lieu du supplice, et, lorsqu'il fut monté sur l'échafaud, il leva les yeux au ciel pour offrir à Dieu le sacrifice de sa vie. La sentence, suivie immédiatement de l'exécution, fut portée le 20 avril 1793. Sa tête roulait de l'échafaud, avec celles du marquis de Belair, lieutenant de vaisseau du Roi, et du  comte de Vaujours, colonel au 3e régiment de dragons.

Antoine-Jean de Clinchamp avait soixante-quatre ans.

 

ANNÉE 1793
AUX AMIS DE LA VÉRITÉS. Quid fuimus ? Anticipites. Quid sumus ? Infe. Quid erimus ? Heu ! ... (par Antoine-Jean de Clinchamp-Saint-André) - A Paris, chez les marchands de nouveautés, in-8° de 14 pages.
Il suffit d'avoir la première notion de tous ceux qui ont composé les Assemblées constituante et législative, des hommes trop célèbres dans le sens de la révolution, enfin de la tenue combinée des Assemblées primaires, soit à Paris, soit dans les provinces, et des élections qui devoient nécessairement s'ensuivre, pour être étonné et révolté du choix des membres qui constituent ce qu'on appelle la Convention nationale.

Il y avoit encore dans les États-Généraux, qui se sont transformés d'eux-mêmes en Assemblée constituante, des hommes du premier mérite et de génie, mais dont l'esprit, égaré par une fausse philosophie, a causé les malheurs incalculables et inévitables d'un empire totalement ruiné et culbuté. Ils sont absolument les fauteurs de la désorganisation générale, de l'anarchie, des horreurs qu'ils ont provoquées et qui s'en sont suivies.

Il semble déjà que la divine Providence les a tous atteints de sa justice, au défaut de celle des lois humaines ; ceux de ces malfaiteurs qui ne sont pas péris par le glaive, ou sont rongés de remords les plus cuisans, ou chassés et conspués des pays qu'ils ont été fouiller, ou enfin dénoncés, et sous l'anathème de leurs successeurs qui, à leur exemple, se sont investis d'une toute-puissance que la nation, dans ses cahiers, ne leur avoit pas donnée.

De l'abîme où ces conspirateurs nous avoient plongés, par des lois aussi absurdes qu'impérieuses, il est résulté une seconde Assemblée, dite Législative, composée exclusivement de tout ce que la capitale et les provinces contenoient de partisans du système destructeur de l'ancienne monarchie française, et imbus des principes gangrenés des ennemis du trône et de l'autel. Dans cette seconde Assemblée, dite Législative, il s'étoit glissé, comme par hasard, quelques individus, qui n'avoient pas encore déposé toute pudeur. Ils se respectoient assez eux-mêmes pour tenir un serment ..., pour ne pas adhérer à tous les forfaits dont cette législature s'est rendue coupable, et pour lutter inutilement en faveur des lois, par lesquelles ils existoient ; mais les factieux prédominans, incapables de continuer l'ouvrage d'iniquité qu'avoit échaffaudé l'Assemblée Constituante, ayant reconnu leur insuffisance, après avoir provoqué tous les crimes, les meurtres et les incendies, pour mieux tromper le peuple et lui cacher leur turpitude, au mépris des serments les plus solennels, tous ces prétendus législateurs ont parjuré la nation entière, en limitant, contre le décret constitutionnel, leur législature à une année, qui sera à effacer des annales de l'histoire, et cela par un seul changement de nom ; tant est que les mots aujourd'hui sont plus signifians que la chose.

Les États-Généraux ayant été changés en Assemblée Constituante, celle-ci en Législature, il falloit une troisième dénomination ; mais comment y réussir sans obstacles ni réclamations ? La difficulté fut levée par le mot de Convention Nationale, substitué à celui de Législature, pour créer un aréopage tel que celui qui existe, composé exclusivement de tous ceux des deux précédentes Assemblées qui s'étoient signalés hardis révolutionnaires, pour ne pas dire ... et de gens sans aveu des provinces, leurs créatures exécrées. Élections désignées, forcées et faites, par qui ? Par des assemblées primaires, dont étoit exclu tout ce qui étoit honnête dans chaque canton, et on croit bonnement que ces ... sont les représentans de la nation, alors que les voeux émis ou les choix faits n'en sont la dix-neuvième partie. Le même moyen, employé pour former les assemblées primaires et secondaires, a réussi par l'intrigue à ne faire tomber les choix que sur leurs sujets désignés. Par exemple, un Payne, un Priestlay, anglais, bannis et chassés de leur patrie, un protestant, Duprat, et tant d'autres, dont on ne peut prononcer les noms sans frémir d'horreur ; tel est, en général, la composition et l'ensemble de la Convention Nationale, d'où émanent les ordres les plus tyranniques, sous la forme de décrets qui en décèlent la source impure. C'est un antre d'intrus et de ..., qui tuent, pillent, incendient, empoisonnent et assassinent, ne savent que détruire, et ils font de ce beau royaume un amas de décombres, résolus à s'ensevelir avec leurs victimes, plutôt que de ne pas consommer leurs oeuvres d'iniquités.

Perfides novateurs, ennemis jurés de votre patrie et de tout un peuple que vous abusez, tremblez ! le jour de vengeance n'est peut-être pas aussi éloigné que vous avez l'orgueil de le croire. Cette même force, dont l'énergie forcée vous donne tant d'audace, tournera contre vous et vengera la nation des monstres sortis de son sein, qui l'ont dégradée et déshonorée aux yeux du monde entier. Et vous, peuples, qu'on ne peut plus nommer des Français, quand cesserez-vous de vous armer de torches et de poignards pour brûler les asiles de vos pères, les massacrer, et assassiner ceux de vos frères, vos meilleurs amis ? Pour qui ? Pour des factieux et des conspirateurs. On vous trompe sans cesse, on ne vous adule que pour mieux vous vexer, en vous précipitant dans le crime.

Réfléchissez, et voyez quels hommes, depuis quatre ans, ont pris le gouvernail de l'État ? Quels sont les abus qu'ils ont détruits ; et qu'est-ce qu'ils y ont opposé ? Qu'est devenu le bonheur tant promis, celui-là même que chacun goûtoit autrefois, à l'ombre de ses vertus et de ses propriétés respectées ? Ne comparez que le passé de notre prétendue barbarie avec le présent. Quelles sont vos lois ? Quels en sont les défenseurs ? Dans quelle anarchie, au contraire, ne sommes-nous pas ? La plus sainte des religions détruites ; le plus sacré des devoirs, l'amour filial, est éteint ; l'asyle des moeurs et de l'honnêteté abolis ; les temples profanes ; les crimes érigés en vertus patriotiques et de civisme, et les passions les plus révoltantes honorées ; nulle sûreté des personnes ; toutes les propriétés expoliées ! Voilà, peuple souverain, ce que les agitateurs vous ont substitué à la place d'un gouvernement qui avoit fait de la monarchie française le plus beau et le plus riche royaume de l'univers, où il n'y avoit qu'à réformer et non à détruire. Cependant, c'est uniquement pour de pareils monstres, qui ont condamné le plus vertueux et le meilleur des rois, comme un tyran, que vous vous agitez de toute manière, que vous sacrifiez votre temps, vos jours, vos nuits, vos fortunes, vos enfans, vos épouses, et votre bonheur passé.

Sortez d'une ivresse mortelle, vos convives ne vous ont invités à leurs fêtes civiques que pour mieux vous tromper et vous amuseler ; vous en paierez tous les frais à votre réveil ! Ah ! quel réveil pour vous ! ... Abusés par des mots insignifians, métaphysiques et emphygouriques ; les charlatans, sur leurs traiteaux, n'ont jamais mieux distribué leur orviétan. A la tribune, dans les rues, dans les carrefours, dans les villes et villages, tous leurs compères, bien payés, distribuent leur poison, et on placarde par-tout, ennemis de la chose publique, ceux à qui la connoissance des lois et des hommes, par l'expérience acquise de l'étude du gouvernement, donne des droits, comme bons citoyens, à réclamer les opérations désastreuses qui conduisent cet État à sa perte, et qui font autant de victimes qu'il y a d'habitans utiles et propriétaires.

Que résulte-t-il, en dernière analyse, de ce bouleversement général, au moral comme au physique ? Des malheurs incalculables, qui ruinent et déshonorent à jamais la nation française. On a tellement électrisé les têtes, qu'il est impossible à l'homme de bien, et c'est encore le plus grand nombre, de parler, d'écrire, de paroître. Si on ose manifester, par gestes ou paroles, une opinion qui ne soit pas dans le sens de la fureur maniaque du jour, fût-elle étayée de nouvelles lois, on est aussitôt assailli, dénoncé et traduit comme un mauvais patriote, un aristocrate enfin. A ce mot terrible, cri de la fureur, votre liberté, votre vie, celle de votre épouse, de vos enfans, vos biens et votre état vous sont enlevés, ou vous êtes proscrit à jamais de votre asyle et de votre patrie, si vous n'êtes mis dans les cachots au nom de la liberté.

De forfaits en forfaits, vous vous précipitez dans l'abîme que vous vous creusez vous-mêmes, en suivant et protégeant les fausses maximes des novateurs, qui ne vous inoculent leur venin que pour vous endormir et vous conduire à leurs fins.

Toutes les sources de votre bonheur passé sont taries, toute circulation est interceptée. Le manouvrier, l'artisan, le laboureur, le salarié, le riche et le pauvre ruinés de fond en comble, malgré les prétendues richesses factices de l'État. Le numéraire est caché chez l'étranger, la campagne déserte, la culture des terres délaissée faute de bras, le commerce détruit, nos colonies sont dévastées par la guerre civile ; il n'y a plus de centre d'harmonie ou d'ordre public.

L'anarchie est à son comble, la guerre en dedans et au-dehors, l'Europe entière est déchaînée contre nous ; des clubs fomentent les troubles aux quatre coins du royaume, et en imposent tellement à vos soi-disans représentans, que leurs volontés sont des décrets ; les corps administratifs, tous choisis et pris dans leur sein, ne forment plus qu'un corps formidable qu'on oppose à la nation entière, qui n'a même plus la faculté d'émettre son voeu. C'est une nouvelle nation dans l'État, qui a tout subjugué et envahi, et qui poursuivra ses oeuvres d'iniquité, si des forces supérieures ne viennent dissoudre ces corps monstrueux et les châtier comme ils le méritent ; car, quel est le remède qu'on vous offre pour tant de maux ? C'est de faire de toute la France un camp ... En conséquence, un enrôlement général, sans exception d'individus, depuis l'âge de 18 à 40 ans.
Ces dispositions seules devraient dessiller les yeux du peuple souverain et des moins clairvoyans : elles décèlent que ce n'est plus qu'à force armée et par le sang des Français, qui ruisselle de toutes parts depuis quatre ans, que nous pouvons soutenir encore quelques instans le bâtiment qui s'écroule. On croit l'étayer par des échafaudages sans base, pourris et vermoulus ; car, quel appui peut-on attendre de provinces étrangères, d'États ruinés, et de gens sans aveu, dont vous croyez agrandir et enrichir votre empire, en les amenant dans les départemens ? Autant de vers rongeurs qui vont finir votre décomposition, sans espérer jamais vous en purger.

Les provinces belgiques, le Brabant, la Hollande, déjà le tombeau de vos armées et de votre plus belle jeunesse, la Savoie, le beau pays Venaissin, etc., etc., dépoisonnés des insectes qui les ravageoient, vont tomber sur nous. Ce seroit s'aveugler, en croyant que tous ces pays ne rentreront pas, aussi-tôt qu'ils seront protégés et en force, sous la domination légitime de leurs souverains protecteurs.

On peut exhalter, quelques tems, les peuples, les tenir dans une agitation effrayante, et les porter à toutes les extrémités ; mais dès que l'épuisement se fait sentir, leurs forces s'affoiblissent avec la confiance dans leurs agitateurs ... Plus calmes, il ne leur reste plus qu'un souvenir amer de leurs anciennes et paisibles jouissances, changées en désespoir. Telle sera la fin que la nation française recueillera de l'arbre de mort, planté par une philosophie sectaire, impie, sacrilège, incendiaire, meurtrière, dévastatrice des moeurs et des propriétés, ennemie de Dieu et des autorités légitimes, de l'ordre et de la paix publique, enfin qui érige les vertus en crimes et les crimes en vertus.

C'est cependant cette doctrine infernale, Français, qu'on substitue à vos anciennes moeurs et à la religion de vos pères, qui nous méritoient l'estime générale, et la préséance en l'Europe sur toutes les autres nations ; c'est elle qui, d'hospitaliers, généreux et aimables, dans votre légèreté même, a fait de vous un peuple de cannibales, par une métamorphose dont vous eussiez dénoncé, il y a quatre ans, l'histoire à la vengeance des lois sacrées et humaines. Sans foi, sans loi, destructeurs de tout les liens de la société, toute la surface du globe vous a en horreur. Elle a déjà rompu avec vous toutes relations civiles et politiques, et elle va vous donner la chasse, comme à des loups enragés, n'étant plus capables aujourd'hui que de révolter les peuples et de porter chez eux vos fureurs, la guerre civile, la famine et la peste.

Qu'espérez-vous, ô Français révoltés contre vous-mêmes ? Pour qui et pour quoi faites-vous tant de sacrifices ? ... N'êtes-vous pas assez victimes de toutes les absurdités les plus révoltantes, alimentées par l'erreur d'un bonheur à venir, et dont l'ombre même vous échappe ? Parjures à vos premiers serments religieux et civils, vous venez à peine d'en contracter de nouveaux, avec pompe et solennité, que vous y dérogez, pour leur en substituer de nouveaux, encore aussi insolites et ridicules, que les premiers étoient sacrés et inviolables. Il en est de même de vos lois ; elles se détruisent les unes par les autres, comme ceux qui les compilent ; celles de la veille ne sont plus celles du jour, c'est un fatras d'absurdités qui décèle la source impure dont elles émanent. Vous ne sortirez jamais de ce labyrinthe fangeux qu'en revenant sur vos pas et en vous soumettant à vos anciennes lois, us et coutumes, qui seules, par une réforme sage des abus, peuvent vous ramener l'ordre, la paix et le bonheur, dont vos philosophes sectaires et révolutionnaires vous ont si cruellement privés. On juge de l'ouvrier par ses oeuvres : Il ne faut que résumer leurs faits et gestes, pour se convaincre, Français, du mauvais génie qui a présidé à vos nouvelles lois.

Ces novateurs sectaires se sont constitués représentans de la nation, dont ils n'étoient dans le principe que les chargés de pouvoirs limités des bailliages exprimés par tous les cahiers ; ils se sont investis de droits que vous ne leur avez point confié, et qu'ils ont eu l'audace de vous enlever, en se déclarant inviolables, pour détruire votre ancien gouvernement, en vous traitant de barbares. Vous avez eu la faiblesse de les croire, et de leur continuer cette criminelle confiance à laquelle sont attachés vos malheurs et vos désastres. Vous avez laissé avilir l'autel et le trône, massacrer le plus juste et vertueux des Rois, le clergé, la noblesse, et tous les gens qui se vouoient pour vous sauver, et qui les dévoilaient au peuple trompé. Piller les lieux saints, commettre impunément tous les sacrilèges, détruire les corps vraiment constitués, les hôpitaux, dernière et utile ressource des infortunés, prophaner les temples, envahir toutes les propriétés, dénaturer toutes celles qu'ils n'ont encore pu s'approprier, ruiner l'État de fond en comble, voler tout ce qu'il possédoit en masse, ses dépôts publics et ceux de la couronne ; mutiler tous les chefs-d'oeuvre publics qui ornoient et décoroient la capitale, justes tributs de la reconnoissance envers des Rois chéris ; déclarer la guerre à toute espèce humaine qui n'adopteroit pas votre folie et votre système désorganisateur, etc., etc.

Français ! et vous Parisiens surtout ! vos fureurs n'ont-elles pas été assez assouvies ? Le sang n'a-t-il pas suffisamment ruisselé dans votre malheureuse cité ? Quelles victimes vous faut-il encore ... pour décider de votre destruction totale ? Tant de crimes entassés sur vos têtes ne peuvent demeurer impunis. Hâtez-vous donc d'ouvrir les yeux, de revenir à la résipiscence. Que votre repentir soit aussi éclatant que votre malheureux exemple a été funeste à tout le royaume, dont vous avez provoqué les mouvements séditieux et la rébellion.


Le premier acte légitime que vous avez à faire de la puissance dont vous vous êtes investis, c'est :

1° De délivrer de la captivité votre jeune monarque, son auguste mère, sa soeur et sa tante, que vous tenez en charte privée, à la merci des cruels municipaux et de suppôts barbares ;
2° De le replacer sur le trône, où vous lui prêterez serment d'être aussi fidèles que vous avez été parjures ;
3° De chasser cette horde de brigands, dont tous les noms sont inscrits, pour que la loi, par ses juges légitimes, en fasse une justice éclatante ;
4° Que toutes les propriétés soient rétablies à qui il appartient, n'ayant été envahies que par des voleurs, entre les mains aujourd'hui des recéleurs.
5° ... 6° ... 7° ... 8° ... 9° ... etc., etc.

Quand vous aurez mis de l'ordre dans la capitale, Parisiens, il sera bientôt rétabli dans les provinces, bien fatiguées déjà du joug que vous leur avez imposé. Faites-y bien attention, si vous persistez dans le crime, vous êtes perdus. Votre arrêt est prononcé ; si ce n'est pas la foudre du ciel qui vous écrasera, ce sera celle des hommes dont il se sert, et toute disposée, qui va tomber sur vous. Vous et vos semblables n'avez plus que quelques instants à vous reconnoître, sinon ce qui vous a déjà été annoncé, comme avis salutaire, va avoir tout son effet. Votre sang va répondre de tout celui que vous avez répandu et fait répandre avec tant de fureur et de férocité.

Extrait : Maison de Clinchamp - Histoire généalogique par J. Noulens - 1884

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