SAINT-MICHEL-MONT-MERCURE (85) - LA STATUE DE L'ARCHANGE SAINT MICHEL
C'est le P. Dalin, Curé de la Flocellière qui donna à son Confrère de Saint-Michel l'idée d'établir sur le clocher de son église une statue de l'Archange, qui veillerait sur la Paroisse et dominerait toute la Vendée.
Monsieur l'abbé Migné avait achevé en 1878 la construction de la première partie de l'église : le Choeur et trois travées, pour la somme de 43.000 frs. Après quelques années de repos, nécessaires autant à la bourse du Pasteur qu'aux ouvriers, Monsieur Migné songea à l'achèvement de son église, et, en même temps, nous sommes en 1888, se mit en quête de trouver une statue de Saint Michel ... De son propre chef, sans prendre l'avis du Conseil Curial, M. le Curé s'adressa à la Maison Gaget-Pérignon de Paris, et conclut avec elle un marché ... Ce n'est que trois ans plus tard que la Paroisse sera mise au courant du projet et de l'acquisition de la statue, comme en fait foi la délibération du Conseil de Fabrique du 28 juin 1891.
Extrait du Registre des Délibérations du Conseil de la Fabrique de l'Église de Saint-Michel-Mont-Malchus
Dimanche 28 juin 1891
Approbation de l'achat d'une statue de Saint-Michel
L'An de Notre-Seigneur 1891, et le dimanche 28 juin, le Conseil de fabrique de St-Michel-Mont-Malchus, dûment convoqué, s'étant réuni en séance extraordinaire au Presbytère, lieu ordinaire de ses séances. Étaient présents : MM. J.-B. Godard, Pierre Rapin, Eugène Massé et François Bourasseau.
Dès l'ouverture de la Séance, Monsieur le Curé nous a précisé le sujet de cette Réunion, en nous disant que c'était l'acquisition d'une Statue monumentale de Saint Michel. Cette statue, en cuivre martelé de la hauteur de 26 pieds (8 m 66) est la soeur d'une statue dominant la Basilique de Notre-Dame de Fourvières, près Lyon où elle a été vendue 34.000 francs ... Celle-ci, exactement semblable à la première, faite par les mêmes ouvriers et dans les mêmes proportions, n'ayant pas exigé de nouveaux appareils pour la fabriquée, puisqu'ils existaient déjà, nous a été laissée à 4.400 francs tout emballée et rendue au Chemin de Fer, en nous chargeant de payer le transport de Paris en Vendée.
C'est une statue qui a figuré à l'Exposition Générale de Paris en 1889. Nous eussions voulu attendre pour conclure le marché, mais un prêtre de Nancy l'ayant demandée, nous nous sommes empressé de l'acquérir de peur d'en être évincé, et d'être obligé ensuite ou d'y renoncer ou d'en payer une autre beaucoup plus cher. Nous avons donc envoyé à Paris notre architecte, Monsieur Benaitreau, de Cholet, pour s'assurer de sa convenance, et sur son témoignage, nous avons conclu le marché aux conditions suivantes :
1° Prix totale de la statue rendue bien emballée et bien installée dans le wagon à la Gare de Paris pour la Vendée : 4.400 francs, payables en 4 traite de 1.000 francs au 1er juillet 1891 ; une traite de 1.200 francs payable au 1er janvier 1892 ; une traite de 1.100 francs payable au 1er juillet 1892 ; une traite de 1.100 francs payable au 1er janvier 1893.
2° La Compagnie Gaget-Pérignon s'est engagée à garder la statue dans ses ateliers, exempte de toute avarie et de toute détérioration, et à l'expédier avec soin, fournissant à ses frais tout ce qui tient à l'emballage et au placement sur le wagon - à procurer gratuitement le modèle en bois pour faire l'armature qui doit la consolider sur la Tour qui lui est destinée. - enfin, à l'expédier en parfait état pour Pouzauges-Vendée, dès que la Fabrique de Saint-Michel en fera la demande.
Tel est le marché conclu à la hâte, vu les circonstances avec la Maison Gaget-Pérignon et Cie de Paris, dont on demande au Conseil l'approbation, n'ayant pu la demander auparavant, faute de temps.
Le Conseil, après avoir entendu ces explications, a donné à ce marché sa pleine et entière approbation et autorise le Trésorier à remplir les conditions de paiement aux époques précises.
Ce Procès-Verbal ayant été lu, approuvé et signé séance tenante, Monsieur le Président a levé la séance.
P. MIGNÉ, Curé, Secrétaire,
J.-B. GODARD, P. RAPIN, E. MASSÉ, F. BOURASSEAU.
Monsieur l'Abbé Pierre Migné mourut le 30 novembre 1891 ; il avait administré la paroisse de St-Michel pendant près de 36 ans, "avec un zèle admirable, tant au point de vue temporel que spirituel ..." Il eut pour successeur Monsieur l'Abbé Ferdinand Bureau, qui arriva le vendredi 1er janvier 1892 ... Le nouveau Curé ne resta que 3 ans "juste le temps de se faire connaître ... et regretter d'une population qui lui était profondément attachée en raison de ses belles qualités ..."
Monsieur l'Abbé Auguste Boutin fut nommé Curé de Saint-Michel, le 1er décembre 1894, et y arriva le samedi 14, le vicaire de la Paroisse, étant, depuis plusieurs années, l'Abbé Émile Piveteau ... En même temps que sa nomination de Curé de Saint-Michel, Monsieur l'Abbé Boutin recevait de Monseigneur Catteau la mission d'achever l'église ... "Je vous donne mission d'achever l'église commencée par Monsieur Migné. Tout est prêt : les plans, envoyés par Monsieur Bureau et soumis à l'approbation préfectorale vont nous arriver incessamment. Vous trouverez également les fonds nécessaires pour faire face aux dépenses de la construction ..." En fait, quelques jours après son arrivée, Monsieur l'Abbé Boutin reçut les plans approuvés ... Le devis de cette deuxième partie de l'église, y compris le clocher, s'élevait à 51.000 francs.
Quelles avaient été les raisons d'un si long arrêt dans la construction de l'église ? ... La mort de Monsieur l'Abbé Migné en 1891 n'y était pas étrangère ... mais surtout ce fut le changement d'architecte. Les plans de la deuxième partie de l'église, établis par le même Monsieur Benaitreau, ne furent pas approuvés par la Commission des Beaux-Arts, et, au dire de Monsieur Bureau, ne donnaient pas satisfaction aux gens de bon goût : Monsieur l'Abbé Bureau en 1892, s'adresse à Monsieur Fraboulet, qui venait de construire la première partie de la belle église de Saint-Laurent-sur-Sèvre : Monsieur Bureau, natif de St-Laurent, avait pu admirer l'oeuvre et constater le talent de l'artiste ; c'est pourquoi il s'était adressé à lui ...
Monsieur l'Abbé Boutin fut installé officiellement Curé de St-Michel, le dimanche 15 décembre, par Monsieur l'Abbé Brouard, Doyen de Pouzauges ... Cinq jours plus tard, le 20 décembre, arrivait en gare de Pouzauges la Statue de St-Michel. Les Fêtes de Noël passées, Monsieur le Curé songea à l'achèvement de la deuxième partie de l'église ... L'adjudication des travaux eut lieu le 13 février ; ils furent confiés à un Monsieur Clément, "bon constructeur", qui avait travaillé à la restauration du Mont-Saint-Michel ... Celui-ci fut aidé, avantageusement, par l'entrepreneur granitier, M. Joseph Marchand, sur lequel il se déchargea de toutes les coupes de pierres de l'Égflise et de la Tour.
Au mois de Mai 1895, les travaux commencèrent par la démolition de la vieille église ... et pendant ce temps, sous les ordres de M. Marchand, les ouvriers extrayaient la pierre à l'Aurière, à la Ganache et à Meilleraye des Épesses ... on vit les cultivateurs de St-Michel faire les premiers transports de pierre, qu'avec un entrain et un enthousiasme extraordinaires, ils continueront pendant deux ans, aidés par les hommes des paroisses voisines, qui tenaient eux aussi à l'honneur de travailler pour Saint-Michel ...
Pour 1 franc 50, les aubergistes du bourg hébergeaient les charroyeurs et leur vendaient 20 centimes le litre de vin ...
Toute l'année 1895, les travaux de l'Église furent poussés vigoureusement : chaque jour ouvrable, une douzaine de maçons et vingt tailleurs de pierre s'y occupèrent sans désemparer. A la fin de l'automne, on put couvrir la seconde partie de l'Église : le clocher lui-même arrivait à la première galerie, qui devait, d'après les plans, être unique ... On établit un barrage en planches, devant la tribune du clocher, et les deux nouvelles travées, bien que non voûtées, purent être livrées au culte divin ...
Tout l'hiver 1895-1896, les constructions furent arrêtées : seul les tailleurs de pierre continuèrent leur travail ... Et le printemps de 1896 vit les maçons à pied d'oeuvre ... On leur fournissait du matériau : au mépris des plans, il montaient toujours, encouragés qu'ils étaient par M. Fraboulet lui-même, qui ne voulait pas être l'esclave d'un plan, et qui, volontiers, au cours d'une construction, modifiait, selon le site et au gré de ses désirs ... "Comme un beau clocher, dominé par votre magnifique statue de St-Michel, fera bien au sommet de la colline !" disait-il un jour de juillet 96 à M. Boutin, alors qu'ils se promenaient tous les deux sur la route des Herbiers pour jouir du coup d'oeil ... et le bon Curé, à la fois content et soucieux, répondait : "Oui, bien sûr, plus le monument sera beau, plus je serai content ... mais de combien allez-vous dépasser le devis ..." Éternelle question financière ! ... L'architecte fit la sourde oreille ... Comment un artiste oserait-il gâter une oeuvre si bien commencée : Toute la belle saison, les ouvriers travaillèrent pour ne s'arrêter, une nouvelle fois qu'avec les rigueurs de l'hiver.
1897 : les travaux reprirent au printemps ... pour s'achever, enfin, au mois de juillet ... Pendant ces longs mois, la Maison Donnart, de Nantes, avait eu bien le temps de préparer l'armature, pesant 3.000 kilos, qui devait maintenir au sommet la statue monumentale de St-Michel, que venait de dorer le peintre des Herbiers, M. Combes ...
Et pour sa Fête Patronale, et son Adoration, du mercredi 29 septembre la Paroisse de St-Michel eut la joie de contempler son Céleste Patron veillant sur elle ... et entendre le joyeux carillon des cloches qui avaient retrouvé leur place dans le beffroi.
Hauteur totale de la statue : 8 m 6
Hauteur de St-Michel (de la tête aux pieds : 4 m 40
Longueur des ailes : 2 m 30
Tour de tête : 1 m 52
Tour de ceinture : 2 m 02
Tour de poignet : 0 m 46
Longueur du pied : 0 m 62.
Bulletin paroissial de Saint-Michel-Mont-Mercure - 1957