PONT-L'EVEQUE (14) SOUS LA RÉVOLUTION ...
Le 13 février 1791, le curé de Pont-l'Evêque, Louis Morin, dont on se plaît à reconnaître l'esprit conciliant, est monté en chaire, devant la municipalité présente, conformément à la loi, et ... refuse avec énergie le Serment à la Constitution Civile du Clergé. Les assemblées électorales n'arriveront pas à procédé au remplacement des insermentés, et ils sont nombreux ; le vicaire, les chapelains de l'hôpital et de la prison, un prêtre habitué ont imité Louis Morin. L'évêque constitutionnel du Calvados, Claude Fauchet, lui-même, n'aura pas plus de succès et se consolera en participant au banquet que lui offre le maire Lecarpentier.
Ce n'est que le 5 juin 1791 qu'une jeune prêtre habitué, Jean-Baptiste Bourée, élu par les révolutionnaires, prend possession de la cure. Il va se trouver immédiatement en lutte avec les catholiques qui persistent courageusement à suivre les messes matinales des insermentés. Son orgueil, et aussi un certain talent oratoire, le poussent à briguer un emploi de commissaire pour la vérification des grains. Bientôt, il cessera ses fonctions sacerdotales ... pour se marier, portant ainsi le coup de grâce à l'église constitutionnelle.
Les Dominicaines ont été expulsées, les armoiries de l'hôtel de Brilly brisées. Ces exploits ne suffisent pas à la Terreur qui s'en prend à l'église Saint-Michel. Les cloches sont descendues, mais elles seront bientôt remontées dans le beffroi, par huit paroissiens, aux acclamations de la population qui obligera le maire à démissionner. Le culte révolutionnaire aura sa revanche, par un triomphe facile, mais éphémère, en remplaçant le nom de Pont-l'Evêque, qui sent l'Ancien Régime et la "superstition", par celui de Pont-Chaslier, en hommage à l'ami de Marat, le plus pur des Montagnards. On ne fera plus reproche à la ville d'être Girondine !
En 1794, les fanatiques entraînés par Bourée, dépouillent l'église de ses ornements, des vases sacrés et de tous les objets précieux servant au culte, mais ils ne parviendront pas à transformer le sanctuaire en atelier de salpêtre. Les catholiques restent fidèles aux quelques prêtres insermentés qui ont pu échapper à la prison ou à l'exil, et président toujours des rassemblements à l'église Saint-Melaine et même à l'église Saint-Michel.
Extrait : Revue Le Pays d'Auge - juin 1953