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La Maraîchine Normande
7 novembre 2014

LE QUIPROQUO RÉVOLUTIONNAIRE DE 1794

 

LA CONCIERGERIE 3

Soixante-quinze magistrats du parlement de Toulouse, après avoir langui, deux mois, dans les cachots du Plessis et de la Conciergerie, furent jugés promptement au tribunal révolutionnaire, et condamnés à la peine de mort, convaincus, par leurs propres aveux, d'avoir protesté contre l'usurpation de pouvoirs et les premiers excès de l'Assemblée Constituante.


Ces condamnés, ramenés suivant l'usage, dans les profondeurs de la Conciergerie, venaient d'avoir les mains liées ; un bourreau fort expéditif leur coupait les cheveux, lorsque M. de Pérez, conseiller, leur confrère (libre et non accusé), entra dans ces tristes lieux, pour leur faire sa visite amicale. Il arrivait de Belgique, où l'avait appelé une affaire ; il ignorait leur mise en jugement, et, muni d'une permission, leur apportait quelques secours d'argent, avec l'offre généreuse de ses démarches et services. L'huissier, mettant fin à des explications et à des adieux lamentables, déploya une longue liste et fit son appel nominal. Soixante-quinze noms composaient cette liste, et soixante-quatorze noms, seulement, répondirent. Ce mécompte, donnant de l'humeur à l'officier ministériel, il fit ranger, le long des murs, les malheureuses victimes, et renouvela son appel avec tout le soin possible. Le résultat se trouva le même, car le soixante-quinzième condamné manquait.


Alors l'huissier, de mauvaise humeur, s'approchant du conseiller visiteur, lui demanda ses noms et qualités, et le motif de sa venue en la Conciergerie. M. de Pérez, ayant énoncé sa triple qualité, d'ami de parent et de confrère, "C'est très bien," reprit l'homme de la justice : "Il me faut soixante-quinze conseillers de ce parlement de province ; puisque tu es l'ami de ces messieurs, tu ne refuseras pas de mourir en si bonne compagnie. Valets, coupez les cheveux à cet homme ; ne perdons point de temps, nous devrions être déjà partis et bien loin."


Malgré les supplications et les instances des soixante-quatorze, cette décision de l'huissier fut exécutée. M. de Pérez monta, comme un Romain, sur le tombereau redoutable, et mourut noblement avec ses amis consternés.
Après le supplice de Robespierre (survenu le mois suivant), on apprit l'incident particulier qui avait occasionné cette mise à mort, deux fois plus injuste que les autres. Le baron de Sainte-Livrade, fort jeune conseiller du parlement de Toulouse, condamné avec ses collègues, avait été adroitement soustrait et caché, par un porte-clé de la maison, qui vivait de ses libéralités journalières, et l'affectionnait par reconnaissance ou intérêt.


M. de Sainte-Livrade, rendu à la liberté, réclama contre la vente de ses domaines, "attendu qu'il n'avait pas été guillotiné".


La famille Pérez, encore en deuil, réclama contre la vente de ses domaines, "attendu que le conseiller vénérable n'avait point été condamné.


Le directoire exécutif décida "que les deux confiscations seraient maintenues : l'une, à cause de la sentence ; et l'autre, en vertu de l'exécution."

Le Vendéen
Journal du Poitou
23 avril 1835 - N° 55

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