POÉSIE : LE VENDÉEN EXHORTANT SON FILS A LA MORT

LE VENDÉEN EXHORTANT SON FILS A LA MORT

Courage, mon ami, que rien ne puisse abattre
Ta vertu, ta constance et l'honneur de ta foi !
Tu meurs pour un enfant, c'est le fils d'Henri-Quatre ;
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Un tribunal de sang met ce terme à ta vie ;
Tu fus vaillant et bon ; ami, console-toi ;
La terre est ton berceau, le ciel est ta patrie ;
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Qu'un bonheur éternel sourie à ta pensée ;
Va rejoindre ta mère au séjour de la foi !
Là-haut ; depuis deux jours, elle t'a devancée ...
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

L'héroïque Vendée, à ses sanglantes fêtes
Te convie avec gloire ; elle t'attend ; suis-moi !
L'échafaud vit tomber de plus illustres têtes ...
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Voici le chapelet que me donna Lescure :
Que ton baiser de paix s'y pose sans effroi ;
Au martyr voyageur qu'il serve de parure ...
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Le peuple épouvanté déserte ces murailles :
Le pasteur nourricier fuit au son du beffroi ;
L'ombre du saint d'Anjou bénit tes funérailles ...
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Près du pieux abbé, dont la voix t'accompagne,
Je sais un sacerdoce inconnu jusqu'à toi ;
Tel est mon sacrifice au dieu de la Montagne ;
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Je te suivrai bientôt, victime noble et chère !
Mais la France murmure au temple de la loi :
Elle n'oubliera pas ce cri mourant d'un père :
Meurs, mon enfant ... Vive le Roi !

Le marquis de Valory (Brid'oison)

Le Vendéen - Journal du Poitou
11 février 1834 - n° 82 - 3ème année