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La Maraîchine Normande
28 octobre 2014

PIRIAC - ARTHON-EN-RETZ (44) - GUILLAUME FAUGARET, CHEF ROYALISTE DU PAYS DE RETZ

GUILLAUME FAUGARET

CHEF ROYALISTE DU PAYS DE RETZ

 

Piriac église

 

 

Près de l'église d'Arthon (Loire-Inférieure) se trouve une modeste maison bourgeoise précédée d'un petit parterre de fleurs que renferme une grille de fer. C'est là qu'habitait et mourut un chef royaliste d'une rare bravoure, qui fut, à dix-huit ans, mis par Charette, à la tête de la division du Pays-de-Retz, après la mort du célèbre Louis Guérin, de Saint-Hilaire-de-Chaléons, tué, le 25 septembre 1795, à l'attaque de Saint-Cyr-en-Talmondais.

 

acte de naissance Guillaume Faugaret

 

 

Il se nommait Guillaume Faugaret et était né à Piriac, près de Guérande, le 14 janvier 1777, de Jacques Faugaret et de Perrine Hervé son épouse.


Le frère de son père, Jean-Baptiste Faugaret, également né à Piriac, docteur en théologie, avait obtenu au concours la cure d'Arthon en 1772 et fut secrétaire de l'Assemblée du Clergé du 2 avril 1789. Valétudinaire, il était tombé presqu'en enfance dans les années qui suivirent. Quand éclata la grande insurrection de mars 1793, il fut massacré par des habitants de Cheméré, dit M. Alfred Lallié, dans son ouvrage, le Diocèse de Nantes pendant la Révolution, tome II, page 127. D'après des renseignements qui m'ont été donnés par son petit-neveu, le très honorable M. Alexandre Faugaret, inspecteur des télégraphes en retraite, il fut assassiné dans les rues d'Arthon "par des bandits venus de Bourgneuf pour piller la cure sur les indications d'une servante infidèle."


Le vieux recteur avait pris chez lui son neveu Guillaume Faugaret et l'avait fait instruire. En 1793, ce jeune homme étudiait la médecine à Nantes. Révolté des atrocités qui s'y commettaient et ayant appris la mort de son oncle, il s'enrôla parmi les insurgés royalistes du Pays-de-Retz.

 

A seize ans il était capitaine d'une compagnie d'élite. (Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, édition Drochon, tome V, page 52).
Pendant les années 1793, 1794, 1795 et 1796, il suivit le sort des insurgés, partageant leurs victoires et leurs défaites.


Il était d'une activité, d'une intelligence et d'un courage tels qu'ils exerçait sur ses soldats une influence extraordinaire. Le voyant s'exposer impunément aux plus grands dangers, ils avaient pour lui une admiration superstitieuse et le considéraient comme invulnérable. Il prit part à cent quatre combats.
Après la mort de Louis Guérin, Charette, qui l'avait souvent remarqué au milieu des batailles, le choisit malgré sa jeunesse, pour successeur de ce chef intrépide.


"Les cérémonies funèbres étant achevées, dit Le Bouvier-Desmortiers (Réfutation des calomnies publiées contre le général charette, tome II, pages 418, 419), chaque division rentra dans son cantonnement et Charette revint à Belleville. Il donna le commandement du Pays-de-Retz vacant par la mort de Guérin à M. de Faugaret, jeune homme qui servait avec honneur dans cette division et que des talents mûris par l'expérience rendaient capable de commander."


Les généraux Hoche et Travot combinaient alors des opérations qui avaient pour but de cerner Charette dans son camp de Belleville.


Le général royaliste s'en aperçoit et le 26 novembre 1795, il trace à ses divisionnaires la marche qu'il faut suivre. Il veut renouveler sa grande campagne d'hiver, et par des harcèlements de tous les jours couper à propos les colonnes ennemies.

Pajot et Fougaret (Faugaret), qui succèdent à Guérin dans le commandement du Pays-de-Retz, tentent une diversion que Charette espère voir soutenir par les Bretons et surtout par Stofflet. Le divisionnaire Cailleau suit à la piste la colonne du républicain Bonneau, qui, obéissant à son chef, s'avançait de Montaigu sur Belleville. Cailleau, quoique inférieur en nombre, engage l'action près des landes de Saint-Sulpice. Elle fut sanglante, mais elle n'arrêta pas la marche de Bonneau. Canuel tenait en échec Fougaret (Faugaret) et les royalistes du Marais." (Crétineau-Joly, tome II, pages 479 et 480).


A la fin de décembre, quand Charette, vaincu au combat des Trois-Moulins, vit que tout espoir de succès était perdu, il cessa de s'opposer au désir que ses meilleurs lieutenants, le général de Couëtus à leur tête, manifestaient de tenter des négociations.


Alors de Couëtus, accompagné de Faugaret et d'un détachement de cavalerie, partit pour conférer avec le général Gratien. Ils le rencontrèrent dans la lande de Jouinos.

 

On sait qu'à la suite de cette conférence, dont les parlementaires rendirent compte à Charette, le général de Couëtus étant allé se reposer au Clouzeau, chez son ami, M. de Lespinay, y fut saisi, dans la nuit, par les républicains et livré à une commission militaire qui le fit fusiller.

 

Une lettre du général Willot publiée en 1898 par M. Ch.-L. Chassin dans le second volume de ses Pacifications de l'Ouest, page 266, prouve qu'il fut "mis en jugement par ordre du citoyen Jacquelin commissaire du Directoire exécutif qui se trouvait à Challans", avant que les généraux Willot et Hoche eussent été informés de sa capture.


Faugaret heureusement n'avait pas suivi M. de Couëtus au château de M. de Lespinay.

"Le même jour, dit Alph. de Beauchamp (Histoire de la guerre de la Vendée, tome IV, page 167), les "officiers du Pays-de-Retz, qui penchaient secrètement pour la paix, quittèrent également Charette, sous prétexte de rassembler leurs soldats à Saint-Mars-de-Coutais."


Le 28 mars 1796, lorsque Charette, prisonnier à Nantes, fut interrogé et questionné sur l'organisation de son armée, le capitaine Perrin lui demanda :
"Quels étaient les chefs de division ?"
Il répondit :
"MM. Fougaret (Faugaret), Guérin (Jean), La Roberie, Rézeau, Savin, Dabbayes, Le Couvreur (Couvreur), Dubois et Lemoine (Le Moël)." (Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, tome VI, page 251).


Après l'exécution de son général, Guillaume Faugaret prit du service à bord d'un corsaire, comme capitaine de volontaires, dit une lettre de son fils, M. Alexandre Faugaret, pour mettre enfin sa bravoure au service de la France contre l'étranger, et fut prisonnier par les Anglais. Il fut assez bien traité, en raison de son grade d'officier, n'eut pas à subir les horreurs des pontons, fut libre sur parole, dans la ville de Portsmouth et chargé de la comptabilité des secours envoyés de France aux prisonniers."


Il avait été pris sur le corsaire La Constance et revint en France le 23 frimaire an X (14 décembre 1801), jour où il fut débarqué à Cherbourg par "le parlementaire anglais le Cygnet", ainsi que le constate sa feuille de route délivrée au bureau de l'inscription maritime de Cherbourg, et visée à Arthon, le 9 nivôse an X, (30 décembre 1801) par le maire M. du Couëdic.

 

Arthon en Retz

 


Il avait alors 25 ans et se trouvait sans ressources ; mais, s'étant fixé à Arthon, il s'y créa vite une situation prospère en faisant le commerce des grains.


En 1814, il signa, comme chef de division, l'adresse à Louis XVIII des officiers des armées catholiques et royales de la Vendée, présidés par le général de Sapinaud.


Le gouvernement de la Restauration le récompensa de ses services par la croix de chevalier de Saint-Louis. [le 7 novembre 1814]


La famille de Juigné lui confia la gestion de la grande terre du Bois-Rouaud qu'il conserva jusqu'à sa mort. Son intelligence et son honorabilité lui donnèrent une influence considérable dans le pays. Il fut 38 ans, maire de sa commune, de 1813 à 1851, et membre du Conseil d'arrondissement de Paimboeuf de 1822 à 1830.


D'un caractère modeste, il ne parlait presque jamais du rôle qu'il avait joué pendant la guerre civile, évitant de réveiller des haines politiques mal assoupies.


Il mourut à Arthon, le 18 avril 1851. Voici la copie de son acte de décès :


"L'an mil huit cent cinquante-et-un, le dix-neuf avril, à une heure du soir, par devant nous André Templier, adjoint délégué, officier de l'état civil de la commune d'Arthon, canton de Pornic, Loire-Inférieure, sont comparus : Pierre-Alexandre Faucheux, géomètre, domicilié de Painboeuf, beau-frère du défunt, et Guilbeaud Pierre-Honoré, âgé de quarante-cinq ans, laboureur propriétaire, domicilié de ce bourg, voisin du défunt, lesquels nous ont déclaré que M. Faugaret, Guillaume, âgé de soixante-quatorze ans, ancien officier, chevalier de Saint-Louis, membre du conseil d'arrondissement et maire de cette commune, domicilié de ce bourg, fils de Jacques Faugaret et de Périnne Hervé, époux de dame Louise Faucheux et né à Piriac, est décédé, hier soir à six heures, en sa demeure, ainsi que nous nous en sommes assuré.
Lecture faite du présent acte aux comparants et témoins, nous l'avons signé avec le premier témoin, le second ayant déclaré ne savoir écrire.
Signé : FAUCHEUX, TEMPLIER."

 

acte de décès Guillaume Faugaret


L'ancien lieutenant de Charette, dont la jeunesse fut si agitée et témoin de tant d'évènements tragiques, dort maintenant, près d'un grand calvaire, dans le cimetière de sa paroisse, à l'entrée des landes d'Arthon, que traverse un aqueduc gallo-romain et d'où l'on voit d'un côté la futaie du manoir de la Meule et de l'autre, dans le lointain, la haute tour du château de Princé.

tombe de Faugaret


Sur son tombeau est gravée cette épitaphe : "Ici repose le corps de M. Gme Faugaret, chevalier de Saint-Louis, né à Piriac, le 14 janvier 1777, décédé le 18 avril 1851, au bourg d'Arthon, maire.
Priez, s.v.p. pour son âme."

JOSEPH ROUSSE
Revue du Bas-Poitou
1898 (2e livraison)

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