SAINT-GERMAIN-DE-PRINCAY (85) - L'ÉGLISE
L'église de Saint-Germain-de-Prinçay
Connaissez-vous bien votre église ?
Savez-vous que de l'avis des connaisseurs, nous avons une église de très grande valeur.
Elle est d'une époque bien déterminée, puisqu'elle se situe dans ces églises qui ont servi d'essai à la transformation du style roman (voûte à plein cintre, qui forme le demi-cercle, comme dans la reconstitution de la nef) au gothique, c'est-à-dire que l'on peut estimer sa construction première vers 1160.
Cependant le clocher, plus vieux, indiquerait qu'il y avait une autre église avant celle dont il nous reste le choeur seulement et la base des murs latéraux. Un archéologue prétend que le clocher remonterait aux Mérovingiens. Avez-vous vu ces vieilles pierres sous lesquelles vous passez si souvent, au portail, comme elles sont rongées par le temps. Et pourtant elles sont en pierre dure de Pareds, presque aussi dure que du ciment. Comptez les siècles qu'il a fallu pour les user !
Notre église, au cours des querelles qui ont surgi entre protestants et catholiques, a subi bien des avanies. On y a mis le feu, et comme toujours, on y installe des fagots au milieu pour créer l'incendie, c'est le centre de l'église qui brûle le premier. Le choeur et la petite fenêtre qui se trouve au-dessus du confessionnal, sont les seuls restes de l'ancienne construction. Comprenez-vous qu'il fallait sauver ce reste, qu'on avait horriblement caché sous des plâtres disgracieux. Vous admirez aujourd'hui, m'a-t-on dit, cette belle enlevée du choeur, et ces nervures blanches qui donnent comme des ailes à notre prière, quand nous sommes tous ensemble à la messe du dimanche. C'est que nos ancêtres savaient le secret des beaux monuments religieux. Il est toutefois regrettable que nous n'ayons pu avoir les vitraux descendus jusqu'à leur hauteur première. Comme le choeur serait baigné dans la lumière, symbole de la lumière du Christ qui vient "éclairer tout homme venant en ce monde".
Il est vrai que nous avons pallié à cette déficience par la pose du Christ et des deux statues du Sacré-Coeur et de la Sainte Vierge, qui sont malheureusement dans la journée à contre-jour, surtout par temps sombre. Savez-vous aussi que le Christ qui domine le choeur est en bois ? ... Qu'il remonte au XVIIe siècle ? ... Et que sa physionomie est l'oeuvre d'un sculpteur artiste ... oeuvre unique, puisqu'il est en bois. Je l'ai fait photographié. Puis j'ai demandé un agrandissement de ce visage si expressif pour le faire mettre en image, afin de donner à chaque foyer ce souvenir, comme souvenir de la mission. Ses yeux, sa bouche, l'expression tout entière est révélatrice d'amour et de souffrance, d'offrande aussi. C'est bien le Christ mourant pour nous !
L'autel a beaucoup gagné à être avancé. Réduit à sa simplicité, (ne regrettons pas le clocheton ... il faisait l'effet d'un monsieur qui aurait revêtu une culotte de golf et qui se serait mis sur la tête un haut-de-forme, huit reflets ...) l'autel ainsi dépouillé de ce qui l'encombrait redevient la place de choix, centrale, où Jésus renouvelle son immolation que nous rappelle le grand Christ qui le domine. Je sais que vous appréciez bien son rapprochement et que cela vous permet de mieux suivre la messe !
Et nos vieilles boiseries, repassées à la teinte, n'ont-elles pas des allures de grandes dames derrière le siège du célébrant, ou au pied du Christ pour terminer les boiseries nouvelles qui avaient été juste installées l'année dernière ? ... Quant à nos statues passées au ton pierre, avec leur liseré doré, on les croirait descendues du ciel pour assister là-haut comme témoin au drame sacré ...
Il existe sous le porche du clocher de l'église de St-Germain une très curieuse épitaphe, qui relate, en un style grandiloquant les hauts faits de Messire Philippe de Châteaubriant, comte des Roches-Baritaud, maréchal des armées françaises, maître de camp, mort à la Bataille de Lérida en 1642 à l'âge de 34 ans. Son coeur renfermé dans une urne d'argent fut longtemps, jusqu'à la révolution, dans un tombeau dans l'église de St-Germain.
J. Charrier
Curé de Saint-Germain-de-Prinçay
Bulletin Paroissial
1954-1955
Pour en savoir plus sur Philippe de Châteaubriant, voir ce lien : http://blog.pecia.fr/post/2010/09/14/Philippe-de-Ch%C3%A2teaubriant