LA LÉGENDE DE L'ILE DE FAUSSEBRIE (85)
LA LÉGENDE DE L'ILE DE FAUSSEBRIE
Sur la limite du territoire Poitevin, près des rivages de la Sèvre Niortaise et de la Vendée, on rencontre deux antiques îles, l'une appelée l'Ile d'Elle et l'autre appelée l'Ile de Faussebrie.
La première, avant la Révolution française, faisait partie de l'Aunis et l'autre appartenait à la province de Poitiers ; là, dans les temps anciens existait un monastère dépendant de celui de Saint-Maixent.
La rivière nommée Vendée passait entre ces deux îles, pour se joindre à la Sèvre Niortaise, et faisait la séparation du Poitou et de l'Aunis.
L'Ile de Faussebrie, élevée au-dessus du niveau du marais de dix mètres environ est, d'après l'antique tradition, habitée dans ses souterrains par des Larrons. Ces Larrons sont des Génies préposés à la garde des trésors qu'on suppose enfouis dans ces lieux.
Il y a déjà bien longtemps, une femme tenant entre ses bras une fille de deux à trois ans, et se promenant à Faussebrie, aperçut une grande porte entr'ouverte à l'entrée des caveaux. La curiosité la fit approcher et quel ne fut pas son étonnement ? Elle vit une quantité d'or, d'argent et de pièces monnayées. Elle voulut en ramasser et pour mieux réussir elle déposa son enfant sur la terre.
Elle recueillit tout ce qu'elle put d'or et d'argent, dans la dorne de son tablier ; aussitôt la porte se ferma avec vigueur et l'enfant se trouva renfermée dans le souterrain.
La mère essaya plusieurs fois d'ouvrir la porte, mais ce fut en vain. Désolée, elle partit sur le champ raconter son aventure au curé d'Elle, qui lui dit de lui remettre en mains tout l'or et l'argent que contenait son tablier.
Ce prêtre en prit une poignée, la jeta en l'air et tout l'or et l'argent disparurent emportés par une main invisible.
Mais ce n'était pas tout ; il s'agissait de délivrer l'enfant de sa prison.
Le curé d'Elle, avec une nombreuse assistance, partit en procession pour Faussebrie. Arrivé dans l'île, il prit son étole, fit plusieurs fois le signe de la croix, aspergea la porte d'eau bénite, fit une prière et un exorcisme et aussitôt la porte s'entr'ouvrit.
L'enfant était assise au fond du souterrain, n'ayant aucun mal. Le curé d'Elle la prit entre ses bras et la remit à sa mère. Aussitôt la porte se referma, pour ne plus jamais se rouvrir.
JEAN SIMONNEAU
La Tradition
XVIIe Année - Janvier 1903