UN DOCUMENT SUR L'INCENDIE DE JUILLET 1793 A BAYONNE - GÉNÉRAL JEAN-GUILLAUME COURPON
UN DOCUMENT SUR L'INCENDIE DE JUILLET 1793 A BAYONNE
Le 10 juillet 1793, à onze heures du matin, un incendie éclata dans une partie du Château-Neuf qui renfermait une certaine quantité de poudre, provoquant une violente explosion et faisant de nombreuses victimes.
Les historiographes bayonnais, Bailac (1), Morel (2), Duceré (3) mentionnent l'évènement, en donnent un récit détaillé, mais négligent d'indiquer les sources auxquelles ils ont puisé les détails qu'ils apportent. Deux documents confirment la matérialité du fait : l'un est un arrêté pris en date du 16 août 1793 par Feraud et Garrau, représentants en mission auprès de l'armée des Pyrénées occidentales (4) - l'autre est une lettre écrite le 11 juillet 1793 au Comité de Salut public par Garrau et Ysabeau (5).
Les Archives municipales de Bordeaux fournissent un témoignage nouveau de l'incendie bayonnais, sous la forme d'une lettre adressée par le général de brigade Courpon, "commandant la division de gauche de l'armée des Pyrénées occidentales, aux Citoyens maire et officiers municipaux de Bordeaux" et dont voici le texte :
"Saint-Pé, le 15 juillet 1793, l'an 2 de la République française.
Citoyens magistrats, Vous avez appris sans doute l'évènement malheureux qui a mis la ville de Bayonne, il y a quatre ou cinq jours, dans le deuil et dans la tristesse. Une partie des casernes du Château Neuf servoit à un magazin où l'on fabriquoit des cartouches. Ce magasin a sauté à 11 heures du matin par une explosion des plus terribles. Les murs les plus épais en ont sauté et ont été renversés. On ne peut pas être assuré de la manière dont le feu a pris, mais on croit que c'est un canonier qui, toujours, avait la pipe à la bouche. Plus de 50 personnes ont été sorties de dessous ces décombres toute brûlées et défigurées, sans compter plusieurs autres qui, plus éloignées du foyer de cette explosion, ont été blessées. La ville de Bayonne a été dans la plus grande consternation parce qu'elle a cru que ce malheur étoit l'effet de quelque complot ; mais il y a lieu de penser qu'il n'a été produit que par un accident ...".
On aimerait connaître le rôle personnel que Courpon a pu jouer comme général à l'armée des Pyrénées occidentales. Nous savons seulement que Jean-Guillaume Courpon, né à Bordeaux le 30 août 1729, fut nommé en 1789 major général et en 1791 général de la garde nationale bordelaise, qu'il devint général de brigade en 1793, qu'il commanda successivement la place de Bayonne, une division sur les bords de la Nive et une autre à Oloron, que, dénoncé comme suspect, il fut arrêté le 3 février 1794, ramené d'Oloron à Bordeaux, traduit devant le comité de surveillance et emprisonné. Il tomba malade et mourut le 26 juillet 1794.
HENRI COURTEAULT
(1) Baïlac - Nouvelle chronique de la ville de Bayonne (Bayonne, Duhart-Fauvet, 1827-1828) pages 295-96.
(2) Morel - Bayonne, vues historiques et descriptions (Bayonne, Lamaignère, 1836) page 148.
(3) Ducéré. L'armée des Pyrénées occidentales : éclaircissements historiques sur les campagnes de 1793, 1794, 1795 (Bayonne, Hourquet, 1881) p. 35.
Cf. du même auteur : Histoire d'une armée de la République, campagnes des Pyrénées occidentales (Bayonne, 1900, manuscrit) T. II, p.p. 632-633 et Histoire militaire de Bayonne et des Pyrénées occidentales (Bayonne, 1889, manuscrit) T. II, p.p. 501-503. Cf. aussi, du même : Dict. Historique de Bayonne (Bayonne, Foltzer, 1911) Tome I, p. 204, art. Château-Neuf.
(4) L'original de cet arrêté est conservé à la bibliothèque municipale de Bayonne, dans un des portefeuilles contenant les pièces relatives à l'armée des Pyrénées occidentales.
(5) L'original de cette lettre est conservée aux Archives Nationales, AF II, 183. Elle est analysée dans Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission, Tome V, p. 238 (Paris, Imp. nationale, 1892).
Extrait
Bulletin trimestriel
Société des sciences, lettres, arts et d'études régionales de Bayonne
1924