LE BOUPERE (85) - LE FIEF-MILON
LE FIEF-MILON
L'histoire du Fief-Milon, dont les tours majestueuses noient si merveilleusement le ton gris de leurs épaisses murailles dans le sombre velours des massifs de pins qui l'encadrent, nous est peu connue.
Le château doit, sans doute, son origine à quelqu'un de ces Milon que nous avons déjà rencontrés à St-Sornin au XVIe siècle. Mais il ne paraît pas être longtemps resté entre leurs mains. Les Tiraqueau, les Sonnet-d'Auzon, les Chaligny et les Béjarry s'y succédèrent et au commencement de ce siècle, en 1810, M. de l'Etandière en acheta les ruines, que son gendre, M. Alfred de Monti de Rezé, père du propriétaire actuel, fit relever par M. Guillerot, l'habile architecte de la Roche-sur-Yon.
S'il faut croire la tradition, les deux grosses tours du Fief-Milon, construites au XIVe siècle, servirent longtemps de poste d'observation aux Français contre les Anglais qui tenaient Pouzauges. Elles abritent trop rarement leur aimable seigneur et maître, M. Claude de Monti de Rezé, un lettré militant et un bibliophile de haut goût, qui ne sera certainement jamais aussi embarrassé que Socrate pour remplir sa maison.
Les amoureux du livre n'y seront point, du reste, en mauvaise compagnie ; car la bibliothèque du Fief-Milon - une des plus riches de Vendée - compte au moins six mille volumes, dont un millier relatif au Poitou. Il nous sera permis d'accorder une toute particulière mention aux 150 fiches qui concernent Jeanne d'Arc, dont M. de Monti - chrétien fervent et ardent patriote - est un des plus sincères admirateurs.
M. de Monti possède également des manuscrits de valeur, dont un, très intéressant pour notre histoire locale, provient de la vente de M. B. Fillon : "Le Registre de la Confrérie du Saint-Sacrement de Notre Dame de Fontenay", accompagné de la bulle originale du Pape Urbain VII datée de septembre 1623.
A citer aussi un curieux petit "Livre d'Heures" sur parchemin et dont le 1er feuillet porte la mention suivante : "Ces heures appartenaient à Jean Butin, médecin ordinaire de Louis XI, qui épousa la fille de Guillaume Régnouf, premier médecin du mesme roy, qui lui donna lors dudit mariage la terre de St-Thomas, près Fontenay-le-Comte. Ce Jean Butin mourut en 1484, et fut enterré aux Cordeliers d'Angers, où est son portrait.
Du côté des bibelots antiques, nous citerons une cuirasse en acier trouvée dans les ruines du Fief-Milon, des bahuts Henri II et Louis XIII, une armoire hollandaise assez curieuse et quelques jolies faïences italiennes de fabrication ancienne.
La famille de Monti fait preuve de noblesse dès 1240, 2e du nom, vint en France avec son cousin le maréchal de Stozzi. Après avoir obtenu ses lettres de naturalisation, il épousa Renée Verger, fille du grand prévôt d'Anjou. Les de Monti étaient alors simples chevaliers. Ce n'est que plus tard, au mois d'avril 1672, que Louis XIV, en récompense des services rendus au pays, érigea pour Yves de Monti la terre de Rezé en comté. - Cette antique lignée, chez laquelle la générosité a toujours marché de pair avec l'illustration, a fourni à l'église un Pape (Jules III) et 4 cardinaux. Citons encore parmi ses gloires : un Grand-Maître de l'Ordre de St-Jean de Jérusalem, un chevalier des ordres du Roi, le marquis de Monti, lieutenant général, ambassadeur de France en Pologne, et plusieurs gonfalonniers de justice de Florence. Elle était enfin alliée aux Médicis et, par eux, aux rois Charles IX et Henri IV.
M. Claude de Monti de Rezé, le propriétaire actuel du Fief-Milon, est le fils aîné du Comte Louis-Marie-Alfred de Monti de Rezé et de Mme Machereau de l'Etandière. Son écusson porte d'azur à la bande d'or et aux douze monts de même, 3.2.1, avec cette chrétienne devise : "Faites sur toutes choses que Dieu soit le mieux aimé !"
Archives Départementales de Vendée
Bulletin Paroissial Le Boupère
1911