SAINT-SULPICE-LE-VERDON (85) - L'ABBÉ LOUIS AMIAUD
LOUIS AMIAUD
Louis Amiaud, né au village de la Boucherie, en Saint-Sulpice, le 26 septembre 1765, de Pierre Amiaud, laboureur, et de Magdeleine Caillon, son épouse, administra la paroisse de Saint-Sulpice, pendant les guerres de Vendée, de 1793 à 1798.
Cependant ses fonctions principales étaient celles de curé de Mormaison, qu'il exerça de fait à partir de 1792, le curé Christophe Bommier, de triste mémoire, ayant prêté serment à la Constitution civile du Clergé et prêté serment à la Constitution civile du Clergé et ayant embrassé avec beaucoup d'ardeur les idées nouvelles.
Bien que s'intitulant "curé de Mormaison", on lui trouve, dès le mois de 1792, sur les registres de baptême de Saint-André-Treize-Voix, le titre de "vicaire de Saint-Sulpice-le-Verdon", aidant par conséquent à Saint-Sulpice, M. Vinet dans son ministère. A la fin de 1793, il prend celui de "curé de Mormaison et desservant de Saint-Sulpice", parfois même de "desservant de l'Herbergement."
Durant cette période si troublée, c'est lui, en effet, qui exerce le saint ministère dans ces trois paroisses et souvent même à Saint-André. C'est en cette qualité également qu'il rédige les registres de baptêmes, de mariages et sépultures de Mormaison et de Saint-Sulpice, dans lesquels nous trouvons les noms de la majeure partie des victimes massacrées par les hordes révolutionnaires en 1794.
Pendant toutes les guerres de Vendée, il célèbre la messe tantôt dans les bois, tantôt dans les chaumières, se cachant des soldats républicains qui l'ont voué à la mort. Il est présent au synode du Poiré au mois d'août 1795.
Il a toute la confiance de Charette, et, en 1796, voyant la lutte désormais impossible, il s'efforce d'amener le général vendéen à des pourparlers de paix honorable avec les généraux républicains ; c'est même la raison de la présence de Charette dans ces parages, le jour de sa capture, le 23 mars 1796. A Nantes, devant ses juges, l'illustre prisonnier réclame maintes fois la présence du curé Amiaud qui a en main la lettre de l'officier républicain ayant demandé les pourparlers ; il le réclame enfin, mais toujours en vain, pour recevoir sa dernière confession.
L'abbé Amiaud prend dès lors à tâche d'empêcher la reprise des hostilités. Dans un état des prêtres réfractaires, dressé par Coyaud, à Fontenay, en l'an VI, on lit : "26, Amiaud, de Mormaison ; réfractaire à toutes les lois, paraît ami de la tranquillité."
Le 2 novembre 1797, on écrit à l'administration départementale qu'il consent à faire sa soumission complète et à prêter le serment exigé, sauf celui de haine à la royauté, qui lui enlèverait la confiance de ses paroissiens.
Toutefois, le 8 février 1798, l'administration du canton des Brouzils reçoit le serment complet de "L. Amiaud, qui, ayant éprouvé des difficultés à le présenter devant la municipalité de son domicile, est venu l'apporter devant celle de sa naissance (A cette époque Saint-Sulpice dépendait du canton des Brouzils et Mormaison de celui de Rocheservière).
Et le 23 pluviôse an VI (11 février), l'agent du Directoire près du canton de Rocheservière, le citoyen Girard, peut écrire :
"Le prêtre catholique de la commune de Mormaison a fait dans la séance d'aujourd'hui sa soumission et déclaration exigée par la loi du 19 fructidor ; il a déclaré vouloir exercer son ministère dans cette même commune. Malgré que cette soumission soit bien tardive, l'administration n'a pas cru devoir la refuser."
Cette soumission définitive enlève toute la popularité et même l'estime que les paroissiens de Saint-Sulpice et de Mormaison avaient vouées depuis si longtemps à leur compatriote et à leur curé. Ils refusent pour la plupart d'entendre sa messe et désormais ils considèrent comme leur véritable pasteur M. l'abbé Gratton, autre prêtre insermenté, qui se cache près du bourg de Mormaison, au château de l'Epiardière.
M. l'abbé Amiaud vit pendant quelque temps retiré près d'un membre de sa famille au village de la Roche, où il dit la messe. Après le Concordat, cherchant à faire oublier cette fatale concession qui empoisonne son existence, il disparaît du pays, et on constate bientôt sa présence en la paroisse de Girouard, à la Bardonnière, où il célèbre la messe dans une grange transformée en chapelle, en présence de quelques fidèles qui l'acceptent mieux qu'à Mormaison et qu'à Saint-Sulpice. Il dessert cette paroisse et celle de la Chapelle-Achard, en même temps qu'il fait les fonctions de maître d'école. Enfin, au mois de mai 1804, il est nommé curé de cette dernière localité.
Tout est en commun entre lui et ses paroissiens. Il assiste à leurs noces, y chante même et égaye les invités. Les soirées d'hiver, on le voit monter à cheval et aller passer la veillée dans les villages. Par ailleurs, très exigeant pour l'instruction religieuse ou profane des enfants, il ne se fait pas faute de giffler avec une dextérité remarquable les paresseux qui ne répondent pas à ses questions. Il n'en est pas moins, comme jadis à Saint-Sulpice pendant la Révolution, très populaire parmi ses paroissiens, jusqu'au jour où, en 1848, la Chapelle-Achard est partagée en deux portions pour la formation de la paroisse de Saint-Martial. Profondément froissé, il se retire du ministère paroissial dans le bourg de la Chapelle-Achard, et meurt infirme et dans la plus grande misère, âgé de quatre-vingt-dix ans, le 25 décembre 1855.
Extrait :
Monographie de Saint-Sulpice-le-Verdon
(Canton de Rocheservière - Vendée)
par A. de Goué
1913