LA FLOCELLIERE (85) - ENTRETIEN AVEC UN SOLDAT VENDÉEN
ENTRETIEN
Notre entretien a pour but d'éclairer un peu plus nos lecteurs sur les évènements que vous avez vécu il y a 10 ans, en 1793.
Soldat Vendéen. A votre disposition jeune homme ! Mais je ne vous parlerai que de ce que j'ai pu connaître quand j'étais avec ma famille à la Flocellière.
B : Que faisiez-vous en 1793 ?
SV : A cette époque j'étais commis chez Morin de la Gemmerie. Le père Morin était membre de la municipalité de la Flocellière. C'était Bondu, l'ancien curé, qui était maire.
B : Vous aviez quel âge alors ?
SV : J'étais en âge de tirer au sort pour la conscription, je me souviens bien. On avait appris que les gars de St Michel Mt Mercure s'étaient réunis avec leur châtelain de Nouzillac, Monsieur Boutiller du Retail. Chez nous, personne n'en voulait de la conscription. Le 12 mars 1793, on s'est tous retrouvés dans le bourg de la Flocellière. Le curé Bondu, maire de la Flocellière, a voulu se sauver, on l'a enfermé dans sa cure.
B : Aviez-vous un chef à l'époque ?
SV : Pas vraiment, mais on était tous décidés. Très vite on a rejoint les gars de Châteaumur et des Châtelliers, et on s'est tous retrouvés à Châtillon ; ça faisait une troupe imposante. Ursault, qui nous commandait, nous a fait rejoindre l'armée de Monsieur de Lescure à Thouars.
B : Vous avez donc connu Monsieur de Lescure ?
SV : Oui. Ah ça c'était un Monsieur. Notre premier vrai combat à Thouars, c'est grâce à lui qu'on l'a gagné. Pour sûr c'était un Monsieur. C'est d'ailleurs à ce moment-là que Danyaud Dupérat a pris le commandement de notre division.
B : Et les batailles ?
SV : Notre division suivait l'Armée Catholique et Royale avec Lescure. La Rochejaquelein et Cathelineau. Fontenay, Saumur, Nantes. Mon Dieu quel malheur quand Cathelineau a été touché à Nantes. Pour sûr que sans ça on prenait la ville et ça aurait changé bien des choses.
B : Avez-vous d'autres souvenirs de batailles ?
SV : Tenez, Châtillon. C'était au début de juillet 1793. A la bataille du Moulin aux Chèvres on n'avait pas réussi à empêcher Westermann de passer. Le 2 juillet, il brûla le château de Monsieur de Lescure, et, le 3, la Durbelière, celui de Monsieur de la Rochejaquelein. Le 4 au soir, on avait reçu des renforts de l'armée de Bonchamps et d'Elbée. Notre troupe de plus de 20.000 hommes a déferlé sur les bleus au Mont Gaillard. Une vraie boucherie. Avec Monsieur Danyaud Dupérat on a même réussi à prendre la voiture de Westermann. Les coffres étaient vides. Des mauvaises langues ont dit qu'on avait volé l'argent. Et bien c'est Monsieur Lescure lui-même qui nous a défendu devant le Conseil de Guerre.
B : Après la bataille de Cholet, le 17 octobre 1793, qu'avez-vous fait ?
SV : J'ai pas voulu quitter la Vendée. Monsieur de Lescure était gravement blessé. J'avais perdu Monsieur Danyaud Dupérat dans la tourmente. J'ai su après qu'il avait fait la "Virée de Galerne" avec une dizaine de gars de la Flocellière.
B : Et ensuite, que s'est-il passé ?
SV : A la Flocellière, je me cachais, surtout après Noël 1793, vu ce qui était arrivé à Savenay. Puis Séguy, procureur de la commune et Guignard, secrétaire, ont été guillotinés à Fontenay après avoir été dénoncés. Moi aussi j'avais fait partie du comité de la Flocellière.
B : Vous aviez peur ?
SV : Plus que ça, oui. Un véritable pillage du bourg, des hommes égorgés, des femmes violées et même coupées en morceaux. Les gars Lumineau massacrés à la Fromentinière, des demoiselles de Marboeuf sciées vivantes, tu m'entends, sciées vivantes.
B : Grignon et ses troupes sont restés longtemps à la Flocellière ?
SV : Suffisamment longtemps pour tout saccager et brûler. Toutes les fermes étaient brûlées. Grignon est parti le 30 janvier. Mêmes les bons républicains étaient sous le choc. Bien malheureux que Charette ait pas réussi à le tuer à Chauché.
B : C'est à ce moment-là que les hostilités ont repris ?
SV : Comment voulez-vous, c'était pas supportable, les gars revenaient chez eux pour voir leur famille massacrée. Ils n'avaient qu'une envie, se venger.
B : Et vous, vous êtes reparti ?
SV : Vous savez, je n'avais guère le choix. Rester au village et je risquais une dénonciation. Je n'avais plus rien à perdre. J'ai à Mallièvre, je gardais le château de la Boulaye. Charette, Stofflet, Sapinaud et Marigny s'étaient réunis. L'abbé Bernier était là aussi. On m'a dit qu'ils avaient prêté serment de continuer la guerre ensemble.
B : Que s'est-il passé ?
SV : Le 24 avril, Monsieur de Marigny, qui voulait attaquer la Châtaigneraie a refusé de partir pour Jallais avec sa troupe. Le 29 avril, Charette et les autres l'ont condamné à mort pour trahison. Drôle d'histoire.
CHRISTIAN BIZOT
(Doc pdf - sans date)
"Grignon qui, dès le 12 janvier, commençait ses feux de joie, selon son expression cynique, écrivait, le 24, à son chef : "Je te préviens que les soldats cassent leurs armes, en tuant, à coups de baïonnette, les brigands que l'on rencontre dans les genêts et dans les bois. Ne vaudrait-il pas mieux les tuer à coups de fusil ? Ce serait plutôt fait."
Grignon coupait ses victimes en morceaux.
A la Flocellière il sciait, vivantes, les deux demoiselles de Marboeuf."
Extrait de : Le Martyre de la Vendée
L.-P. Prunier, chanoine
1902
Les Marboeuf n'ont pas cessé d'habiter la Saminière depuis 1537, jusqu'à l'époque où ils y réunirent la Fromentière et Nouzillac, ce qui eut lieu à la fin du XVIIe siècle. Ils y transportèrent leur résidence. L'un d'eux, Séraphin, seigneur de la Saminière, la Fromentinière, Nouzillac et autres lieux, avait le goût des constructions et du changement : il fit construire Nouzillac en 1722, et nous le trouvons peu de temps après faisant sa résidence tantôt à la Fromentinière et tantôt à la Saminière. Après lui, nous perdons les traces de cette famille qui s'éteignit probablement en Bas-Poitou.
La Saminière relevait de la baronnie de Châteaumur.
Elle avait une chapelle, dédiée à Sainte-Anne, et desservie en l'église de Pouzauges.
La Saminière et la Fromentinière furent brûlées par Grignon, en janvier 1794.
Annuaire départemental
de la Société d'émulation de la Vendée.
1857
Quelques actes trouvés dans les registres paroissiaux de la Flocellière :