CHARRIER DE NOIRLIEU - UN VENDÉEN A PARIS ET DEVANT LE ROI
CHARRIER DE NOIRLIEU
UN VENDÉEN A PARIS ET DEVANT LE ROI
Après la campagne de 1815, un des braves de la Vendée, nommé Charrier, maréchal-ferrant, à Noirlieu, près Bressuire, conçoit le dessein d'aller à Paris saluer son Roi et le féliciter de son retour.
Rien ne peut le détourner de ce dessein. Il abandonne sa femme, ses enfants, ses pratiques, et entreprend à pied un voyage de quatre-vingt-sept lieues, uniquement pour le plaisir de voir son Roi.
Aussitôt après son arrivée dans la capitale, il va voir les chefs du quatrième corps de l'armée royale, et en reçoit le meilleur accueil.
- "Que viens-tu faire ici, lui demandent-ils.
- Je veux parler à mon bon Roi.
- On ne parle pas ainsi à sa majesté, il faut être présenté.
- Eh bien, Messieurs, présentez-moi."
On a bien de la peine à lui persuader qu'il doit se borner à voir le Roi lorsqu'il ira à sa chapelle.
Un officier vendéen, M. de la Ville de Rigny, est chargé de le conduire dans la salle des maréchaux, aux Tuileries.
Dès que le Roi paraît, Charrier crie de toutes ses forces : Vive mon bon Roi ! Ce cri le fait remarquer ; le Roi daigne lui sourire avec bonté. Ce brave royaliste ne peut plus se contenir ; il veut franchir l'intervalle qui le sépare du monarque pour se jeter à ses pieds ; l'officier vendéen le retient, et, après le passage de sa majesté, il le conduit dans la cour des Tuileries, où ses exclamations continuelles et son air provincial attirent les filous qui lui escroquent une somme de 200 francs qu'on lui avait donnée par forme de gratification.
De retour dans la Vendée, Charrier n'a cessé de parcourir les paroisses de son canton, de leur faire le détail de son voyage, et de s'écrier : Je suis heureux, j'ai vu mon bon Roi."
Extrait :
Histoire des guerres de la Vendée
et des Chouans
depuis l'année 1792 jusqu'en 1815
Pierre-Victor-Jean Berthre de Bourniseaux
1819