1832 - UTILITÉ DE LA CRÉATION D'UN NOUVEAU DÉPARTEMENT DANS LE CENTRE DE LA VENDÉE

UTILITÉ DE LA CRÉATION D'UN NOUVEAU DÉPARTEMENT DANS LE CENTRE DE LA VENDÉE
par J. P. A. P. de la Haute-Garonne

Grâces à notre armée toujours brillante de courage et de patriotisme, les dissensions intestines fomentées dans les départemens de l'Ouest par les implacables et éternels ennemis de notre indépendance, touchent à leur fin, c'est le moment de prendre des mesures pour empêcher leur renaissance dans l'ancienne Vendée, qui a été et sera toujours leur point de mire.

Il ne faut pas attendre la lueur de la guerre civile pour se réveiller.

Comme il appartient à un gouvernement sage et éclairé, de prévenir, plutôt que de réprimer, ce qu'une guerre entre citoyens de la même patrie peut entraîner de calamités, de désordres et de cruautés, je proposerai pour atteindre ce but, la création d'un nouveau département, dont le chef-lieu serait Chollet, qui se trouve le point central entre Angers, Niort, Bourbon-Vendée et Poitiers : il y aurait deux chefs-lieux de sous-préfectures que l'on pourrait établir à Beaupréau et à Châtillon ou à Vezin.

Voici les motifs sur lesquels je m'appuie pour croire que si le gouvernement adopte mes vues, en créant ce département, il rendra presque impossible la formation d'un foyer d'insurrection dans la Vendée.

Tous les noyaux de soulèvement à main armée contre la nation ont eu lieu, soit en 1793, soit en 1815, soit en 1831, aux environs de Chollet, Beaupréau, Vezin et Châtillon : 1° Parce que ces villes se trouvent au centre des départemens de Maine-et-Loire, Bourbon-Vendée, des deux-Sèvres et de la Vienne. 2° Parce que ce pays n'est percé par aucune route.

En établissant un département dans cette partie de la Vendée, la ville de Chollet étant placée entre Beaupréau et Vezin, à une distance d'environ douze mille toises de chacune de ces deux communes, l'action vigilante et prompte de l'administration, déjouera à l'instant même tout projet d'insurger les vendéens.

Il ne faut, pour obtenir ces heureux résultats, qu'une garnison de 2.500 soldats d'infanterie, de 500 cavaliers, et un préfet dont le courage civil et l'énergie, réunis à une grande modération, soient éprouvés.

Je ne me dissimule pas que l'exécution de ce projet pourra trouver des opposans parmi les Députés des départemens de Maine-et-Loire, des Deux-Sèvres, de Bourbon-Vendée et de la Vienne ; mais des intérêts particuliers doivent s'évanouir devant les intérêts généraux.

Il y a au moins vingt chefs-lieux de préfectures qui n'ont ni la population, ni l'importance, ni le commerce, ni l'industrie de Chollet.

Chollet renferme dans ses murs dix mille âmes.

Il y a de très-belles fabriques de toiles et de calicots ; on y vend des boeufs en concurrence d'une somme de deux cents mille francs chaque jour de marché, qu'on tient régulièrement une fois par semaine.

Le Gouvernement trouverait à acheter dans la ville de Chollet les bâtimens nécessaires pour une Préfecture, et pour des casernes ; on pourrait en faire l'acquisition avec quatre cents mille francs.

Comme ce pays est très riche, très-fertile et très industriel, j'oserai garantir que le conseil général de ce Département voterait une imposition extraordinaire ad hoc.

Le préfet de ce nouveau département devrait porter toute son attention et tous ses soins, pour qu'au moyen de prestations en nature, on pût s'occuper de suite de confectionner, 1° la route de Chollet à Châlons, et de la continuer jusqu'à la Loire ; 2° celle de Chollet à Clisson, pour aller à Nantes ; 3° celle de Châtillon à Poitiers.

Il faudrait, pour former ce Département, distraire en entier l'arrondissement de Beaupréau du département de Maine-et-Loire, presque trop grand, puisqu'il envoie sept Députés à la chambre des communes, et prendre une assez faible partie du territoire dans les départemens des Deux-Sèvres, de Bourbon-Vendée, et de la Vienne. Du reste, ce que l'on serait obligé d'enlever à ces trois Départemens, ne les rendrait guère moins considérables.

Ce département pourrait prendre le nom de son fondateur, Orléans-Vendée, ou celui de la petite rivière qui passe à Chollet, ou bien encore celui du centre de la Vendée.

Si le gouvernement approuvait ma proposition, il serait urgent d'envoyer un commissaire dans la Vendée, à l'effet de fixer les villes, bourgs et villages qui devraient être retranchés des quatre départemens qui entourent Chollet.

Je terminerai par observer que Napoléon créa le département de Tarn et Garonne, sans un grand but d'utilité publique, et que celui dont je propose la formation dans le centre de la Vendée, réunira des avantages qu'il est inutile de développer.

Nota. Par mesure de sûreté générale, l'autorité administrative devrait ordonner l'abattage des haies et bois taillis attenant aux routes royales, départementales, vicinales et communales, à une distance où l'on puisse être atteint par un fusil de munition chargé avec des balles, et en outre prescrire que les fossés qui environnent les propriétés agricoles, ne puissent avoir qu'un mètre de profondeur et autant de largeur.


Imprimerie de SÉTIER, rue de Grenelle, St-Homère
Chez Vilbert, Libraire, Au Palais-Royal, vis-à-vis de la Cour d'Honneur
PARIS
1832