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La Maraîchine Normande
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15 juillet 2013

UNE SILHOUETTE ORIGINALE DE "SUSPECT" ♣ M. DE LA BREJOLIERE

UNE SILHOUETTE ORIGINALE DE "SUSPECT"  -  M. DE LA BREJOLIERE

Ancien Nantes - Les douves du château


Né à Nantes, le 7 novembre 1731, Paul-Martin Bouhier, sieur de la Bréjolière, était un vieux brave homme qui exerçait dans sa ville natale, avant la Révolution, les fonctions de contrôleur des actes.

Original jusque dans le bout des ongles et - quoique bureaucrate - poète par-dessus le marché, il s'était donné tout entier à la Muse et paraissait depuis longtemps classé dans la catégorie des célibataires endurcis, lorsqu'il finit un beau jour, à l'âge de quarante-cinq ans, par se décider à épouser une jeune fille de la meilleure société nantaise : mademoiselle Madeleine-Anne Sabry de Monpoly.

Poli et aimable, bon et affectueux, l'original ex-vieux garçon fut le modèle des époux ; mais il ne renonça point pour cela au culte de la Muse ... ni à son originalité.

Comme il était libéral et un tantinet philosophe, il accepta sans difficulté la Révolution, et le nouveau gouvernement le maintint tout d'abord dans l'exercice de sa charge. M. de la Bréjolière était encore contrôleur des actes et receveur des droits d'enregistrement au début de l'insurrection vendéenne. Mais le fameux Fouché, alors en mission à Nantes, le destitua comme suspect et complice des "brigands de la Vendée," et le remplaça par le sans-culotte Goulin, si tristement célèbre dans les annales nantaises.

Quiconque était déclaré suspect, à cette époque, était par là même voué à la guillotine. M. de la Bréjolière qui faisait assez bon marché de sa place, tenait à conserver sa tête : dès le lendemain de sa révocation, il sortit de Nantes sans tambours ni trompettes, et alla chercher un asile dans les environs.

Tout suspect qu'il fût, le bonhomme continuait à rimer avec plus d'ardeur que jamais. Bientôt même, sans se soucier des dangers auxquels il s'exposait, il se mit à courir le pays pour aller débiter ses vers aux personnes de sa connaissance, et la Marquise de la Rochejaquelein nous raconte, dans  ses Mémoires, comment elle le vit arriver un beau jour au Dréneuc, où elle avait trouvé un asile au plus fort de la Terreur :
"A deux reprises vint chez Mme Dumoutiers un bourgeois de Nantes de sa connaissance, M. de la Bréjolière ; il se cachait, étant hors la loi, comme suspect ; c'était un vieillard aimable et tout à fait original. Il courait le pays, habillé en paysan, mais, ne pouvant se figurer les risques auxquels il était exposé, il avait des manchettes, une chemise fine, une montre, et il était parfumé au musc. Il faisait de jolis vers ; un jour, entre autres, il en répétait à maman, on vint lui dire que les Bleus arrivaient pour la visite habituelle ; on eut mille peines à le décider à sortir, parce que son épître n'était pas finie ; il la débitait en s'an allant, avec une distraction à faire mourir de rire". (Mémoires de Mme la marquise de la Rochejaquelein, édition originale, p. 403)

Heureusement qu'il y a un Dieu pour les poètes et les distraits - tout comme pour les ivrognes ! ... En dépit de ses imprudences, M. de la Bréjolière eut la chance d'échapper aux sicaires de Carrier, et il rentra paisiblement à Nantes après la Terreur.

Il avait une fille, Madeleine-Périne, qui épousa plus tard, en 1803, le vicomte Walsh, auteur des Lettres Vendéennes.

HENRI DU BOCAGE
La Vendée Historique
1900

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