DISCOURS DE M. LE CHEVALIER DE LOSTANGES A L'INAUGURATION DE LA STATUE DU GÉNÉRAL CATHELINEAU - 9 AOUT 1827

13 juillet 2013

DISCOURS DE M. LE CHEVALIER DE LOSTANGES A L'INAUGURATION DE LA STATUE DU GÉNÉRAL CATHELINEAU - 9 AOUT 1827

DISCOURS DE M. LE CHEVALIER DE LOSTANGES
A L'INAUGURATION DE LA STATUE DU GÉNÉRAL CATHELINEAU
AU PIN-EN-MAUGES ... LE 9 AOUT 1827

Au juste tribut d'éloges que vous méritez, je viens ajouter un seul mot pour vous faire connaître tout l'intérêt dont le Roi, dans sa bonté et sa justice, ne cesse d'honorer ses fidèles Vendéens, qu'il sait avoir été volontairement, au prix de leur sang et des sacrifices les plus chers, les plus fermes appuis de son trône. C'est une vérité qu'il s'est plu à divulguer à toute l'Europe, lors de ses négociations avec les puissances alliées en 1814. Il leur fit déclarer que, lui aussi, devait être considéré comme ayant pris une part active à la coalition, y ayant toujours été représenté par l'armée de Condé et par les armées catholiques et royales, qui, combattant avec tant d'éclat pour sa cause, n'avaient cessé de proclamer le Roi pour leur chef. Cette déclaration donnait encore plus de poids à ses droits, d'ailleurs suffisamment exprimés par le voeu unanime de tous les français. Ainsi, vos généreux efforts, illustres Vendéens, ont toujours été estimés et appréciés par le coeur du Roi ; car vous savez et vous l'avez héroïquement prouvé, qu'en France, le Roi ne meurt jamais. Aussi avez-vous été les premiers à proclamer en France l'infortuné Louis XVII, et depuis, à chaque fois que vous avez pris les armes, le cri, vive le Roi, vous a servi de ralliement.

Glorifiez-vous donc de la justice que le Roi a daigné vous rendre aux yeux de toute l'Europe ; jouissez d'une récompense aussi flatteuse et aussi honorable ; qu'elle vous console, qu'elle vous persuade que vos nombreux et sanglants combats, votre fidélité à la religion et à la royauté ont été appréciés, comme ayant puissamment contribué au triomphe de la souveraineté légitime, et par conséquent au salut et à la prospérité de la France. Et tel était en effet le but que s'était proposé celui dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire, lorsqu'abandonnant à la Providence tout ce qu'il avait de plus cher, il se mit à votre tête pour sauver, disait-il, l'autel, le trône et la France.

Aujourd'hui même, vous voyez sous vos yeux une preuve marquante de la bienveillance du Roi. Il veut être présent à votre fête ; il s'y fait représenter par le plus ancien de vos illustres chefs ; à côté de lui, est le général chéri des Angevins, parent et ami de l'immortel Bonchamps, que le Roi, prévenant vos voeux, vous donna pour général, lorsque son trône fut momentanément ébranlé en 1815.

Un autre témoignage de sa bienveillance royale est la distribution que j'ai l'honorable commission de faire de la somme de 1,000 fr. pour les habitans de cette commune, anciens compagnons d'armes de Cathelineau, ou indigens de leurs familles : il y ajoute encore 200 fr. pour les besoins de l'hospice fondé par votre charité, et S.A.R. Mme la duchesse de Berry accorde 100 fr. pour le même objet.

Qu'il me soit permis, braves habitans du Pin, de profiter de cette occasion pour faire connoître combien je suis pénétré de vénération pour vos sentiments essentiellement vertueux, religieux et royalistes. Conservez-le, que tout étranger qui viendra ici, comme en pèlerinage de fidélité à l'autel et au trône de S. Louis, visiter le monument et la modeste maison où reçut le jour l'illustre héros que vous fêtez aujourd'hui, croyez voir dans chacun de vous un autre Cathelineau.

Vendéens, dont les drapeaux flottent avec tant de glorieux souvenirs sur cette place, nommée place Cathelineau, pour que ce nom à jamais mémorable soit dans toutes les bouches, comme il l'est dans tous les coeurs ; soyez donc touchés, confiants, reconnoissants de tant de témoignages de l'intérêt et de la bienveillance royale, et goûtant ce sentiment si noble d'attachement mutuel dont le Roi vous honore et que vous lui portez ; que ce soit, à l'exemple de vos prédecesseurs, avec toute l'effusion de vos coeurs, qu'élevant vos voix et vos voeux jusqu'au ciel, vous fassiez entendre ce cri si naturel, si enivrant pour tout Français : VIVE LE ROI !

Extrait
INAUGURATION DE LA STATUE
DU GÉNÉRAL CATHELINEAU
AU PIN-EN-MAUGES,
DEPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE,
LE 9 AOUT 1827
MAME AINÉ, IMPRIMEUR DU ROI ET DE LA PRÉFECTURE
1827