DOUÉ-LA-FONTAINE (49) - PROGRAMME DE LA FETE DE L'ETRE SUPREME DU 6 JUIN 1794

PROGRAMME DE LA FETE DE L'ETRE SUPREME
POUR LA VILLE DE DOUÉ-LA-FONTAINE

Le 18 prairial, an II [6 juin 1794], fête de l'Eternel. Tous les corps administratifs, tous les habitants, les généraux, les militaires de la garnison, toutes les communes du canton sont invités.
Les corps administratifs se rassemblent au temple de la Raison et se réunissent au rassemblement général qui se fait sur les fontaines. Départ à neuf heures du matin.

Plan de marche : - Deux pièces de canon ; quatre trompettes ; détachement de cavalerie, le général avec son état-major ; commandant de place et son état-major ; le commissaire des guerres ; plusieurs tambours ; un détachement d'infanterie ; officiers municipaux et notables portant des couronnes de chêne, précédés de trois bannières, portant ces inscriptions : 1° Droit de l'homme, Constitution ; 2° Le Peuple français admet l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme ; 3° Vive la République, vive la Montagne !

Tous les vieillards au-dessus de soixante-cinq ans porteront des gerbes de blé à la main ; toutes les femmes nourrices du canton porteront dans leurs bras leurs nourrissons ; les jeunes gens, espérance de la patrie, auront des guirlandes de fleurs sur la tête.

La justice de paix, les assesseurs porteront des branches d'olivier, la Société populaire aura à sa tête le drapeau aux couleurs chéries ; toutes les jeunes citoyennes, depuis l'âge de dix ans, seront vêtues de blanc, porteront des ceintures tricolores, et dans leurs mains, des corbeilles de fleurs.

La musique - Deux boeufs, ornés de guirlandes, conduits par le plus ancien cultivateur du canton, traîneront une charrue ; un détachement d'infanterie et de cavalerie chefs en tête ; toutes les citoyennes du canton vêtues de blanc, avec ceintures tricolores et bouquets de fleurs à la main, tiendront leurs petits enfants sur le bras.

Tambours - Les municipalités et comités de surveillance du canton portant dans leurs mains des gerbes de blé.
La commission civile et administrative, la commission des charrois, les autres commissions : le payeur.
La garde nationale de Doué et celle du canton avec piques, sabres, etc
Le comité de surveillance de Doué, marche terminée par infanterie et cavalerie de la garnison.

Fête commencée à cinq heures du matin, annoncée par salve d'artillerie. En ce moment tous se rendront au lieu indiqué afin de commencer la marche.

Cortège passera par les rues de la porte David, se rendra sur la place des Quatre-Vents ; il y sera fait une décharge d'artillerie ; Tony chantera des hymnes en l'honneur de l'Eternel et de la patrie.

Un orateur fera un discours dans lequel il célébrera le combat glorieux donné contre les Brigands, le 14 septembre. Il adressera une prière à l'Eternel pour avoir sauvé Doué.

La marche continuera sur le chemin de Vihiers, vis-à-vis la dernière redoute, traversera le bout de la Champagne, passera derrière la cure et la chapelle, et se dirigera sur la montagne appartenant au citoyen Cousineau.

L'assemblée entourera la montagne, en conservant son ordre de marche. Les généraux, les chefs de corps, les municipalités du canton, les corps administratifs, la société populaire, la justice de paix, occuperont le sommet de la montagne ; quand tous seront à leur poste, décharge d'artillerie annonçant un discours.
L'orateur peindra les travaux infatigables de la Convention, l'énergie de la Montagne pour découvrir les traîtres, et la reconnaissance que lui doivent les bons citoyens, pour la constitution qu'elle a faite, constitution qui doit faire le bonheur de la France et de l'Europe entière.
Toute l'assemblée fera serment de l'observer et de la soutenir au péril de sa vie.
L'orateur adressera une prière à l'Eternel pour la conservation de notre sublime constitution pour l'anéantissement des tyrans coalisés, et pour la prospérité de la République. Au même instant, toutes les mains seront élevées vers l'Eternel, et seront poussés des cris mille fois répétés de : Vive la République ! Vive la Montagne ! et : Périssent les tyrans et leurs complices ! L'air retentira de ces cris au milieu de salves d'artillerie et de mousqueterie, au son des tambours et des instruments militaires.

La marche continuera dans le même ordre, dans la rue de la porte Bouin, de la Force à la loi, passera sur les fontaines, sortira par la porte du ci-devant château, rentrera par la rue ci-devant Saint-François, et se rendra par l'hôpital aux mêmes lieux des fontaines, où les danses commenceront sous les arbres.

Le général est invité par la municipalité au maintien de l'ordre, et comme la Convention l'a décrété que la vertu est à l'ordre du jour, tous ceux qui manqueront à la décence, et au respect dû à la fête, seront condamnés à la détention suivant l'exigence des cas.

Il sera enjoint, à chaque chef de famille, de faire apporter son repas sur les Fontaines, afin que tout soit général. Il mangera avec sa famille, s'il le juge à propos. Ceux qui seront les plus aisés sont invités à apporter le double, pour en faire part à nos frères indigents.

Il sera porté plusieurs toasts : à la prospérité de la République ; à tous nos représentants qui ont si bien mérité de notre reconnaissance ; à toutes les armées qui ont bien mérité de la patrie ; à tous les défenseurs de la patrie ; à la liberté ; à l'égalité, et à tous les Républicains répandus sur les deux hémisphères.

Au soleil couché les danses et les banquets finiront, et une salve d'artillerie annoncera la fin de la fête de l'Eternel.

Des patrouilles parcourront les rues pendant la fête et pendant la nuit, afin d'assurer le bon ordre.

La fête est passée avec pompe ; les citoyens Guibert, maire, et Faligan ont fait chacun un discours ; l'allégresse a été des plus vives.

Histoire de la Vendée
par l'abbé Deniau
1878
Tome 4 - pages 596 et suivantes.