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La Maraîchine Normande
3 novembre 2012

PROCLAMATION DE L'ADMINISTRATION CENTRALE DE L'INDRE AU SUJET DE LA VENDÉE DE PALLUAU

DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA REVOLUTION

DANS LE DEPARTEMENT DE L'INDRE.

 

PROCLAMATION

DE L'ADMINISTRATION CENTRALE DE L'INDRE

AU SUJET DE LA VENDEE DE PALLUAU

 

Châteauroux, le 25 Ventôse, quatrième année républicaine.

LES ADMINISTRATEURS

DU

DEPARTEMENT DE L'INDRE

A LEURS CONCITOYENS

CITOYENS,

Le sang a coulé ; nos malheurs commencent ; souffrirons-nous qu'ils se consomment ? Laisserons-nous organiser dans nos foyers, jusques ici paisibles, la guerre civile et toutes ses horreurs ? hâtons-nous d'en étouffer les germes homicides.

Réunissons-nous. Que pourront contre nos efforts combinés quelques poignées de brigands échappés de la Vendée ! Notre faiblesse fait leur force : nos divisions, nos erreurs fondent leurs espérances. Réunissons-nous, éclairons-nous, ranimons-nous : nous seuls pouvons nous sauver de nos propres fureurs.

Quoi ! quelques misérables, reste impur de ces rebelles que la vengeance nationale poursuit, viendront au milieu de nous rejettés par le pays même où ils ont trop exercé leur rage parricide, et ils trouveront parmi nous un asile, et de vaines terreurs ; et des suggestions perfides, et l'erreur d'un moment, entraîneront sur leurs pas une foule égarée ; nous attiserons de nos propres mains le feu sacrilège des discordes civiles ?

L'exemple de la Vendée fumante encore du sang de ses malheureux habitants, couverte de débris, de cendres et de deuil, sera-t-il donc perdu pour nous ?

Comme vous, hommes faibles et pusillanimes qui suivez les rebelles, sans partager encore leur crime, quelques Vendéens craignant pour leurs propriétés ou leur sûreté individuelle, ont commencé par suivre les premiers auteurs de leurs maux : ils ont fini par les imiter. Ils ont attiré sur leur pays infortuné la guerre et ses fléaux : et pour n'avoir pas su mépriser des dangers imaginaires, ils se sont plongés, ils ont plongé leurs concitoyens dans un abîme de calamités.

Comme vous, hommes simples et crédules, qui croyez venger la cause de Dieu, en cédant aux impulsions des prêtres rebelles à la loi de l'État, les cultivateurs de la Vendée ont écouté les conseils perfides du fanatisme, et ils ont vu ces ministre du Dieu de paix, ces envoyés du Père commun des hommes se baigner dans le sang de leurs semblables ; et rendus, par le bienfait de la constitution républicaine ; au libre exercice de leur culte, ils gémissent inutilement sur la perte de leurs troupeaux dévorés par les dignes satellites des monstres qui les égaroient, de leurs moissons, de leurs épargnes, envahis par ceux qui paraissaient vouloir les défendre, de leurs enfants, de leurs femmes, égorgés immolés confusément par ces défenseurs perfides ou par des vengeurs farouches de cette foule incalculable, irréparable de maux que leur a fait leur funeste crédulité.

Comme vous, jeunesse égarée, la jeunesse Vendéenne a refusé de répondre à l'appel de la patrie. Elle a prétendu comme vous résister à l'oppression, et elle s'est soumise à un joug mille fois plus pénible. Enrégimentée bientôt dans les bandes rebelles qui lui avoient offert leur sauvegarde, elle a fini par se souiller des mêmes forfaits ; et pour n'avoir pas voulu suivre ses devanciers dans la carrière de l'honneur, elle s'est précipitée dans la carrière du crime ; et elle y a trouvé la mort qu'elle fuyoit ; et un opprobre éternel s'attachera à sa mémoire, tandis que la patrie reconnaissante transmettra à la postérité la plus reculée la gloire des héros morts pour la défense de leur pays.

Comme vous, froids égoïstes qui croyez vous isoler impunément dans le danger commun et pour qui les mots sacrés de patrie, de bien public, sont des mots vides de sens, s'ils ne sont imposteurs, une portion nombreuse des habitants de la Vendée se croyoit étrangère aux troubles qu'elle voyait éclore à ses côtés. Les insensés ! ils les regardoient avec le calme de l'indifférence ou le sourire caché de la malignité. Comme ils ont été cruellement punis de leurs erreurs. Le torrent dévastateur les a entraînés dans son cours ; et cette fortune dont la moindre partie sacrifiée à propos eut conjuré l'orage prêt à fondre sur leur pays, a péri sans fruit entre leurs mains, et elle les a entraînés dans sa ruine ; et ils ont compris trop tard ces rapports essentiels, qui lient la fortune des individus à la fortune publique, et qui font de l'intérêt de la patrie l'intérêt individuel de chaque citoyen.

Comme vous enfin, hommes trompés ou aigris, qui ne pouvez renoncer à de vains préjugés, ou dont six ans de révolution, de sacrifices et de peines ont épuisé le courage, des Vendéens ont espéré voir revivre la chimère désastreuse de l'ancien régime ; ils ont cru voir, dans les désordres publics, la chute prochaine d'un gouvernement qu'ils ne pouvaient aimer, la fin assurée des maux qu'ils n'avaient pas la confiance de supporter ; tandis que ces efforts coupables n'ont fait que rendre la royauté et ses infâmes accessoires plus odieux, qu'affermir la constitution républicaine, que prolonger leurs sacrifices et multiplier leurs souffrances. Et ne croyez pas que leur opinion connue et son rapport avec les principes professés par les rebelles, les ait préservés du malheur commun. La mort a plané indistinctement sur toutes les têtes ; le pillage, les dévastations, l'incendie, ont ravagé, dévoré leurs propriétés comme celles des amis de la révolution ; et ils ont senti que l'artisan, ou le fauteur, ou le simple spectateur des troubles publics, sont également enveloppés dans leurs déplorables effets ; et ils ont compris cette vérité de tous les temps, de tous les lieux de tous les systèmes politiques, que le maintien de l'ordre et le respect de la loi sont la seule garantie efficace des personnes, des propriétés.

Hommes de tout état, de tout âge, de toute opinion, nos Concitoyens, nos frères, voyez dans ce tableau rapide et bien imparfait encore, l'image trop certaine de malheurs qui vous menacent, si vous ne vous hâtez de cette terrible et mémorable leçon.

La Providence semble l'avoir placée à dessein près de vous pour vous la rendre plus présente, et en assurer l'effet salutaire ; ne rendez pas sa sage prévoyance infructueuse.

Abjurez des erreurs qu'une plus longue durée rendrait trop criminelles ; bannissez des craintes dont les conséquences seroient aussi fatales ; étouffez des divisions si dangereuses pour vous-mêmes comme pour la chose publique ; réunissez-vous, prononcez-vous, serrez-vous autour des Fonctionnaires fidèles au poste que la loi leur a confiés, autour des généreux défenseurs qui exposent leur vie pour le rétablissement de l'ordre, et l'ordre sera rétabli. Les brigands isolés ne tiendront pas contre la masse d'un peuple soumis à la loi et dévoué à en assurer l'exécution.

Pour nous, appelés par nos fonctions à veiller éminemment à la sûreté, à la tranquilité publique, nous saurons les remplir avec le dévouement qui nous les a fait accepter. Des mesures sont prises pour mettre en activité tous les moyens d'ordre et de défense qui étaient en notre disposition. Des secours nombreux arrivent de toutes parts. Le zèle des Citoyens qui accourent de tous les points du Département, nous a déjà efficacement secondés.

Mais, Citoyens, ce n'est que par cette réunion générale d'efforts et de moyens que nous vous demandons au nom de la Patrie, au nom de votre propre intérêt, au nom de tout ce qui vous est cher, ce n'est que par ce concert unanime de volonté et de sacrifices, que nous pouvons espérer le succès de nos travaux.

Assurés de l'obtenir, nous avons envoyé un commissaire civil au centre même des mouvements séditieux, pour y recueillir, pour y réunir les efforts épars des bons Citoyens. Fonctionnaires publics de votre choix, ayant fait tout ce qui a été en nous pour le justifier, serons-nous donc forcés de recourir à des actes de sévérité dont notre amour pour vous rejette jusqu'à l'idée ? Faut-il que nous appellions les phalanges républicaines pour combattre nos frères et nos amis ! Empressez-vous donc de vous réunir à notre Commissaire ; que tous les agens des communes l'entourent, et lui apportent le voeu pacifique de leurs communes respectives.

Vous ne serez pas insensibles à nos prières, à la voix de la Patrie qui nous parle par notre organe. Nous sauverons notre pays des horreurs dont il est menacé ; nous cimenterons par cette victoire les liens qui l'attachent aux autres membres de la grande famille, et nous donnerons une nouvelle preuve de son dévouement constant à l'exécution des lois, au maintien de la constitution républicaine.

Signé : GODEAU, président ; SIMON, PERIGOIS, CHARLEMAGNE ; BOÉRY, commissaire général du pouvoir exécutif, et BARBIER, secrétaire en chef.

A Châteauroux, chez A. Nicaisse, imprimeur du département de l'Indre, l'an 4e de la république française une et indivisible.

(Revue du Centre - Châteauroux)

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