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La Maraîchine Normande
16 octobre 2012

LE CITOYEN TRINCHARD, JURÉ AU TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE "HOMME DE LA NATURE"

Quand Judicis, accusateur public du Tribunal révolutionnaire renouvelé, demandait, le 4 germinal an III, aux jurés de l'ancien Tribunal s'ils avaient rempli le devoir que leur imposait leur serment, eux qui "sans savoir ni lire ni écrire" avaient "accepté les places importantes de jurés", il s'adressait sans doute, en particulier, au limonadier Chrétien, au perruquier Ganney, au tailleur Trey, au menuisier Trinchard.

François Trinchard s'est défini lui-même. "Un juré révolutionnaire n'est pas un juré ordinaire ; nous n'étions pas des hommes de loi, nous étions de bons sans-culottes, des hommes purs, des hommes de la nature."

Il était né à Montpellier. C'était un solide garçon de trente-trois ans qui, après avoir servi comme dragon au régiment de Bourbon, était venu s'établir comme menuisier, à Paris, dans un bon quartier, section du Muséum, rue Thibault-aux-Dés, n° 8.

S'il fallait en croire la citoyenne Françoise Seré qui le dénonça, le 5 ventôse an II, au comité d'épuration et d'examen de la Société populaire et républicaine séante au Muséum, il aurait été garçon boulanger à Lyon ; il aurait vécu un mois ou cinq semaines caché dans la boulangerie ; de là il serait entré dans un couvent de Chartreux, aurait "adopté le chapelet de St François" et, enfin, aurait quitté son couvent pour entrer au régiment de Bourbon, d'où il aurait déserté pour venir à Paris prendre du service dans la garde nationale parisienne, compagnie de Groizard, au Marché Neuf, sous le faux nom de François Malet.

La citoyenne Seré accuse Trinchard d'avoir eu "les doigts longs en quatre endroits différents", d'avoir volé un bourgeois chez lequel il travaillait, d'être, en un mot, aussi criminel "que les malheureux qu'il juge", puisque, usant envers sa femme de la plus odieuse des brutalités, "il lui a ouvert la tête avec son sabre et qu'elle est restée baignée dans son sang."

La "vraie républicaine" Françoise Seré avait, sans doute, de bonnes raisons d'en vouloir au "zêlé républicain" Trinchard. Il semble pourtant bien qu'elle exagérait et que Trinchard, loin de traiter sa femme en mari brutal et sanguinaire, ait été bon époux, de même qu'il fut bon ami et bon frère. Ses lettres en font foi.

C'est en 1792, que nous le trouvons installé dans sa boutique de menuisier, rue Thibault-aux-Dés, n° 8. Il fait "tout ce qui concerne la menuiserie en meubles et en bâtiments". Il semble bien que, si sa santé est robuste, ses affaires n'aillent guère. Il demande de l'argent à sa mère. La réponse se fait attendre. De Montpellier, la bonne dame lui mande, enfin, que si elle n'a pas répondu à sa lettre c'est qu'elle était hors d'état de lui envoyer ce qu'il demandait. Elle "gagne de fort petits gages" et a bien de la peine "à lier les deux bouts". Il a un bon métier. Qu'il soit sage et, avec le secours de Dieu, il se tirera d'affaire.

Ce fut Lescot-Fleuriot, premier substitut de Fouquier-Tinville, qui, l'ayant pris en amitié, le tire d'affaires. En août 1793, Trinchard est nommé juré au tribunal révolutionnaire. Son frère, canonnier en garnison à Granville, le félicite en ces termes : "Tu me dis que tu es dans le juré, j'en suis content. c'est un patriote de plus en place."

Parmi les jurés du Tribunal révolutionnaire qu'on surnomma les "solides", Trinchard se montra l'un des plus solides. Lui-même s'en vantait plus tard, lorsqu'il comparut devant le tribunal nouveau, organisé par la loi du 8 nivôse. "Si l'on regarde comme solides ceux qui ont servi la patrie, déclare-t-il, je suis solide et je dois être regardé comme coupable".

La lettre qu'il écrivait à son frère, après avoir siégé dans le procès de Marie-Antoinette, est connue. Elle caractérise bien la mentalité de cet "homme de la nature". "Je t'aprens mon frère que j'ai été un des juris qui ont jugé la bête féroche qui a dévoré une grande partie de la république, celle que l'on califoit si deven de raine."

Et il lui annonce qu'il va juger ensuite la "clique brissotine", vingt et un magistrats, anciens membres des parlements de Paris et de Toulouse, les Lepeletier-Rosambo, les Bourrée-Corberon, les Bochart-de-Saron, les Molé de Champlatreux, les Lefebvre d'Ormesson, les Pasquier.

Sa nouvelle situation lui a permis de se marier et de louer une boutique plus grande. Il a quitté la rue Thibault-aux-Dés et est venu s'établir rue de la Monnaie n° 19, comme il l'apprend à son frère. Sa femme est jeune, jolie. L'avenir lui sourit.

Il est très épris de sa femme. Son ami Bondon lui envoie, de Montpellier, des conseils pleins de prudence :"Des compliments à ton épouse. Ménage sa santé. Ne sois pas si voluptueux que tu as été. Ménage ce temple de Vénus, déesse de l'amour." Trinchard s'inquiète de la savoir seule au logis. Il lui procure des distractions, des spectacles gratuits. Le 1er floréal, an II, il l'invite à venir voir juger au tribunal "vingt-quatre messieurs, tous ci-devant présidens ou conseillers aux parlements de Toulouse et de Paris". Il lui recommande de "prendre quelque chose avant de venir" parce que la séance sera longue.

Il cumule avec ses fonctions du juré au tribunal, celles de membre de la commission populaire du Muséum, dont il ne tarde pas à être nommé président. Il entretient avec son frère, le canonnier, et avec ses amis de Monpellier une correspondance suivie. Il veut être renseigné sur "l'état d'esprit" dans les départements où se trouvent ses correspondants, apprendre tout ce qu'il y aura "de nouveau". Il invite son fidèle Ploton, de Montpellier, à continuer de s'adresser à lui avec confiance. D'après lui, le seul patriote est celui "qui est animé par les sentiments de la nature". Les autres sont des traîtres. Il est patriote. Il ne rêve que de l'amour et de la prospérité de son pays. Il s'attendrit en pensant au jour, qu'il espère prochain, où Ploton et lui auront "le plegir" d'entretenir une correspondance d'amitié, en toute tranquillité, au sein de leurs familles. L'idée est "bien consolante" que leurs enfants jouiront du "plegir" de la liberté, fruit des travaux de leurs pères. Il promet à son ami de lui envoyer, dès qu'il aura paru, "le résumé de toutes les conspirations." Il lui recommande d'être toujours "ferme" à son poste.

Les rêves d'avenir du sensible Trinchard s'écroulèrent brusquement le 10 thermidor. Il avait cessé, depuis le 22 prairial, de faire partie, en qualité de juré, du tribunal révolutionnaire reconstitué. Mais il était toujours président de la commission populaire du Muséum.

Il avait des ennemis dans la section. Au comité de salut public, on l'en avait averti.

La "clameur publique" le dénonça.

Le 10 thermidor, l'assemblée générale de sa section déclara que Trinchard avait perdu sa confiance. Les motifs en étaient énumérés. "L'immoralité la plus vile, les passions les plus basses n'étaient rien en comparaison de la scélératesse insigne avec laquelle il perpétrait ses crimes. Entièrement dévoué à Lescot-Fleuriot, son protecteur auprès de Robespierre, il se débarrassait aisément de la surveillance civique des patriotes de sa section en les faisant inscrire sur les listes de proscription que "l'infâme Robespierre" se faisait présenter par ses agents.

Juré au Tribunal révolutionnaire, il déclarait hautement qu'il ne s'agissait que d'être accusé pour être convaincu. Il se glorifiait d'avoir voté seul contre des accusés que les autres jurés jugeaient innocents. Souvent, même, il obligeait ses collègues à se ranger à son avis et répétait sans cesse qu'on était plus embarrassé lorsqu'il n'y avait point de délit contre un prévenu que lorsqu'il y en avait "parce qu'il fallait inventer un délit".

Émule de Lumière, "agent comme lui de Robespierre, de Fleuriot et "autres de la même clique", élevé par eux aux importantes fonctions de Président de la commission populaire, il copiait son attitude sur la leur, et il ne s'est occupé qu'à satisfaire ses vengeances personnelles et celles de ses amis.

Le onze thermidor, en vertu d'un ordre donné, le jour même, par le Comité de sûreté générale, les membres du comité révolutionnaire de la section du Muséum, Manus, Merisse, Bailleux, Sautter, se présentent au domicile de Trinchard, rue de la Monnaie, n° 19, au premier étage, pour le mettre en état d'arrestation. Ils demandent le président de la commission populaire. Des voisins leur répondent qu'il n'y a personne. Immédiatement, ils requièrent un serrurier, qui appose une plaque sur la porte du logement. Mais une locataire, au deuxième étage, la citoyenne Madeleine Gaspard, femme de Claude Godiveau, apprend aux commissaires que Trinchard doit être à la commission populaire et que sa femme est allée acheter des provisions.

Au moment où ils se disposent à se rendre au Muséum, la femme de Trinchard arrive. On lève la plaque apposée sur la porte du logement et la citoyenne est invitée à l'ouvrir.

Ils entrent et lui demandent où est son mari. Elle répond qu'il est à la Commission populaire où ils se rendent, après avoir laissé la femme du menuisier sous la garde de deux citoyens de la force armée.

A la commission du Muséum, un garçon de bureau leur apprend que Trinchard est absent, qu'il vient de sortir. Mais, dans l'antichambre, ils le rencontrent. Trinchard les fait entrer dans son cabinet. Ils lui notifient l'ordre du comité de Sûreté générale et l'invitent à les accompagner chez lui pour la vérification de ses papiers.

Trinchard se rend aussitôt à cette invitation. Chez lui, les tiroirs et les casiers sont fouillés. Les membres du comité saisissent sa correspondance et des notes prises par lui au cours des "affaires" où il a fait fonctions de juré.

Ils lui demandent ses prénoms, lieu de naissance, profession et fortune. Il répond qu'il se nomme François Trinchard, qu'il est âgé de 33 ans, natif de Montpellier, menuisier de profession, président de la commission populaire ; qu'il ne jouit que des honoraires attachés aux fonctions de membre de cette commission et du produit qu'il peut retirer de sa profession de menuisier.

En vertu des ordres donnés par le comité de Sûreté générale, il est mis en état d'arrestation et incarcéré à la maison d'arrêt de Port-Libre où le concierge doit le tenir au secret. Les scellés sont apposés sur ses papiers. Ceux qui sont considérés comme suspects sont apportés au Comité.

Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il y subit deux longs interrogatoires, les six germinal et onze ventôse, an III. Rien de saillant dans ses réponses, sinon la définition qu'il donne de sa fonction : "Un juré révolutionnaire n'est pas un juré ordinaire." Il se défend d'avoir connu Robespierre. Il renie Lescot-Fleuriot, son protecteur. Il n'a pas fait de Feux de file (Les feux de file consistaient à envoyer à l'échafaud tous les prévenus dans une même affaire). Il cherche à sauver sa tête.

Il y réussit. Le 17 floréal, bien que convaincu, à l'unanimité, d'être le complice des "manoeuvres et des complots qui tendaient à favoriser les projets liberticides des ennemis du peuple et de la République", il est acquitté par le tribunal. A la majorité de six voix, on reconnut qu'il avait "agi sans mauvaises intentions".

Pourtant, il ne recouvre pas la liberté. Comme il se trouvait, lors de sa mise en jugement, en état d'arrestation par ordre des comités de gouvernement, il se voit, en vertu d'un ordre du tribunal, reconduit et réintégré dans la maison d'arrêt où il était détenu.

Alors commence pour lui une existence de prisonnier errant qu'on transfère, pendant quelques mois, de prison en prison. De Port-Libre, il passe, le 19 vendémiaire an III, aux Anglaises de la rue de Lourcine ; de là, à Pélagie ; enfin, au Plessis, dans la maison de justice Egalité.

Mais il a des amis qui ne l'abandonnent pas. Son frère le canonnier ne néglige rien pour obtenir son élargissement. Le 16 fructidor an III, il s'adresse aux membres du Comité de Sûreté générale "avec la voix de l'amitié fraternelle et de l'humanité souffrante". Les circonstances leur ont dicté, écrit-il, une "mesure malheureuse" pour son frère ; celle de le réintégrer dans une prison qu'il se "fait gloire de subir, par la douce espérance qui lui reste de pouvoir dire un jour qu'il ne l'avait pas méritée". Mais ses affaires, son ménage sont dans un dépérissement cruel. Trinchard frère se porte garant des sentiments de l'ex-juré. Il s'offre de le remplacer. Peu lui importerait la privation de sa liberté s'il pouvait faire en sorte que celle de son frère fût consacrée au bonheur d'une femme et d'enfants qu'il chérit au delà de toute expression.

Des prisons où il est détenu, Trinchard adresse mémoires sur mémoires aux membres du Comité de Sûreté générale, aux représentants de l'Hérault. Il s'ingénie à les intéresser à sa cause.

Aux membres du Comité, il écrit de Pélagie, qu'uni à une jeune épouse qu'il aime tendrement, il menait la vie la plus sobre et la plus retirée, tout adonné qu'il était à ses fonctions de juré, "le jour et une grande partie de la nuit." A peine avait-il le temps de donner un "quart d'heure à ses repas". Jamais ménage ne fut plus uni que le sien. Jamais homme ne fut plus "réglé dans ses affaires". Ses ouvriers, il les aimait comme lui-même. Il n'a jamais été lié avec Fleuriot et Lumière. On l'a calomnié. Jamais ces "individus" n'ont mis les pieds dans sa maison. Jamais ces "individus" n'ont mis les pieds dans sa maison. Jamais il n'est entré dans les leurs. S'il a été juré au Tribunal, c'est que le sort l'a désigné. "La Loi lui a dit : tu ne dois compte de ton opinion qu'à ta conscience et à l'Etre Suprême." Bien loin d'avoir été l'agent de "l'infâme Robespierre", il en était l'ennemi. Quelques jours avant le 9 thermidor, c'est lui et Subleyras qui ont fait mettre en liberté de bons sans-culottes, membres du Comité révolutionnaire de la Section de l'Indivisibilité, arrêtés sur l'ordre de Robespierre. Ce n'est pas par un assemblage de mots plus ou moins méchants et qui ne respirent que la haine et la "vindication" qu'on peut perdre un patriote qui s'est sacrifié depuis le commencement de la Révolution.

Du Plessis, il écrit aux représentants de l'Hérault pour les décider à intercéder en sa faveur. Il demande à être traité comme viennent de l'être les citoyens Duplay père et fils, ses compagnons d'infortune. La saison est rigoureuse. Il voudrait faire lever son secret, être transféré au Luxembourg" pour remettre un peu sa santé altérée, en respirant un air plus pur que celui qu'il respire.

Il est stupéfait de se trouver encore en prison, après avoir été acquitté. Il a neuf mois de détention et "trente-huit jours de débats au tribunal !" Pourquoi a-t-il été incarcéré ? Il n'a rien compris, évidemment à la réaction thermidorienne, ni à l'immense, à la violente réprobation, au sentiment d'horreur dont lui et ses anciens collègues sont l'objet. La plupart d'entre eux ont payé de leur tête les crimes qu'ils ont commis contre l'humanité. Lui, il vit. Il survit à l'écroulement du régime de terreur où il a joué un rôle. Et il ne s'étonne pas d'être encore vivant. Il s'étonne de ne pas être libre. Il gémit dans les fers. Il n'a été arrêté que "par la provocation de quelques meneurs de sa section, dont plusieurs ont été mis depuis en état d'arrestation pour avoir fait prendre des arrêtés liberticides". Il espère que les députés considèreront sa position "ainsi que celle de sa jeune et vertueuse épouse bientôt prête à accoucher, une boutique abandonnée à des étrangers et n'ayant d'autre ressource que celle du travail de ses mains". Il sait qu'ils ont toujours été les amis, les pères, les défenseurs des "enfants de Montpellier". Il attend d'eux qu'ils rendent "un patriote à la société, un mari à sa chère épouse et un ouvrier à l'industrie". "J'ai passé au creuset d'épuration le plus ardent et le plus redoutable ; mon jugement d'acquit, dont je joins ici une expédition, en est la preuve. Je réclame donc ma liberté. Citoyens représentants, j'ai eu le bonheur d'être père au moment même où la mort planait sur ma tête. Simple artisan et peu favorisé de la fortune, ma liberté assurera mon existence. Je n'en ferai usage que pour servir ma patrie, vivre en bon citoyen et respecter la loi."

La liberté fut rendue à cet "homme de la nature". Le 19 vendémiaire an IV, le Comité de Sûreté générale arrêtait que François Trinchard, de Montpellier, acquitté le 17 floréal an III, serait mis sur-le-champ en liberté et que les scellés seraient levés chez lui.

Ici, nous perdons la trace de Trinchard. Un voile d'obscurité couvre, désormais, la vie de l'ancien juré. Il semble vraisemblable qu'il chercha l'oubli, sans plus prétendre à "servir sa patrie", - lorsqu'il fut rendu à l'amitié de son fidèle Ploton et à la tendresse de sa jolie épouse, "temple de Vénus, déesse de l'amour".

ALPHONSE DUNOYER - La correspondance historique et archéologique

 

QUELQUES LETTRES ...

 

A Monsieur, Monsieur François Trinchard à la caserne du Marché Neuf, compagnie de Groizard, à Paris

Montpellier, le 15 avril 1791

"Mon fils, j'ay reçu votre lettre avec beaucoup de plaisir et d'apprendre en même temps que vous jouissés d'une santé parfaite. Vous me témoignés avec plaisir que vous auriés envie de faire un voyage dans votre pays. Je le désirerois avec plaisir, mais je vous donne pour conseil de finir votre tems et de garder l'argent que vous dépenseriés pour le voyage. Ainsy prennés patience jusques à ce temps. Je n'ay pas manqué de donner de vos nouvelles à M. et Mme Bon ; ils se portent tous bien et vous remercient de votre bon souvenir.

Je vous apprends avec le plus grand regret la mort de votre soeur Trinchard aînée. Sa malladie n'a pas été fort longue ; mais malheureusement mortelle. Nous en sommes tous dans la plus désolante affliction. Son mary n'a pas moins d'estime pour vous de même que pour toute la famille. Voila mon fils une triste nouvelle. Mais il faut se soumettre à la volonté de Dieu.

Rien autre à vous marquer que sinon (sic) la Sagesse, le Travail et la Crainte de Dieu, si nous voulons qu'il nous bénise. Adieu mon cher fils, je vous embrasse tendrement et croyés toujours votre fidèlle mère Vve Trinchard."

 

A Monsieur, Monsieur Trinchard menuisier rue Thibaudodé n° 8.

Fait tout ce qui conserne la menuiserie en meubles et en bâtiment. A Paris

A Montpellier ce 11 7bre 1792 l'an 4e

de la Liberté, le 1er de l'Egalité.

"Ducros m'a remis votre lettre dans laquelle j'ai vu que vous jouissiez d'une parfaite santé. A l'égard de la mienne elle va assez bien à présent, mais j'ai été malade tout l'hiver de mes coliques. Si je n'ai pas répondu à votre dernière lettre c'est que j'étais hors d'état de vous envoyer ce que vous me demandiez. Je suis comme vous scavez d'un certain âge et je gagne de fort petits gages, j'ai peine à lier les deux bouts. Vous avez un bon métier, soyez sage et, avec le secours de Dieu, vous vous tirerez d'affaire. Exortez votre frère à être sage. Votre soeur vient d'accoucher depuis peu d'un garçon et elle vous fait ces amitiés ainsi que toute la famille. Je suis toujours votre bonne mère.

Veuve Trinchard"

 

Au citoyen Trinchard, menuisier, rue Thibeaudodé numéro 8, à Paris

Granville, ce 29 aoust 1793, l'an 2e

de la république une et indivisible.

"Je m'enpresse de te répondre par le même courier. Nous sommes toujours assé tranquille dans notre garnison et on ne nous parle pas d'aller dans la Vandée. Tu me dit que tu est dans le juré, j'en suis content, c'est un patriotte de plus en place. Quand Custine sera jujé marque moi le je t'en prie car nous ne voyons aucunes nouvelles de Paris. Le pays où nous sommes est aristocrate et nous les mentenons en respect. Tu me demande quel est le prix des peaux de chien de mer ; elles coutent 1 livre et elles sont passables. Si tu en veux tu me le marqueras. Quant aux offres que tu ma fait je les accepterai avec plaisir car tu dois bien penser que depuis quatre mois j'ai bien dépensé le peu que j'avois ; je ne n'osois pas t'en demander mais puisque tu m'en fais l'offre tu me feras plaisir de m'en envoyer un peu. Je n'ai rien autre a te marquer de nouveau.

Adieu, mon cher frère, porte toi bien et me crois toujours avec la plus sincère amitié.

Ton frère Trinchard, vrais républicain".

 

"Je t'aprans mon frerre que je été un des jurés qui ont jugé la bête feroche qui a dévoré une grande partie de la république celle que l'on califioit si deven de raine et je t'aprans que nous sommes après a jugé la clique brissotine. Il sont 21 je t'aprans que je déménag(e). Je reste den la rue de la Monoie. Tu voudras bien me faire savoir comme est l'esprit public den ta garnison. Pour isi nous avons mis au pas les modérés et enfermé les aristocrates."

 

Au citoyen Trinchard juré au Tribunal Révolutionnaire, rue de la Monnoie, Paris.

Montpellier, le 16 ventôse, l'an 2e de

la République française une et indivisible.

Boudon à son amy Trinchard.

Nous sommes arrivé à Montpellier le 13 à quatre heures du matin en bonne santé. Le même jour le Comité de surveillance fit une superbe ca(p)ture. Un prêtre réfractaire se permetté de dire la messe dans un grenier ; comme c'étoit le jour de cendre, vieux stille, on le trouva dans ce fonction avec dis devotes qui recevoit les cendres ; il fut promené dans les rues de la citté, dans le costume sacerdotal, avec les dévotes. Après avoir examiné le Loy, le comité de surveillance le fit conduire au tribunal criminel. Il fut condamné le même jour à trois heures sur la place de la Révolution où le glaive de la Loy tomba sur luy. Il fut guilhotiné avec le même costume qu'on le trouva en disant la messe. Les dis dévotes assistèrent à cette execution au pied de l'échafaud ; les habits sacerdotal furent brûlé et les dévotes furent reconduite en prison pour leur faire leur procès."

Aujourd'huy, de Cette, l'on emmené un autre que je crois qu'il sera guilhotiné aussy parce qu'il est dans la Loy.

L'Esprit est à la auteur de la Révolution. L'on a renfermé tous les intrigans et les gens suspects. J'ay parlé de toi à Vignon qu'il reçut de toy la nouvelle que je luy donné avec le plus grand plaisir possible. Il doit t'écrire. Avignon l'imprimeur qui étoit à Marseille a reçu le même plaisir. Il doit t'écrire.

Depuis que Boisset est party, tout va et ça ira. Adieu.

Des compliments a ton épouze. Ménage ta santé. Ne soit pas sy voluptueux que tu a été. Ménage ce temple de Vénus, déesse l'amour. Dy luy que je suis au désespoir de n'avoir pas peut me procurer le plaisir de la voir. Embrasse la pour moy.

Fait moy réponse. Voit Aigouen le plus souvent que tu pourra et tout les amis. Tache avec Aigouen de me rappeller auprès de vous autres s'il est possible.

Sy tôt que j'aurai reçu ta réponce je t'écriré sous l'adresse de Joubert représentant du peuple et tu poura luy remettre ta letre qu'il faira partir par la Convention. Comme cella nous correspondrons à cet adresse rue de la Croix d'Or n° 326 et tu poura m'envoyer tout ce qu'il y aura de nouveau."

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