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La Maraîchine Normande
14 juin 2012

SOUCHU

"Dangui de Vue attaquait Pornic, et, toujours au fond du Bas-Poitou, un partisan appelé Souchu se livrait, dans les intérêts prétendus de la Monarchie, à des cruautés réfléchies et à des débauches de sang que les amis de la Monarchie ignoraient ou détestaient.

Le nom de ce Souchu est oublié depuis longtemps, mais son souvenir et ses actes ne sont jamais perdus dans la mémoire des bleus. C’est ainsi que les Royalistes désignèrent en Vendée les soldats de la République, qui venaient de changer l’uniforme blanc contre l’habit bleu à larges basques que la victoire et la peinture ont immortalisé. Souchu avait formé autour de lui un Comité supérieur, composé en grande partie de gens sans éducation ou d’hommes que les exactions révolutionnaires avaient mis en haleine d’exactions Royalistes. Dans le camp dont il s’était attribué le commandement, on fusillait sans pitié, sans jugement. Souchu même prenait souvent l’initiative de ces exécutions. Elles n’étaient pas toujours de justes représailles. Elles furent reprochées à la Vendée. La Vendée, innocente de ces crimes, les repoussa avec énergie. ...

C’était Souchu qui préludait ainsi à l’installation de son Comité supérieur. Ancien receveur des gabelles, cet homme a été entraîné dans une voie de sang par les funestes provocations des septembriseurs. Il s’est trouvé à Paris dans les journées du 20 juin, 10 août et du 2 septembre 1792. Il a vu crouler la Royauté, égorger ses défenseurs. Il a été témoin du grand crime social qui organisa l’assassinat dans les prisons.

Ce comité s’était chargé de juger les prisonniers que faisaient les diverses bandes agissant dans les Marais qui avoisinent les bords de La Loire. Les juger eussent demandé du temps, de l’équité et une impartiale appréciation des motifs qui les poussaient à prendre les armes. Souche pensa qu’il était de meilleure guerre de les tuer sans jugement. Il avait adopté ce plan, il l’exécuta dans toute sa rigueur.

Quarante-Deux Républicains périrent ainsi dans une nuit. A Légé, à Montaigu, aux ports de Paimboeuf, ces fatales exécutions se renouvelèrent. ...

La Roche-Saint-André a marché sur Pornic avec quatre mille hommes. Il s’est emparé de cette ville. Ses volontaires indisciplinés s’y gorgeaient de vin et d’eau de vie, lorsqu’un prêtre marié, nommé Albine, rallie les Bleus qui fuyaient et les ramène sur la ville. Le massacre dans les rues et dans les maisons fut horrible. Les Républicains tuèrent sans pitié, ils enterrèrent même tout vifs, jusqu’au cou, plusieurs Officiers Royalistes et ils les lapidèrent. Dans cette épouvantable nuit, le Marquis De La Roche-Saint-André fit des prodiges de valeur et tenta de prendre, mais en vain, les mesures nécessaires au salut de son armée. Souchu ne lui tint aucun compte de l’ivresse des volontaires et du courage qu’ils avaient montré. Souchu l’accuse au Comité dont il est président, il demande sa tête. Le Comité allait la livrer. Pour se soustraire à d’aussi tristes conséquences de l’accomplissement de ses devoirs, La Roche-Saint-André se retira dans l’île de Bouin.

Quand Souchu était las de garder dans ses cachots les prisonniers fait par les Royalistes, il prêtait aux patriotes quelques crimes affreux. A ces nouvelles, les Royalistes, dont le Président du Comité savait bien aiguillonner la fureur, se précipitaient dans les prisons, on en arrachait les Bleus. Souchu les faisait attacher à une corde que, par une dérision impie, il appelait leur chapelet ; barbare initiative qui, peut-être, révélera à Carrier les mariages Républicains. Après les avoir forcés à se mettre à genoux, il les faisait fusiller. Quatre-vingt périrent dans un seul jour. Ceux que les balles épargnaient étaient impitoyablement égorgés. Joubert, président du district de Machecoul et ennemi personnel de Souchu eut les poignets sciés. Des hommes et des femmes furent enterrés vivants, et longtemps après ces orgies de sang, sur le terrain où Souchu commandait ces exécutions empruntées aux moeurs des sauvages, on découvrit un bras d’homme, dont la main, hors de terre, serrait avec une violence convulsive des herbes jaunies.

Exaspéré de la résistance qu’il ne s’attendait pas à voir surgir dans un homme livré à toute sa fougue de ses passions. Souchu organisa contre Charrette des plans d’insubordination. On dit même que, se rapprochant ostensiblement des Révolutionnaires, il essaya plus d’une fois de le compromettre aux yeux de l’ennemi.

La preuve de se rapprochement, qui n’aurait point étonné la Vendée, se trouve même dans la manière dont mourut Souchu. Le Général Beysser attaquait Machecoul, qui, comme Cholet et tant d’autres villes centrales de l’Ouest, fut si souvent pris et repris dans ces guerres. Beysser va pénétrer dans Machecoul, lorsque Souchu, couvert d’un bonnet rouge, une liste de proscription à la main, liste sur laquelle figurait onze chefs Royalistes et Charette, se précipite sur les Bleus en criant « Vive la Nation » Il allait se réfugier dans les rangs ennemis. La hache d’un sapeur, qui lui fend la tête, ne lui en laisse pas le temps. A cette nouvelle, Charrette plein de joie, dit aux partisans de cet homme « Ce ne sera jamais ce sang impur que mon épée vengera »."

Extrait du livre de Jean-Henry Bouffard - "En habit de peaux vendéennes et fours à pains aux Mainoises"

aux Editions Amalthée

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