DEUX LETTRES DU DISTRICT DE CHINON
Crée en 1790, le district de Chinon fut supprimé en 1795 par la Constitution de l'an III.
Voici deux lettres adressées aux administrateurs du district de Saumur par ceux du district de Chinon, en 1794 et 1795.
Le 5 Juin 1794, le district de Chinon écrit à celui de Saumur : "Les jours de foires et marchés contribuant encore beaucoup à rappeler les fêtes et dimanches, en les laissant plus longtemps exister, ce serait bien certainement entretenir le fanatisme. Parmi les gens éclairés qui par leurs anciennes habitudes à fréquenter les marchés qui se trouvent tel ou tel jour qui ne pourront jamais être fixés pour les quantièmes de chaque décade, nous avons cru pouvoir à tous ces abus en fixant nos foires et marchés à des jours certains et fixés d'après l'ère républicaine. - Comme nous ne pouvons établir ces sortes de foires et marchés sans nous concerter avec les districts circonvoisins, au commerce desquels nous pourrions préjudicier beaucoup en les fixant les mêmes jours qu'eux, nous vous invitons de nous envoyer l'arrêté pour ce qui regarde les vôtres ; et dans le cas que vous n'ayez pas encore pris de parti à ce sujet, nous vous invitons de vouloir bien nous en instruire. Nous agirons en conséquence et nous vous ferons part de notre arrêté. Réponse de suite, si vous voulez bien."
Le 2 mars 1795, l'agent national du district de Chinon mande à celui du district de Saumur : "Les jeunes citoyens du district de Chinon qui sont choisis pour aller à l'Ecole révolutionnaire de navigation établie à Lorient, passent demain dans vos murs. Je n'ai point voulu, sur la route que je leur ai donnée, désigner les lieux de passage qu'ils doivent suivre, par la crainte où je suis que le chemin d'ici à Lorient ne soit encore infesté par les Chouans. Car il faudrait les détourner de la route ordinaire, s'il y avait le moindre risque à courir pour eux. C'est pour cela, citoyen collègue, que je t'invite à remplir les noms des lieux de leur passage que j'ai laissé en blanc ; car plus à portée que moi de connaître les localités du pays qu'ils ont à traverser, tu peux leur indiquer une route sur laquelle ils n'aient à craindre aucun des accidents fâcheux qui pourraient leur arriver sans cette précaution. La Patrie, qui a besoin des services de ces jeunes républicains, commande à notre humanité, et nos fonctions, d'ailleurs, nous font un devoir sacré de prendre toutes les mesures possibles pour les faire arriver sans malheurs au poste où leur dévouement les fait voler. La brièveté du temps n'a pas permis à la Commission de la Marine de prendre tous les soins qui pouvaient assurer leur route. Elle s'en remet à notre zèle et à notre patriotisme. Efforçons-nous donc de la seconder. J'attends de toi tout ce qu'il sera en ton pouvoir de faire pour m'aider dans cette occasion, et sois persuadé du plaisir que j'aurai de t'être utile dans une autre."
(Archives de Maine-et-Loire, District de Saumur, n° 21).
Chanoine UZUREAU