GABRIEL-PIERRE-FRANCOIS GUILLOT DE FOLLEVILLE (1764-1794)
Gabriel-Pierre-François GUILLOT DE FOLLEVILLE (1764-1794)

[35 ans en 1789]
Né le 11 juillet 1764 à
Saint-Servan-sur-Mer
Peu de gens, même parmi les spécialistes de la Révolution, connaissent ce nom, par contre ceux qui se sont intéressés à la douloureuse Guerre de Vendée ont parfois, au détour d’une page lu ce nom : Monseigneur l’évêque d’Agra. Un temps, il fut nominalement parlant le chef de l’insurrection vendéenne, le chef des brigands. Excusez du peu !!
Rejeton d’une famille bourgeoise, il était le fils d’un Commissaire de la Marine de Saint Malo qui l’envoya faire ses études au séminaire d’Angers puis à Paris. Ordonné prêtre en 1787, il reçoit un peu plus tard de l’Université de Paris le titre de Docteur en théologie, en droit civil et en droit canon, ce qui lui permet de prêter serment d’avocat au Parlement en 1789 et d’être nommé en avril 1790 curé de Notre Dame de Dol de Bretagne. A cette époque, il a cru devoir assortir son nom trop plébéien d’une particule en reprenant le nom de l’une de ses grand mère ; c’est ainsi qu’il sera connu sous le nom bien plus prestigieux de Guillot de Folleville. Il ira plus loin puisque, selon son biographe Jean Marie Augustin, il signera le 28 juin 1790 un acte de baptême en se parant des titres ronflant de « Conseiller du Roi en ses Conseils, et ci-devant en sa Cour de Parlement de Paris et vicaire général du diocèse d’Embrun ». On croit rêver, mais on a une idée du personnage !
Il va prêter le serment constitutionnel, puis se rétracter. Il quittera alors Dol pour Paris en cachant son état de prêtre réfractaire et obtiendra par on ne sait par quel artifice, un brevet de Commissaire adjoint de la marine en Guyane. Malheureusement pour lui il ne pourra partir ayant raté son bateau à Bordeaux.
C’est ainsi qu’en janvier 1793 il se retrouve à Poitiers où il a été accueilli par des parents éloignés. Dans cette ville il jouera le double jeu : Jacobin avancé le jour, prêtre le soir. Il fréquente en effet les Sœurs de la Sagesse et pour se faire mieux accepter il leur déclarera avoir été nommé par le pape évêque d’Agra in partibus, chargé de tous les diocèses de France. Au clergé réfractaire de Poitiers il explique que pour assumer sa fonction épiscopale, il doit tromper l’adversaire, raison pour laquelle il fréquente le Club des Jacobins.
Mais cette double vie bien organisée, va se trouver compromise par le début de l’insurrection en Vendée : il est en effet requis par la République pour marcher au secours de Thouars. Fait prisonnier par les insurgés, il retrouve parmi eux un ancien condisciple de collège à qui il explique qu’en réalité, il est évêque d’Agra et que le pape l’a chargé de porter la bonne parole aux vendéens. Immédiatement présenté aux généraux Blancs, il est facilement accepté et va pendant toute la durée de la Grande Guerre officier solennellement comme évêque, donnant ainsi une caution divine à la révolte vendéenne.
Après la prise de Fontenay-le-Comte en mai 1793, il est créé un Conseil Supérieur chargé d’administrer la Vendée au nom du roi. L’évêque d’Agra en devient le Président ! De droit donc sinon de fait, il est le chef de l’insurrection.
Pourtant ce qui devait arriver arriva. Certains dans son entourage avaient des doutes, d’autres comme l’abbé Bernier étaient même jaloux de l’importance prise par le « Prélat », ils avaient envoyé un messager à Rome pour avoir des informations plus précises sur le personnage. Le réponse est simple : il n’y a pas d’évêque d’Agra, Guillot est un imposteur. Mais les temps sont durs, les malheureux vendéens passent la Loire, peut-on encore ajouter à leur désarroi en leur disant que leur saint évêque est un faux pasteur ? Les chefs militaires garderont donc l’information pour eux mais ferons en sorte que Guillot soit tenu à l’écart.
Mais lui continuera à se dépenser sans compter, soignant les malades et les blessés, apportant aux mourant le secours de son ministère, il se conduira héroïquement. Arrêté à Ancenis, le 16 nivôse an II (5 janvier 1794) et amené à Angers, il déclara d'abord qu'il était secrétaire de M. de Lescure ; mais il ne pouvait être méconnu à Angers où peu de mois avant, pendant le triomphe des Vendéens, il était venu en grande pompe officier pontificalement. « Tu es l'évêque d'Agra, lui dit-on ? - Oui, répondit-il, je suis celui qu'on appelait ainsi. » II fut conduit à l'échafaud et y monta avec courage le 5 janvier 1794.
Qui était-il en fait ? une créature des généraux royalistes ? C’est l’avis de Michelet et de Chassin. D’autre penseront que c’était un espion du Comité de salut Public, mais alors pourquoi n’a-t-il rien dit ? Plus prosaïquement on peut penser qu’il s’agissait d’un pauvre homme, un affabulateur dépassé par ses propres mensonges qui pratiquera une fuite en avant qui le conduira à la mort.