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La Maraîchine Normande
31 mai 2014

SAINT-ANDRE-TREIZE-VOIES (85)

SAINT-ANDRÉ-TREIZE-VOIES

 

ST ANDRE TREIZE VOIES

 

 

L'histoire militaire de cette intéressante paroisse de Saint-André, ne commence à proprement parler qu'en 1793 et alors elle a une place marquée dans la magnifique épopée vendéenne.

Le 10 mars 1793, toute la Vendée se soulevait contre la République pour défendre la cause de Dieu et du Roi. Saint-André se réunit aussitôt avec les paroisses environnantes pour former cette division qui s'appellera, pendant toute la guerre la division de Vieillevigne

Le même jour ces soldats improvisés choisissaient pour chef le brave Vrignault, simple artisan de Vieillevigne, auquel ils adjoignaient comme commandant en second Jean-François Bartaud, du bourg même de Saint-André. Le lendemain, guidés par les chefs qu'ils s'étaient donnés, ces simples paysans en venaient aux mains avec les gardes nationaux et les soldats républicains, et le 13 mars, Montaigu, la ville la plus proche, tombait aux mains des insurgés.

Dès le début de la guerre, les paroisses s'étaient organisées militairement, Elles avaient à leur tête un capitaine commandant et formaient une ou plusieurs compagnies, selon l'importance de leur population. Saint-André eut trois compagnies qui furent commandées, (du moins en dernier lieu), la première par Jacques Choblet, la seconde par Pierre Guichet, la troisième par Pierre Chaillou. Le commandement général de la paroisse fut confié à François Pavageau, sous lequel combattirent, à peu d'exceptions près, tous les hommes valides de la paroisse. Du moins aucun d'entre eux ne prit les armes pour défendre la Révolution, comme le prouve un curieux document fourni par les autorités républicaines elles-mêmes, le 8 frimaire an V (28 nov. 1796).

Les gars de Saint-André rivalisèrent de courage et de dévouement avec les soldats des paroisses voisines. Faire le récit de leurs exploits serait retracer l'histoire même de la division de Vieillevigne pendant les guerres de la Vendée, ce qui nous écarterait du plan restreint de ce travail. Nous ne pouvons cependant nous dispenser d'esquisser à grands traits la vie militaire du second chef de cette division. Comme paroissien de Saint-André il fut tout spécialement populaire parmi ses compatriotes qui, jusqu'à sa mort, lui restèrent toujours fidèles.

Jean-François Bartaud, né à Legé en 1765, marié à Julie-Madeleine Graton, était établi à Saint-André-Treize-Voies comme maître-maçon quand éclata la Révolution. Quoique âgé seulement de vingt-huit ans, son esprit d'initiative et la confiance qu'il inspirait le firent choisir, dès le début de l'insurrection, pour major ou commandant en second de la division de Vieillevigne-Rocheservière, sous les ordres de Gabriel-Esprit Vrignault.

Avec tous les hommes de Saint-André, il prit part à la campagne de son chef autour de Montaigu et de Rocheservière, et enfin à l'expédition de Machecoul, où Vrignault fut tué à la tête de sa division le 10 juin 1793. Bartaud était tout désigné pour le remplacer ; néanmoins, il ne fut pas élu, comme son prédecesseur, par les paysans, mais choisi par les capitaines de paroisse et surtout par Charette qui l'appuyait hautement et dont il reçut une lettre de commandement. On lui donna pour major, François Guéraud Boisjoly, de Vieillevigne.

Le rôle de la division, d'après les ordres du général Charette, était alors de défendre, avec celles de Legé et de Saint-Philbert de Grand-Lieu, le camp des Sorinières, à la jonction des routes de la Rochelle et des Sables, à deux lieues de Nantes. Jusqu'à l'arrivée des Mayençais, la division de Vieillevigne eut presque toujours un détachement en station aux Sorinières et à l'abbaye de Villeneuve. Ce détachement était commandé soit par un chef de paroisse, soit par M. Charles de Goulaine des Mortiers ou M. Charles Beufvier de la Sécherie. Un comité de notables du pays, à la tête desquels était M. Vrignaud, notaire à Bouaine, assurait l'approvisionnement du camp. Les retranchements des Sorinières étaient fortifiés par ceux de la Louée que commandaient MM. Blondin d'Esigny et Bureau de la Boissière, sous les ordres de M. Lyrot de la Patouillère. C'est au milieu de ces soldats que se trouva pendant longtemps Bartaud à la tête de ses hommes.

Le 20 juin, le camp des Sorinières repoussa une sortie du général Beysser, et, neuf jours après, Bartaud conduisit toute sa troupe au grand complet au siège de Nantes.

Après l'insuccès de cette attaque, la majeure partie des soldats rentrèrent dans leurs paroisses respectives et y restèrent jusqu'au mois d'août suivant. Alors Charette fit un rassemblement général de ses forces pour aller attaquer Luçon, de concert avec les autres généraux de l'armée vendéenne, Bartaud prit part à la grande bataille qui se livra auprès de cette ville ; ses hommes y furent très éprouvés et Saint-André-Treize-Voies eut à déplorer la perte de plusieurs de ses meilleurs soldats.

Le 25 août, le général Canclaux s'empara du camp des Sorinières qui fut reporté à Villeneuve, dans l'enceinte de l'abbaye. Le lendemain, la division de Vieillevigne fut spécialement chargée de recouvrer l'ancien poste, mais la tentative ne réussit pas. Le 30 août, la division renouvela son attaque avec encore plus d'insuccès, car elle fut même obligée d'évacuer l'abbaye.

Ne perdant pas courage, elle revint à l'assaut, le 5 septembre, avec l'aide de Charette, de la Cathelinière et de Lyrot. Elle échoua encore, faute de liaison dans les mouvements des assaillants.

Le 6 septembre, l'armée de Mayence, vaincue aux frontières de l'Est, arrivait à Nantes pour combattre l'insurrection vendéenne et obligeait Charette, le 14 septembre, à évacuer Legé devant les colonnes de Kléber et de Beysser et d'abandonner douze cents prisonniers républicains. En se dirigeant sur Montaigu, Charette fut rejoint de nuit par Joly à Saint-André-Treize-Voies et les deux généraux concentrèrent dans cette paroisse cinq mille hommes sur les bords de l'Ognon,

De son côté, l'armée républicaine qui avait cessé sa poursuite à cause des ténèbres de la nuit, s'était cantonnée tout près des Vendéens : l'armée de Kléber couchait à la Grolle et celle de Beysser à Mormaison. Dès le lendemain matin, 15 septembre, les forces républicaines réunies continuaient leur marche en avant. Kléber traversa Vieillevigne et porta son avant-garde à Remouillé, tandis que le gros de l'armée de Mayence, sous les ordres d'Aubert-Dubayet, arrivait en ce premier bourg, dont la brigade de Beaupuy s'empara en y brûlant quelques maisons.

Le 16, Charette, qui avait essayé de défendre Montaigu, fut bientôt obligé de se retirer avec ses troupes devant les attaques combinées de Kléber et de Beysser, le premier au nord, le second au sud, puis, il se dirigea sur Clisson qu'il abandonna le 17, au soir.

Deux jours après, le 19, Charette, à la tête de toutes ses divisions, et de concert avec les généraux de l'armée catholique, gagnait la grande bataille de Torfou, et le lendemain, après une nouvelle victoire, il reprenait Montaigu.

Le soir même du 20, Bartaud, entraîné par ses soldats, revenait vers Saint-André au lieu d'aller prendre position à l'ouest de Saint-Fulgent, comme Charette lui en avait donné l'ordre. Cependant, au bruit du canon qui se fait entendre, il comprend qu'une nouvelle bataille est engagée, il rassemble à la hâte la majeure partie de sa division et il arrive à temps pour poursuivre les fuyards républicains qui se dirigeaient en désordre vers Nantes, après avoir été battus à plate couture à Saint-Fulgent (le 21). Il leur fit la chasse sans répit pendant deux jours, sur les routes, dans les bois et les taillis.

Malheureusement, à la suite de ces brillantes victoires, la discorde se mit dans la division de Vieillevigne, qui se partagea en deux groupes distinctifs. La plupart des paysans et toute la paroisse de Saint-André restèrent sous la conduite de Bartaud ; la noblesse et la bourgeoisie se mirent sous les ordres de Guéraud-Boisjoly, commandant en second, de MM. Reliquet, Thomas-Préneuf, de Chevigné et du Chaffaut. Ce dernier groupe s'attacha à la Grande Armée ; il combattit avec elle à Cholet et fit également avec elle la campagne d'Outre-Loire.

La paroisse de Saint-André, de même que la division de Vieillevigne, proprement dite, ne prit aucune part à l'expédition au delà de la Loire, pas plus qu'à celle de Charette sur Noirmoutier. Elle reprit son poste d'observation aux Sorinières sous la direction de Bartaud. Le 9 octobre, celui-ci dispersait une troupe de maraudeurs républicains sortis de Nantes et leur faisait subir des pertes sérieuses. Le 10, faute de munitions, il était à son tour obligé de fuir devant Haxo et il lui échappait en franchissant le pont de l'Ognon, à Montbert. Le 14, Haxo envahissait Vieillevigne, où il faisait quelques exécutions et enlevait des prisonniers, puis il marchait sur Rocheservière et ensuite sur Legé, dont il brûlait l'église. Quelques jours après, la région comprise entre Vieillevigne, Saint-André, Rocheservière et Touvois était occupée par les troupes, mais cette fois c'étaient les Angevins de d'Elbée qui venaient se réunir aux soldats de Charette avant d’aller attaquer l'île de Noirmoutier.

Charette, qui était alors installé à Touvois, n'était pas sans inquiéter les généraux républicains. Aussi Haxo se détermina-t-il à faire une nouvelle expédition et, le 6 novembre, il sortait de Nantes avec six mille hommes. Le 7. il occupait Saint-Etienne-de-Corcoué et pendant la nuit il faisait enlever le comité paroissial, M. de la Robrie, sa femme, sa fille et vingt-quatre autres personnes. Le 8, il était cantonné à Legé, d'où il lançait plusieurs colonnes volantes sur Rocheserviére, Vieillevigne et Saint-André, avant de rejoindre à Machecoul son lieutenant Jordy.

Une de ces colonnes, commandée par le lieutenant de chasseurs Le Gros, enleva par surprise le chef même de la division de Vieillevigne. Bartaud n'était accompagné que de quelques hommes lorsqu'il tomba aux mains de ses ennemis, le 8 nivôse an II (28 décembre 1793). Conduit par eux à Nantes, il comparut devant le tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort.

M. Gillier, vicaire à Legé, a consigné ce fait sur son registre par cette simple note sans date :

"Jean Barreteau, commandant de Vieillevigne, de Saint-André, époux de Madeleine Graton, âgé de vingt-huit ans, surpris près de Rocheservière par l'ennemi et par lui conduit à Nantes où on le dit guillotiné."

Il était dit que le malheur n'atteindrait pas seul le vaillant chef de la division de Vieillevigne. Suivant la même source que nous venons de citer, dans le courant de juin 1794, la femme de Bartaud, ainsi que sa fille née un mois après la mort de son père, étaient également enlevées par une colonne infernale et conduites à Nantes. Jamais depuis lors, ni à Legé, ni à Saint-André, personne n'entendit parler des deux pauvres créatures.

Après la mort de Bartaud, la division de Vieillevigne fut placée sous les ordres de son ancien major, François Guéraud-Bois-Joly, et ce dernier étant mort à son tour, on lui donna pour successeur M. du Lac, qui mourut aussi peu après à Rocheservière, le 17 juillet 1794.

L'année, 1794 fut du reste particulièrement terrible non seulement pour l'armée vendéenne, mais encore pour les habitants qui n'avaient pas quitté leurs chaumières. C'est la guerre d'extermination qui va se poursuivre sous sa forme la plus hideuse.

Suivant les ordres officiels : "on emploiera tous les moyens de découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de la baïonnette... Chaque chef de colonne a ordre de fouiller et de brûler les forêts, villages, bourgs et métairies."

Turreau, le général en chef, écrit au Comité de Salut public

"…Enfin, si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armée, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappés aux plus scrupuleuses perquisitions..."

Et l'on sait comme ces ordres furent ponctuellement exécutés par ces colonnes républicaines si justement appelées les colonnes infernales.

Saint-André-Treize-Voies eut son église brûlée, ses chaumières détruites et une soixantaine de personnes au moins, hommes, femmes, vieillards et enfants, assassinées dans les derniers jours de février et les premiers du mois de mars 1794.

La colonne qui opéra ainsi fut celle du général Cordelier. Elle poursuivait Charette qui, après son habile retraite dans les landes de Bouaine et de Genêton, s'était dirigé vers le sud en évitant Vieillevigne, et avait conduit son armée à Saint-André-Treize-Voies "l'un des plus pauvres bourgs de la région". Le lendemain, 28 février, Charette se retournait contre Cordelier et le battait aux landes de Boisjarry.

Au milieu du mois de mars, Saint-André voit encore tout son territoire sillonné par les troupes républicaines, qui laissent sur leur passage une ligne de feu et de sang. Cette fois, la colonne est commandée par le général Haxo, qui cherche à couper la retraite à l'armée de Charette ; mais elle arrive trop tard : Charette est déjà réfugié dans la forêt de Touvois.

Les mois qui suivent augmentent le nombre des victimes déjà trop nombreuses de Saint-André. Nous voyons les gars de cette vaillante paroisse au combat de Rocheservière, le 17 juillet 1794, où ils luttent contre les troupes du général Ferrand. Peu de temps après, le 14 septembre, on les rencontre encore à la tête de la division de Vieillevigne sous les ordres de Jean-Baptise Guérin, le jeune, et de M. de Chevigné, à la brillante victoire du camp de Freligné. Ceux que les fatigues et les combats ont encore épargnés continuent toujours à suivre la fortune de leur général et de leur chef de division, et nous les trouvons également au combat du château du Givre et de Saint-Cyr-en-Talmondais, au mois de septembre 1795.

Mais bientôt la cause vendéenne semble désespérée pour toujours. Après l'important combat de la Begaudière-Triou et du moulin de la Chabotterie, Guérin jeune venait avec Hyacinthe de la Robrie faire sa soumission entre les mains de Loyseau, commandant du détachement de Vieillevigne, le 23 février 1796.

La soumission de Guérin entraîna celle de toutes ses paroisses. Seuls quelques soldats continuèrent à suivre Charette, voulant lui rester fidèles jusqu'au bout. Parmi ceux-ci, Saint-André-Treize-Voies en fournit plusieurs, et les documents officiels nous ont conservé le nom de Jean Fresneau, de cette paroisse, l'un de ces héroïques vendéens qui combattaient près de leur chef, dans les fourrés de la Chabotterie, au moment même de la prise de Charette par le général Travot, le 23 mars 1796.

La capture de Charette mit fin virtuellement aux guerres de Vendée. Toutefois, les habitants de Saint-André n'en conservèrent pas moins dans leur coeur un profond dévouement à la cause de la religion et de la monarchie. Malgré la pacification, les autorités républicaines ne peuvent trouver dans les communes de la région un agent national qui ait embrassé les idées républicaines. Le commissaire du directoire exécutif départemental près le canton de Rocheservière déclare, le 8 floréal an VII (27 avril 1799) "La commune de la Grolle ne compte pas un seul patriote au nombre de ses habitants. L'agent de Saint-André, moins fanatisé que celui de la Grolle, parait avoir plus de moyens, mais n'est pas tant s'en faut un républicain."

Il est un homme pourtant, issu d'une famille bourgeoise de Saint-André, où elle était connue depuis plusieurs siècles par son aisance et son honorabilité, qui fait exception à cette unanimité de sentiments. Son influence fut à peu près nulle, il est vrai, mais ayant joué un certain rôle dans l'histoire révolutionnaire de sa paroisse et dans celle des paroisses voisines, il mérite qu'on s'y arrête quelques instants. Nous voulons parler de Georges Sauvaget, des Landes, l'intime ami des conventionnels Fayau et Goupilleau, et le principal acquéreur des biens nationaux dans la contrée. D'ailleurs, nous n'entreprendrons aucun commentaire et nous nous contenterons de citer deux pièces inédites, l'une officielle et émanant d'un républicain, ami personnel de Sauvaget, et l'autre du personnage lui même.

La première est un extrait d'une lettre envoyée le 2 germinal an V (22 mars 1797) par le citoyen Girard, commissaire cantonal, lequel rend compte au directoire exécutif de l'opinion des bourgeois du canton qui n'ont pas fait la guerre. Après avoir parler de Guitter, Vrignaud, Sorin et autres, il en arrive à Sauvaget, le seul d'entre eux qui soit républicain et... voici pourquoi !

"Sauvaget, propriétaire, patriote de 89, déserta bientôt ce parti, les Jureurs et les atrocités des brigands le forcèrent à se jeter dans le parti Républicain ; il se réfugia de bonne heure ; la facilité que la loi du 28 ventôse donne d'acquérir des domaines nationaux le décida à en devenir acquéreur ; c'est bien le plus fort lien qui l'attache à la République. D'ailleurs, c'est un homme probe, incapable par caractère de se mêler d'intrigues, haïssant les scélérats et les brigands ; il est l'ami de tous les républicains du pays."

La lettre suivante viendra compléter le portrait du citoyen. Elle est datée de Nantes, où Sauvaget était à voir les avanies faites à Charette et sa condamnation à mort, et elle est adressée, le lendemain de l'exécution, au citoyen Goupilleau, de Montaigu, membre de la Convention, à Paris.

"Le pretendu roy de la Vendée vient despier son forfait hier au soir à cinq heures apprès avoir…16. Il faudroit Robrie et Bousaud, avec et quelques autres, je crois que nous aurions la paix dans la Vendée apprès cela. Ce sont encor des bestes ferosse dans le pays.

Je vous ay écrit deux lestre, je ne sais pas si vous les avez reçue…lautre lettre me regardait pour mon acte dasquest des biens nationaux de Saint André, que j'ai ajetté dans votre présances à Montaigu ; ils on ete brullé par les brigand, et sy je pouvois me servir de la si devant cure pour y loger mes bestiau vu que mes logement ont été tous brulle et qu'il est impossible que je puisse en faire bastir apprès avoir ete pillé par les gu. de brigand et Charette, et mon bien à lzereau a été brulé ; mes celui de St André c'est tout brullé, sy ce n est le logement du presbytaire. J'aurais cependant de quoy à loger les metayer et tous les bestiaux en ayant ces logement la. Il y a aussi mon fils qui voudrait entrer dans la garde teritoriale avec le citoyen Febvre de la Grelliere qui (est) placé commandant à Vieillevigne...

Votre citoyen,

G. Sauvaget, des Landes."

 

Les compatriotes de Sauvaget se soulevèrent de nouveau en 1799 et se rangèrent sous les ordres de M. Grellier du Fougeroux, commandant de la division de Vieillevigne-Rocheservière, mais la campagne fut d'ailleurs peu importante.

Quelques années plus tard, le 29 janvier 1814, à la veille de la première Restauration, le baron de Châteaubourg, préfet de la Vendée, adressait de l'Herbergement au commandant de la gendarmerie de la Roche-sur-Yon une longue lettre intéressante pour l'histoire de Saint André.

Il annonce que les 26, 27 et 28 janvier, une troupe de 200 brigands ou royalistes, formée du côté de Vieillevigne, sous la conduite d'un nommé Buffet, exige de toutes les personnes qui ne font pas profession de royalisme la remise des fusils ; qu'elle a inquiété un certain nombre de bourgeois de Saint-André, Rocheservière et Saint Philbert-de-Bouaine, et que plusieurs de ces derniers se sont déjà réfugiés à Nantes. Enfin, il ajoute que cette bande a commencé par vouloir dévaliser les Sauvaget de la Chagnaie et d'Izereau, mais que ceux-ci ont fini par s'en tirer à bon compte après avoir largement offert à boire à ces gens.

En 1815, cent-cinquante habitants de Saint-André prirent encore les armes pour la cause des Bourbons et choisirent le brave Guillaume Bernon pour commandant de la paroisse. On les trouva dans les divers combats livrés alors ; quelques-uns y perdirent la vie, comme Pierre Brunelière, au combat de l'Aiguillon ; d'autres revinrent portant d'honorables blessures. Ajoutons enfin que Saint-André-Treize-Voies fut désigné par les officiers généraux de l'armée royale et catholique pour être le lieu de rassemblement du corps de Saint-Hubert, qui s'y tint en effet les 18 et 19 juin, veille et avant-veille de la bataille de Rocheservière. (Mémoires de M. le comte de Mornac.)

La défaite essuyée par les Vendéens dans cette circonstance ne fit pas pour cela déposer les armes aux vaillants soldats de Saint-André et des paroisses du bocage. Ils ne placèrent leurs vieux fusils sur le manteau noir de leurs cheminées qu'après avoir vu Louis XVIII, leur souverain légitime, remonter sur le trône de France.

Nous désirerions vivement pouvoir donner ici la liste de tous ces obscurs héros de la paroisse de Saint-André-Treize-Voies. défenseurs de leur foi et victimes de la Révolution. Mais, hélas ! les registres des décès tenus par les prêtres pendant cette triste période n'ont pas été conservés, comme à Rocheservière, à Mormaison, à Saint-Sulpice-le-Verdon, etc. Saint-André n'a pas son Martyrologe. C'est à peine si quelques noms trouvés au cours de nos recherches ont pu être notés, et encore nous n'en pouvons citer aucun de ces vieillards, de ces enfants, de ces femmes et de toutes ces innocentes victimes massacrés par les colonnes infernales à la fin de février et au commencement de mars 1794.

Les états de MM. Guérin et Grellier du Fougeroux, dressés en 1814 et 1815, ne font mention que des officiers de la paroisse.

Notre liste ne comprendrait donc que des unités si nous n'avions découvert aux Archives de la Vendée plusieurs dossiers contenant le rôle des anciens soldats vendéens encore survivants et proposés aux récompenses par la Commission de 1814 (15 janvier 1815), puis par arrêté départemental du 4 août 1824, et enfin par la commission cantonale le 24 septembre 1825. Quant aux autres sources nous les indiquerons à mesure.

Nous sommes donc heureux de pouvoir faire sortir de l'oubli et d'enregistrer dans les annales de l'histoire de Saint-André une soixantaine de noms, sur quatre cents environ que devrait compter notre liste pour être complète. Puissent du moins les habitants de cette paroisse conserver le souvenir des sublimes exemples que leur ont laissés leurs ancêtres au milieu des jours mauvais de la Révolution !

 

Joseph Arnaud, né en 1776, a fait toutes les campagnes (1793-1795, 1799, 1815), est blessé de cinq coups de feu. Proposé aux récompenses en 1824, il reçut une pension de 100 francs.

Louis Arnaud, d'lzereau, "à péri par les mains de l'ennemi", à l'âge de cinquante ans, le 15 mai 1794 (Reg. de Mormaison).

Jean-François Bartaud (1765-1793), commandant la division de Vieillevigne (voir plus haut).

Julie-Magdeleine Graton, femme de Bartaud, et leur fille, âgée de six mois, enlevées par les colonnes infernales et conduites à Nantes au mois de juin 1794 (Reg. de Legé).

Charles Barreteau, de la Gestière, seize ans, tué au combat de Challans, le 20 mai 1793, au témoignage de Pierre Chanson et de Louis Couvreur, commandant (LALLIÉ).

Joseph Beneteau, tué en février 1794 ; sa veuve, Louise Martineau, de la Valette, déjà proposée pour une pension de 35 francs en 1814, fait encore une demande de pension en 1825,

Guillaume Bernon, né en 1778, avait peu servi pendant les premières guerres, vu son jeune âge, mais il devint capitaine de la paroisse en 1815 ; il était blessé au bras et à la jambe droite. Il reçoit en 1817 un fusil d'honneur et est proposé aux récompenses en 1824 et 1825.

Jean-Jacques Bertrand, né en 1777, volontaire, fait toutes les campagnes, est blessé au bras droit, très recommandable, proposé en 1824 et 1825.

Jean Bourasseau, tué à la Seigneurtière avec ses propres armes, à la fin de février 1794. Sa veuve, Françoise Graton, obtient une pension de 45 francs en 1818, et en demande une autre en 1825.

Etienne Boussonnière, tué à la Grelière, en mars 1794 ; sa veuve, Anne Graton, de la Courollière, proposée en 1814 pour 40 francs, demande une pension en 1825.

Pierre Bouvineau, volontaire, très indigent, recommandable, proposé en 1825.

Pierre Brunetière, grièvement blessé au combat de l'Aiguillon, le 19 mai 1815, meurt le même jour au château d'Apremont où on l'avait transporté. Sa veuve morte laisse un enfant orphelin, Pierre Brunetière, très indigent, que l'on propose pour une pension en 1823 et en 1825.

N… Cailleau, volontaire, tué au combat.

Mathurin Caillaud, frère du précédent, volontaire, très recommandable, proposé en 1825.

Pierre Caillaud, soldat, tué à la Bernardière, en février 1794 ; sa veuve, Françoise Quérion, proposée pour une pension en 1825.

Pierre Chaillou, capitaine de la 3e compagnie de Saint-André (Etats Guérin et Grellier).

Louis-Jacques Choblet, capitaine de la 1re compagnie de Saint-André. Aisé, ayant rendu des services qui méritent récompense, proposé en 1825.

François Clavier, pris et fusillé à la Giraudière, en mars 1794 ; sa veuve, Marie-Anne Chaigneau, obtient en 1818 une pension de 35 francs, et demande un secours en 1825.

Louis Cornurais, volontaire, indigent, proposé en 1825.

N. Cougnon, de Saint André, nommé dans plusieurs ouvrages comme ayant été condamné à mort en qualité de soldat vendéen, par le tribunal de Nantes, le 3 janvier 1794 (LALLIÉ).

Jean Davignon, tué à l'Andousière, le 1er dimanche de juin 1794 (1er juin), par une colonne allant de Montaigu aux Landes de Boisjarry ; sa veuve, Marie Bareteau, de la Barbotière, obtient une pension de 40 francs en 1819 et demande un secours en 1825.

Joseph Douillard, très bon soldat, recommandable, proposé en 1825. M. Grelier dit en 1815 qu'il était premier sergent de la compagnie des volontaires de la division de Vieillevigne, et J.-B. Guérin le mentionne en 1814 comme ayant été blessé deux fois pendant les guerres.

Louis Douillard, né en 1769, volontaire, a fait toutes les campagnes, blessé à la jambe gauche, très bon soldat, proposé en 1824 et 1825.

André Favraud.

Louis Ferré reçut à la bataille de Freligné, en 1794 un coup de fusil à deux doigts de la main gauche, et un coup de sabre sur la bosse frontale droite. Il obtient, en 1814, une pension de 60 francs.

Alexis-André Fonteneau, né en 1772, a fait toutes les campagnes, caporal ; il a reçu au combat de la Chambaudière, en juillet 1794, un coup de feu au côté gauche. Il obtient, en 1814, une pension de 40 francs, et est proposé en 1824.

Pierre Fort, natif du Pré Maugis, mort des suites d'une blessure reçue le 30 avril 1793 au combat de Legé, et inhumé au cimetière de ce lieu le 3 mai par l'abbé Gillier (Rég. de Legé).

Jacques Fradet.

N... Fradet, tué à l'ennemi.

N... Fradet, tué à l'ennemi.

Louis-François Fradet, né en 1766, frère des précédents, appelé sergent volontaire en 1825, et sous lieutenant de la 1re compagnie de Saint-André, d'après les états Guérin et Grellier. A fait toutes les campagnes et a reçu, à la bataille des Moutiers, un coup de Bayonnette au bras droit. Il reçut en 1814 une pension de 50 francs et fut proposé en 1824 et 1825 pour 100 francs.

Jean Fresneau, très bon soldat, très zélé, toutes les campagnes. Il fut blessé à Machecoul, d'un coup de feu à la poitrine droite et reçut encore trois autres coups de feu. Il resta l'un des derniers compagnons de Charette il se trouvait à la prise de ce général, dans le bois de la Chabotterie, le 23 mars 1796. Il obtint, en 1818, une pension de 50 francs, qui fut portée à 100 francs en 1825.

François Ganacheau, ancien notable de Saint-André-Treize-Voies, s'est qualifié de commissaire des rebelles, dans des billets datés de Vieillevigne et de Saint-André, les 15 avril et 4 juin, a fait partie du comité de Vieillevigne, a montré une grande sévérité à l'égard des patriotes prisonniers ; condamné à mort le 14 novembre 1793. (LALLIÉ, La Justice révolutionnaire à Nantes et dans la Loire-Inférieure.)

Pierre-Louis Ganacheau, né en 1768, a fait toutes les campagnes, blessé à la cuisse et herniaire par suite de la guerre, proposé en 1824.

Luc Ganacheau, tué près de Montaigu, au cours de septembre 1793. Sa veuve, Jeanne Minguet, est proposée en 1814 et en 1817 pour une pension de 40 francs, y renonce comme ayant un peu de fortune et un fils capitaine d'artillerie en retraite ; elle demande cependant un secours en 1825.

J. Gobin, tué à la Giraudière, en février 179. , sa veuve, Marie-Anne Cartaud, demande un secours en 1825.

Louis Greleau, blessé à Latrie d'un coup de feu à la partie inférieure du radius droit ; il reçut en 1814 une pension de 60 francs.

Pierre Greleau, blessé à la bataille de Luçon d'un coup de feu à la jambe gauche ; il reçut en 1814 une pension de 50 francs.

Etienne Guibert, pris à la Pinière, fut conduit en prison à Fontenay-le-Comte, et y mourut au mois de septembre 1795.

Pierre Guichet, capitaine de la 2e compagnie de Saint-André (états Guérin et Grellier).

Pierre Lamy ou Launay, tué à la Gorsonnière, en mars 1794 ; sa veuve, Jeanne Michenaud, obtient en 1819 une pension de 45 francs, et demande un secours en 1825.

René Lelièvre, tué au Prémangis, en mars 1794 ; sa veuve, Marie Geay, obtient en 1819 une pension de 50 francs, et demande un secours en 1825.

Jean-Joseph Malard, né en 1770, volontaire, a fait toutes les campagnes et a reçu un coup de sabre sur le pied gauche indigent ; proposé en 1824 et 1825.

Pierre Malard, blessé au combat de la Vivantière, en 1794, d'un coup de feu à la jambe droite qui l'a estropié, reçoit en 1814 une pension de 40 francs.

Jean Martineau, marié à Anne Bossis et demeurant à Pomméragu, fut tué au combat de Luçon, le 15 août 1793, suivant l'attestation de Jean Bossis, son beau-frère, et de Mathurin Rousseau. (Jugement du 22 juillet I8I9, Arch. comm. de Saint-André.)

René Marbeuf blessé au camp des Sorinières, à Machecoul, à l’île de Bouin, de deux coups de feu, l'un au front gauche et l'autre à l'omoplate gauche, et d'un coup de mitraille à la joue gauche ; tailleur de pierre, père de neuf enfants, il reçut en 1814 une pension de 100 francs.

Jacques Merlet, blessé à la Roche-sur-Yon d'un coup de feu à l'épaule gauche, avec cicatrice adhérente, coup de feu au bras droit, estropié, il reçut en 1814 une pension de 50 francs.

Julien Merlet, sergent de la paroisse de Mormaison, demeurait à Saint-André dès avant 1815, fit toutes les campagnes, Il fut blessé à la Chambaudière, en 1794, d'un coup de feu au bras droit, d'un coup de sabre qui lui empêche de fléchir le poignet, estropié. Il reçut en 1814 une pension de 50 francs,

Pierre Merlet.

Augustin Minguet, officier d'état-major pendant les guerres. Il est proposé en 1825 avec cette mention : maire de Saint-André, homme distingué par ses bons sentiments, en toute occasion a très bien servi le roi, mérite, quoique aisé, une pension ou une décoration.

Jacques Musset, des Ahais, a péri par les mains de l'ennemi, le 15 septembre 1793, à l'âge soixante-cinq ans (Reg. de Mormaison.)

Louis Musset a fait la campagne de 1793-1796 et celle du 1815. Au mois de mars 1794, les républicains lui ont enlevé tout son bétail, et tout son ménage a été incendié ; le montant de ses pertes est évalué à 9.750 francs. Lui et sa famille ont fréquemment donné asile aux prêtres, notamment à MM. Bertin et Biseul, de Vieillevigne, auxquels ils ont rendu de grands services. Il habitait, en 1815, la commune de Saint-Sulpice. (Arch. de la Chabotterie.)

Jean Parois, tué près de la Giraudière (Vieillevigne), en mars 1794 ; sa veuve, Renée Gris, de la Barbotière, très indigente, obtient, en 1819, une pension de 35 francs, elle demande un secours en 1825.

François Pavageau était commandant de toutes les troupes de la paroisse de Saint-André-Treize-Voies pendant la Grand'Guerre, suivant les états Guérin et Grelier.

Pierre Pipaud, blessé à la bataille de Montaigu d'un coup de feu au front, d'où est résultée une fistule au-dessus de l'oeil droit ; il reçut, en 1814, une pension de 60 francs.

J.Radreau, tué près du Génetais, en mars 1794 ; sa veuve, Marie Perrier, demande un secours en 1825.

Joseph Renaud, blessé à Freligné, Torfou, etc , d'un coup de feu à l'omoplate et de deux coups de feu à la cuisse, maçon ; il reçut, en 1814, une pension de 80 francs.

Etienne Renaudin était lieutenant de la 2e compagnie de la paroisse de Vieillevigne. Il demeurait à Izereau, quand M. Guérin rédigeait, en 1814, la liste de ses officiers.

Pierre-Jean Richard, né en 1774, soldat pendant toutes les campagnes ; il a été fait prisonnier et a été blessé au coude droit et au côté gauche, très recommandable ; proposé en 1824 et 1825.

Pierre Serin, de Mormaison, était deuxième sergent de la première compagnie de Saint-André, suivant l'état Guérin, et, suivant d'autres listes, un des sergents de la deuxième compagnie des volontaires, qui était formée par les paroisses de la division autres que celle de Vieillevigne. Il avait reçu deux blessures et dut obtenir une pension dès les premières listes de gratification.

Julien Tenaud, tué par l'armée du Nord sur la terre de l'Epinay, de Saint-André.

http://montaiguvendee.fr/cms/uploads/pdf/Chroniques%20paroissiales/St-Andfre-13-V%20Chronique%20paroissiale.pdf

 

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