ST-GEORGES-SUR-LAYON - LOIRÉ (49) - L'ABBÉ GASPARD TIGEOU ET SON DOMESTIQUE EN 1793
1793
L'ABBÉ TIGEOU ET SON DOMESTIQUE
L'armée vendéenne s'empare de Château-Gontier, après la victoire d'Entrammes. Quelques jours après, La Rochejaquelein, avec 7.000 hommes, marche sur Craon et met en fuite 5.000 républicains. Au moment de leur retrait, les Bleus eurent la cruauté de faire périr nombre de royalistes et de bons catholiques détenus dans les prisons. Pressés dans leur fuite, ils mirent dans des charrettes ceux qu'ils n'avaient pas eu le temps de tuer, et les emmenèrent du côté de Pouancé, afin de les y fusiller tous ensemble.
L'abbé Tigeou, vicaire de Denazé, zélé missionnaire pendant toute la Terreur, était du nombre des prisonniers. Quand il fut appelé pour être fusillé, un jeune homme qui l'avait servi comme domestique et qui était prisonnier comme lui, se présenta à la place de son maître : "Ma vie est inutile, et la vôtre précieuse, il vaut mieux que je meure à votre place." Les Bleus le fusillèrent persuadés qu'il était prêtre.
L'abbé Tigeou, échappé ainsi à la fusillade de Craon, fut jeté dans une voiture avec les autres prisonniers ; arrivé à plus d'une lieue de la ville, il réussit à se laisser tomber de la charrette, malgré les fers qu'il avait aux pieds. Ce qu'ayant vu, des gendarmes se disposaient à le tuer, quand les Vendéens qui arrivaient sur eux, les balles qui sifflaient à leurs oreilles, les forcèrent d'abandonner leur proie. L'abbé parvint à se jeter dans un champ ; il y resta caché jusqu'à la nuit, au cours de laquelle il alla frapper à la porte d'une maison de St-Martin-du-Limet ; on lui donna l'hospitalité et on réussit à briser ses fers ; ce fut ainsi que ce bon prêtre recouvra la liberté.
Cependant, on était persuadé dans le pays qu'il était mort, qu'il y eut des gens de Livré qui, ayant assisté à la sépulture de son domestique, avaient cru que c'était l'abbé qu'on enterrait. Mais le bruit se répandit bientôt partout qu'il était encore vivant. Des bonnes gens de Livré qui arrivaient de Craon ayant été interrogés sur ce qui se passait en ville, et s'il y avait du nouveau, répondirent : "Oh ! oui ! il y a du nouveau à Craon ! un grand miracle s'est opéré ! M. l'abbé Tigeou a été massacré par les Républicains, comme tout le monde le sait : il est ressuscité ! Des personnes dignes de foi l'ont vu bien portant, et sans aucune marque de blessure."
L'abbé Tigeou continua à se cacher pendant la persécution ; il fut assez heureux pour ne pas retomber entre les mains des Républicains.
Lorsque la paix fut rendue à l'Église, il fut nommé curé de Loiré (diocèse d'Angers), où il est mort le 20 décembre 1831, à l'âge de 78 ans.
Fils de Gaspard et de Geneviève Bertrand, Gaspard Tigeou était né à Saint-Georges-sur-Layon, le 18 janvier 1753, et baptisé le lendemain.
Chronique de Livré par M. M. Moriceau, curé de Livré - 1846 / AD85 - Biographies et histoire locale - 1 Num 402 133
AD49 - Registres paroissiaux de St-Georges-sur-Layon et d'état-civil de Loiré