NANTES (44) - ANNE-MARIE-THÉRÈSE-FÉLICITÉ HARDOUIN DE COUTANCES (1758 -1839)
Portrait du couple de La Roche-Saint-André et de leur fille par François Sablet - 1797 - Musée du Louvre.
Née à Nantes, paroisse Saint-Denis, le 10 août 1758 (baptisée le lendemain), à l'hôtel de Coutances, elle passa les premières années de sa vie au château de la Bouvardière (Saint-Herblain), qui depuis plusieurs siècles appartenait à sa famille.
Elle était fille de haut et puissant seigneur Messire Louis de Coutances, chevalier marquis, seigneur patron de la Celle Guénant et de La Celle Draon, la Bouvardière, Le vignaux et autres lieux, et de dame Anne-Blanche-Victoire Cochon de Maurepas.
En 1790, elle épousa le comte Gabriel-Marie de La Roche-Saint-André, chevalier de Malte. Cette union parfaitement assortie, et tous les avantages du rang et de la fortune lui promettaient une longue suite d'heureux jours ; mais la révolution, source de tant de maux, lui préparait de terribles épreuves, qu'elle supporta avec un courage héroïque. La perte la plus grande partie de son patrimoine fut le moindre des chagrins qu'elle eut à éprouver ; elle vit bientôt toute sa famille proscrite ou suspecte ; elle-même échappa difficilement à la rage des bourreaux qui décimaient alors notre belle patrie. Ce fut à cette époque, de désastreuse mémoire, que le chevalier de La Roche-Saint-André, son beau-frère, après avoir combattu dans la Vendée pour la cause sacrée de l'autel et du trône, eut le malheur de tomber, ainsi que sa femme, entre les mains des républicains : l'un et l'autre furent conduits à Nantes, où ils ont été guillotinés : elle assista en quelque sorte à leur supplice.
Marie-Victoire Hardouin de Coutances marquise de Bec-de-Lièvre
Elle passa les dix plus cruelles années de la révolution chez Mme la marquise de Bec-de-Lièvre, sa soeur aînée. A la restauration, elle accompagna en Espagne son mari, qui fut successivement consul de sa majesté le roi de France à Barcelone et à Cadix. C'est dans la première de ces deux villes que, pendant les Cent-Jours, M. et Mme de La Roche-Saint-André reçurent son altesse royale monseigneur le duc d'Angoulême. Le noble fils de France daigna leur témoigner combien il était heureux de se retrouver au milieu de Français fidèles, après tant de défections, plus pénibles pour lui que tous les revers de la fortune ; et, depuis, il les remercia plus d'une fois, au château des Tuileries, de leur gracieuse hospitalité de Barcelone.
Hélas ! ils étaient réservés à pleurer de nouveau sur l'exil de cette auguste famille, à laquelle l'un et l'autre étaient si dévoués !
La révolution de juillet devait ouvrir à Mme de La Roche-Saint-André une nouvelle ère de douleurs. En 1832, elle perdit son mari, et deux années plus tard, elle vit expirer sa fille unique, qui réunissait en sa personne toutes les qualités de l'esprit et du coeur. Ce dernier coup devait l'anéantir : la religion lui donna la force de le supporter.
Malgré son âge, Mme de La Roche-Saint-André conserva jusqu'à la fin cette grâce, cette politesse, cette amabilité qui faisaient le charme d'une société qui n'est plus. Jamais il ne lui échappa une parole désobligeante ; loin de là, elle saisissait avec empressement les occasions d'adresser à ceux qui l'entouraient quelque chose de flatteur, mais toujours avec le tact le plus exquis et une convenance parfaite : aussi, était-elle chérie et respectée de tous ceux qui l'ont connue. Sa charité était inépuisable ; on peut même dire qu'elle était au-dessus de ses moyens, car elle ne laisse en quelque sorte à sa famille que le souvenir de ses vertus.
Une si belle vie devait être couronnée par une mort chrétienne. Mme de La Roche-Saint-André a reçu, avec une pieuse et touchante résignation à la volonté de Dieu, tous les secours de cette religion sainte, qui avait fait sa consolation et sa joie pendant sa longue carrière ; et, après une courte maladie, elle s'est endormie du sommeil des justes, le 18 mars 1839, dans sa quatre-vingt-unième année. Elle était entourée de sa soeur et de tous ses neveux et nièces, parmi lesquels nous ne citerons que la noble maréchale de Bourmont. Tous lui ont prodigué, comme à une mère chérie, les soins les plus empressés, ainsi que les témoignages de respect et de tendresse qu'elle savait si bien inspirer.
La religion, la société et les malheureux ont fait une perte bien sensible en la personne de dame Anne-Marie-Thérèse-Félicité de Coutances, marquise de La Roche-Saint-André. Simple et modeste, elle vivait depuis longtemps comme étrangère au monde, dont elle avait fait l'ornement, ne s'occupant que de bonnes oeuvres et d'exercices de piété. (A.D. - Journal l'Hermine du 10 avril 1839)
ANNE-MARIE-THÉRÈSE-FÉLICITÉ HARDOUIN, COMTESSE DE COUTANCES, dame brevetée de Sa Majesté, épousa dans la chapelle du château de la Haye-Mahéas (Saint-Étienne-de-Montluc), le 3 août 1790, Gabriel-Marie de la Roche-Saint-André, chevalier non profès de l'ordre de Malte, fils de Louis, seigneur de la Salle, de Fresnay, de la Noë-Briord et de Louise-Gabrielle du Chilleau.
dont une fille :
EMILIE-GABRIELLE-MARIE, née le 5 septembre 1793 à Nantes (Marat-sans-culotte) ; Dame chanoinesse-comtesse du chapitre de Saint-Anne de Munich en 1829.
Gabriel-Marie de La Roche-Saint-André était né à Fresnay, le 27 janvier 1755, fils de Louis et de Louise-Gabrielle du Chilleau ; il est décédé en sa demeure sise à Nantes rue du Collège (2e canton mais inscrit sur les registres du 3e et 4e cantons), le 20 avril 1832, à l'âge de 77 ans.
Officier sous l'Ancien Régime : Sous-Lieutenant au Régiment de Dragons de Custine, le 1er juin 1772, Chevalier de l'Ordre de Malte, le 3 janvier 1775, Capitaine en second de la Compagnie de Montbel dans le Régiment d'infanterie de Viennois le 20 juillet 1781, puis passa au Régiment de Montmorency-Dragons le 5 février 1786 ; Gabriel-Marie de La Roche-Saint-André entra dans l'administration des droits réunis en 1807. Il fut nommé, le 12 septembre 1814, vice-consul de France à San Remo. Le 7 mars 1816 il fut nommé au même poste à Stettin. Le 30 octobre 1816 il fut nommé consul de France à Raguse puis en mai 1822, à Gibraltar. Le 1er mai 1821, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il termina sa carrière diplomatique en étant consul de France à Barcelone du 13 mai 1824 jusqu'à la Restauration. Refusant de prêter serment au Roi des Français, il se retira à Nantes où il mourut le 20 avril 1832.
Anne-Marie-Thérèse-Félicité est décédée à Nantes le 18 mars 1839, à l'âge de 80 ans.
Archives municipales de Nantes - Registres d'état-civil