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La Maraîchine Normande
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22 octobre 2025

ANETZ - NANTES (44) - CHARLES-MATHURIN BODINIER, PRÊTRE (1761 - 1838)

 

 

Fils de Pierre, et de Catherine-Julie Terrier, Charles-Mathurin Bodinier, est né à Anetz (44) en 1761 et fut baptisé le 2 août de la même année.

 

 

Charles-Mathurin était jeune encore et vicaire à Saint-Herblon, lorsque la persécution força la plupart des prêtres catholiques de chercher un asile sur la terre étrangère. Touché des besoins d'un troupeau qui allait être privé des consolations de la foi, il ne voulut pas l'abandonner, et exerça encore pendant près de deux années son pénible ministère ; pour se dérober aux recherches et à la mort, il se cachait le jour dans les bois, dans les champs, dans les villages, et la nuit, il portait aux fidèles les secours de la religion ; mais il fut arrêté et condamné à mort. Cette sentence fut commuée en une déportation à Cayenne, ce qui n'était que changer de genre de mort ; mais la providence veillait sur lui.

Conduit à l'Île de Ré le 30 octobre 1797, il fut embarqué pour la Guyane sur la Vaillante, le 2 août 1798 ; le bâtiment chargé des malheureux déportés fut pris par les anglais, et M. Bodinier, conduit à Londres, fut rendu à la liberté ; il n'en profitât que pour se préparer à rentrer en France, où il revint aussitôt qu'il lui fut possible.

 


 

Le calme fut enfin rendu à la religion, et M. Duvoisin fut chargé d'en réparer les ruines. Revenu dans les environs d'Ancenis, M. l'abbé Bodinier fuyant les places plus élevées, fut nommé vicaire de la cathédrale de Nantes en 1803, prononça l'oraison funèbre du maréchal Lannes dans la cathédrale de Nantes en 1820,  Il y faisait le bien, depuis dix ans, et était entouré d'une confiance générale, lorsque les vénérables prêtres de la compagnie de Saint Sulpice ayant été violemment arrachés à nos Séminaires, M. Bodinier, avec quelques autres prêtres dévoués, fut appelé à les remplacer. L'obéissance l'empêcha de refuser des fonctions nouvelles pour lui, et il demeura supérieur pendant trois années.


 

 

En 1814, il fut appelé comme grand-vicaire, à la tête de l'administration diocésaine, et l'on se rappelle sa prudence et cette bonté qui lui gagnait tous les coeurs. Avec une admirable abnégation, sans chercher à paraître, il exerçait une douce, mais utile influence. Le diocèse lui est redevable de plusieurs oeuvres importantes : c'est par son zèle et sous sa direction, que se réunirent les premiers membres de cette association de la Providence, qui appela dans nos murs les bons Frères des Écoles Chrétiennes ; ce fut encore lui qui fonda cette maison précieuse des prêtres de Saint-François, où il est venu mourir, comme un père au milieu de ses enfants, entouré de leurs soins et de leur touchante affection.


M. l'abbé Bodinier posséda successivement la confiance de Mgr d'Andigné et de Mgr de Guérines ; mais il y a déjà près de six années, sentant ses forces s'affaiblir ; il demanda comme une faveur, à se retirer à la maison de Saint-François, afin de s'y préparer à la mort. C'est là en effet que nous l'avons vu libre du souci des affaires, ne s'occuper plus que de celle à laquelle il consacrait tous ses soins. Toujours on le surprenait au milieu de quelqu'un des pieux exercices qui partageaient tout son temps : la chapelle était devenue sa demeure ; ses lectures, ses récréations, ses conversations, tout était animé par la piété. Par plusieurs attaques successives, une maladie cruelle avait affaibli peu à peu ses facultés, elle n'avait rien ôté à sa piété ; ce sentiment si intime, semblait au contraire survivre à tout le reste. Lorsque ses amis allaient le voir dans sa solitude, lorsque dans les moments de la récréation, commune, ses chers missionnaires voulaient charmer ses loisirs, le moyen de fixer son intérêt était de lui parler le langage de la piété.


Dans ses derniers jours, privé de la parole et presque du sentiment, il ne répondait plus à rien, il ne donnait plus aucun signe de connaissance ; mais si on lui parlait de Dieu, si on prononçait les saints noms de Jésus et de Marie, on le voyait aussitôt sortir de cet état léthargique, joindre ses mains, et élever au ciel ses yeux mourants ; toute autre langue lui était devenue étrangère, la piété seule pouvait se faire entendre à lui.

 

Charles-Mathurin Bodinier est décédé à Nantes (2e arr.), en la Communauté de Saint-François de Sales sise rue du Bocage, n° 5, sixième canton, le 21 août 1838, à l'âge de 77 ans.

 


C'est ainsi que s'est endormi dans le Seigneur ce bon prêtre, qui est allé recevoir la récompense de sa foi et de ses bonnes oeuvres ; sa mémoire vivre au milieu de nous, et l'on se rappellera longtemps sa bonté, l'égalité de son caractère, sa modestie et sa touchante piété.


Aux regrets qu'excite sa mort, nous ne pouvons nous empêcher de joindre un autre regret ; c'est de voir ainsi descendre, successivement dans la tombe, les restes précieux de la persécution et de l'exil. A peine comptons-nous encore dans nos rangs quelques-uns de ces prêtres vénérables, de ces anciens du sanctuaire qui avaient confessé la foi dans les temps mauvais. Ils lègueront, du moins, à ceux qui le suivent le souvenir de leurs exemples et de leurs vertus. Puissent, ceux que le père de famille appelle après eux pour travailler à la vigne, marcher toujours sur leurs pas, et se montrer dignes de ce noble héritage !

 

 

 

L'Hermine du 22 août 1838.

AD44 - Registres paroissiaux d'Anetz et d'état-civil de Nantes

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