FRENEUSE (76) - 1886 - LE PRESBYTÈRE DE FRENEUSE ÉTAIT-IL MAUDIT ?
APPOLONIUS-IRÉNÉ HINFRAY
curé de Freneuse, doyenné d'Elbeuf, vicaire de Notre-Dame de Bonsecours.
Fils de Clovis-Appolonius, tisserand, et de Julie-Félicité Hinfray, Appolonius-Iréné est né à Autigny (76) le 2 mars 1856.
En 1886, les gens superstitieux devaient être persuadés que le presbytère de Freneuse était maudit.
L'abbé Appolonius Hinfray, coupable de plusieurs attentats aux moeurs, prenait la fuite et échappait aux recherches de la justice.
En mai 1887, la cour d'assises de la Seine-Inférieure condamnait à vingt ans de travaux forcés l'abbé Hinfray, curé de Freneuse, inculpé d'attentats à la pudeur, consommés ou tentés sans violence sur six petites filles âgées de treize ans. Ce misérable réussit à échapper aux recherches dont il était l'objet.
M. le président de la cour d'assises de la Seine-Inférieure fit afficher le placard suivant à la porte de la Mairie de Freneuse :
"Vu l'arrêt rendu par la cour d'appel de Rouen, chambre des mises en accusation le 18 novembre 1886, portant accusation et renvoi devant ladite cour d'assises contre Appolonius-Iréné Hinfray, curé desservant la commune de Freneuse, actuellement en fuite, accusé d'avoir à Freneuse en 1886, commis différents attentats à la pudeur.
Crimes prévus et punis par les articles 331 - 333 du code pénal :
La notification faite le 31 mars 1885 dudit arrêt, conformément à l'article 465 du Code d'instruction criminelle, par exploit de Me Jousseaume, huissier à Rouen :
Attendu que depuis cette notification au dernier domicile de Hinfray, il s'est écoulé plus de dix jours sans que cet individu se soit présenté et constitué prisonnier ;
Ordonnons au dit Hinfray, aux termes de l'article 465 du Code d'instruction criminelle de se présenter dans un nouveau délai de dix jours devant la cour d'assises séant à Rouen pour être jugé, sinon il sera déclaré rebelle à la loi, suspendu de l'exercice de ses droits de citoyen, ses biens seront séquestrés pendant l'instruction de la contumace, et toute action en justice lui sera interdite pendant le même temps, et il sera procédé contre lui conformément à la loi :
Déclarons que toutes personnes quelconques seront tenues d'indiquer le lieu où se trouve le sus-nommé,
Disons que notre présente ordonnance sera publiée à son de trompe, ou de caisse à la porte du domicile de Hinfray, à celle de l'hôtel de la mairie de sa commune, à celle de l'auditoire de la cour d'assises et, qu'une copie en sera adressée au directeur des domaines de l'enregistrement, en conformité de l'article 466 du code d'instruction criminelle.
Nul ne sut ce qu'il advint d'Appolonius Hinfray.
Son père, Clovis-Appolonius Hinfray, est né à Autigny, le 8 avril 1826 et est décédé à Lammerville (76), le 22 février 1893, à l'âge de 66 ans. Il avait épousé à Autigny, le 17 avril 1855, Julie-Félicité Hinfray, née à Autigny, le 22 octobre 1828. Elle est décédé à Lammerville, le 23 septembre 1905, à l'âge de 76 ans.
Le 24 octobre 1886, un nouveau prêtre, l'abbé Schill, était installé à Freneuse par le curé-doyen de Saint-Jean d'Elbeuf.
L'abbé Schill, atteint de rhumatismes articulaires et dans un état de santé déplorable, pauvre et ne pouvant se réfugier dans une maison de retraite en retour d'une vie de sacrifices et d'abstinences, s'est suicidé vendredi dernier dans son presbytère.
Le jeudi 28, il s'était rendu chez ses parents qui habitent Rouen et, le soir, il allait trouver le curé-doyen à Elbeuf pour lui faire part de son intention de quitter le ministère. L'abbé Renaud s'efforça de l'en dissuader et lui offrit l'hospitalité pour la nuit.
Le lendemain vendredi, il partit de plus en plus affecté et pleurant abondamment. En arrivant à son presbytère, il y trouva son père et il déjeuna de bon appétit. Puis, prétextant sa fatigue, il monta vers trois heures se coucher dans sa chambre, en recommandant à son père qui retournait à Rouen, de lui rapporter de l'huile de foie de morue. Un quart d'heure après son départ, il se tirait un coup de révolver au visage et se tuait net.
Sa vieille bonne en montant s'assurer s'il avait besoin de quelque chose, le trouva inanimé, la tête penchée sur l'épaule gauche et le côté droit du visage tout ensanglanté.
La pauvre femme, qui est âgée de soixante-quatorze ans, était au service de l'abbé Schill depuis quatorze ans et l'aimait comme son enfant. Sa douleur fut grande. Elle ôta le révolver de la main du curé et alla prévenir un voisin ; mais tout secours était devenu inutile. La balle avait pénétré sous l'oeil droit et s'était logée dans le crâne. Il ne restait plus qu'à prévenir les parents et l'autorité.
ALBERT-HENRI SCHILL était fils d'Adam, né à Kerbach, Moselle, et de Marie-Angélique Lecouteux, née à Rouen.
Il était né à Rouen, le 27 mars 1847.
Il est décédé à Freneuse, le 29 octobre 1886, à 4 heures du soir, il était âgé de 39 ans et demi. La déclaration de son décès fut faite par Henri-Pierre Ricard, tisserand, âgé de 60 ans et par Ozias Nagnier, instituteur, âgé de 40 ans, tous deux domiciliés à Freneuse, voisins du défunt.
Journal Le Normand républicain du 24 avril 1887
Journal Le Progrès du Nord du 6 novembre 1886.
AD76 - Registres d'état-civil d'Autigny et de Freneuse