VAUSSEROUX (79) - DOUBLE CÉRÉMONIE RELIGIEUSE ET CIVILE A VAUSSEROUX EN 1847

Dans son numéro 137, du 16 novembre 1847, le Journal de la Vienne rapporte l'importante cérémonie qui s'est déroulée à Vausseroux, le 14 de ce même mois :

Une double cérémonie religieuse et civile vient d'avoir lieu dans les environs de Parthenay (Deux-Sèvres).

La commune de Vausseroux, il y a quelque temps à peine l'une des plus arriérées du Bocage vendéen, est devenue, depuis peu, l'une des plus riches et des plus avancées de toute la contrée.

Par les soins de son jeune maire, M. Joseph Guérinière, membre du conseil général des Deux-Sèvres, dont le zèle et le dévouement aux intérêts du pays ne reculent devant aucun sacrifice, Vausseroux a été dimanche dernier (14 novembre) le théâtre d'une solennité imposante, qui, sous plus d'un rapport, aura un grand retentissement dans toute la Vendée. Il s'agissait de la bénédiction d'une église nouvellement construite, d'un presbytère, d'une maison d'école et de la pose de la première pierre d'un pont destiné à relier entre eux les deux chemins de grande communication qui percent le contour de Ménigoute, inaccessible, jusqu'à ce jour, aux progrès de la civilisation du pays.

A onze heures du matin, Mgr l'évêque de Poitiers, entouré d'un nombreux clergé, quittait processionnellement le château de Theuil. Le cortège, précédé d'un fort détachement de la gendarmerie du Bocage, se composait de six paroisses des environs, croix et bannière en tête. Arrivé sur le sommet du plateau qui domine la vallée de Vausseroux, Mgr l'évêque a été reçu au centre d'un vaste carré, formé par deux cents paysans vendéens, organisés, pour la première fois, en garde nationale, et armés de fusils, où se trouvait M. de Saint-Georges, préfet des Deux-Sèvres, dont la longue administration de ce pays a été signalée par tant d'améliorations de toute espèce ; le préfet était entouré de tous les fonctionnaires de l'arrondissement, d'un grand nombre de maires, de notabilités des environs. En cet instant, au bruit des tambours et des décharges de mousqueterie, exécutées avec une précision toute militaire, un feu de joie a été allumé aux cris répétés de : Vive le roi ! vive l'évêque ! vive M. le préfet !

Après la bénédiction, Mgr Joseph-André Guitton a célébré le saint sacrifice en plein air, sur un autel de gazon orné de fleurs et de verdure. Au moment où le prélat a donné sa bénédiction, un spectacle à la fois solennel et imposant a donné à cette cérémonie un caractère tout à fait saisissant ; une masse compacte, agenouillée pieusement, s'étendait de tous les côtés de l'autel. Au milieu de cette foule de tout âge et de tout sexe, dont le chiffre peut être porté à cinq ou six mille personnes, on distinguait les riches uniformes des fonctionnaires, les baïonnettes étincelantes de la gendarmerie réunie en plusieurs brigades, les canons des fusils et les larges chapeaux noirs des paysans vendéens, au milieu desquels s'agitaient cette fois les drapeaux aux couleurs nationales. Puis, derrière la foule garnissant les coteaux, les talus des haies, les prairies voisines, tout cela favorisé par un beau ciel d'automne, donnait à la vallée de Vausseroux, si pittoresque et si accidentée, un aspect solennel et grandiose, dont resteront longtemps frappés ceux qui en ont été témoins.

Après la cérémonie religieuse, le cortège s'est dirigé vers le pont. Au moment où la première pierre venait d'être posée, M. de Saint-Georges a prononcé quelques paroles chaleureuses. Le préfet du département a dit avec entraînement combien la double cérémonie du jour laisserait de souvenirs dans cette contrée où la richesse et le bien-être augmentent chaque jour, et remplacent la misère et la désolation qu'enfanta jadis la guerre civile, progrès moral apprécié tous les jours davantage dans un pays où le règne actuel a créé tant de sources de prospérité.

AD86 - Journal de la Vienne - 2 octobre 1845 - 30 décembre 1847 - Micro 391 - vue 698