CERIZAY - BRESSUIRE (79) - 1857 - FRANÇOIS RIEUX, VENDEUR DE MESSES ...
FRANÇOIS RIEUX
En 1857, François Rieux se présentait dans les maisons des villages des environs de Bressuire (Deux-Sèvres) ; il disait que le gouvernement l'avait autorisé à parcourir la France, afin de recueillir des aumônes et de l'argent pour faire dire des messes à Notre-Dame-de-la-Salette. Aux uns, il prenait 10 centimes pour un voyage ; par quelques autres, il se faisait remettre le prix de messes qu'il fixait à 1 Fr. la messe basse et 2 Fr. la messe chantée.
S'il ne parvenait pas à se faire donner le prix d'une messe entière, il poussait l'audace jusqu'à demander un quart de messe, 25 centimes. Et toujours il appuyait ses demandes par le récit de quelque miracle qu'il imaginait et qu'il arrangeait au gré de sa fantaisie avec un aplomb et une apparence de bonne foi remarquables. Il ajoutait que lui-même il avait été guéri d'une grave maladie par l'intercession de Notre-Dame-de-la-Salette.
L'obtention des grâces, des indulgences, se mesurait toujours, disait-il, à la valeur de la somme qu'on lui remettait. Ainsi on obtenait bien plus de grâces et d'indulgences avec une messe chantée qu'avec une messe basse. "Mais, pouvait-on lui dire, comment vous souviendrez-vous des noms des personnes qui vous donnent des messes ?" Il avait prévu la demande ; aussi montrait-il un registre couvert, disait-il, de cachets de la mairie. Voulait-on le voir, il fermait aussitôt son livre et faisait semblant d'inscrire le nom de la personne qui lui donnait de l'argent. En même temps il remettait des chapelets et des médailles. "Je ne les vends pas, disait-il, je les donne à ceux qui me prennent des messes."
Ces faits ne tardèrent pas à arriver à la connaissance de l'autorité, et le 30 mars, Rieux fut arrêté par la gendarmerie de Cerizay et conduit à Bressuire. Quatre autres individus furent aussi arrêtés comme complices de Rieux. Tous les cinq ont comparu devant le tribunal de police correctionnelle de Bressuire.
Le tribunal n'ayant pas trouvé de preuves suffisantes pour établir la complicité des quatre prévenus, les a renvoyés des poursuites dirigées contre eux, et, admettant des circonstances atténuantes en faveur de Rieux, l'a condamné à quinze mois d'emprisonnement et aux dépens.
M. le procureur-général a interjeté appel de ce jugement.
Cette affaire est venue à l'audience du samedi 18 juillet.
La Cour, adoptant les motifs des premiers juges quant au fond, réformant le jugement quant à l'application de la peine, elle a déclaré qu'il n'y avait pas lieu d'admettre des circonstances atténuantes en faveur de Rieux. En conséquence, elle l'a condamné à quinze mois de prison, 50 Fr. d'amende et aux dépens des causes principales et appel.
Courrier de la Moselle du 23 juillet 1857.