Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
14 janvier 2023

GOUEX (86) LE BOUPÈRE (85) - PAUL-ZÉNOBE-LOUIS-MARIE FROTIER DE BAGNEUX, CHEF DE LA DIVISION DE POUZAUGES EN 1815 (1783 - 1858)

portrait wikipedia zz

PAUL-ZÉNOBE-LOUIS-MARIE FROTIER, comte de Bagneux, est né au château de l'Escorcière, à Gouex, en Haut-Poitou, le 26 mars 1783.

Les Frotier, une des plus illustres familles du Poitou, établissent leur filiation suivie depuis 1300 ; mais dès l'an 900, plusieurs personnages de ce nom occupèrent de hautes situations.

Armes : D'argent, au pal de gueules, accosté de dix losanges du même, posés 2, 2 et 1.

Devise : Nul ne s'y frotte.

Frotier de Bagneux armes

Sa mère, Marie-Henriette-Sylvestre-Zénobie Grignon, fille de Gabriel-Salomon Grignon, seigneur de la Pellissonnière (1), marquis de Pouzauges, et de Marie-Anne-Françoise Brochard de La Rochebrochard, avait eu la Pellissonnière en partage, tandis que les Eschardières et Pouzauges avaient été attribués à sa soeur, qui habita la première de ces résidences. Elle est décédée au château de l'Escorcière, à Gouex, le 13 mai 1785.

Son père, Louis-Marie Frotier de Bagneux, né en 1725, cornette au régiment d'Orléans (cavalerie) en 1747, puis capitaine au régiment Royal-Champagne (cavalerie) en 1772, chevalier de Saint-Louis en 1778, est décédé au Boupère, le 28 thermidor an XIII (16 août 1805).

baptême 1783

 

La famille de Bagneux n'émigra pas. Le père de celui dont nous écrivons la biographie dut la vie, au milieu de la Révolution, à M. Cavoleau, alors président du Conseil général et depuis Secrétaire général de la Vendée, un des meilleurs citoyens qu'ait produits le département, et qui le fit rayer de la liste des suspects. C'était un gentilhomme éclairé, et nullement hostile aux progrès du siècle. Plusieurs fois, on le vit dans les députations que le département envoyait à Paris pour chaque grand événement politique. Au sacre de l'Empereur, notamment, ce fut lui qui porta la parole de ses codélégués. L'Empereur, remarquant la bonne mine du jeune de Bagneux, qui suivait la députation, lui offrit un brevet de lieutenant dans la garde. Son père refusa alors, mais, en 1811, il le fit entrer dans la carrière administrative comme auditeur au Conseil d'État.

Le jeune auditeur fut bientôt appelé en cette qualité à faire partie de la Commission des Magistrats du Rhin, dont les fonctions consistaient à veiller, de la source du fleuve à son embouchure, à tous les intérêts qui concernaient le cours du Rhin, alors français. M. Merlet, notre second préfet, un de ceux dont le souvenir est resté le plus durable en Vendée, la présidait. C'est alors que M. de Bagneux connut Mlle Virginie Baude de la Vieuville, fille du comte Baude de La Vieuville, chambellan de l'Empereur et préfet du Haut-Rhin, qu'il allait épouser, quand les alliés entrant en France chassèrent le préfet de son département. Le mariage étant arrêté eut lieu cependant le 3 janvier 1814. Il rentra alors à la Pellissonnière, et devint maire du Boupère.

signature

Pendant les Cent-Jours, il prit parti dans l'insurrection vendéenne, accepta le grade de chef divisionnaire de Pouzauges et assista à l'affaire de Rocheservière, où les Vendéens furent défaits par le général Lamarque.

A sa seconde rentrée, Louis XVIII nomma M. de Bagneux sous-préfet de Napoléon, où il occupa ce poste jusqu'à la suppression des sous-préfectures au chef-lieu. Par une ordonnance royale du 17 avril 1816, il devint membre du Conseil général de la Vendée ; par une autre, de 1822, il fut nommé à la préfecture des Côtes-du-Nord, qu'il quitta pour celle d'Angers, le 1er novembre 1826. Son caractère conciliant, ses manières pleines d'aménité lui avaient acquis à un si haut degré les sympathies des habitants des Côtes-du-Nord, que les électeurs de ce département le nommèrent député après son départ et le maintinrent à la Chambre jusqu'en 1830.

Fait chevalier de la Légion-d'honneur en 1824 puis officier, le 28 octobre 1829, il avait reçu de Charles X le brevet de gentilhomme honoraire de sa chambre, le 4 novembre de la même année. Il allait être promu à la pairie lorsqu'arriva la révolution de Juillet.

Chez une nation où la bravoure est commune, mais où le courage civil est rare, M. de Bagneux doit être rangé parmi ces hommes peu nombreux que n'approchent ni l'ambition, ni la crainte, ni l'intérêt personnel. Nous croyons savoir qu'à la Chambre des députés comme dans son cabinet de préfet, il n'approuva pas toujours toutes les mesures du gouvernement, et qu'il eut la loyauté de ne pas épargner ses avertissements aux ministres ; mais, ce devoir accompli, tel que le soldat sous les armes, il n'hésitait plus dans l'application des mesures commandées. Les préfets de la Restauration n'étaient point entravés par les influences qui diminuèrent leur force après 1830. Placés dans une sphère élevée qui domine tout dans les départements, ces hauts magistrats doivent être le plus ferme appui du pouvoir, qui à son tour doit attendre d'eux ses meilleurs conseils.

La solidité de l'attachement de M. de Bagneux à la famille royale ne l'empêcha point de rester dans l'esprit de cette mission et de concilier deux choses assez difficiles à réunir, le dévouement à son principe et l'impartialité envers ses adversaires. La Restauration finissait par des manifestations, comme le gouvernement de Louis-Philippe a fini par des banquets, dont les résultats dépassèrent la pensée de leurs promoteurs. Le préfet de Maine-et-Loire conseilla de ne pas les souffrir, et, avec une fermeté que l'on se rappelle à Angers, presque sans troupes, il ferma l'entrée de la ville à une immense démonstration qui, le 6 juin 1830, décernait les honneurs d'une ovation aux députés de l'opposition, MM. d'Andigné, de La Blanchaye et Guilhem. On était à la veille de la révolution.

Deux fois il était allé à Paris prendre les ordres du ministre, sans obtenir d'audience. "Faites pour le mieux, lui avait dit M. de Damas, gouverneur du duc de Bordeaux ; vous serez loué si vous réussissez, mais attendez-vous à être blâmé si vous avez le dessous". Le préfet n'hésita point à assumer sur sa tête une responsabilité qui pesait au ministre. "Il faut accorder des éloges, disait quelques jours après le Moniteur, au sage et utile exemple que M. le préfet de Maine-et-Loire vient de donner." Le Moniteur ne pouvait prévoir combien "ce sage et utile exemple", allait devenir nécessaire à la branche aînée, et combien peu le suivraient.

la pellissonnière z

 

La révolution de Juillet trouva, quelques jours après, M. de Bagneux non moins ferme, mais sans ressources, cette fois, pour résister. Il lutta avec énergie jusqu'aux derniers moment, et quand sa vie fut exposée aux plus grands dangers, il se réfugia pendant quelques jours au château, d'où il sortit à la faveur d'un déguisement, pour aller rejoindre le général Despinois, qui attendait à Beaupréau, sans ordres supérieurs.

Son rôle en 1832 serait difficile à comprendre, si, par ce qui précède, on n'avait pénétré déjà dans l'intimité de son caractère. Comment un homme aussi sérieux avait-il consenti à courir les bois sur des lueurs d'espoir si légères, disons mieux, si peu fondées ? Dès 1830 et quelques mois après la révolution, au moment du voyage de M. de Maynard dans le marais de Saint-Jean-de-Monts, le parti légitimiste avait été appelé à se prononcer sur la question du soulèvement. M. de Bagneux s'y opposa avec énergie. En 1832, trompée par la légèreté de son entourage et les rapports d'amis imprudents, trop enclins à prendre leurs espérances pour la réalité, comme il arrive souvent en politique, la duchesse de Berry débarqua sur les côtes de Provence croyant trouver un parti puissant et une organisation imposante prête à la recevoir.

commissaire extraordinaire

De là, envoyant ses ordres en Vendée, elle adressa à M. de Bagneux des lettres-patentes écrites de sa main, datées de Massa, le 6 mars 1832, où elle le nommait commissaire extraordinaire en la province de Poitou. Nous savons qu'en cette circonstance il fit parvenir des avis qui ne furent pas suivis. Ne pouvant changer le cours des événements qu'il regrettait, il mit et sa personne et les siens à la disposition de la duchesse. Ce fut du dévouement chevaleresque et rien autre chose, "secreto amicos admone, lauda palam". S'exagérant ce devoir, il ne crut pas honorable de rester en pleine sécurité dans sa demeure, quand d'autres compromettaient leur vie. L'ancien préfet de Maine-et-Loire ne pouvait oublier, d'ailleurs, que la femme qui s'exposait bravement pour relever le drapeau de la légitimité, avait naguère honoré sa maison d'une visite, alors qu'elle était entourée de tout l'éclat du pouvoir. Le 9 juillet 1828, la duchesse de Berry était venue à la Pellissonnière et y avait passé la nuit. Elle y arriva des Herbiers, à cheval. Une foule immense l'attendait ; car ce voyage en Vendée fut un des heureux épisodes de la Restauration.

duchesse de berry 5 z

Lorsque la partie fut complètement perdue, M. de Bagneux se tint caché assez longtemps, changeant souvent de retraite dans la forêt du château et dans le canton, attendant que le premier mouvement des mesures sévères se fût calmé. Un mandat d'amener avait été lancé contre lui, le 27 octobre 1831, et le président de première instance de Fontenay, à la suite des assises extraordinaires qui eurent lieu en cette ville, rendit, le 9 février 1832, une ordonnance par laquelle il fut déclaré rebelle à la loi, et ses propriétés furent mises sous le séquestre. Ses biens, en effet, furent remis à la régie des domaines, et 70 hommes d'infanterie occupèrent militairement la Pellissonnière. En 1833, le 23 juillet, il se présenta de lui-même devant le jury de Napoléon, qui l'acquitta.

Depuis ce temps, loin des préoccupations politiques, il vécut paisiblement à son château de la Pellissonnière. Une fois seulement, avant les élections à l'Assemblée nationale du 23 avril 1848, M. de Bagneux vint à Napoléon pour faire entendre sa voix aux esprits divisés. En présence de l'anarchie, il fut du petit nombre d'hommes qui recommandèrent la fusion et voulurent que la liste des huit députés à élire fut composée moitié de députés de l'opinion libérale et moitié de l'opinion légitimiste. On sait que l'aveuglement des partis fit repousser cette combinaison.

Le 10 décembre 1858, il fut surpris par une attaque d'apoplexie qui le renversa tout-à-coup la tête en avant dans son foyer. Ceux qui l'entouraient n'ont, malgré leur empressement, relevé qu'un corps inanimé. Il n'a plus donné de signe de connaissance jusqu'au lendemain à 2 heures et demie du matin, moment de sa mort. Il était âgé de 75 ans. Sa tombe existe toujours dans le cimetière du Boupère.

décès Le Boupère 1858 z z

 

(1) Bien que la famille de Bagneux écrive Pélissonnière, nous croyons que Pellissonnière est préférable. Le château doit vraisemblablement son origine à une famille Pellisson. Un de ses membres fonda, le 13 septembre 1383 dans l'église du Boupère, une chapelle dite longtemps "des Pellissons", et de la Madelaine, vers 1650. Elle avait fondé dans l'église de Chavagnes-les-Redoux une chapelle dite aussi des "Pellissons" ou des "Pellissots". Plusieurs pièces de terre de Monsireigne portent encore ce nom.

gerbeviller église z


Il avait épousé au château de Gerbéviller, le 8 janvier 1814, Marie-Joséphine-Célestine-Virginie Baude de La Vieuville, née à Bonn (Prusse), le 8 septembre 1792, ville d'Auguste-Joseph Baude, chevalier, marquis de Châteauneuf, pair de France, et de Louise-Victoire-Rose-Parfaite du Cheylard.

De ce mariage naquirent 4 enfants :

- Marie-Joséphine-Victoire, née à Nantes, le 19 décembre 1814 ; mariée au Boupère, le 4 novembre 1834, avec Théodore de Charnières, officier de dragons ; décédée à Angers, le 29 juillet 1886 ;

- Louis-Charles-Alfred, né à Amiens, le 10 septembre 1816 ; Marquis de Bagneux ; marié à Paris, paroisse Saint-Thomas-d'Aquin, le 24 avril 1843, avec Mathilde de Faudoas, née à Paris, le 5 mars 1819 ; décédé en son hôtel à Paris, rue de Lille, n° 73,  le 29 mars 1899 ;

- Marie-Emma, née à Saint-Brieuc, le 5 mai 1824 ; mariée au Boupère le 8 octobre 1844, avec François-Marie-Léopold de Conny de Lafay, vicomte ; 

- Zénobe-Marie-Léon, né à Angers (2e arr.), le 25 février 1828 ;

- marié à Paris, le 9 juin 1862 avec Jeanne-Henriette-Marie Budes de Guébriant (1842 - 1868), fille d'Ernest-Louis-Marie-Sylvestre, comte de Guébriant, dont 3 enfants : - Pierre-Marie-Ernest (1863 - 1941), maire du Boupère ; époux de Marguerite de La Moussaye, dont 2 filles, Jehanne-Marie-Béatrix-Zénobie et Béatrix-Marie-Georges (épouse de Lestrange) ; - Guy-Alphonse-Marie-Alfred, époux de Marie-Stanislas-Claire de La Moussaye ; et - Cécile-Jeanne-Marie, épouse de Robert-Joseph-Bénigne de Denesvre, baron de Domecy ;

- marié en secondes noces, le 29 janvier 1870 avec Alix Budes de Guébriant (1844 - 1876), soeur de la précédente, dont une fille, Jeanne ;

- marié en troisièmes noces, à Paris 7e, le 24 décembre 1878 avec Pauline-Jeanne-Joachine de La Jaille, née en Guadeloupe à Baie-Mahaut, le 25 octobre 1831, fille de Charles-André de La Jaille, marquis, général de division d'artillerie, grand officier de la Légion d'honneur, premier sénateur de la Guadeloupe de 1876 à 1885 ; il a donné son nom au camp militaire de La Jaille à Baie-Mahaut et de Caroline-Françoise-Camille Dubois d'Estrelan ; décédée sans postérité, le 9 novembre 1903.

Zénobe-Marie-Léon Frotier de Bagneux est décédé à Nantes, au n° 7 quai de Versailles (1er arr.), le 5 mars 1915.

Marie-Joséphine-Célestine-Virginie Baude de La Vieuville est décédée au château de Frontebosc, à Limésy (76), le 28 août 1867. Son corps fut ramené en Vendée, au Boupère, et inhumé auprès de celui de son époux.

 

Plusieurs membres de la famille Frotier de Bagneux sont inhumés dans le cimetière du Boupère (85) :

155_4515

155_4531 z

155_4517 z

155_4524

155_4520

155_4522 z

155_4523 z

155_4512 z

155_4525 z

155_4521

 

Journal Le Publicateur - Journal de la Vendée - 29ème année - Dimanche 13 février 1859 - n° 7 / AD85 - 1 Num 529 57

AD86 - Registres paroissiaux de Gouex

AD85 - Registres d'état-civil du Boupère

La France illustrée - 11 novembre 1899

Lettre de Marie-Caroline, duchesse de Berry - 6 mars 1832 - AD85 - Archives de la Pelissonnière - 1 Num 529 97

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité