Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
23 novembre 2022

LA NEUVILLE-AU-PONT (51) - PARIS (75) - CHARLES-FRANÇOIS BEAUTEMPS-BEAUPRÉ, HYDROGRAPHE (1766 - 1854)

BEAUTEMPS-BEAUPRÉ
PÈRE DE L'HYDROGRAPHIE

Beautemps-Beaupré z


Qui était donc Charles-François Beautemps-Beaupré, dont le nom plus connu dans la Marine que dans le grand public, a été donné à une unité de la Marine nationale ?

Dans une causerie pleine d'intérêt et de clarté, M. l'Ingénieur général Dyèvre, directeur du service hydrographique de la Marine, le précisa lors de la réception de la Presse. C'est à juste titre, en effet, que Beautemps-Beaupré fut surnommé le "père de l'hydrographie". Son oeuvre considérable a fixé les grands principes d'une science qui, avant lui, obéissait à la tradition et à la routine et dont les données manquaient pour le moins de précision.

Fils de François et de Marie-Claude Collin, ce grand savant est né à La Neuville-au-Pont,  le 6 août 1766.

baptême 1766

Il n'y avait pas, à cette époque, d'école d'ingénieurs hydrographes, et c'est comme commis dans le magasin de cartes de son cousin, Nicolas Buache, géographe du Roi, qu'il débuta et s'initia aux sciences exactes, notamment la navigation, l'astronomie et l'art de dresser les cartes.

A dix-sept ans, il entre au Dépôt de la Marine, et après un stage de deux années, il est nommé "ingénieur hydrographe" en 1785. Sa longue et fertile carrière commence alors. Elle durera jusqu'en 1848.

On distingue trois périodes assez distinctes dans son évolution. La première de ces phases, qui dure jusqu'en 1796, a eu surtout des buts militaires.

Elle est occupée par des travaux cartographiques. C'est dans ce temps que Beautemps-Beaupré préparera les cartes que devait emmener La Pérouse. En 1791, il fera partie de l'expédition du contre-amiral d'Entrecasteaux, partie à la recherche de ce même La Pérouse (appointements de 2.000 fr par an). La navigation fait naître en son esprit des méthodes nouvelles. Il substitue notamment à l'usage habituel de la boussole le principe des relèvements astronomiques et tire un merveilleux parti du "segment capable d'un angle donné". Lorsque les deux flûtes, à la mort du chef, vinrent mouiller à Sourabaya, la plupart des officiers de l'expédition furent jetés en prison par les Hollandais. Beautemps-Beaupré, plus heureux, revint en France dès 1796, continua le Neptune de la Baltique, et dressa la carte générale du voyage de Marchand que publiait Fleurieu [Charles-Pierre Claret de Fleurieu].

Ses voyages l'emportent au cap de Bonne-Espérance, puis au Danemark. Entre temps, il a pu faire parvenir ses plans sauvés de la Révolution à notre consul aux États-Unis.

Nommé ensuite ingénieur-hydrographe de 1ère classe, il fut chargé d'aller étudier nos côtes de la mer du Nord, les bouches de l'Escaut en particulier, et il y découvrit la passe dite "Française". L'importance de cette découverte, qui faisait d'Anvers un port accessible aux plus forts vaisseaux de ligne, le signala à l'attention du premier consul qui lui donna en 1804 la croix de la Légion d'honneur.

bEAUTEMPS SIGNATURE

Deux ans plus tard, l'Empereur l'envoyait en Dalmatie avec ordre de visiter tous les ports de la côte de l'Adriatique entre Venise et les bouches du Cattaro. Il employa près de quatre ans à ce beau travail, et en fut récompensé par l'ordre de la Couronne de fer qui lui fut conféré à Schoenbrunn.

En 1807, il terminait l'atlas du voyage d'Entrecasteaux auquel les Anglais, qui en avaient eu connaissance avant sa publication, sont redevables de la découverte de la terre de Van-Diémen.

Membre de l'Institut en 1810, il parcourut, l'année suivante, les côtes septentrionales de la mer du Nord, dont il leva les cartes, et désigna l'emplacement d'un port militaire sur la rive gauche de l'Elbe. Lors de la chute de l'Empereur, il fallut malheureusement remettre ce travail au roi de Hanovre qui nomma son auteur membre de l'Académie des sciences de Goettingue (1816).

Deux ans auparavant, Louis XVIII l'avait nommé second ingénieur-hydrographe en chef de la marine. Tant de travaux glorieux n'étaient que le prélude d'un ouvrage plus considérable encore, monument impérissable qui a valu à son fondateur, de la part des Anglais, le titre de Père de l'hydrographie.

De 1816 à 1833, Beautemps-Beaupré se consacra tout entier à la reconnaissance hydrographique des côtes occidentales de France, de Dunkerque à Bayonne. "Le Pilote français", - tel est le titre de cet atlas dont le sixième et dernier volume a paru en 1844, - a fait oublier tous les atlas antérieurs, à cause de la précision des observations astronomiques, géodésiques et nautiques, qui lui servent de base.

Pilote_français_deuxième_partie_comprenant_[

Beautemps-Beaupré se chargea en outre de réunir dans les archives du dépôt des cartes et plans de la marine les documents nécessaires pour faire dresser au besoin, à de très grandes échelles, le plan de toutes les parties du littoral de la France, collection immense qui se compose de 527 volumes in-4°. Un si éminent service appelait de hautes récompenses. Nommé successivement chevalier de Saint-Louis et de Saint-Michel, grand officier de la Légion, membre de la commission des phares, premier ingénieur-hydrographe et membre du bureau des longitudes en remplacement de Buache, Beautemps-Beaupré, à l'âge de 75 ans, s'occupait encore avec M. Duperrey, de l'exploration hydrographique de l'embouchure de la Seine.

Ce ne fut que le 25 septembre 1848, après 64 ans de services, qu'il prit sa retraite.

Le jour où la mort avait renversé brutalement à ses côtés la compagne si aimante et si dévouée que la Providence lui avait donnée dans la personne de Madame Fayolle, veuve d'un commissaire général de la Marine, Beaupré s'était senti frappé au coeur (2 décembre 1844). A partir de ce moment, sa santé, déjà fortement ébranlée, s'était altérée de plus en plus, et la toux qui ne l'avait pas quitté depuis l'âge de 18 ans, avait fini par triompher de sa robuste constitution. Malgré ces tortures du corps et ces angoisses de l'âme, malgré son âge avancé, il n'avait rien perdu de son intelligence ni de son énergie, et jusqu'à sa dernière heure, il se préoccupa des besoins de la navigation maritime et des travaux préparés ou exécutés par la commission des phares, dont il avait été si longtemps l'inspirateur et le guide.

Peu de temps avant sa mort, il donna audience à M. Dumas, accompagné de plusieurs de ses collègues. Ces messieurs tenaient à connaître l'opinion du maître sur l'origine et sur l'utilité d'un engrais que la mer amasse à l'embouchure des rivières de Bretagne et de Normandie et que les cultivateurs désignent sous le nom de "tangue". Cet entretien scientifique ravive dans l'esprit du malade les souvenirs du passé ; il se rappelle les côtes qu'il a visitées, les études auxquelles il s'est livré passionnément, etc. ; son visage s'anime d'une vive chaleur, son regard s'illumine, et, souriant à ceux qui l'entourent : "On ignore, répond-il, comment la tangue se produit, c'est la poule aux oeufs d'or, il ne faut pas y toucher."

Chez Beaupré, le savant se doublait du chrétien, et sa foi lui donnait le secret de supporter son mal avec une résignation parfaite. Durant plusieurs années, il eut à souffrir horriblement et jamais on ne surprit sur ses lèvres la parole amère du désespoir. Un ami plein de sollicitude cherchait un jour à le rassurer. "Je suis bien sensible à ce que vous me dites, repartit doucement le moribond, mais j'ai bientôt 88 ans." Il ne redoutait pas la mort.

Le Dieu qu'il avait loyalement servi, et devant lequel il avait souvent courbé la tête au milieu des tempêtes, vint le visiter sur son lit de douleur, et le 16 mars 1854 il mourut comme il avait vécu, sans peur et sans reproche, le regard vers le ciel.

Il laissait deux héritiers de son nom glorieux :

- M. Pierre Beautemps-Beaupré, armateur à Granville où il est mort en 1870 ;
et - M. Charles Beautemps-Beaupré, conseiller à la Cour d'appel de Paris.

Charles-François Beautemps-Beaupré est décédé à Paris, le 16 mars 1854, à l'âge de 87 ans.

DECES 1854

Deux ans auparavant, l'Empereur avait commandé son buste à M. Desprez qui a reproduit avec une ressemblance parfaite les traits de cet infatigable savant. Ducos, alors ministre de la Marine, vint, le 2 février 1853, inaugurer solennellement ce buste dans la grande galerie du dépôt de la Marine.

Entrecasteaux a donné le nom de Beautemps-Beaupré à un îlot voisin de la Nouvelle-Calédonie.

île Beautemps-Beaupré z

 

 

Cols bleus : hebdomadaire de la Marine française du 5 juin 1954

Les gloires maritimes de la France - P. Levot - A. Doneaud - 1866

AN - Base Leonore - LH//158/29

Notice biographique sur Beautemps-Beaupré par l'Abbé Buache - 1887

 

 

Publicité
Commentaires
M
Quel travail !!! Impressionnant. Félicitations.
Répondre
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité