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La Maraîchine Normande
1 novembre 2022

FONTENAY-LE-COMTE (85) - LUDOVIC-EUGÈNE-AUGUSTIN-CLÉMENT VALLETTE, JUGE SUPPLÉANT AU TRIBUNAL CIVIL DES SABLES-D'OLONNE

LUDOVIC-EUGÈNE-AUGUSTIN-CLÉMENT VALLETTE (1845 - 1881)

Fontenay-le-Comte ebay z


Fils de René-Marie-Clément, notaire, et de Pauline-Virginie-Euphrosine Audé, Ludovic Vallette est né à Fontenay-le-Comte, le 4 août 1845.

 

naissance 1845

Après de brillantes études faites, tant au collège de Fontenay qu'au lycée de Nantes, et de nombreux diplômes rapidement conquis devant les Facultés de Poitiers, il avait été, au concours, admis des premiers dans l'administration des contributions directes ; et les notes excellentes qu'il y avait immédiatement acquises lui donnaient à espérer un avenir peu commun, lorsque la santé l'obligea à quitter son travail et à regagner le foyer paternel.

Ce fut pour lui une cruelle épreuve ; mais il était trop ami de l'étude, pour ne pas employer d'une utile façon cette retraite forcée.

Par un heureux privilège qui n'advient qu'aux âmes d'élite, il s'appliqua avec un égal succès aux gracieux de la littérature et aux austères études de l'histoire et du droit. C'est à cette heure qu'il accorda à la Gazette vendéenne le précieux concours de sa spirituelle et délicate plume.

Il n'était pas moins passionné par les arts.

Lors de son premier voyage à Paris, l'aimable comique du Palais-Royal, Berthelier, dont il était l'ami autant que l'élève, voulait absolument le pousser vers la scène. C'est assez dire son talent musical.

Dans un autre ordre d'idées, un maître non moins remarquable et tout aussi dévoué l'attendait à Fontenay. C'est, en effet, grâce aux aimables conseils du gentilhomme-artiste de Terre-Neuve, M. Octave de Rochebrune, qu'il put rapidement acquérir ce réel talent d'aquafortiste, qui plusieurs fois lui ouvrit la porte de l' "Artiste". Il ne maniait pas avec moins d'habileté la mine de plomb et la plume. Les nombreux et riches cartons qu'il laisse derrière lui en font suffisamment foi.

Enfin, il est une passion à laquelle il sacrifiait également avec un art consommé ; nous voulons parler de son goût peu commun pour le Livre. Le curieux cabinet de bibliophile qui lui survit indique assez avec quel soin incomparable et en même temps avec quelle exquise intelligence, il savait collectionner.

Mais ce n'était pas assez pour une nature aussi noblement douée que la sienne.

Poussé par cette généreuse idée, qu'avant d'être à soi-même on se devait aux autres, entraîné par la gravité naturelle de ses habitudes, il inclina sa vocation vers la magistrature, il fut nommé juge-suppléant près le tribunal civil des Sables-d'Olonne.

Dès lors, la littérature et les arts - ses premières amours - ne devinrent plus pour M. Ludovic Vallette que le délassement de travaux plus sérieux.

Aussi bien, nous l'avons dit, la riche variété de ses aptitudes s'était révélée dès les premières années de sa jeunesse avec un réel éclat.

Il était toutefois, un champ qu'il avait paru aborder plus timidement : l'histoire. Son coup d'essai n'en fut pas moins un coup de maître : l'Étude sur le président Barnabé Brisson, dénote, en effet, un véritable talent de critique. Celle qu'il offrit, en 1877, aux Sablais, comme don de joyeux avènement, ne lui est pas un moindre titre de mérite littéraire.

Il avait projeté davantage. Et les deux intéressantes plaquettes de "Brisson" et du "Général Collineau" n'étaient dans sa pensée que l'avant-garde d'une oeuvre autrement considérable. Tout dévoué qu'il fût, en effet, à ses devoirs de magistrat, M. Ludovic Vallette savait encore honorer studieusement ses loisirs. C'est ainsi que depuis plusieurs années, en dehors de ses gracieuses chroniques de la "Plage", il accumulait documents sur documents, espérant pouvoir livrer au public ce qu'il se plaisait - justement - à appeler son "Plutarque Vendéen".

Malheureusement notre jeune et savant compatriote avait à lutter contre une affection terrible, qui depuis longtemps le minait. Et la mort est venue, avant son heure, couvrir d'un voile de deuil cette oeuvre qui lui était si chère.

Après avoir tracé cette rapide esquisse du littérateur et de l'artiste, il est juste de rappeler, au moins en quelques mots, les incomparables qualités de l'homme intime. En effet, M. Ludovic Vallette n'était pas seulement une intelligence d'élite ; c'était aussi, et avant tout, un noble coeur.

Et certes, les nombreuses sympathies qu'il s'était acquises, aux Sables comme à Fontenay, la considération dont l'entouraient les magistrats ses collègues, aussi bien que l'affection profonde des siens, semblaient lui promettre un heureux avenir. Mais il est dans les destinées humaines, que la douleur vienne inexorablement s'asseoir aux foyers les plus justement bénis du ciel.

M. Ludovic VALLETTE succombait le 25 décembre 1881,  à Fontenay-le-Comte, à peine âgé de 36 ans.

décès 1881

Fidèle enfant de Fontenay, il eut du moins la consolation d'achever sa trop courte carrière au sein de la ville qui l'avait vu naître, dans les bras de l'épouse qu'il adorait et entouré de tous ceux qui l'aimaient.

La religion qu'il avait respectée, défendue et aimée toujours, fortifia ses derniers instants par de maternels adoucissements et de suprêmes espérances !.

Il avait épousé à Poitiers, le 19 mars 1879, Jeanne-Élise-Marie AUBURGEOIS de LA VILLE DU BOST, née à Poitiers le 11 octobre 1846, décédée en 1908, fille de Joseph-Victor et de Jeanne-Rosalie-Augustine-Élise ABRIBAT.

Étude_sur_Barnabé_Brisson_premier_[

Le_général_Collineau_des_Sables_[

 

Son père, René-Marie-Clément, fut maire de Fontenay-le-Comte de 1863 à 1868.

Né à Fontenay-le-Comte, rue Pierre-Brissot, le 28 août 1804,  il était fils du docteur Clément Vallette, ancien aide-major de l'armée française pendant la campagne d'Italie en 1800, originaire de Saint-Maixent, était venu se fixer en Vendée, où il s'était allié à une des plus anciennes familles du pays en épousant Mlle Émilie Esnard, fille de René Esnard, greffier de la maîtrise particulière des Eaux et Forêts, directeur départemental et homme de loi.

René portrait z

Intelligent et laborieux, M. Vallette fit d'excellentes études classiques au collège de Fontenay, et, à la fin de 1822, se rendit à Paris où il suivit d'une façon exemplaire les cours de l'École de droit.

Reçu licencié en 1826, il y achetait une charge dans la capitale comme avocat à la cour royale ; puis, en 1828, il se fit inscrire au barreau de Fontenay.

Au mois d'avril 1835, il y achetait une charge de notaire, et ces fonctions, auxquelles il était bien supérieur par ses connaissances, lui permirent de déployer une capacité et une probité remarquables dans les affaires.

Au mois de septembre 1856, il quittait le notariat qu'il avait toujours considéré comme un véritable sacerdoce, fidèle à la tradition de ses ancêtres, dont la plupart, notaires eux-mêmes, avaient laissé à Saint-Maixent le souvenir de leur intégrité.

C'est alors qu'il consacra tout son temps au service des intérêts publics. Ses précieuses qualités lui avaient acquis la confiance de ses concitoyens, et on le vit se multiplier partout, soit comme conseiller municipal, adjoint et maire, soit comme conseiller d'arrondissement, président de la Société de secours mutuels, administrateur de l'hospice, du bureau de bienfaisance et du collège, ou suppléant du juge de paix.

Durant son habile administration, il fit d'utiles réformes qui lui ont survécu, vivants témoignages de son dévouement et de son amour pour la justice, car dans un poste, aussi difficile il montra une fermeté de principes et une bienveillante austérité dont on ne sut pas toujours apprécier la rare loyauté.

On doit lui rapporter l'honneur d'avoir encouragé la publication de ces intéressantes Archives historiques où MM. Fillon et Bitton ont réuni presque tous les documents relatifs à l'histoire de Fontenay, et il eut, le premier, l'idée de donner aux rues de la ville des dénominations historiques.

Sa passion pour les lettres se manifesta de bonne heure. Dès son séjour à Paris, en 1826 et 1827, pour se délasser des études juridiques, il courtisait déjà la muse de la poésie, et, à un banquet des jeunes Vendéens au bois de Boulogne, en juillet 1826, il lut une pièce de vers qui fut très applaudie.

Dès qu'il eut été reçu avocat, il fit partie de la Société d'Études littéraires ou Société des Bonnes Études.

De cette époque datent de nombreux travaux retrouvés dans ses archives et particulièrement une "Notice sur Tibulle", un "Discours sur le caractère et les ouvrages de Catulle", une "Étude littéraire sur Ovide", un "Essai sur la littérature romaine et grecque au temps de Constantin", un "Essai d'éloge de Bernardin de Saint-Pierre", et des poésies dont quelques-unes ne sont pas sans mérite.

Il collaborait également à la Lorgnette, journal littéraire théâtral.

De retour à Fontenay, en 1828, il eut le courage de ne point céder, comme il le dit, "à ce sommeil intellectuel qui pèse lourdement sur la province ; il en combattit l'influence mortelle pour les lettres avec les souvenirs du passé et en s'entourant des ouvrages chéris qui avaient enchanté sa jeunesse". Aussi continua-t-il à correspondre avec ses anciens collègues de la Société littéraire.

Nourri du suc de l'antiquité, dont il poussa le culte jusqu'à l'idolâtrie, sans rester insensible aux beautés de nos grands poètes modernes, esprit profond et sérieux, il se plaisait surtout dans la compagnie de Virgile et d'Horace, et cette prédilection se révèle encore aujourd'hui par les nombreuses inscriptions de son cabinet de travail de Beauregard.

L'économie politique et sociale et la philosophie chrétienne furent aussi l'objet de ses plus chaudes sympathies. "L'Indicateur de Fontenay" a publié une partie de ses travaux, entr'autres : "Situation de l'instruction primaire en France" (9 novembre 1850) ; "Du travail dans les prisons" (30 août 1851) ; - "Des suicides" (17 juillet 1858).

Il a de plus laissé un remarquable Rapport au conseil municipal de Fontenay, sur la "Nécessité de créer, pour la classe indigente, une maison de secours et de travail".

N'oublions pas les nombreux discours qu'il prononça et que l'on trouve reproduits dans les journaux de la localité (l'Indicateur et la Gazette vendéenne).

Nous citerons, par exemple, les "délicats et touchants adieux" qu'il adressa aux membres du congrès archéologique de 1864, son "Discours d'installation comme président de la Société de secours mutuels" (5 octobre 1862) ; celui qu'il composa pour la distribution des prix du collège de Fontenay, le 10 août 1858, sur l'importance et les jouissances du travail dont nul ne pouvait parler avec une conviction plus pénétrante, et l'"oraison funèbre de M. Espierre" (20 mars 1874).

Si M. Vallette aimait les lettres, il n'eut pas un moindre culte pour le livre ; sa riche bibliothèque était celle d'un bibliophile et d'un homme de goût. Le livre, du reste, lui rendit amitié pour amitié, et jusqu'aux derniers jours de son existence, il lui dut bien des adoucissements aux rudes épreuves qui allaient ajouter à sa vieillesse une nouvelle auréole.

M. Clément VALLETTE mourut à Fontenay-le-Comte, le 13 octobre 1886, léguant à son dernier fils, René-Victorin, si connu pour ses travaux historiques et littéraires sur la Vendée, un noble exemple à imiter, une belle existence à admirer.

René-Marie-Clément décès 1886 z

Il avait épousé à St-Germain-l'Aiguiller, le 11 février 1840, Pauline-Virginie-Euphrosine Audé, née à Mouilleron-en-Pareds, le 30 juillet 1817, fille de René-Calixte-Hyacinthe Audé, maire de Réaumur, et de Marie-Madeleine Landois.

De cette union, sont nés :

- Georgette-Marie-Émilie, née à Fontenay-le-Comte, le 22 septembre 1840 ; décédée à Fontenay le lendemain ;

- Ludovic-Eugène-Augustin-Clément ;

- Odile-Alice-Praxède, née à Fontenay, le 6 avril 1847 ; mariée le 12 février 1867 avec Octave Millochin, né à Douai (Nord), le 28 décembre 1837, fils de Constant-Nicolas Millochin et de Marie-Marceline-Appoline Buron ; elle est décédée en 1924 ;

- Anselme, né à Fontenay, le 13 janvier 1849 ; incorporé dans la garde nationale mobile de la Vendée, à compter du 1er juillet 1870, comme appelé de la classe de 1869 ; appelé à l'activité et nommé sous-lieutenant, le 17 août 1870 ; lieutenant le 18 décembre 1870 ; blessé par coups de feu à la cuisse et au ventre, le 19 janvier 1871 à la bataille de Montretout ; décédé à l'hôpital Beaujou, à Paris, le 21 janvier 1871, des suites de ses blessures ;

- René-Victorin, né à Fontenay, le 1er mai 1854 ; marié le 29 janvier 1934 avec Fany-Marie Blavette, née à Limoges, le 3 septembre 1874, fille de Louis-François et de Catherine-Éline Chastang.

René-Clément-Marie maire de Fontenay signature z

 

René-Victorin VALLETTE, commença ses études au collège de la ville et les poursuivit chez les Jésuites de Poitiers. Après ses études secondaires, c’est toujours à Poitiers qu’il étudia le droit. Passionné par ses études, passionné déjà d’histoire, il trouvait aussi le temps de s’intéresser à l’entomologie et même à illustrer ses textes de splendides reproductions de papillons, tracées d’une plume habile et d’un pinceau fidèle.

Après ses études, il s’inscrivit au barreau de Fontenay, dont il devint même bâtonnier, même s’il plaida peu, préférant la plume aux discours. A partir de l’année 1900, il quitta Fontenay pour se fixer dans le logis de Beauregard, propriété de sa famille maternelle.

Les activités de René VALLETTE étaient nombreuses : journaliste étincelant, polémiste redoutable, chroniqueur spirituel, historien de premier ordre, archéologue averti, préhistorien à l’occasion : il était tout cela.

Avec quelques amis, dont le Duc de La Trémoille, Anatole de Barthélémy, de l’Institut, Octave de Rochebrune, aquafortiste, Emmanuel Lansyer, peintre, Jules Robuchon, Henri Clouzot, etc…, il créa en 1888 la Revue du Bas-Poitou, consacrée exclusivement à la Vendée et aux Vendéens, dans tous leurs aspects, et qu'il dirigea jusqu'en 1939. Fort connu sous le pseudonyme de Jean de Thiverçay, qui aimait passionnément la Vendée, il lui a consacré de nombreux ouvrages où revit dans chaque page l'âme de son pays. Il en a toujours parlé en poète et en artiste ; mais il en a disserté aussi en érudit. Il suffit de parcourir les innombrables tomes de la Revue du Bas-Poitou, dont il fut le directeur, pour se pénétrer de la connaissance profonde qu'il avait de sa petite Patrie. La revue disparut définitivement en 1972, après les morts successives de son rédacteur : le Docteur Merle, et son Directeur : Louis Chaigne. Il semble bien que René Vallette se soit ruiné pour la Revue du Bas-Poitou qui, loin d'être une source de revenus, fut un gouffre financier.

Il avait été aussi, pendant plus de 50 ans, le maire de St-Germain-l’Aiguiller.

René Victorin maire signature Z

René-Victorin est décédé en son logis de Beauregard à St-Germain-l'Aiguiller le 21 avril 1939. Ses obsèques ont eu lieu le Mardi 25 avril 1939, à 11 heures, dans l'église de Mouilleron-en-Pareds. L'inhumation s'est faite, au cimetière Notre-Dame à Fontenay-le-Comte, le même jour. Son épouse est décédée au même lieu, le 26 septembre 1939.

 

La Gazette vendéenne - Trente-quatrième année - n° 8 - Samedi 28 janvier 1882.

AD85 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Fontenay-le-Comte et de Saint-Germain-l'Aiguiller

Société d'Émulation de la Vendée - Annuaire - 1936

Portrait de René-Clément-Marie Vallette : AD85 - 2num206_0099_1

 

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