AUGUSTE-SIMÉON LUCE : Médiéviste - Archiviste - Historien
De grande taille, plein de vie et de santé, l'oeil vif et intelligent, la parole un peu traînante, M. Siméon Luce se dévoilait tout d'abord comme un homme simple et bon. Il ne faisait point parade de sa science ; au contraire, on eût cru qu'il s'efforçait de la dissimuler sous une modestie charmante, et, comme le déclarent à l'envi tous ceux qui l'ont connu, ce qui plaisait surtout en lui c'était son affabilité, sa loyauté et son absolu droiture.
Fils de Marin-Étienne Luce (1778 - 1852), cultivateur, et d'Aimée-Modeste Leroux (1791 - 1871), Auguste-Siméon est né le 29 décembre 1833, à Betteville-sur-Ay, au hameau de la Lucerie (Manche).
Siméon fit ses études littéraires au petit séminaire du diocèse, à Muneville-sur-Mer, où il remporta facilement tous les prix, et sa philosophie au lycée de Coutances. Il entra le premier à l'École des Chartes, en 1855, et, après un examen brillant à la sortie, il fut nommé archiviste du département des Deux-Sèvres, fonctions qu'il exerça deux ans (1858 à 1859).
Son histoire de la Jacquerie (1859), sa thèse latine sur le poème de Gaydon, discussion critique sur un vieux poème français, le firent remarquer et élire membre auxiliaire de l'Académie des Inscriptions et belles Lettres (1859).
Quelque temps après, vers 1862, ses premières études sur Froissard lui valurent le titre de professeur à l'École des Chartes, où son enseignement était très apprécié.
Il publia la "Chronique des 4 premiers Valois" et diverses études sur la Guerre de Cent Ans ; mais son grand oeuvre a été l'annotation et la publication des chroniques de Froissard, dont l'édition qui fait partie des mémoires de la Société de l'Histoire de France, est un véritable monument, malheureusement inachevé, puisqu'il en était au 8e volume. Cette oeuvre, vraiment magistrale, fait autorité.
En dehors des chroniques de Froissard, M. Luce publiait des mémoires remarquables dans les publications qu'il dirigeait. Peu de temps avant sa mort, il prononçait un beau discours à la Ligue de la réforme sociale.
Auguste-Siméon Luce fut fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du 31 mars 1883.
L'Académie des Inscriptions et belles Lettres le comptait parmi ses membres les plus érudits, ainsi que le Comité des Travaux historiques.
Une nouvelle chaire ayant pour objet l'étude critique des sources de l'Histoire de France ayant été créée à l'École des Chartes, M. Siméon Luce en devint titulaire en 1885.
Parmi les ouvrages les plus remarqués de cet historien nous citerons "Jeanne d'Arc à Domrémy". M. Siméon Luce semblait avoir partagé sa vie entre deux cultes patriotiques, celui de Du Guesclin et celui de Jeanne d'Arc, "Elle n’est pas seulement le type le plus achevé du patriotisme, elle est l’incarnation de notre pays dans ce qu’il a de meilleur. Il y a dans la physionomie de l’héroïne du XVe siècle des traits qui la rattachent à la France de tous les temps…"
On n'a pas oublié la polémique qu'il engagea, en 1892, année de sa mort, avec Mgr Jean-Pierre Pagis, évêque de Verdun, au sujet des ruines de la chapelle où la bonne Lorraine avait coutume de faire ses dévotions. L'évêque de Verdun voulait encastrer ces ruines dans la basilique qu'il érigeait à la mémoire de la Pucelle. M. Siméon Luce demandait qu'elle fut restaurée et laissée en dehors de la basilique. Le ministre de l'Instruction publique lui donna gain de cause et classa ladite chapelle parmi les monuments historiques.
Âgé à peine de 59 ans, M. Siméon Luce a été subitement frappé et ravi à l'affection de sa famille. La nouvelle de sa mort inopinée a produit une profonde impression dans le monde académique, où le regretté défunt ne comptait que des amis. Le 14 décembre 1892, M. Luce revenait de son cours à l'École des Chartes lorsqu'en passant sur la place du Châtelet, il s'est subitement affaissé. Transporté à l'Hôtel-Dieu, il a expiré pendant le trajet. Ses funérailles eurent lieu le 17 décembre suivant.
Il avait épousé, à Coutances (50), le 5 février 1872, Élisa-Anna-Maria Danguy, fille de Désiré-Louis, avoué, et d'Amélie-Augustine Jehenne, née à Coutances, le 13 novembre 1853.
De ce mariage sont nés : - Siméon-Louis-Émile, né le 7 novembre 1872 et - Amélie-Élisa-Louise-Aimée, née à Paris (4e) le 8 octobre 1873.
Courrier de Tarn-et-Garonne du 17 décembre 1892 - Edouard Forestié
L'Archiviste, revue historique et documentaire ... - Tome premier - 1893
portrait : Généanet - arbre de Jean-Claude Criquet
AN - Base Leonore - LH//1673/22
AD50 - Registres d'état-civil de Bretteville-sur-Ay et de Coutances
État-civil de Paris