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La Maraîchine Normande
28 juillet 2022

AVIGNON (84) - LES PAMARD, CHIRURGIENS DE PÈRE EN FILS ...

PIERRE PAMAR (1669 ? - 1728)

NICOLAS-DOMINIQUE PAMAR (1702 - 1783)

PIERRE-FRANÇOIS-BÉNÉZET PAMARD (1728 - 1793)

JEAN-BAPTISTE-ANTOINE-BÉNÉZET PAMARD (1763 - 1827) ...

pierre pamar zz

Le premier en date, PIERRE PAMAR, vint se fixer à Avignon pour s'y livrer à l'art de la Chirurgie et Barberie vers 1697. Il était né à Haulchain, vers 1669. Reçu maître chirurgien le 18 janvier 1700, le même jour il prête, entre les mains du viguier, le serment d'usage. Le rôle de chirurgien à cette époque était modeste : il se bornait au pansement des plaies, au traitement des fractures, des luxations, et à quelques opérations de petite chirurgie. Pamar dut arriver à une situation prépondérante dans cette partie de l'art de guérir ; en effet, en 1702, il est nommé chirurgien de la garnison d'Avignon et nous le voyons en 1709 céder sa boutique de Chirurgie et Barberie au sieur Henry, chirurgien de Grasse ...

Pierre Pamar ne se contenta pas de pratiquer la chirurgie, il étudia aussi la médecine, et en 1704 il obtint le diplôme de bachelier.

Pierre Pamar mourut le 12 juillet 1728 et fut enterré au Couvent des Carmélites de l'ancienne Observance : il avait, d'après l'acte de décès, environ 60 ans.

Il s'était marié, le 26 janvier 1700, avec Marie-Thérèse Fellon ; de ce mariage, il eut un fils, Nicolas-Dominique, qui succéda à son père comme chirurgien.

nicolas-dominique pamard zz

NICOLAS-DOMINIQUE PAMARD était né le 4 août 1702 : il eut pour parrain Nicolas Champignau, maître chirurgien juré.

Nicolas-Dominique Pamar fut reçu maître chirurgien le 6 décembre 1723, son père Pierre Pamar faisant partie du jury d'examen. Il avait fait ses études au collège des Jésuites, où lui est délivré, le 20 novembre 1724, le certificat du "biennium" d'études philosophiques. Il est reçu maître ès-arts le 4 décembre de la même année. De sa première femme, Marguerite d'Aymard, naquirent, le 27 avril 1728, Pierre-François-Bénézet Pamard, et le 25 septembre 1729, Pierre-Sauveur Pamard, qui entra dans l'ordre des Augustins réformés et devint aumônier du château d'If. L'acte de naissance de P.-F.-Bénézet Pamard est le premier acte de l'état-civil où nous trouvons ce nom écrit avec son orthographe définitive : Pamard.

Il se remarie à Avignon, paroisse Saint-Symphorien, le 30 juillet  1740, Marie-Marguerite Imonier, dont il eut : - Claude-François et - Marie-Jeanne-Thérèse-Barbe.

Nicolas-Dominique Pamar fut consul d'Avignon en 1748 ; il mourut le 30 août 1783 ; il était alors doyen du collège de chirurgie.

Les_oeuvres_de_Pierre-François_Bénézet_[

Né le 27 avril 1728, PIERRE-FRANÇOIS-BÉNÉZET PAMARD fit ses études au Collège des Jésuites, où le 19 août 1745 lui est délivré le certificat constatant qu'il s'est livré pendant deux ans à l'étude de la philosophie : "Per biennium philosophiae et studiis incubuit". Cependant il n'est reçu maître ès-arts que le 8 août 1759.

De bonne heure il fut destiné à la chirurgie, ainsi qu'il le dit lui-même : "Qu'on ne soit point étonné que je n'ay publié que quelques observations sur les maladies des yeux ; mon objet ne se bornait pas à cette partie, j'avais été élevé pour la chirurgie."

Aussi, reçu maître en chirurgie le 13 février 1744, quelque temps après, il va continuer ses études à Montpellier, où il a pour maîtres Serres et Bourquenot.

Vers 1748, il doit être retourné à Avignon, puisque, par délibération des bureaux particuliers de l'hôpital, en date du 8 avril de cette année, il est nommé second garçon chirurgien de l'hôpital, fonctions dont il ne s'est démis qu'en 1781.

Pamard va ensuite à Paris, où nous le trouvons en 1752 chargé par Andouillet, major de la Charité, de remplacer le démonstrateur d'anatomie : il se déclare indigne d'un tel honneur, et ne s'y soutient, dit-il, que par l'indulgence des écoliers ...

Déjà, à Paris, il s'occupe de l'opération de la cataracte, que la découverte de Jacques Daviel (1693 - 1762) a mise à l'ordre du jour. Nous trouvons dans ses manuscrits le dessin d'un instrument compliqué pour faire l'incision de la cornée en un seul temps, dessin qu'il envoya de Paris à son père. Cet instrument, d'ailleurs, ne fut jamais exécuté.

Pamard rentre à Avignon le 9 mai 1755, il y acquiert rapidement une certaine renommée.

Il eut des velléités de prendre ses grades en médecine, comme son grand-père, et le 14 décembre 1777 nous le trouvons porté sur les registres de la Faculté de Médecine d'Avignon, comme ayant pris régulièrement ses inscriptions en 1776 et 1777. Ses occupations durent l'empêcher de donner suite à ce projet ; d'ailleurs le 6 juin 1783, la Faculté de Médecine de Valence considéra comme un honneur pour elle de lui offrir le diplôme de docteur en médecine.

Pamard fut nommé chirurgien de la garnison d'Avignon le 26 avril 1763. Ses opérations de la taille et de la cataracte l'ont alors mis en renom dans la Provence, le Dauphiné, le Languedoc et même le Lyonnais.

Correspondant de la Société royale des Sciences de Montpellier, en date du 3 septembre 1772, adjoint associé de l'Académie de Rouen, le 16 février 1774, il est élu associé de l'Académie Royale de Chirurgie le 20 mai 1784 : il était déjà membre correspondant depuis le 11 juin 1761.

En 1767, en son absence, sur la proposition de M. de Salvador, premier consul, l'administration consulaire, désireuse de garder dans ses murs un chirurgien de telle valeur, lui vote une pension annuelle de 500 livres.

Pamard fut nommé chirurgien en chef des hôpitaux vers 1779 : faute de sa nomination officielle que nous n'avons pu trouver, nous en avons la preuve dans le passage suivant d'une lettre écrite à Andouillet en 1779 : "Je suis chirurgien en chef des hôpitaux".

En 1784, d'après sa correspondance avec le chirurgien Louis, nous voyons que Pamard fut sur le point de quitter Avignon : "Un projet de ce genre ne s'exécute que dans la capitale ... Il me faudrait à Paris l'existence que j'ay en province : elle est médiocre, mais elle me suffit, et quelque regret que j'ay de quitter ma patrie et son heureux climat, la gloire de la chirurgie et le bien de l'humanité l'emporteraient sur toute autre considération ... Si vous goûtez ce projet et que vous l'approuviez, procurez-moi une existence honneste, et loin de rappeler mon fils, je vais le rejoindre."

Louis dut le dissuader de ce projet qui n'eut pas de suite. Pamard avait alors à Avignon une situation considérable, mais il n'y était pas arrivé sans exciter l'envie et la jalousie : "En province encore plus que dans les grandes villes l'envie et la jalousie exercent leur fureur ; d'un autre côté, chez nous la médecine a depuis longtemps un empire presque absolu et celuy qui ne plie pas sous le joug est toujours moins employé que les autres." Sa notoriété était aussi grande en dehors de la région, comme on peut en juger par sa correspondance avec Andouillet et Louis à Paris, Le Cat à Rouen, Pouteau à Lyon. Dans ses papiers, nous trouvons des lettres élogieuses du cardinal de Bernis, du cardinal Durini : celui-ci lui recommande un praticien de Rome qui, venant en France, s'arrête d'abord à Avignon pour y faire la connaissance de Pamard.

Ce sont ses opérations de taille, mais surtout, comme il le reconnaît lui-même, ses opérations de cataracte qui l'ont mis en relief. C'est vers 1758 qu'il paraît avoir fait ses premières opérations de cataracte. En 1759, il invente son kératotome et son trèfle. Il les présente à l'Académie Royale de Chirurgie, dans un mémoire daté du 27 août 1759. Le mémoire fut lu par son ancien maître, M. Andouillet : M. La Faye démontra publiquement les instruments de Pamard dans l'amphithéâtre de Saint-Côme. Bordenave et Morand furent chargés par l'Académie du rapport, qui aboutit à un second mémoire de Pamard du commencement de 1760.

trèfle z

La polémique que souleva cette nouvelle méthode aboutit à de nouveaux mémoires qui n'ont pas vu le jour, sauf une courte lettre adressée en 1783 aux rédacteurs du Journal de Médecine.

Comme son père, Pamard fut consul d'Avignon en 1776.

Nous devons aussi faire mention de son talent de peintre ; sa famille possède de lui deux tableaux : l'un représente Nicolas-Dominique, son père, à son lit de mort ; l'autre est le portrait de son fils à l'âge de dix-neuf ans ; celui-ci surtout se recommande par un talents d'exécution et n'est pas indigne d'attirer les regards.

Pamard s'était marié le 1er juin 1760 avec Marie-Rose-Madeleine Chauffard, fille d'un tanneur de la ville. De ce mariage naquirent deux fils : Jean-Baptiste-Antoine, qui succéda à son père dans la pratique chirurgicale, et Jean-Baptiste-Marie, qui rentra dans les ordres et mourut curé de la paroisse de Saint-Didier vers 1822.

Les dernières années de Pamard furent attristées par les évènements qui bouleversèrent sa patrie : s'il ne fut pas témoin des massacres de la Glacière, il figura au dernier acte de cette horrible tragédie ; il assista à l'exhumation des victimes et signa les procès-verbaux le 17 novembre 1791.

Glacière massacre zz

PROCÈS-VERBAL DES GENS DE L'ART.

Nous soussignés, docteurs en médecine, maîtres en chirurgie, aides-major du grand hôpital de cette ville, ayant été requis par MM. les commissaires du Roy, à l'effet de constater sur l'état et cause de mort des différents cadavres que l'on a trouvés dans une tour du palais ; déclarons et rapportons que, nous étant transportés sur le dit lieu, nous avons vu extraire de la dite tour soixante cadavres, dont treize étaient des femmes, ce que l'on a parfaitement reconnu par les vêtements, seul signe propre à les distinguer, vu l'état de dissolution et de putréfaction dans lequel ils étaient tous, soit par la chaux vive dont ils avaient été couverts, soit par le temps qui s'était écoulé depuis leur mort, temps que nous pouvons faire monter au terme d'environ un mois, par le degré de putréfaction dans lequel ces corps se trouvaient. Nous certifions de plus avoir reconnu très distinctement sur plusieurs des dits cadavres, différentes taillades et fractures, notamment sur les os du crâne, qui ne peuvent avoir été faites que par des instruments tranchants et contondants, comme sabres, massues, etc.

D'après toutes ces observations, nous croyons être autorisés à prononcer que ces cadavres ont été égorgés ou assommés, et précipités ensuite d'environ soixante pieds de hauteur dans les lieux où on les a trouvés.
En foi de quoi nous avons signé le présent rapport, ce 17 novembre 1791.

FORTUNET, médecin ; MÉTIGNY, d. m. ; SAUVAN père, chirurgien ; CLÉMENT, m. en chirurgie ; DELOULME, aide-major de l'hôpital ; COUREN, aide-major de l'hôpital ; PAMARD père, pour mon fils, chirurgien."

Sur ses vieux jours, il eut des démêlés avec la nouvelle administration municipale : le 31 août 1792, "quatrième année de la liberté", met-il entre parenthèses, en se défendant contre des chiens, la poignée de sa canne se dévissa et il se trouva l'épée à la main, se débattant contre la meute. L'intervention de quelques patriotes, plus zélés à faire du bruit qu'à porter secours à un vieillard, augmente le tumulte. Un ami ouvre sa porte et soustrait Pamard à leurs insultes. Mais immédiatement sommation d'avoir à rendre compte de sa conduite devant les citoyens officiers municipaux. Colère et émotion du vieillard, que l'on vient réveiller de sa sieste pour lui faire cette triste commission. L'intervention de son fils détourna l'orage.

Les tracasseries des nouveaux pouvoirs ne s'arrêtèrent pas là : on décachète et on intercepte ses lettres, comme d'un suspect ; il s'en plaint amèrement : "Comme si le fer entre mes mains avait jamais servi à autre chose qu'à des heureux usages". Bien plus, on arrête son élève, M. Feux ; on le bourre de coups de crosse ; on le menace de le pendre, mais toujours au nom de la liberté. Quelques jours après, on lui cherche noise pour des questions d'impôt, et nous voyons, trois mois avant sa mort, le malheureux vieillard exposer dans un plaidoyer touchant, mais qui se ressent de la sénilité et du trouble que les événements ont jeté dans son esprit, l'histoire complète de sa vie. Malheureusement nous n'avions pas besoin de cette nouvelle preuve pour savoir qu'à cette époque on ne respectait plus rien de ce qui était respectable. La piété filiale de ses enfants adoucit autant qu'il était possible la tristesse de ses derniers jours.

Pierre-François-Bénézet Pamard est décédé dans sa maison d'habitation, rue Porte-du-Rhône, section de l'Oratoire, à Avignon, le 2 janvier 1793, à l'âge de 64 ans.

 

Les_oeuvres_de_Pierre-François_Bénézet_[


Son fils, JEAN-BAPTISTE-ANTOINE-BÉNÉZET PAMARD, né le 11 avril 1763 à Avignon, est maître en chirurgie en 1782, maître ès-arts en 1783 ; sur son diplôme de chirurgien ont apposé leur signature son grand-père, Nicolas-Dominique, comme doyen du Collège de Chirurgie, et son père, Pierre-François-Bénézet, comme premier examinateur. Il alla terminer ses études à Paris : nous voyons qu'il est souvent question de lui dans la correspondance de son père avec Louis et Andouillet.

Dès son retour de Paris vers 1786, il seconde son père dans la pratique chirurgicale : le 22 janvier 1787, il est nommé son coadjuteur à l'hôpital ; il lui succède comme chirurgien-major en 1793. Le 18 avril 1793, il est couronné par l'Académie de Chirurgie pour son mémoire sur le meilleur mode de suture. A cette distinction l'Académie en ajoute une autre : elle le nomme membre correspondant. L'Académie de Chirurgie disparut dans la tempête révolutionnaire ; mais plus tard, J.-B.-Antoine Pamard fut nommé membre correspondant de l'Académie royale de Médecine.

Le 20 Janvier 1801, il est nommé membre correspondant de la Société médico-chirurgicale de Toulouse, et associé de celle de Montpellier, le 21 novembre de la même année. La Société de Médecine de Lyon l'admet comme membre correspondant le 20 février 1804.

Il fut le promoteur et le propagateur de la vaccine dans le département. Dès 1800, il est chargé du service médical des prisons ; il est membre du jury médical des officiers de santé en 1811 ; pendant 20 ans, il professe à l'hôpital le cours d'anatomie. Il fut créé chevalier de la Légion d'honneur le 14 juin 1815.

Jean-Baptiste-Antoine-Bénézet avait épousé, à Avignon, le 14 mai 1796, Marie-Rosalie Reyne, dont il eut : - Virgile-Jean-Baptiste, né le 4 floréal an VII (23 avril 1799), - Virginie-Marie-Julie-Madeleine, née le 3 thermidor an VIII  (22 juillet 1800) et - Paul-Antoine-Marie, né le 6 fructidor an X (24 août 1802), chirurgien, médecin en chef de l'hôpital d'Avignon, député du Vaucluse, décédé le 13 février 1872.

Jean-Baptiste-Antoine-Bénézet Pamard est décédé dans sa maison d'habitation, sise rue Peyrolerie, n° 3, à Avignon, le 16 mars 1827, à l'âge de 63 ans.

 


- Les oeuvres de Pierre-François-Bénézet PAMARD, chirurgien et oculiste - 1728 - 1793 - par son arrière-petit-fils le Dr Alfred Pamard et le Dr P. Pansier - 1900

AN - Base Leonore - LH//2041/32

Archives municipales d'Avignon - Registres paroissiaux et d'état-civil

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