INGOUVILLE (76) - LE PAVILLON DES REVENANTS

INGOUVILLE, LE PAVILLON DES REVENANTS

Construit en 1772 dans un assez grand parc avec de beaux arbres s'élevait un pavillon blanc composé d'un rez-de-chassée et d'un étage percés de sept ouvertures chacun. Le tout était surmonté d'un grand clocheton donnant un petit air de château à la propriété qui était située entre la rue Lesueur et la rue de Tourville. A cette époque la plaine d'Ingouville n'était pas couverte de constructions comme maintenant et la maison était assez isolée.

L'éclairage public n'existait pas encore à la fin du Ier Empire surtout dans Ingouville qui se situait "extra muros", aussi les rares passants se hâtaient-ils en passant devant le pavillon alors inhabité redoutant de voir les spectres et d'entendre les bruits de chaînes. Même les Havrais peu enclins à croire des sornettes et également peu portés vers le surnaturel, s'étaient mis à l'affût et avaient constaté les passages d'ombres derrières les fenêtres et entendu des bruits inexplicables. Il n'en fallait pas plus pour que la maison fut déclarée hantée, tout comme tout bon château écossais qui se respecte.

La police, moins crédule que nos concitoyens, opéra une descente et découvrit le "pot aux roses". Opérant depuis la plaine de l'Eure, d'astucieux contrebandiers se servaient de la propriété comme base et entrepôt.

Alors tout rentra dans l'ordre, penserez-vous ?

Et bien non, les manifestations de l'au-delà continuèrent comme par le passé et pourtant la propriété était maintenant habitée par un agent immobilier chargé de la vendre ; il avait imaginé de continuer à effrayer les gens pour décourager un acheteur éventuel.

A nouveau la supercherie fut découverte et tout rentra dans l'ordre ?

Pas encore ; une famille de trois personnes fut emportée par la mort dans un délai très court. Naturellement, la maison était responsable ainsi que les êtres démoniaques qu'elle abritait.

Ce n'est qu'en 1888, qui vit la démolition de la propriété, que la hantise disparut.

Le Pavillon des Revenants avait vécu.

Texte et dessin de Maurice MELISSENT
Bulletin de liaison - Centre havrais de recherche historique Les Amis du vieux Havre - 1er janvier 1985