Saint-Laurent Rouen z

Charles-Louis-Henri Hébert, comte de Beauvoir, second fils de Charles-Amable-Étienne-François Hébert, marquis de Beauvoir, conseiller au parlement de Normandie, et de Charlotte-Jourdaine Desmares de Bellefosse, naquit à Rouen, paroisse Saint-Laurent, le 8 février 1742.

BAPTËME 1742 Rouen


Il entra comme volontaire dans la marine à l'âge de 16 ans, et fut fait enseigne de vaisseau en 1765. Attaché en 1770 au corps d'artillerie de la marine, en qualité de lieutenant, il devint lieutenant de vaisseau en 1777, fut nommé, le 16 août 1778, chevalier de Saint-Louis, et capitaine de vaisseau en 1782.

Il prit part, en Amérique, à la guerre de l'Indépendance, fut associé en 1784, à l'ordre de Cincinnatus, et se trouva à plusieurs combats, à ceux qui furent soutenus par l'escadre de MM. de Ternay et de Grasses, et entre autres à celui des 9 et 12 avril 1792.

L'année précédente, alors qu'il commandait le vaisseau l'Éveillé, il avait eu la gloire de prendre seul, sur le cap Charles, le vaisseau anglais le Romulus, que l'escadre française retourna contre ses ennemis.

Retiré du serrvice en 1785, il fut nommé chef des classes de la marine de Caen et de Honfleur, place qu'il occupa jusqu'à la Révolution.

Émigré en 1790, il fit, sous la conduite des princes, la campagne de 1792 avec les officiers de son corps.

Il habita ensuite l'Angleterre, puis l'île de Guernesey, d'où il revint en France en l'an X.

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Alors il se retira dans ses terres au château du Boscol, à Saint-Denis-d'Héricourt, en Normandie.

armoiries z

A la rentrée des Bourbons, il fut nommé par le roi Louis XVIII au grade honorifique de contre-amiral ; et le roi Charles X l'éleva en 1828 à la dignité de grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Le comte de Beauvoir est mort au château du Boscol, le 5 juin 1836, à l'âge de 94 ans. Ce sont son fils : Amable-Hyppolite-Charles Hébert de Beauvoir du Beaucol - vivant de son revenu, et son petit-fils, Charles-Augustin-Louis Hébert de Beauvoir du Beaucol, 24 ans, ancien officier d'infanterie, qui en firent la déclaration.

décès 1836

 

Il avait épousé à Caen, paroisse Saint-Jean, le jeudi 10 décembre 1767, Marie-Anne Jeanne HUE de LERONDEL, fille de Henri Hue de Lérondel, écuyer, seigneur de Navarre et de Marie-Anne Jamot de Moncavel, née à Beneauville (Chicheboville - 14), le 9 novembre 1742 , soeur du chevalier HUE de LERONDEL, lieutenant de vaisseau et chevalier de l'ordre de Saint-Louis, fusillé à Quiberon le 21 août 1796.

De ce mariage sont nés :

- Charles-Louis-François-Félix, né le 25 août 1769, à Caen, paroisse Saint-Jean ; décédé à Caen, paroisse Saint-Jean, le 18 Juin 1781, à l'âge de 12 ans ; avait été reçu à l'école militaire ;

- Amable-Hippolyte-Charles, né à Caen le 28 septembre 1779 ; a épousé, le 13 décembre 1800, Angélique-Élisabeth-Louise Despontis du Plessis-Sainte-Avoye, de la province de Brie ; dont trois fils : - Ambroise-Charles-Alfred, né à Paris, le 16 septembre 1801 ; officier au 3e régiment de chasseurs à cheval jusqu'en juillet 1830 ; marié le 8 janvier 1833, avec Charlotte-Céline-Théodore l'Empereur de Guerny ; - Charles-Félix-Alphonse, né au Boscol, le 6 février 1804 ; - Charles-Augustin-Louis, né au Boscol, le 10 septembre 1811 ; officier au 13e régiment d'infanterie légère depuis le 1er octobre 1832, date de sa sortie de l'école de Saint-Cyr ; maire d'Héricourt-en-Caux ; marié vers 1835 avec Émilie Canteil de Condé, puis en 1850 avec Marie Desponty du Plessis-Saint-Avoye ; il est décédé en 1874 ;

- Marie-Françoise-Louise, morte sans alliance, au château du Boscol, le 6 frimaire an VII (26 novembre 1798) ;

- Françoise-Charlotte-Émilie ; mariée le 8 février 1803, avec Charles-Alexandre-Anne, baron de Cheux du Repas ; dont un fils : Charles-Jean-François, né à Cintheaux, le 8 pluviôse an XII (29 janvier 1804) et décédé au château du Repas, le 9 septembre 1884.

DE CHEUX DU REPAS z

Les de Cheux portaient "d'argent à la croix annelée de sable" et avaient comme devise : "Tout à Dieu et à l'honneur." 

blason

Fils de François-Gabriel et de Marie-Anne Angot du Loisel,  CharlesAlexandre Anne, baron de Cheux, est né au château du Repas (61) et baptisé le 25 mars 1759. Contre-amiral à l'âge de 32 ans, en septembre 1791, ce dernier fut désigné par le gouvernement de Louis XVI pour faire partie de la mission d'Entrecastaux, envoyée à la recherche de La Peyrouse. Cette mission ne donna, d'ailleurs, aucun résultat, mais elle prouva la valeur des hommes qui la composaient et resta célèbre dans les annales de la marine française. Pendant l'absence du contre-amiral de Cheux, la Révolution avait éclaté. Les membres de la mission d'Entrecastaux furent-ils perdus de vue ou soupçonnés d'avoir fait alliance et cause commune avec les émigrés ? Nous l'ignorons.

Toujours est-il que les biens du Baron de Cheux, contre-amiral, furent confisqués. Surprise désagréable au retour de mission. Mais le hardi marin en avait vu d'autres. Loin de se laisser abattre par l'adversité, il entama la lutte avec le gouvernement de la Convention et il finit par avoir gain de cause.

Il parvint à prouver qu'on ne devait pas le considérer comme émigré, mais comme chargé d'une expédition officielle. Ses propriétés lui furent restituées. Sa vie est écrite sur son tombeau au cimetière du Repas.

On lit sur une pyramide :

"Charles-Alexandre-Anne, baron de Cheux, contre-amiral, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, né au château du Repas, le 25 mars 1759, décédé le 10 décembre 1840. Chrétien religieux, protecteur des pauvres. Créateur de toutes les entreprises utiles à son pays. Onze combats remarquables ont signalé la vie de ce marin célèbre : combat Chesapeak, prise de York-Town, voyage autour du monde à la recherche de La Peyrouse, affaire Quiberon, port de Cherbourg."

"Beati mortui qui in domino morientur"

Toutes ces épitaphes dont nous respectons scrupuleusement le texte ont gardé la saveur de l'époque.

Le contre-amiral de Cheux eut pour frère aîné l'abbé de Cheux, Marie-François-Gabriel, né au Repas, le 26 juin 1755, qui fut vicaire général à Coutances et nommé évêque de Sées en 1816. Malheureusement, la mort l'empêcha d'occuper ce poste. Comme il se rendait à Cintheaux (Calvados) pour toucher ses fermages et gagner ensuite la ville de Sées, il fut victime d'un accident de cheval qui lui coûta la vie.

Son frère le fit inhumer aux côtés de la famille et sur le monument qui recouvre ses restes, on peut lire encore :

"Ci-git Messire V.-François-Gabriel de Cheux du Repas, prêtre, ancien vicaire général et chanoine de Coutances. Dans les temps les plus difficiles, fidèle à Dieu et à son roi, il suivit l'exemple de ses ancêtres, recommandable par toutes les qualités du coeur et de l'esprit. Sa famille trouva en lui le parent le plus tendre, les pauvres un bienfaiteur, ses amis un dévouement à toute épreuve ; une mort inopinée l'enleva à un frère inconsolable qui lui érigea ce monument de sa douleur. Il mourut à Cintheaux le 20 septembre 1816."

"Priez Dieu pour lui. R. I. P." 

 Sur un autre monument, on lit :

"Hommage d'un fils à sa mère dont la fervente piété et les vertus firent l'édification des personnes qui la connurent.

A la mémoire de Dame Françoise-Charlotte-Émilie Hébert de Beauvoir, veuve de Charles-Alexandre-Anne, baron de Cheux, contre-amiral, décédée le 29 mai 1857. Priez Dieu pour elle.

La Foi était dans son coeur, la piété dans ses actions, la vérité dans sa bouche, la justice dans ses oeuvres."

Cette noble dame fut la mère du dernier baron de Cheux, qui fut officier au 2e régiment des grenadiers à cheval de la garde royale, jusqu'au licenciement en 1830. Il fut inhumé dans l'église et sur la tombe duquel on peut lire :

"Ci-git Jean-François-Charles, baron de Cheux, page du roi Louis XVIII et officier de cavalerie, décédé en son château du Repas, 1804-1884. De profundis."

Le dernier représentant de la noble famille ne fut pas inférieur à ses ancêtres. Il posséda toutes les qualités de la race et conserva jusqu'à la fin une sereine philosophie et le mépris des biens de ce monde. A ses derniers moments, son entourage le pressait de se reposer dans le but de lui éviter des souffrances. Il refusait. Non, disait-il, un de Cheux meurt debout. Ainsi fit-il et il eut la fin d'un sage.

Son héritier, M. Georges de Banville, fils aîné de l'honorable conseiller général de l'Orne, ne jouit pas longtemps du domaine. Après lui sa famille entra en possession de la terre du Repas qui a été acquise par Monsieur le Vicomte Guy de Bagneux.

Marie-Anne-Jeanne Hue de Lérondel est décédée au château du Beaucol (Boscol), le 18 octobre 1819.

[Château_du_Boscol_à_Héricourt-en-Caux]_[

[Ferme_du_Boscol_à_Héricourt-en-Caux]_[

 

Vie du cardinal de Bonnechose, archevêque de Rouen - Tome I - par Mgr Besson - 1887 - p. 56

AD76 - Registres paroissiaux de Rouen

AD76 - Registres d'état-civil d'Héricourt-en-Caux

Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France - par Louis Laine - Tome quatrième - 1834

Le Pays bas-normand - janvier 1911