LA JUMELIÈRE (49) - CHÂTEAU-GONTIER (53) - BASILE HOREAU, PRÊTRE (1737 - 1830)
BASILE HOREAU
Prêtre, principal du collège de Château-Gontier, chanoine honoraire de la cathédrale du Mans.
Fils de Jean et de Mathurine Caillaud, Basile Horeau est né à La Jumellière, le 13 juillet 1737.
Il vint au collège de Château-Gontier à l'âge de sept ans, y fut élevé gratuitement par MM. Marais, frères, originaires de la même paroisse, qui succédèrent l'un après l'autre à M. Gilles Marais, leur oncle, premier principal du collège depuis 1703 jusqu'en 1739.
M. Horeau ayant fini ses études ecclésiastiques au séminaire d'Angers, fut placé en qualité de régent au collège où il avait été élevé, devint préfet des études, et principal le 4 mai 1778. Il gouverna sa maison avec beaucoup de zèle, de prudence et de fermeté, il eut la confiance de tout le pays.
En 1791, il refusa le serment prescrit par la constitution civile du clergé, aussi bien que les autres ecclésiastiques ses collaborateurs ; sa maison fut dissoute, ses biens meubles et immeubles lui furent enlevés.
Obligé en 1792 de céder ses fonctions de principal à un prêtre intrus, il était arrêté comme suspect le 22 mars 1793, sur un ordre du maire et du procureur syndic, par la garde nationale, puis conduit à Laval et écroué au couvent de Patience, avec d'autres prêtres détenus dont le plus grand crime était de n'en avoir commis aucun.
Il passe près de deux années dans la prison révolutionnaire dont on connaît toutes les aménités, méritant ainsi par ces chaînes glorieuses le titre de confesseur de la foi ; puis quand la liberté lui est rendue, il revient dans les environs de Château-Gontier. Il reste caché tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, consolant en secret les fidèles par son saint ministère et desservit successivement deux paroisses abandonnées.
En 1803, cédant aux pressantes sollicitations du maire et des principaux administrateurs de la ville de Château-Gontier, ceux-là même qui, jadis, l'avaient persécuté et proscrit, il rentra donc au collège, qui était en décadence, trouva le moyen de le monter de niveau et le ramena promptement à l'état de prospérité où il l'avait mis autrefois, et où il l'a laissé en mourant.
Persuadé que rien n'était plus nécessaire à la religion, après les pertes innombrables qu'elle avait faites, que de réparer promptement les ruines du sanctuaire, il s'appliqua à choisir et à élever de bons sujets, propres à consoler l'Église de ses malheurs.
Il rendit, à cet égard, les plus grands services aux diocèses du Mans et d'Angers ; mais sa maison ne pouvant fournir à tous les besoins, et son zèle étant beaucoup gêné par les règlements, auxquels il ne pouvoit se soustraire, il conçut le dessein de former un autre établissement, qui ne dépendît que de l'autorité ecclésiastique.
Il acheta, en 1816, une vieille communauté, tombant en ruines, dans le bourg de Précigné, près Sablé ; il y fit élever à ses frais les bâtiments, les distribua, les meubla et donna le tout, par acte entre-vifs, à M. l'évêque du Mans, pour l'un de ses petits séminaires. Il ne pouvait s'expliquer à lui-même comment il avait pu fournir à une dépense aussi considérable, qu'on évalue à cent-cinquante mille francs.
Outre ses soins pour un grand nombre d'aspirants à l'état ecclésiastique, il a toujours eu gratuitement ou presque gratuitement des enfants de familles honorables, mais peu riches ; il aidait des filles pauvres qui voulaient être religieuses, prêtait sans intérêt, donnait abondamment et se montrait le bienfaiteur de tout le pays. Sur le rapport de M. Morice, recteur de l'académie d'Angers, il fut nommé officier de l'Université ; M. d'Hermopolis lui obtint de Sa Majesté la croix de la Légion-d'honneur, et lui écrivit de sa main pour la lui annoncer. M. de La Myre, évêque du Mans, le nomma chanoine honoraire de sa cathédrale.
Il a conservé l'usage de ses facultés à peu près jusqu'au dernier moment, et a fini de la mort des justes, le 29 janvier 1830, au milieu de sa nombreuse famille éplorée et priant pour lui. Il était âgé de 93 ans.
Pour donner plus de pompe à ses obsèques, on remit la sépulture au lundi 1er février. Il fut exposé en habits sacerdotaux le dimanche, et on se porta en foule pour le voir encore une fois. On entendait de toutes parts bénir sa mémoire, et le lendemain, malgré la rigueur du froid, les diverses autorités de la ville, la musique, la garde nationale, un nombreux clergé et une foule immense l'accompagnèrent au tombeau, rendant ainsi un hommage éclatant à sa vertu.
Sur un piédestal, placé sur sa dépouille mortelle, s'élevait jadis le buste, en marbre blanc, de l'abbé Basile Horeau ; ce buste est l'oeuvre du célèbre David d'Angers, réalisé en 1836. Il est d'une ressemblance parfaite. On le transporta, en 1881, au Grand Séminaire de Laval.
L'ami de la religion et du roi - n° 1628 - mercredi 17 mars 1830.
Revue historique et archéologique du Maine - 1er janvier 1878
Documents sur Château-Gontier par Marcel Foucault - 1883