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La Maraîchine Normande
2 octobre 2021

MONTMORT - TOULON-SUR-ARROUX (71) - ANTOINE-MARIE BARD, GÉNÉRAL DE BRIGADE (1759 - 1837)

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Seul enfant de Lazare Bard, bourgeois, et de Françoise Virot, Antoine-Marie a été baptisé à  Montmort (Saône-et-Loire), le 21 janvier 1759. 

Antoine-Marie 1759 Montmort

Les ascendants paternels de Lazare Bard étaient fixés dans l'Autunois et le Charolais ; sa mère était originaire de Dijon ; le contrat de mariage de ses parents, reçu par Rasse, notaire royal, en cette ville, est du 1er février 1720.

Son père est décédé à Montcenis, le 23 février 1765 et sa mère, Françoise, fut inhumée dans l'église paroissiale de Montmort, le 4 juin 1760.

Resté orphelin dès 1765, Antoine-Marie Bard, "taille de cinq pieds, quatre pouces et une ligne, pied nud"se faisait admettre, le 29 mars 1778, dans la "Compagnie d'hommes d'armes d'ordonnance sous le titre de Gendarmes Bourguignons", dont le dépôt était à Lunéville. Le 30 août 1781, il quitte ce corps pour se consacrer à l'administration de ses biens, qui avaient été livrés aux "déprédations" de plusieurs tuteurs. Il se fixe à Toulon-sur-Arroux, et se marie.

La Révolution éclate. Le 24 juillet 1789, dix jours après la prise de la Bastille, Bard est élu à l'unanimité, par les habitants de Toulon, major de la garde nationale. Le 26 juin 1791, après un licenciement de cette garde, il est nommé commandant par 105 voix contre 18. En février 1792, la guerre devenant imminente, il réclamait son rappel au service.

Le 15 mai suivant, il fut nommé lieutenant au 45e régiment d'infanterie, alors en garnison à Béthune, fit la campagne de Belgique, se trouva à Jemmapes, y fut blessé (6 novembre 1792), participa, en qualité de capitaine, au siège et à la prise de Namur (du 20 novembre au 2 décembre 1792), et appartenait encore à l'armée du Nord lorsque Dumouriez trahit la cause de la France (avril 1793).

Le 4 mai 1793 fut décrétée l'organisation d'une armée composée de troupes exercées, pour combattre, dans les départements de l'Ouest, l'insurrection royaliste, dont les progrès inquiétaient la Convention. Le capitaine Bard fut compris dans les bataillons de la formation d'Orléans. Le 27 mai, il était élu commandant du 10e bataillon, et quelque temps après rejoignait l'armée des Côtes de la Rochelle, sous les ordres du ci-devant duc de Biron, auquel succéda plus tard Rossignol.

Le 5 septembre 1793, à la bataille de Chantonnay, où Marceau lui-même ne put retenir les troupes mal aguerries qu'il conduisait, le lieutenant-colonel Bard fait apprécier son énergie à la tête du 10e bataillon d'Orléans. Nommé général (4 octobre 1793) et chargé de commander l'armée de Luçon, avec Marceau pour adjudant-général, il marche sur Mortagne, combat, le 15 octobre, à la Tremblaye, contre le général vendéen de Lescure, qui est mortellement frappé dans cette affaire, reçoit lui-même plusieurs coups de feu, et couvert de blessures devant Cholet, revient ensuite à Luçon, dont on l'oblige à conserver le commandement. Pendant trois mois, par de sages mesures et une activité militaire incessante, malgré l'état de ses blessures, il travaille à la pacification de cette région.

Le 18 janvier 1794, le nouveau commandant en chef de l'armée de l'Ouest, Turreau, méconnaissant la véritable situation de la Vendée, communique aux généraux son fameux plan de dévastation et d'extermination. Ce plan, non moins inhabile qu'inhumain, soulève les protestations de Bard, qui prétendait s'appuyer sur les populations pour pacifier le pays. Bard réussit à préserver les localités placées sous son commandement, reste étranger aux expéditions des colonnes organisées par Turreau, et ne cesse d'intercéder auprès de ses collègues en faveur des communes et des particuliers. Il persiste dans cette attitude malgré l'exaltation croissante des esprits. Sans manquer au respect de la discipline militaire, il fait entendre au général en chef des vérités qui, depuis, ont été consacrées par l'histoire. Mais il vient au un moment où les services rendus ne suffisent plus à le protéger. Turreau le frappe de suspension le 24 mars 1794, et le dénonce comme coupable de "modérantisme".

Pendant que Bard se rend à Nantes, auprès des représentants, pour s'expliquer sur sa conduite, la ville et l'armée de Luçon, indignées, se révoltent à son insu contre le successeur qui lui a été donné. Bard est jeté en prison par les représentants Hentz et Francastel, puis conduit à Angers pour y être jugé. Il reste détenu pendant quatre mois sans pouvoir obtenir justice. Le 7 thermidor an II, il écrit au président de la Convention nationale pour réclamer "la liberté ou la mort". Le surlendemain éclataient les événements du 9 thermidor. Le 21 du même mois (8 août 1794), le Comité de Salut public ordonnait que le général Bard fût mis immédiatement en liberté.

lettre 7 thermidor

Peu après, Bard est replacé à la tête de ses troupes au milieu des témoignages d'estime et de sympathie de ses compagnons d'armes et des patriotes vendéens. Mais les blessures reçues et les épreuves traversées par lui l'avaient atteint si profondément que, l'année suivante, il était obligé d'interrompre son service au moment où on lui confiait le commandement de la division de Cholet en remplacement de Beaupuy.

Le Comité de Salut public (arrêté du 15 fructidor an III) avait attribué au général Bard, réformé pour cause de blessures, une pension, qui fut confirmée par la loi du 11 germinal an IV. Cependant Bard supportait impatiemment l'inaction à laquelle il était condamné. Le ministre de la Guerre Bernadotte voulut le rappeler au service, en lui donnant le commandement de la dix-huitième division militaire. On sait que le futur roi de Suède, jugé alors trop républicain, ne resta que quelques semaines au ministère. Bard se trouva définitivement rejeté dans la vie privée par le dix-huit brumaire.

Sous le Consulat et l'Empire, il n'exerça aucune fonction. En 1811, lors d'un travail de révision des pensions militaires, les généraux inspecteurs le qualifiaient d' "honnête homme dans toute l'acceptation du mot", mais notaient sa "constitution usée" par les blessures, qui ne le rendait "plus propre à aucune espèce de service". Pourtant, lorsque les étrangers envahirent la France en 1814, et pénétrèrent jusqu'en Saône-et-Loire, les gardes nationales de Bourgogne lui déférèrent le commandement, et sur plusieurs points il fit rétrograder les troupes de la coalition, qui éprouvèrent en diverses rencontres des pertes appréciables. Forcé par la défection d'Augereau de renoncer à la lutte, sa patriotique initiative le désigna aux rigueurs de l'ennemi, et il fut mis en état d'arrestation par les Autrichiens.

Sous la Restauration, le souvenir de la courageuse modération dont il avait fait preuve en Vendée ne le préserva qu'incomplètement de certaines persécutions. Il ne devait plus sortir de la vie privée.


Antoine-Marie Bard mourut à Toulon-sur-Arroux, le 9 novembre 1837, à l'âge de 78 ans.

Antoine-Marie 1837 décès Toulon-sur-Arroux

 

Le général Bard eut cinq enfants de son mariage avec Jeanne-Marie Belot, mariage qui eut lieu à Marcigny, le 28 janvier 1783 :

Cécile-Catherine, née à Toulon, le 21 novembre 1783 ; décédée à La Chapelle-au-Mans, le 3 mai 1785 ;

- Julien, né à La Chapelle-au-Mans, le 24 octobre 1784, fut médecin militaire dans les armées du premier empire ; propriétaire ; membre du conseil d'arrondissement ; décédé à Toulon, le 25 juillet 1844, sans postérité ;

- Anne-Thérèse-Cécile, née à La Chapelle-au-Mans, le 5 mars 1786, baptisée le 7 ; mariée avec Claude-Anne-Marie-Philibert Guillon ; décédée à Toulon, le 22 avril 1851 ; 

- Étienne, né à Toulon-sur-Arroux, le 25 janvier 1789, qui vécut à Toulon-sur-Arroux, receveur de l'enregistrement ; marié à Issy-l'Évêque, le 23 novembre 1819 avec Jeanne-Marie-Philiberte Montchanin, née au même lieu, le 21 mai 1797 ; dont - Catherine-Cécile, née à Toulon, le 19 février 1823,  mariée le 2 octobre 1839, à Toulon avec Emiland-Louis-Antoine Guillemin, propriétaire, fils d'Antoine-Louis et d'Anne-Marie Compin, décédé à Toulon, Grand-Rue, le 27 septembre 1888, dont Anne-Claire, décédée à Toulon, le 22 décembre 1851 (9 ans) ; - Antoine-Anne-Marie, né à Toulon, 17 février 1821, notaire à Paray-le-Monial, représentant du peuple à l'Assemblée législative du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851, époux de Léonie-Louise Lamborot, décédé à Paris, 72 bd Saint-Michel, 6e arr., le 27 août 1899, auteur de l'ouvrage "Un général de l'an II en Vendée" ; Étienne est décédé à Toulon, le 14 novembre 1842 ;

- Julien-Antoine-François-Xavier, né à Toulon-sur-Arroux, le 14 frimaire an V (4 décembre 1796), marié avec Marguerite-Louise Debrye dont : un fils et une fille : - Camille et - Marguerite-Caroline-Julienne, née à Toulon, le 24 mai 1830, restés sans postérité ; décédé à Toulon, rue du Pont, le 23 janvier 1885.

La femme du général Bard, Jeanne-Marie Belot, était originaire de Marcigny (Charolais). Elle était née du mariage de Julien Belot (mort en 1807) et de Catherine Rousset (morte en 1787). Le général Bard la perdit le 25 mars 1810 (à Toulon-sur-Arroux), à l'âge de 44 ans.

Il se remaria à Toulon-sur-Arroux, le 10 février 1813. Sa seconde femme, qui n'a pas laissé de postérité, fut Antoinette Guillemin, originaire comme lui, de Montmort, née à Toulon, le 10 janvier 1763. Elle était veuve de Félix Definance-Dufey, natif de Toulon-sur-Arroux, décédé le 16 août 1809 à 54 ans (à Toulon), après avoir été garde du corps du roi, commandant de la milice nationale, maire, juge de paix et conseiller général de Toulon (mariés à Toulon, le 4 mai 1784) et dont elle eut une fille, Françoise-Antoinette, née et baptisée le 12 juillet 1784 ; décédée le 4 septembre 1809 . Antoinette survécut au général Bard.

 

signature

 

Lettre du citoyen Antoine-Marie Bard, général de brigade au Ministre de la Guerre ; elle n'est pas datée, mais le général y indique son âge, trente-huit ans, ce qui la place avant le 21 janvier 1798 :

"Citoyen Ministre,

J'ai servi la République avec zèle, activité, dévouement. Je l'ai servie à l'armée du Nord en qualité de lieutenant, puis de capitaine au 45e régiment d'infanterie ; j'ai combattu à Jemmapes. Je l'ai servie à l'armée de l'Ouest en qualité de commandant en second, puis en chef, du dixième bataillon de la formation d'Orléans. La guerre que j'avois faite aux révoltés de la Vendée à la tête de ce bataillon me fit juger digne du grade de général de brigade, j'y fus promu le 4 octobre 1793. Ce témoignage de la confiance du gouvernement m'imposoit l'obligation de la justifier, et les honorables blessures que j'ai reçues depuis attestent au moins qu'en payant de ma personne dans les combats livrés aux ennemis de la République, j'ai sçu donner aux officiers et soldats que j'avois l'honneur de commander l'exemple du dévouement à la cause de la liberté.

Mes services dans le grade supérieur auroient pu atteindre (je me flattois de cet espoir) un bien plus haut degré d'utilité publique, si la malveillance ou l'impéritie ne fut venue à l'encontre de mes intentions, déconcerter mes mesures et faire avorter mes projets. Poursuivi par la calomnie sous le règne de la tirannie décemvirale, je fus accusé, suspendu de mes fonctions, arrêté, traduit devant une commission militaire. Quel étoit mon crime ? J'avois maintes fois battu les révoltés, je les avois chassés de presque tous les postes qu'ils occupoient autour de moy. J'avois ménagé le sang français, je n'avois pas permis que celuy des citoyens paisibles fût versé de sang-froid. Je n'avois pas livré à l'incendie et à la dévastation les propriétés. Je m'étois courageusement récrié contre les meurtres, les pillages et toutes les atrocités réfléchies que je voyois commettre au nom et au grand préjudice de la République, et dont le résultat ne pouvoit être que de rallumer et de perpétuer une horrible guerre civile.

Ma conduite scrupuleusement scrutée, les imputations portées contre moy furent reconnues fausses et calomnieuses, je fus rappelé à mes fonctions ; mais deux blessures graves, l'une d'un coup de feu à la poitrine, l'autre de même d'un coup de feu à l'épaule droite, envenimées par un séjour de quatre mois dans des prisons malsaines, enchaînèrent momentanément mon activité. Je reçus à Fontenay une lettre de la commission du mouvement des armées, en datte du 25 floréal, an 3, par laquelle elle m'annonça que je n'étois point compris dans la nouvelle organisation.

Citoyen ministre, la retraite militaire est un congé absolu, une dispense de service illimitée, un repos perpétuel, qui ne doit être accordée qu'aux vieillards, aux infirmes, et aux valétudinaires dont les travaux militaires ont usé ou épuisé les forces. Mais pour un guerrier de trente-huit ans, doué d'une santé robuste, elle est prématurée. Tant que la trompette guerrière sonne, il doit avoir les armes à la main.

Mes blessures cicatrisées et consolidées, ma santé s'est rétablie. Je me sens la force de servir encore ma patrie, et mon courage s'indigne de l'inaction dans laquelle je vis. J'offre itérativement aujourd'huy mon bras à la République, et je ne cesserai de le luy offrir que je n'aie obtenu l'honneur d'être rappelé parmi ses deffenseurs. Me connoîtriez-vous assez peu pour craindre de compromettre les intérêts de la République en me rappelant à sa deffense, alors je vous dirai : Consultez les officiers, sous-officiers et soldats de toutes armes qui ont servi sous mon commandement et coopéré à mes travaux guerriers ; consultez les représentants du peuple : Bellegarde, Luminais, Chapelain, Savary, Chevallereau, Gaudin, Guillemardet, Joubert-Bonnaire, Delorme, Mamert, Goupilleau de Fontenay, Maurisson, Lequinio, Prieur et autres, avec lesquels j'ay eu quelques relations ; consultez les officiers municipaux des communes, les administrateurs de département et de districts en exercice dans les contrées où j'ai commandé ; ils vous donneront des renseignements certains sur ma moralité, mon courage, mon attachement au régime républicain, mon dévouement à la patrie, sur ma loyauté et les succès de quelques-unes de mes opérations militaires. Les témoignages d'estime et de confiance que j'en ai reçus, avant, lors et depuis notre séparation, sont les seuls titres probants que je veux faire valoir à vos yeux.

Vous voyez, citoyen ministre, quel est l'objet de ma réclamation. J'ai servi la République, je veux la servir encore. Le gouvernement m'a trouvé digne de sa confiance dans un tems ; je ne pense pas qu'il me l'ait retirée, parce que ma conscience me crie que je n'ai pas démérité ; je le supplie de me la continuer, et je luy promets d'employer tous mes moyens pour la justifier. J'invoque à cet égard, citoyen ministre, votre justice et votre appuy ; je fais plus, j'y compte.

Salut et respect.

BARD."

 

Un général de l'an II en Vendée par Antoine Bard (1821 - 1899) - 1897.

AD71 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Montmort, La Chapelle-au-Mans, Toulon-sur-Arroux

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