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La Maraîchine Normande
21 juillet 2021

CRAVEGGIA (ITALIE) - PARIS (75) - PIERRE-MARIE-BARTHÉLÉMY FÉRINO, GÉNÉRAL DE DIVISION (1747 - 1816)

CRAVEGGIA vue z

 

Fils de Bonsardie Férino et de Catherine Andriette, Pietro-Maria-Bartoloméo est né à Craveggia dans le Haut-Milanais (Italie), le 20 août 1747.

Le père du général était, vers la fin du XVIIIe siècle, établi négociant et banquier à Paris, et assez fortuné pour pouvoir procurer à son fils un emploi dans l'armée autrichenne. 

Pierre Férino entra donc au service d'Autriche comme lieutenant en 1768 et en 1779, il obtint le brevet de capitaine.

En 1789, il vint en France, se déclara l'ami de la liberté, le partisan de la révolution, demanda et obtint du service. Le 1er août 1792, il fut nommé lieutenant-colonel de la ci-devant Légion de Biron, qui prit le nom de Chasseurs du Rhin, et partit avec son régiment le 13 décembre 1792, à l'armée du général Custine.

Férino passa à l'armée de la Belgique, et lorsque les Français, après la victoire de Jemmapes, eurent pénétré dans ces contrées, qui déjà demandaient leur réunion à la France, il fut choisi pour présider à Mons l'assemblée tenue dans l'église cathédrale qui vota pour cette réunion.

A la fin du mois de décembre 1792, il fut nommé général de brigade et le 23 août 1793, général de division.

FÉRINO portrait 3 z

 

Son dossier de Légion d'honneur (LH/957/23) contient un document manuscrit, non signé, intitulé "N° 1403 - Archives - Extrait du 4e volume de la galerie militaire, par F. Babié et L. Beaumont" qui relate différents combats auxquels le général Férino a participé :

En l'an IV, il fut employé à l'armée du Rhin et Moselle, commandée par Moreau. C'était à l'époque où l'armée française venait d'effectuer le passage du Rhin près de Strasbourg, et s'était emparé du fort de Kehl. Le 7 messidor à midi, un pont ayant été établi sur le fleuve, l'artillerie et la cavalerie ayant pu opérer leur passage, le général Férino fut chargé de porter des reconnaissances vers Marlen et Goldscher [Goldscheuer], pour éclairer la marche du Prince de Condé que le passage du Rhin forçait de se retirer sur Offenbourg.

Le 8, la division Férino poursuit l'ennemi qui rétrograde, passe le schutter, et se reporte sur Houarts [Hohnhurst] et Lengeshiast [Langhurst].

Le 9, cette division fut une de celles qui marchaient sur trois colonnes le long de la rivière gauche de la Kinzig, pour se porter sur le chemin d'Offenbourg, menace l'ennemi de lui couper la retraite, et lui donner de l'inquiétude sur sa gauche. Le général Férino a devant lui Offenbourg : il s'avance, ordonne l'attaque, s'empare de la ville, et met en fuite l'ennemi qui abandonne deux pièces de canon et deux caissons. Le 18, il s'était rendu maître de la position de Biberach, dans la vallée de Kinzig. Le 22, Férino eut ordre de chasser entièrement l'ennemi de cette vallée ; en conséquence, il se porta sur Munich-Vailler (?), Scheïghausen (?) et Herbolzheim, partout les Autrichiens furent repoussés et forcés de repasser la Bliche. Tous les mouvements de l'armée furent secondés par cette opération.

Le 25 thermidor, la division Férino était entrée à Brégence, où l'on prit à l'ennemi cinq mortiers, un obusier, quatre couleuvrines, vingt-deux pièces de canon et quarante mille sacs d'avoine, orge et farine. Ce fut dans cette journée que Férino eut avec le corps de Condé une affaire extrêmement vive ; les soldats des deux partis, animés par l'exemple des chefs et par le désir de vaincre, combattirent avec acharnement. Les bonnes dispositions de Férino donnèrent la victoire aux républicains. Le corps de Condé fut obligé de rétrogradé après avoir fait une perte considérable ; les chasseurs nobles furent presque entièrement détruits. Le combat avait eu lieu à Oberkemlach (?). Les émigrés furent poursuivis dans leur retraite jusqu'à Mindelheim.

Le 7 thermidor, l'armée du Prince Charles se retirait à la hâte, poursuivie par tous les corps commandés par Moreau. Férino avec l'aile droite était à Haustelten : de sa marche prompte et rapide dépendait le succès, un gué sur la Lech, que l'ennemi ne connaissait pas, et qu'il avait négligé de faire garder, n'échappe point à l'oeil observateur de Férino. Malgré les difficultés et la rapidité du courant, guidés par les généraux Abatucci, Montrichard, le chef de brigade Cassagne de la 43e 1/2 brigarde légère, l'aide de camp Lavergne, nos soldats ont franchi le Lech, ils se sont formés derrière des broussailles, repoussent l'ennemi qui accourt, s'emparent de Kuning, et gravissent les hauteurs qui mènent à Othméring, sur le flanc gauche de l'ennemi. La division Férino, le lendemain, poursuit les Autrichiens jusqu'à Rinethal. Le général Moreau, satisfait de la manoeuvre de l'aile droite qui avait poursuivi l'ennemi avec tant de succès, se fit un devoir de louer le général qui avait guidé son courage et fait preuve de talents.

La campagne est terminée et Férino revient en France. A la même époque, les autorités constituées, divisées entre elles, se faisaient une guerre d'autant plus cruelle, que l'envie, l'amour propre, la haine et la vengeance maîtrisaient tous les coeurs. Le Directoire avait résolu d'effectuer un changement dans le corps législatif et des bataillons étaient appelés pour seconder les opérations projetées et en assurer le succès. Hoche a ordonné aux troupes commandées par Férino de s'avancer sur Paris. Ce dernier oppose un ordre du Ministre de la Guerre ; on aperçoit dans la conduite de Férino l'opposition d'un brave guerrier qui gémissait sur nos discordes civiles, et aurait voulu empêcher tout acte de violence qui pouvait devenir funeste à la chose publique.

Le 9 ventôse an VII (27 février 1799), Férino commandait la 1ère division de l'armée de Mayence aux ordres du général Jourdan. Cette division s'étant réunie aux environs d'Huningue, défila par le pont de Bâle, forma l'aile droite de l'armée et se dirigea par les villes forestières sur Bamberg. L'armée de Mayence prit alors le nom d'armée du Danube.

Le 18 ventôse, l'Archiduc avait passé le Lech et s'avançait avec des forces supérieures. Le 23, l'armée française était en mouvement et passa le Danube ; la droite fut placée au lac de Constance, et reçut peu de jours après l'ordre de venir s'établir sur le ruisseau d'Asch, et d'occuper les débouchés sur Ravensburg.

Le général Férino ayant exécuté les ordres de Jourdan et fait ses dispositions, rencontra l'ennemi en arrière de Marchdorff et le fit attaquer par le général de brigade Tharreau qui, à la tête d'une colonne d'infanterie et de quelques troupes à cheval, le tourna et lui fit 200 prisonniers ; le général Férino fit poursuivre l'ennemi.

Placée à Marchdorff, la division se trouva détachée de l'armée et formait alors un corps particulier qui devait agir selon les circonstances, garder les passages, couvrir le flanc de l'armée du Danube, et protéger les communications avec l'armée d'Helvétie.

Un combat sanglant eut lieu sur les rives de l'Asch et de l'Ostrach. Le Prince Charles, qui avait rassemblé toutes ses forces, et qui comptait sur une victoire complète, trouva dans le petit nombre des Français qui lui étaient opposés, des ennemis dignes de lui. Après avoir fait des prodiges de valeur, battu même l'ennemi sur plusieurs points, l'armée du Danube fut obligée de se replier. Jourdan ordonna à la division de Férino de se retirer sur Salsmenveiller, afin de se mettre en ligne avec l'armée. Cette division, qui avait devant elle des forces considérables, ne fut point attaquée ; l'ennemi se contenta de faire quelques mouvements sans autre résultat.

Le 3 germinal, la 1ère division fut camper près de Hohentweil, où elle fut attaquée ; mais elle se défendit avec vigueur : l'action dura jusqu'à la nuit ; elle conserva sa position, le combat se prolongea sur toute la ligne.

Le 4, Férino reçut l'ordre de se porter sur Stockach, en prenant par Steislingen, à 4 heures du matin, sa division était en mouvement. Le général Tharreau, commandant la brigade de droite de cette division, attaqua l'ennemi avec impétuosité, le repoussa jusqu'à Steislingen, et força le village en le tournant sur ses deux flancs. Le général Jacopin commandant la brigade de gauche de cette division, attaqua aussi vigoureusement l'ennemi, qu'il trouva dans les marais, qui sont à la gauche du village ; l'ennemi, forcé de se retirer dans un bois voisin, repoussé avec une perte considérable en tués et blessés, laissa au pouvoir du général Férino 598 prisonniers, dont un major.

Le général Tharreau continuant de repousser l'ennemi, marche par la chaussée de Stockach sur Orsingen. Les impériaux réunis firent tête à toute la division Férino : d'abord on se canona mais le général français prit le parti de faire attaquer les bois qui couvraient la route de Stockach à Aach ; le combat devint terrible et sanglant. Après deux attaques opiniâtres, l'ennemi, obligé de se retirer avec précipitation, fut prendre position, en formant un fer à cheval, en arrière de la droite de Stockach, et établit sur son front une batterie de 20 pièces de canon, au feu de laquelle le général Férino ne put répondre faute de munitions. Alors les Autrichiens reprirent sur ce point la défensive, en se portant sur Walvis ; mais Férino détacha le général Jacopin avec sa brigade. Ce général attaqua l'ennemi à la bayonnette dans Walvis même, et emporta le village ; mais les Autrichiens ayant réuni des forces considérables en arrière de Walvis, le général Férino crut devoir faire évacuer le village pendant la nuit.

La première division avec le reste de l'armée coucha sur le champ de bataille. Les Français avaient eu à combattre 80 mille ennemis qui furent repoussés avec perde de sept mille hommes tués ou blessés, et de quatre mille prisonniers.

L'armée du Danube aurait triomphé et mis l'armée du Prince Charles en déroute si elle avait eu dix mille hommes de plus.

Toutes les divisions avaient fait leur devoir, et les officiers et généraux avaient donné des preuves de talent et de valeur ; mais, inférieure en nombre, elle fut obligé de se tenir sur la défensive, et de rétrograder ensuite jusqu'aux débouchés de la Montagne Noire.

Le 11 la division Férino se porta sur Neustadt, et se plaça de manière à interdire à l'ennemi l'entrée de la vallée de ce nom ; mais le 14, l'ennemi ayant attaqué avec avantage, Férino fit sa retraite avec ordre sur Freybourg et Neubrisach.

Ce général commandait en l'an VIII la 7e division militaire par ses soins, le département de l'ardêche fut délivré des brigands qui le désolaient et la tranquilité publique fut rétablie. Le Ministre de la Guerre, Berthier, loua beaucoup la bonne conduite de ce général. "Férino qui commanda ensuite la 3e division (Metz), est un officier de beaucoup de mérite, brave, actif, infatigable. Il ne nous laissait pas un moment de repos dans notre retraite disait un officier de l'armée de Condé ; ses grenadiers et lui étaient des diables ; jour et nuit, il poursuivait notre corps qui avait bien de la peine à se tenir sur la défensive".

Aux qualités guerrières, Férino joint celles du coeur, il est ami du soldat et bon citoyen. 

Le 26 vendémiaire an XI (18 octobre 1802), le général de division Férino, commandant la 3ème division militaire écrit au Général Premier Consul, pour demander à être admis dans la Légion d'honneur : "La conscience du franc et loyal militaire ennoblit les demandes qu'il fait, et le chef juste (alors qu'il est grand comme vous) sait les apprécier. La Légion d'honneur offre une récompense honorable aux Français qui ont servis leur paÿs ; il serait flatteur pour moi d'être distingué parmi les citoyens que votre choix ÿ portera. Signé : Férino".

Le général Férino fut admis Grand officier de la Légion d'honneur par décret du 14 juin 1804 et élevé au rang de comte par lettres patentes du 1er juin 1808.

Le général, bien qu'à la retraite depuis le 9 germinal an XIII (30 mars 1805), remplit encore des commandements dans des places de grande importance, comme Metz et Anvers et fut rappelé en 1813. Il avait été nommé sénateur peu de temps après son départ de l'armée.

Il reçu, en 1814, la croix de Saint-Louis.

Pierre-Marie-Barthélémy Férino est décédé à Paris, le 28 juin 1816.

 

P1550962 z

 

Il avait épousé le 4 germinal an II (24 mars 1794) à Strasbourg, Marie-Claire-Bénédicte de Staal, fille de Pierre-François de Staal, marquis de Cayro (1715-1783) et de Béatrice Von Reinach, comtesse de Reinach (1721-1806), née le 10 décembre 1749 à Cravanche (Territoire de Belfort) (90), décédée à Périgueux (Dordogne 24) le 1er avril 1832. Il ne semble pas avoir eu d'enfant mais aurait élevé Jean-Baptiste Valentin de la Pelouze (1777 - 1838) qui fut aide-de-camp du général Férino.

Son nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe à Paris et une rue de Craveggia porte son nom.

plaque de rue Craveggia z

 

A.N. - Base Leonore - LH/957/23 - N° 1403 - Archives - Extrait du 4e volume de la galerie militaire, par F. Babié et L. Beaumont.

 

St-Nicolas des champs paris z

La carrière de son cousin, Jean-Baptiste-André Férino (alias Firino) (1779 - 1868) est également intéressante à un autre point de vue.

Fils de Marie-Antoine Férino, négociant et de Anne-Perpétue Tripperet, Jean-Baptiste-André est né à Paris, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs, le 29 octobre 1779.

Il épouse, à Paris, Sophie-Caroline Roguin, fille de Victor-Louis Roguin, payeur de la Grande Armée et de Catherine Delfosse, née à Namur en 1796, dont il eut deux enfants, Paul [Paul-Adolphe], né le 14 octobre 1825, marié à Paris, le 25 mars 1851 avec Marie-Mathilde Martell, dont 3 enfants, décédé à Paris le 6 avril 1878 et Sophie-Mélanie, née à Paris le 11 mars 1816, mariée à Paris, le 20 août 1835 avec Antoine-Pierre Hély d'Oissel (1806 - 1868), Conseiller d'État, dont 3 enfants, décédée à Paris, le 26 février 1874.

Payeur de la Charente, le 22 mars 1800. Payeur de la Grande Armée en Allemagne le 1er octobre 1805. Trésorier général en Illyrie le 26 janvier 1810. Payeur général de la Grande Armée le 21 janvier 1813. Commissaire spécial des Finances à Bordeaux le 29 juillet 1814. Inspecteur général des Finances, adjoint à la commission de liquidation des anciennes dettes du Ministère des Finances. Payeur général des armées du Nord, de la Moselle et du Rhin, le 12 mai 1815. Payeur de la 15ème division militaire à Rouen le 21 août 1815. Caissier central du Trésor public le 10 décembre 1821.

Le payeur-général Firino fit, sous la Restauration, la campagne de Morée, payeur général et commissaire des postes de l'armée expéditionnaire le 1er août 1828, puis celle d'Alger, où il fut chargé de l'inventaire du fameux "trésor du dey" ... Firino fit aussi sous la monarchie de juillet la campagne d'Anvers et termina sa carrière comme receveur général des Bouches-du-Rhône (du 1er janvier 1831 à 1852).

Légion d'honneur le 9 août 1814, officier le 3 mai 1829.

Jean-Baptiste-André Férino est décédé à Paris le 9 février 1868, inhumé au cimetière du Père-Lachaise où sa tombe existe toujours.


Les receveurs généraux des finances, 1790 - 1865 - Etude historique - Pierre-François Pinaud - 1990

Albert Depréaux - Persée - Revue d'histoire moderne - p. 372 - 1929

A.N. Base Leonore - LH/976/17

 

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