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La Maraîchine Normande
13 mars 2021

DOMPIERRE-SUR-YON (85) - 1831/1832 - JULES-MARIE GUERRY DE BEAUREGARD, SÉDITIEUX ET COMPLOTEUR (1810 - 1847)

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Fils de Jacques-Louis-Marie de Guerry de Beauregard [1756 - 1815] et de Constance-Henriette-Louise du Vergier de La Rochejaquelein (soeur des généraux vendéens) [1770 - 1827], mariés à Saint-Aubin-de-Baubigné, le 23 novembre 1790, Jules-Marie est né à Dompierre-sur-Yon, le 13 décembre 1810.

Son père, Jacques-Louis-Marie avait épousé en premières noces, à Carquefou, le 16 juillet 1782, Bonne-Marie-Félicité Ménardeau de Maubreuil (décédée le 25 octobre 1783) dont il eut un fils, Jacques-Marie-Armand, dit le comte de Maubreuil et marquis d'Orvault, né à Carquefou, au château de Maubreuil, le 26 mai 1783.

Admis à Saint-Cyr avec ses frères, Charles-Auguste et Tancrède, aux frais du roi, il fut page de Charles X, puis sous-lieutenant de chasseurs à Verdun. Aux premières nouvelles de la révolution parisienne, en 1830, il quitta son régiment, rejoignit le roi avec d'autres fidèles, et assista au départ de la famille royale à Cherbourg. Il reçut alors la veste de colonel de cuirassiers que portait le jeune duc de Bordeaux, lorsque les princes quittèrent leurs uniformes, au moment de s'embarquer sur le vaisseau anglais.

Avec sa tante de La Rochejaquelein, il vint habiter Landebaudière, où l'on préparait un soulèvement de la Vendée.

Arrêté une première fois à Bressuire, avec Aymar de la Tour du Pin, pour propos séditieux dans une auberge de Bressuire, en février 1831, il connut à nouveau la prison après l'arrestation de Mme de La Rochejaquelein, à Bourbon, puis à Fontenay, pour avoir pris part au "complot de Landebaudière". (État de la descendance La Rochejaquelein (1991) par Amblard de Guerry)

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COUR D'ASSISES DES DEUX-SÈVRES (Niort)
Présidence de M. Bussière - Audience du 17 avril 1831

Prévention d'attaque contre les droits que le Roi tient du voeu de la nation française - M. Guerry de Beauregard et M. le comte de la Tour-Dupin-Gouvernet.

M. Jules-Marie Guerry de Beauregard, âgé de 21 ans, ex-officier de la garde royale, et M. Frédéric-Claude-Aymar, comte de la Tour-Dupin-Gouvernet, âgé de 24 ans, ont comparu devant la Cour, comme prévenus de s'être rendus coupables d'attaque contre les droits que le Roi tient du voeu de la nation française, exprimé dans sa déclaration du 7 août dernier, et de la Charte constitutionnelle de 1830.

Voici les faits qui sont résultés des débats :

Le 12 février, les sieurs de Beauregard et de la Tour-Dupin-Gouvernet se rendirent à Bressuire sur les trois heures du matin, pour y prendre la voiture publique de Niort. Ils étaient à cheval et accompagnés d'un domestique de Mme la comtesse de la Rochejaquelein, chez qui M. de la Tour-Dupin se trouvait depuis plus de six semaines. Rendus devant un poste de la garde nationale de Bressuire, on leur crie deux fois qui vive sans qu'ils répondent ; au troisième qui vive, l'un d'eux répond sans s'arrêter : Royalistes, s.... nom de Dieu ! On les suit, on entre avec eux dans l'auberge où ils descendent, leurs passeports leur sont demandés ; ils refusent de les faire voir ; on les menace du corps-de-garde ; ils les montrent alors.

Pendant qu'on en prend lecture, ces messieurs se livrent à une foule de réflexions au moins inconvenantes telles que celle-ci : "Il était bien pénible pour eux de se voir ainsi tourmentés ; chez eux, parmi leurs paysans, ils étaient traités en rois ; depuis que le pauvre Charles X était hors de France, la noblesse n'était plus rien et ne pouvait plus rien faire sans être inquiétée : c'étaient là les fruits du gouvernement de la liberté."

Puis s'adressant aux gardes nationaux, ils leur dirent que "l'organisation de la garde nationale était illégale, qu'on pouvait se refuser au service ; qu'ils connaissaient des personnes qui l'avaient refusé, et qu'on n'avait pas pu les y contraindre." Enfin ils dirent "que ce service si pénible cesserait bientôt." Toutes ces réflexions étaient faites avec amertume et beaucoup de vivacité.

M. de la Tour-Dupin-Gouvernet s'adressant à un garde national qui était armé, lui demanda si toute la garde nationale du pays était armée comme lui ; celui-ci répondit que oui : qu'ils n'étaient pas comme les Vendéens qui n'avaient que des bâtons. A cette réponse, M. de la Tour-Dupin lui dit avec force : les Vendéens sont des braves ; en 1793, avec leurs bâtons, ils ont pris des canons, et ils sont prêts à en faire autant aujourd'hui. Au surplus, votre gouvernement actuel ne durera pas longtemps.

Tous les témoins, au nombre de cinq, ont unanimement déposé de ces faits qui ont en partie été dénié par les prévenus. Suivant eux, ils auraient bien parlé des canons pris avec des bâtons en 1793, mais n'auraient pas dit que les Vendéens étaient prêts à en faire autant ; ils n'auraient point non plus prononcé le mot de "gouvernement", mais seulement obsédés par le ton arrogant de la garde nationale, ils auraient dit : "On verra".

La prévention a été soutenue par M. Bodin, procureur du Roi, qui s'est exprimé en ces termes :

"Vous n'êtes point à sentir, MM. les jurés, combien est grave la prévention qui pèse sur les sieurs Guerry de Beauregard et de la Tour-Dupin-Gouvernet, et sur laquelle vous avez à prononcer. Les discours séditieux qui leur sont reprochés, ont-ils le caractère de la publicité et constituent-ils le délit prévu par l'article Ier de la loi du 29 novembre 1830 ? Telle est la question que nous venons examiner avec vous.

Vous le savez : ce n'est point la pensée, ce n'est point l'opinion que l'on poursuit. La loi laisse la plus grande latitude à cet égard ; elle ne scrute ni l'une ni l'autre. Son action commence que là où la pensée se manifeste publiquement. Les épanchements de l'amitié, les entretiens au foyer domestique n'ont rien à craindre de son investigation. Il doit en être autrement, lorsque la pensée ou l'opinion saura rechercher des échos, lorsqu'elle perd ce caractère d'abandon que demande l'intimité pour se répandre dans la société, et pour y propager ce qu'elle peut avoir de dangereux pour l'ordre et la liberté, et de funeste pour la sécurité de tous. En un mot, c'est la publicité seule qui peut la rendre criminelle.

Le fait immense qui naguère s'est accompli sous nos yeux, notre glorieuse révolution de juillet, a imprimé à la France une secousse violente qui ne lui a pas encore permis de reprendre son assiette ordinaire. Un pareil bouleversement n'a pu s'opérer sans froisser beaucoup d'intérêts, et sans arrêter dans leur course une foule d'ambitieux. Cependant, il faut le dire, les premiers jours qui ont suivi l'expulsion du roi parjure, ont offert à l'observateur attentif le calme le plus parfait. On eût dit que la France était unanime de sentiments ; qu'il n'y avait plus qu'une bannière sous laquelle vainqueurs et vaincus venaient oublier leurs anciennes divisions. Ce calme, qui n'était qu'apparent, ne devait pas être de longue durée. Notre révolution si légitime dans son principe, si pure dans son action, et dont les promesses s'accomplissent chaque jour avec une sage lenteur, avait ses ennemis. Ils s'étaient cachés au jour du danger. Pas un, chose que l'histoire aura peine à comprendre, n'osa chercher la mort dans les rangs de l'armée qui combattait pour eux ; pas un ne tenta d'agir en faveur de la famille détrônée, pendant les treize jours qu'elle employa à quitter pour jamais le sol français. Cette lenteur devait pourtant leur dire qu'elle attendait quelque chose de leur fidélité, ou tout au moins de la reconnaissance. Leçon terrible et sur laquelle les rois ne peuvent trop méditer.

Cependant la révolution, vierge de crime, et pour ainsi dire exempte de tout excès, marchait sous le régime légal. Protection fut accordée à tous. La nation satisfaite de se voir reportée aux temps où sa volonté décidait du choix du souverain, fière de celui qu'elle venait d'élever sur le trône, parut souvent mettre de côté les opinions politiques pour ne voir qu'un Français dans celui qui les professait.

Cette générosité fut mal comprise. Les partisans du pouvoir déchu, loin de voir dans cette conduite le sentiment que le gouvernement avait de sa force et de sa stabilité, l'attribuèrent à un sentiment de faiblesse. Pleins de cette idée, à l'abattement auquel on les avait vus en proie pendant quelque temps, succéda tout-à-coup une sorte d'audace qui ne leur permit plus de comprimer leurs regrets, mais qui les porta au contraire à les produite au grand jour, et à annoncer le retour prochain de la famille déchue.

Leurs regards se portèrent avec complaisance sur les provinces où le fanatisme religieux et l'ascendant de quelques nobles sur des paysans simples, firent répandre, il y a trente-huit ans, des torrents de sang français, et ils appelaient à grands cris la guerre civile ; ils soupiraient après l'étranger ; ils ne craignaient pas de nous menacer de la vengeance des Moscovites, et ne rêvaient plus que le retour de Charles X, ayant pour gardes d'honneur les cosaques de l'Ukraine et du Don.

Voilà, Messieurs, quel a été le résultat de cette longanimité du gouvernement ; il n'a été payé de sa générosité que par les calomnies et l'apparition de l'étendard de la révolte porté par les Robert, les Diot, les Lahoussey. Il est temps de faire sentir à ceux qui répudient les bienfaits des journées de juillet que s'ils veulent jouir de la protection que le gouvernement accorde à tous, le gouvernement, à son tour, a droit d'exiger d'eux la soumission aux lois et le respect pour son chef. L'intérêt de la société l'exige ; le repos et la tranquillité de la France le commandent impérieusement."

M. Bodin s'est livré ensuite à l'examen des propos incriminés, et s'est attaché à démontrer que pris isolément ou en masse, ils avaient le caractère de séditieux ; qu'ils annonçaient, dans ceux qui les ont tenus, une haine prononcée contre nos institutions actuelles et une dynastie que la nation a appelée à régner sur elle ; que ces propos contenaient des semences de révolte, surtout dans un pays qui avait été le berceau de la guerre civile en 1793 ... que cette assertion s'appuyait encore sur plusieurs circonstances éparses dans la cause qui, quoique non incriminées, annonçaient suffisamment quel aurait été l'esprit qui animait les prévenus lorsqu'ils ont tenu les propos qu'on leur reproche ; enfin il a terminé cette partie de son réquisitoire par la lecture d'une lettre écrite par M. Latour-Dupin, le 11 février, à son père, et saisie sur lui lors de son arrestation, lettre qui faisait partie du dossier, et dans laquelle il disait : "J'ai prolongé mon séjour ici (Saint-Aubin-de-Baubigné, où habite Mme la comtesse A. de la Rochejaquelein), car on se trouve si bien entouré de l'expression de l'honneur et de la loyauté des plus simples paysans, que l'on a peine à quitter ce pays ! ... Ils ont donc un roi, mais nous aurons aussi la guerre, je crois, je n'ose pas dire : j'espère ; et pourtant c'est la vérité, car on ne peut pas être plus malheureux que n'est le peuple agricole et manufacturier. C'est pour et par les ouvriers que l'on a fait cette soi-disant glorieuse révolution. Eh bien ! demandez-leur ce qu'ils pensent de la gloire et surtout du positif de cette révolution ? Ils vous répondront que leurs chefs réunis les ont renvoyés, et que le commerce détruit ne fait plus travailler ; que rien ne se vend, ne se fait, et que l'on meurt de faim ...

S'il y a la guerre, il y aura du mouvement ; l'un ou l'autre succombera. C'est le jour de l'injustice, et dans un nouveau gouvernement tout sera nouveau ; esprit, gens, espoir, avenir, tout sera changé, et tout n'en sera que meilleur, car cela remontera la machine pour quelques siècles encore. J'aime bien mes aises ; mais j'aimerais encore mieux travailler à cette régénération. Ce n'est pas pour rien que l'on verra que la jeunesse française est ardente ..." Puis il termine par ces mots : "Cela ne peut, ne doit pas durer et ne durera pas."

La criminalité établie, M. le procureur du Roi a prouvé, par les dépositions des témoins, que ces propos avaient été tenus par les prévenus. Arrivé à celui qui consiste à dire que les Vendéens étaient prêts à faire ce qu'ils avaient fait en 1793. "Non, a-t-il dit, les paysans de la Vendée ne sont plus ce qu'ils étaient en 1793. Les chefs ne manqueraient pas, mais les soldats, où les prendrait-on ? Sans avoir renoncé à leurs principes religieux, les Vendéens ne sont plus gens à croire aux absurdités que leurs prêtres leur présentaient autrefois comme des articles de foi ; ils ne sont plus gens à croire que, morts sur le champ de bataille, trois jours doivent suffire pour les rendre à la vie, et que la mort de douze soldats tués par un Vendéen, au combat ou derrière les haies, doit, pour l'éternité, leur ouvrir les portes du ciel. Les Vendéens, s'ils ne le savent pas eux-mêmes, savent par leurs pères, que leurs maisons ont été incendiées, leur mobilier détruit, leurs bestiaux enlevés, et que de l'aisance ils sont tombés souvent dans la plus profonde misère. Les leçons de l'expérience sont là ; elles ne seront point perdues pour eux ; ils fermeront l'oreille aux provocations, et par là, ils éviteront une nouvelle ruine. Qu'ils se montrent soumis aux lois ; qu'ils repoussent de leur sein les insensés qui voudraient rouvrir ce cancer politique, et le gouvernement leur assurera protection et sûreté."

Plus loin, relativement au propos qui consiste à avoir dit que le gouvernement ne durera pas longtemps : "Qui donc, a dit ce magistrat, a pu initier à ses destinées les auteurs de ce propos ? Qui donc a pu penser qu'un trône défendu, nous ne disons pas par deux millions de baïonnettes dont la trempe est connue de toute l'Europe, mais par l'amour de 29 millions de Français (en faisant une large part aux ennemis de notre révolution) croulerait à l'instar du trône vermoulu de Charles X ? leurs voeux, Messieurs, rien de plus."

"Au 12 février, le colosse russe s'avançait sur la Pologne, d'une main portant le glaive, de l'autre des chaînes. Les efforts héroïques de ses habitants faisaient sourire de pitié les partisans de l'absolutisme : et une fois la Pologne anéantie, le czar entraînait l'Allemagne avec lui et venait fondre sur la France. Voilà quelles étaient les espérances des ennemis de notre révolution ; ils en étaient si imbus, qu'ils les manifestaient pour ainsi dire malgré eux. Une poignée de héros a trompé leur attente ..."

La défense était confiée à Me Gaillard, avocat à Niort, qui, fort jeune, a autrefois combattu dans la Vendée. Il s'est acquitté de sa tâche avec le zèle et la chaleur que comportait un pareil sujet. Ses efforts n'ont réussi qu'à moitié. M. de Beauregard a été acquitté et M. de la Tour-Dupin a été condamné à 3 mois de prison et 300 fr. d'amende. Ces messieurs avaient obtenu leur mise en liberté sous caution, au Tribunal de Bressuire. On assure que M. de la Tour-Dupin s'est pourvu en cassation. (La Gazette des Tribunaux - 30 avril 1831)

Fontenay z

 

La seconde fois, un mandat d'arrêt est lancé contre lui et son ami en novembre 1831 pour avoir pris part au "complot de Landebaudière" ; Jules Guerry de Beauregard fut arrêté à Bourbon-Vendée le 12 novembre au matin, au moment où il y arrivait venant du château des Gâts ; M. de la Tour du Pin fut arrêté à Bordeaux, comme il se préparait à gagner l'Espagne ; ils furent incarcérés à Bourbon-Vendée puis à Fontenay-le-Comte :

Guerry de Beauregard - inculpé d'avoir pris part à un complot dont le but était d'exciter la guerre civile - mandat d'arrêt du 12 novembre 1831 - entré en la prison de Bourbon-Vendée, le même jour, puis le 3 janvier 1832, parti pour Fontenay-le-Comte, en vertu d'un mandat de M. le commissaire Bourgnon de l'Ayre (AD85 - 2 Y 1 18 vue 89/93)

La Tour du Pin - inculpé de complot contre la sûreté de l'Etat - mandat d'arrêt du 17 novembre 1831 - entré en prison de Bourbon-Vendée, le même jour - le 3 janvier 1832 - parti pour Fontenay-le-Comte en vertu d'un mandat de M. le commissaire Bourgnon de l'Ayre. (AD85 - 2 Y 1 18, vue 90/93)

Voici ce que rapporte le registre d'écrou de la maison d'arrêt de Fontenay-le-Comte (AD85 - 2 Y 2 45) à propos de Jules-Marie Guerry de Beauregard et de Frédéric-Claude, comte de la Tour-Dupin-Gouvernet :

- M. DE BEAUREGARD

fils de M. de Beauregard et de Mlle de La Rochejaquelein
né à Dompierre
demeurant à la Gaubretière
entré en cette prison le 3 janvier 1832.

Signalement : Âgé de 20 ans ; nez épaté ; taille de 1 m 75 ; bouche moyenne ; cheveux blonds ; menton rond ; sourcils blonds ; visage ovale ; front rond ; teint clair ; yeux bleus ; marques particulières : néant.

Cejourd'hui trois janvier mil huit cent trente deux s'est présenté au greffe de la maison de Fontenay-le-Comte, département de la Vendée, le sieur Rocquette, lieutenant de gendarmerie à la résidence de Bourbon-Vendée, porteur d'un ordre délivré par M. le capitaine commandant la gendarmerie de la Vendée,
sous la date du deux janvier 1832, en vertu duquel il m'a été fait la remise de la personne du nommé M. de Bauregard,
ainsi que le constate l'acte qui m'a été représenté et dont la transcription se trouve ci-dessous.
Le dit M. de Beauregard ayant été laissé à ma garde, j'ai dressé le présent acte d'écrou que le sieur Antoine Crouzat a signé avec moi après avoir reçu décharge.
Rocquette
Crouzat.
Nous Armand-Elzéard Bourgnon de Layre, officier de la Légion d'honneur, conseiller à la cour royale de Poitiers, commissaire nommé par l'arrêt d'évocation de la dite cour,
Mandons et ordonnons à tous huissiers ou agens de la force publique de transférer de la maison d'arrêt de Bourbon-Vendée où il est en ce moment en état de mandat de dépôt, le sieur Jules-Marie Guéry de Beauregard, demeurant au château de Landebaudière, commune de la Gaubretière, inculpé d'avoir pris part à un complot tendant à détruire le gouvernement du roi et à exciter la guerre civile en armant ou en portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres, faits qualifiés crime par les art. 87 et 90 du code pénal, dans la maison d'arrêt de Fontenay où il sera écroué en vertu du présent mandat.
Enjoignant au gardien de la dite maison d'arrêt de le recevoir.
Requérons tous dépositaires de la force publique auxquels le présent mandat sera exhibé de prêter main forte pour son exécution, à l'effet de quoi nous avons signé le dit mandat et y avons apposé le sceau de la cour.
Fait au palais de justice à Poitiers le 31 décembre 1831.
Signé : Bourgnon de Layre.
Nous, Verbe, brigadier de gendarmerie à la résidence de Fontenay, avons écroué sur le présent registre le dit M. Guery de Beauregard et l'avons laissé à la garde et charge du concierge qui s'est avec nous soussigné.
Crouzat
Verbe.
Le 23 mars 1832
Transféré à Bourbon-Vendée, devant M. le procureur du roi.
Fontenay, le 23 mars 1832.
Verbe. 

 

LA TOUR DU PIN

 

- M. DE LA TOUR DU PIN

fils de M. de la Tour du Pin et de Mlle Dillon ; né à Saint-André-de-Cubzac [13 octobre 1806]; demeurant à la Gaubretière ; entré en cette prison le 3 janvier 1832.

Signalement : Âgé de 25 ans ; nez : gros ; taille de 1 m 77 ; bouche moyenne ; cheveux roux ; menton long ; soucils roux ; visage ovale ; front découvert ; teint ordinaire ; yeux bleus ; marques particulières : néant.

Cejourd'hui trois janvier mil huit cent trente deux s'est présenté au greffe de la maison de Fontenay-le-Comte, département de la Vendée, le sieur Rocquette, lieutenant de gendarmerie, à la résidence de Bourbon-Vendée, porteur d'un ordre délivré par M. le capitaine commandant la gendarmerie de la Vendée
sous la date du deux janvier 1832 en vertu duquel il m'a été fait la remise de la personne du nommé M. la Tour du Pin
ainsi que le constate l'acte qui m'a été représenté et dont la transcription se trouve ci-dessous.
Le dit M. de la Tour du Pin ayant été laissé à ma garde, j'ai dressé le présent acte d'écrou que le sieur Antoine Crouzat a signé avec moi après avoir reçu décharge.
Rocquette
Crouzat.
Nous Armand-Elzéard Bourgnon de Layre, officier de la Légion d'honneur, conseiller à la cour royale de Poitiers, commissaire nommé par l'arrêt d'évocation de la dite cour,
Mandons et ordonnons à tous huissiers et agens de la force publique de transférer de la maison d'arrêt de Bourbon-Vendée où il est en ce moment en état de mandat de dépôt, le sieur Frédéric-Claude-Aymar de la Tour du Pin, comte de Gouvernet, né à Cubzac (Giroude), domicilié au château de Landebaudière, commune de la Gaubretière, inculpé de complot contre la sûreté intérieure de l'Etat, fait qualifié crime par les articles 87 et 91 du code pénal, dans la maison d'arrêt de Fontenay, où il sera écroué en vertu du présent mandat.
Enjoignant au gardien de la dite maison d'arrêt de le recevoir.
Requérons tous dépositaires de la force publique auxquels le présent mandat sera exhibé de prêter main forte pour son exécution ; à l'effet de quoi nous avons signé le dit mandat et y avons apposé le sceau de la cour.
Fait au palais de justice à Poitiers, le trente et un décembre mil huit cent trente un.
Signé : Bourgnon de Layre
Le 27 février 1832 : Le concierge de la prison de Fontenay mettra sur le champ en liberté Monsieur Aymar de la Tour du Pin, comte de Gouvernet, prévenu d'attentat à la sûreté du pays et renvoyé de la dite prévention par arrêt de la cour royale de Poitiers, chambre des mises en accusation, en date du 24 de ce mois.
Fait en cour d'Assises à Fontenay,
le 27 février 1832
Le procureur général de la cour royale de Poitiers, chevalier de la Légion d'honneur.
Signé : Bourgnon de Layre

Frédéric-Claude-Aymar, comte de la Tour-Dupin-Gouvernet est décédé à Fontainebleau, le 4 mars 1867.

La Tour du Pin naissance 1806

La Tour du Pin décès Fontainebleau 1867

 

Jules-Marie Guerry de Beauregard fut renvoyé devant la cour d'assises de la Vendée, puis devant celle d'Angoulême. Défendu par Janvier, il échappa à la fureur de la foule, après son acquittement, en août 1832.

L'année suivante, il suivait son oncle Auguste au Portugal, et fit ensuite avec ses camarades le long périple, depuis le monastère d'Alcantara, à la frontière du Portugal (où un d'eux dessina les portraits de chacun), par Gibraltar, et Malte, les conduisit en Italie.

Ensuite il vécut avec les La Rochejaquelein, qui le traitaient en fils, participant aux chasses de l'oncle, et se faisant tancer par sa tante, qui regrettait de voir se gâter, dans cette oisiveté de chasseur poitevin, des dons exceptionnels.

Elle voulait le marier, et ses lettres sillonnaient la France, pour trouver un parti. Ce rêve allait enfin se réaliser : Jules allait épouser Stéphanie de Boubée, qui habitait le château de Feurs, dans la Haute-Loire ... Une brusque rechute d'une maladie qui s'était déjà manifestée, la même dont étaient mortes ses deux soeurs, le conduisit à Nice, où il mourut, soigné par son frère Tancrède, le 1er avril 1846 (paroisse Saint Jean-Baptiste).

Ses ossements furent ramenés clandestinement en France en 1857. La comtesse Auguste voulait l'inhumer dans la chapelle des La Rochejaquelein. Des difficultés venues sans doute du marquis Henri empêchèrent cela, et Tancrède conserva pieusement, pendant vingt ans, dans un coffret sur la commode de sa chambre, les ossements de son frère.

Aussitôt après sa mort, le coffret, envoyé à Julien de La Rochejaquelein, fut déposé dans le caveau.

Les dernières lettres qu'il écrivit à son oncle et à sa tante de La Rochejaquelein (qu'il appelait sa mère), témoignent de façon émouvante de l'éducation qu'il avait reçue. (État de la descendance La Rochejaquelein (1991) par Amblard de Guerry)

Décès 1846

 

Je remercie M. Michel Chatry pour les précieux documents qu'il a bien voulu m'adresser et qui m'ont permis de compléter au mieux cet article.

 

Portrait de Jules-Marie extrait de l'album du colonel Dubreuil (1834)

Portrait d'Aymar de La Tour du Pin- Gouvernet : Généanet

AD85 - Registres d'état-civil de Dompierre-sur-Yon

AD33 - Registres d'état-civil de Saint-André-de-Cubzac

AD77 - Registres d'état-civil de Fontainebleau

AD06 - Registres d'état-civil de Nice

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Commentaires
M
C'est le 1er avril 1846 que Jules-Marie Guerry de Beauregard est mort à Nice (paroisse St Jean-Baptiste),<br /> <br /> Un portrait de lui figure dans l'album du colonel Dubreuil, réalisé en 1834, au retour de l'expdition du Portugal, à laquelle il avait participé avec son oncle Auguste de la Rochejaquelein.
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