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La Maraîchine Normande
27 janvier 2021

PARIS (75) CORBEIL (91) - GÉNÉRAL JEAN-BAPTISTE BEAUFOL DIT BEAUFORT DE THORIGNY (1761 - 1825)

beaufort gravure z

Fils de Jean Beaufol, domestique, et de Madeleine-Marguerite Pinon, Jean-Baptiste est né à Paris, paroisse Saint-André-des-Arts, le dimanche 18 octobre 1761 et a été baptisé le lendemain. Ses parents s'étaient unis en cette même paroisse, le 22 mai 1760.

baptême du général z

 

SES ÉTATS DE SERVICES :

- Soldat au régiment de Languedoc-infanterie, 3 mars 1777 :

- passé aux dragons d'Orléans (plus tard 16e régiment), 5 janvier 1778 ;

- entra dans la garde nationale soldée de Paris, 4e division, compagnie Demongé, 28 octobre 1789 ;

- en sortit le 12 septembre 1791 ;

- adjudant sous-officier à la 31e division de gendarmerie, 15 août 1792 ;

- à l'armée du Nord, octobre 1792 ;

- nommé provisoirement adjudant général chef de bataillon par le général en chef Beurnonville, 23 octobre 1792 ;

- blessé de deux coups de sabre, l'un sur la tête et l'autre sur le cou à Jemappes, 6 novembre 1792 ;

- servit aux sièges de Gand, Bréda, Gertruydenberg, à la bataille de Neerwinden, 18 mars 1793 ;

- puis au combat de Tourcoing ;

- blessé d'un coup de sabre à la main gauche, d'un autre à l'oeil et d'un coup de feu au bras droit, 18 mai 1793 ;

- servit à la retraite du camp de César ;

- appelé à Paris, fut un moment arrêté, puis envoyé à Orléans comme adjudant général chef de brigade, 18 août 1793 ;

- nommé provisoirement par le représentant du peuple Laplanche à Orléans général de division, 14 octobre 1793 ;

- nommé par le représentant du peuple Jean-Bon Saint-André commandant le camp de Mortain et par intérim l'arrondissement de l'armée des Côtes de Cherbourg, 15 novembre 1793 ;

- blessé d'un coup de feu à la main droite à l'affaire de la Pellerine, 15 novembre 1793 ;

- nommé de nouveau et provisoirement général de division par le représentant du peuple Jean-Bon Saint-André, le 5 décembre 1793 ;

- commandant à Rennes ;

- fit prisonnier le prince de Talmond, 2 janvier 1794 ;

- détruisit la bande de Jean Cottereau dans la forêt du Pertre ;

- puis fut vainqueur de de Puisaye et des chouans à Liffré ;

- enfin commanda la 15e division militaire à Rouen ;

- appelé à Paris, 26 juin 1794 ;

- confirmé général de brigade par le comité de salut public et employé à l'armée des Pyrénées-Orientales, 1er août 1794 ;

- commandant la 1ère brigade de la division Augereau, 1er septembre 1794 ;

- fut blessé le 19 septembre ;

- servit à la bataille de la Montagne Noire, 17 novembre 1794 ;

- commandant la 2e division de l'armée à la place de Pérignon, 19 novembre 1794 ;

- blessé d'un coup de feu à la jambe droite à la reconnaissance de Bascara, 1er mars 1795 ;

- remplacé par Haquin, 8 juin 1795 ;

- autorisé à prendre sa retraite, 17 septembre 1795 ;

- remis en activité, 10 octobre 1795, et employé à l'armée du Nord ;

- commandant à Ypres, 12 octobre, puis à Ostende ; employé dans la 16e division militaire, 1796-1798 ; puis commandant les Deux-Sèvres, 1798 ; et provisoirement la 12e division militaire à la place de Müller, 14 novembre 1798 ;

- réformé, 21 août 1801 ;

- remis en activité à l'armée du Nord du 15 août au 26 septembre 1809 ;

- admis à la retraite de 2.000 fr., 24 octobre 1809 ;

- chevalier de Saint-Louis, 17 janvier 1815 ;

- engagé aux volontaires royaux, en mars 1815 ;

- obtint une retraite de 4.000 fr. le 30 octobre 1816.

(Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l'Empire : 1792-1814 - Tome I - 1934)

 

beaufort gravure z z

Jean-Baptiste Beaufol entra très jeune au service comme soldat au régiment Languedoc infanterie, où il devint successivement fourrier, sergent-major et adjudant-major. Étant passé dans les dragons d'Orléans, il y fut fait adjudant-major. Il servit, en 1789, dans la garde soldée parisienne, et fut un des militaires qui dans les journées des 5 et 6 octobre de cette année, et dans celle du 28 février 1791, se montrèrent les plus dévoués à la cause du trône.

En 1792, il fit preuve du même dévouement dans la journée du 20 juin, et fut blessé dans celle du 10 août, en cherchant à préserver les jours de la famille royale. Sa conduite en cette dernière occasion lui attira la haine des anarchistes, qui le firent jeter dans les prisons de l'Abbaye, où il se trouvait lors des massacres de septembre. Condamné à la peine capitale, il fut livré aux assassins, qui exécutèrent aussitôt la sentence de mort ; mais le sieur Beaufol, tombé au milieu de beaucoup d'autres victimes, et cru mort, fut cependant sauvé par deux de ses anciens compagnons d'armes, qui, s'étant aperçus qu'il respirait encore, lui prodiguèrent des soins auxquels il dut son retour à la vie.

JEMMAPES 1792 Z

 

Il entra dans la gendarmerie à pied, en cette même année 1792 ; passa à l'armée du Nord, commandée par Dumourier ; fut fait adjudant-commandant chef de bataillon le 23 octobre, et se trouva le 6 novembre à l'attaque du corps autrichien qui occupait une des formidables positions de Jemmapes, en avant de Mons. Il commanda dans cette bataille les 31e et 32e divisions de gendarmerie à pied ; se mit à leur tête ; leur fit franchir une rivière sous une grêle de balles et de mitraille ; arriva jusqu'à l'ennemi sans avoir fait brûler une amorce ; le poursuivit jusqu'à Warneton, et l'en chassa, après lui avoir fait éprouver une perte considérable en morts et en blessés. Atteint lui-même de deux coups de sabre, l'un à la tête et l'autre au cou, il continua de combattre, se précipita au milieu des plus épais bataillons ennemis, et fit des prodiges de valeur qui excitèrent ses compagnons d'armes à l'imiter en bravoure. Après ce combat, il sauva la vie à 22 Autrichiens qu'on allait fusiller, et qui avaient été faits prisonniers dans une redoute enlevée d'assaut. L'armée française, poursuivant ses succès, marchait sur Gand ; mais, arrivés à Tournay, les gendarmes refusèrent d'aller en avant et se mutinèrent contre leurs officiers. L'adjudant-général Beaufol s'étant approché des plus rebelles, parvint à les faire rentrer dans l'obéissance, et aussitôt les deux divisions de gendarmerie se mirent en route pour Gand.

Lorsqu'on fut arrivé à la tête de Flandre, dans la nuit du 16 novembre, l'attaque d'Anvers ayant été résolue, on fit préparer les embarcations pour effectuer de suite le passage de l'Escaut ; les gendarmes, effrayés par une grande quantité de pots-à-feu que lançaient les Autrichiens, refusèrent encore de marcher, et de leurs rangs partit le cri "à la trahison", qui était, à cette époque, celui des lâches et le signal des déroutes. L'adjudant-général Beaufol reprochant aux gendarmes leurs pusillanimité, les exhorta en vain à s'embarquer. Sur leur refus, il s'élança dans un canot avec deux braves qui seuls voulurent le suivre ; s'avança sur l'Escaut, jusqu'au pied des murs de la citadelle, et revint à la tête de Flandre, après avoir essuyé le feu de vingt batteries. Ce trait d'audace détermina enfin les gendarmes, qui s'embarquèrent et effectuèrent le passage du fleuve. Après avoir contribué à la prise des forts de Lillo et de Lestenhac, et à celle de la citadelle d'Anvers, l'adjudant-général Beaufol mit sa troupe en quartier d'hiver à Lierre : sa fermeté pour le maintien de la discipline et le respect des propriétés, ainsi que sa modération envers les habitants, contribuèrent puissamment et promptement à dissiper les funestes préventions que les Belges avaient nourries jusque-là contre les soldats français.

BREDA Z

Lors du siège de Breda, commencé le 24 février 1793, il s'établit avec les troupes sous ses ordres à Guineghem, à demi-portée de canon de la place. Les gendarmes hésitant à ouvrir la tranchée, il s'arma d'une pioche ; s'approcha des remparts, et travailla à découvert à la distance de 24 toises de la place. Cet acte d'intrépidité ayant été suivi, les travaux furent commencés, et Breda capitula au bout de quatre jours. Il enleva de vive force Capel, Waspick et Ramsdoueck ; s'empara le 4 mars de la ville de Gertruydemberg, et concourut à la reddition d'Hasden, du fort d'Owren, et de la ville d'Amelkerque. L'armée française, après s'être avancée jusqu'auprès de Gorcum, ayant été obligée de battre en retraite, l'adjudant-général Beaufol se replia en bon ordre sur Capel ; et en disputant le terrain pied à pied. Il fondit à l'improviste sur Alpha, où le général prussien Beker se trouva ; culbuta ses troupes et les mit en pleine déroute. Il se trouva, le 18 mars, à la bataille de Nervinde perdut par les Français ; y combattit avec beaucoup de valeur ; fut nommé adjudant-général chef de brigade sur le champ de bataille ; arrêta ensuite l'armée autrichienne qui voulait pénétrer dans la ville de Gand, et refusa de rendre cette place avant son entière évacuation.

Pendant la retraite que l'armée fit jusque sur les bords de la Lys, la gendarmerie à pied qu'il commandait fut le seul corps qui se retira en bon ordre, et qui dut à la considération personnel dont jouissait son chef, de n'être point inquiété par les Belges, qui massacraient tous les soldats restés en arrière. Une partie des gendarmes, devant, en vertu d'une capitulation, rentrer en France avec armes et bagages, on lui donna une escorte autrichienne qui voulut les fusiller en arrivant à Menin, sous le vain prétexte qu'ils avaient renversé à Anvers les aigles germaniques ; l'adjudant-général Beaufol s'opposa à cette exécution avec une énergie qui imposa aux Impériaux ; et ces derniers, malgré la supériorité de leur nombre, se retitèrent sans oser tenter d'accomplir leur dessein. Dans différents combats d'avant-postes qu'il eut à soutenir contre les Autrichiens, il les battit à Commines, Warneton, Blaton et Luines. Il entra l'un des premiers dans la ville de Turcoing, qui fut enlevée de vive force, le 18 mai ; s'enfonça dans la mêlée ; y reçut deux coups de sabre, l'un sur la main gauche, l'autre sur l'oeil ; eut le bras droit percé d'un coup de lance ; et malgré l'abondante perte de son sang et la diminution de ses forces, il chargea encore avec intrépidité contre 450 Hollandais, qu'il força à mettre bas les armes. Les gendarmes sous ses ordres se souvenant alors que peu de jours auparavant ils avaient été sur le point d'être fusillés par les Autrichiens, voulurent mettre à exécution, contre ces 450 Hollandais, le décret de la Convention qui condamnait à mort tous les prisonniers de guerre ; mais l'adjudant-général Beaufol s'y opposa avec une fermeté et une éloquence qui ramenèrent les gendarmes à des sentiments plus généreux et sauvèrent la vie aux Hollandais. Il était à peine guéri de ses blessures qu'il fut employé au camp de César.

Mandé bientôt après à Paris, il fut mis en arrestation par le comité révolutionnaire de la section des Quatre-Nations, et courut le risque de porter sa tête sur l'échafaud. Mis en liberté et envoyé à Orléans, il y reçut les corps d'armée, qui, après avoir soutenu les sièges de Mayence et de Valenciennes, se rendaient dans la Vendée. Les mesures d'ordre qu'il prit, jointes aux moyens de persuasion dont il fit usage, apaisèrent plusieurs émeutes occasionnées par le manque de subsistances. Il déroba plus d'une fois à la hache des bourreaux les victimes qu'elle s'apprêtait à frapper, et ayant appris que quatre officiers du régiment Dauphin Infanterie devaient être fusillés pour avoir fait entendre le cri de "vive le roi" pendant le siège de Valenciennes, il se transporta de suite dans leur prison, et les en fit évader.

GRANVILLE

Nommé général de brigade, en décembre 1793, il fut employé à l'armée des côtes de Cherbourg. Les Vendéens ayant assiégé Granville, il marcha au secours de cette ville, battit les royalistes, reçut deux coups de feu, et fut nommé général de division sur le champ de bataille. Il poursuivit encore la grande armée vendéenne, et lui fit éprouver des échecs, notamment à Avranches, Antram, Pontorson, Dol, et Fougères. Il fit usage de son autorité pour sauver la vie aux insurgés qui tombaient en son pouvoir ; et, bravant les menaces d'un représentant du peuple en mission, non seulement il s'opposa à ce qu'on mît le feu au château de Thorigny, où l'on voulait faire périr par les flammes 600 prisonniers vendéens, mais encore il marcha avec ses troupes à ce château, et y brisa les fers de ces prisonniers [Regardant cette action comme son plus beau titre de gloire, il voulut porter le nom de Thorigny]Indigné d'une mission qu'il regarde comme injurieuse à son caractère, l'honorable Beaufort écrit au Comité de salut public, le 18 janvier 1794, ce billet remarquable par la noblesse et l'indépendance résolue de ses expressions :

"J'ai reçu, citoyens représentants, l'ordre verbal que vous m'avez fait donner. Le ci-devant château de Thorigny contient beaucoup de prisonniers ; dans toutes les guerres ils doivent être sacrés pour les soldats. Je crois donc devoir vous prévenir que je n'ai pas obtempéré à cet ordre. Il y a des tribunaux institués pour juger tout ce monde-là : qu'ils passent en jugement ; mais, en me dévouant au service de la patrie, je n'ai pas pris la charge du bourreau ; et mes soldats pensent comme moi". (1)

THORIGNI SUR VIRE CHATEAU Z

Il fit également tous ses efforts pour sauver le prince de Talmond, auquel il prodigua des soins et des consolations, mais il ne put empêcher le supplice de ce chef royaliste.

En janvier 1794, il marcha sur Fougères avec un corps de 6.000 hommes, battit les chouans à la Pellerine ; y fut atteint d'un coup de feu ; établit son quartier-général à Vitré ; ordonna une fouille dans la forêt du Pertre, qui était le point de rassemblement des insurgés, et où l'on en prit 6 à 700, parmi lesquels on fit fusiller tous ceux trouvés les armes à la main. C'est dans cette expédition que fut tué le nommé Jean Cottereau aîné, dit Chouan, l'un des premiers chefs des bandes qui se réunirent au parti de la Rouërie. Il chassa ces troupes du poste de la Gravelle, d'où ils infestaient la route de Laval à Brest, et porta un coup funeste à la chouannerie, en organisant dans la Bretagne le système des cantonnements, dont il était le créateur, et que le général Hoche employa postérieurement avec succès. Par ses soins et sa vigilance, il était parvenu à empêcher le recrutement pour les troupes vendéennes, et à amener leurs chefs au point de faire des ouvertures tendantes à mettre un terme à la guerre civile ; mais le comité de salut public ne voulut point accepter ces propositions, et les hostilités furent reprises.

Dans ces temps déplorables, il s'occupa constamment à prévenir les crimes de l'anarchie, et chaque jour lui vit faire des efforts pour sauver des victimes. Ce furent à ses soins que 32 cavaliers volontaires des plus riches maisons de la Normandie durent la vie ; ayant été décrétés d'accusation et devant être arrêtés, il les fit rester aux avant-postes de son armée, et les ramena à Rouen, au bout de trois mois, libres et congédiés. La ville de Rouen ayant été dans ce temps en proie à la famine, il brava la loi qui punissait de mort quiconque détournerait la moindre chose des magasins du gouvernement ; fit ouvrir les greniers militaires, et permit aux habitants de venir s'y approvisionner. Il préserva du pillage l'hôtel du président d'Oissel, et empêcha que ce magistrat, son épouse et son fils, détenus à St-Yon, fussent conduits à Paris, où ils auraient indubitablement péri sur l'échafaud.

Mandé à Paris, on l'y menaça d'être traduit au tribunal révolutionnaire ; mais ces menaces ne firent qu'accroître chez lui le désir de renverser la tyrannie. Le 9 thermidor (27 juillet 1794), on lui donna le commandement d'une partie de la force armée parisienne, avec laquelle il fit arrêter Robespierre. Lors du supplice de ce féroce dictateur, un homme du peuple s'avança le sabre en main pour frapper le général Beaufort, qui, ayant paré le coup, arrêta ce furieux ; le fit mettre d'abord au corps-de-garde, et ordonna qu'on le rendit à la liberté, dès qu'il eut appris que cet homme était père de famille.

St Laurent-de-la-Mouga 1794

(Musée Carnavalet)

Les Espagnols ayant fait une irruption dans le Roussillon, le sieur de Beaufort fut un des généraux choisis pour arrêter les progrès de l'ennemi. Il se rendit donc à l'armée des Pyrénées-Orientales, et dès son arrivée, il enleva, le 21 septembre, 1.800 hommes, malgré les efforts des Espagnols, qui lui étaient très supérieurs en nombre. La ville de Bellegarde ayant été prise, le général Beaufort se joignit avec succès au général Dugommier, pour empêcher qu'on exécutât l'ordre d'un commissaire de la Convention qui avait ordonné que la garnison, forte de 12.000 hommes, et qui s'était rendue prisonnière, fût passée au fil de l'épée. Il se trouva, le 17 novembre 1794, à la bataille de la Madeleine, dans laquelle le général Dugommier fut tué, et entra des premiers dans la redoute de Saint-Laurent de la Mouga, dont il s'empara de vive force. S'étant élancé dans les redoutes, au milieu d'une grêle de boulets, 3 caissons d'artillerie vinrent à sauter, et 1.000 hommes environ, soit des assaillants, soit des assaillis, périrent dans cette explosion ; loin d'être déconcerté par cet évènement, le général Beaufort redoubla de vigueur dans son attaque, et s'empara de 1.200 Espagnols, parmi lesquels se trouvait le duc de Crillon-Mahon. "Ne me fais point regretter ma victoire," s'écria le général Beaufort, en s'adressant au représentant en mission qui voulait faire mettre à mort ces prisonniers. Cet élan de générosité sauva le duc de Crillon, ainsi que ses compagnons d'armes.

Le 30 du même mois, il fut chargé de s'emparer de la redoute de Notre-Dame-Del-Roure, surnommée alors "le tombeau des Français". L'ayant fait cerner pendant la nuit, il en ordonna l'attaque à la pointe du jour, et quoique cette redoute fût défendue par le comte de la Union [Luis-Firmin de Carvajal y Vargas], et un nombre considérable d'Espagnols qui se battirent avec la plus intrépide opiniâtreté, le général Beaufort, montrant lui-même à ses soldats le chemin de la victoire, leur fit franchir les retranchements, et s'en empara. Le comte de la Union et 1.500 Espagnols y furent tués, et tout le reste eût été fait prisonnier, si la non-exécution d'un ordre confié à un adjudant-général n'eût fait perdre en partie le fruit du succès remporté. Cependant, pour achever de vaincre l'ennemi, dont la gauche seule venait d'être mise en déroute, il fallait encore attaquer 50.000 hommes abrités par des retranchements et protégés par des forts d'où ils faisaient pleuvoir la mitraille et les boulets ; il fallait en outre franchir un pont sous le feu croisé d'une artillerie formidable. Le général Beaufort osa tenter cette attaque, de laquelle dépendaient le gain de la bataille et le salut de l'armée française ; mais s'apercevant d'un moment d'hésitation dans sa troupe, il fit le commandement d'en avant, poussa son cheval sur le pont, et, y lançant son chapeau de toutes ses forces, "Soldats, s'écria-t-il, souffrirez-vous que l'ennemi prenne le panache de votre général ?" A l'instant tous se précipitèrent au pas de course sur ce pont, qui fut bientôt franchi. Le général Beaufort, trouvant la cavalerie espagnole rangée en bataille de l'autre côté du pont, voulut la faire charger de suite ; mais à la vue des escadrons ennemis, le désordre se mit dans les rangs français, et les commandants des diverses armes se contrariant entre eux, par des ordres donnés au milieu de la confusion et du bruit que causait la détonation des bouches à feu, la bataille pouvait encore être perdue, lorsque le général Beaufort, après s'être occupé de rétablir l'ordre, aida à porter le coup décisif. Les Espagnols, craignant enfin qu'on ne leur coupât la retraite, abandonnèrent leurs retranchements qui étaient minés, et après avoir mis le feu aux poudres. Les Français devinrent maître de 80 redoutes transformées en volcans, et dans lesquelles ils n'entrèrent qu'après avoir pris des précautions suggérées par l'explosion d'une des mines.

Figuières z

 

Le général Beaufort, qui après cette affaire s'était mis à la poursuite des Espagnols, les attaqua à Caslitton ; et, les ayant culbutés sur Roses, il vint camper à Alpha et pénétra dans Figuières. Il investit le fort de San-Fernando, qui capitula après 4 jours de siège, et dont la garnison, forte de 9.128 hommes, mit bas les armes et fut faite prisonnière de guerre. On trouva dans le fort 400 milliers de poudre, 20 mille fusils, 300 pièces d'artillerie et des approvisionnements considérables. La ville de Roses fut bientôt après assiégée, et le gouverneur ayant demandé plusieurs fois à capituler, le général en chef Pérignon persista à exiger que la garnison se rendit à discrétion. Cependant, après 66 jours de travaux, les remparts n'étant point encore entamés, un conseil de généraux fut assemblé, et le général Beaufort y proposa d'établir des batteries à 16 toises du corps de la place ; l'entreprise parut téméraire, et on essayait de la combattre, lorsque le sieur de Beaufort se chargea de faire élever ces batteries ; ce qui eut lieu sous sa direction, dans une seule nuit. La brèche fut ouverte dès le lendemain, et les Espagnols, ne pouvant éviter un assaut, prirent le parti d'évacuer la place au bout de 3 jours et de s'embarquer.

Après la prise de Roses, le général Beaufort marcha contre l'armée espagnole, commandée par le général Urrutia, qui passait pour le plus habile tacticien du temps. Il passa la Fluvia le 18 mars 1795 ; s'empara de Bascura ; poursuivit les avant-postes ennemis jusqu'à Villa-Venit, et soutint avec 4.000 hommes un combat de 6 heures contre 15.000 Espagnols. Il regardait même la victoire comme certaine, lorsqu'il reçut du général en chef l'ordre de faire une retraite, qu'il effectua dans le meilleur ordre, et en faisant toujours face à l'ennemi. Ayant repassé la Fluvia, sous le feu de 20 bataillons, et forcé plusieurs corps de troupes qui cherchaient à s'opposer à sa marche, il arriva à Figuières. Le général Pérignon rendant compte de cette retraite, la compara aux plus belles de celles faites par les anciens, et le général Urrutia [José de Urrutia de las Casas] en fit lui-même le plus grand éloge. Attaqué le 21 mars, dans la position de San-Petro-Pescador et des deux Villamacolum, le général Beaufort repoussa l'ennemi au-delà de la Fluvia, et ayant aperçu une ligne considérable de leur cavalerie, il fit former en carré mouvant sa troupe, forte seulement de 3.200 hommes ; marcha contre cette cavalerie ; soutint le choc de ses charges réitérées, et rentra dans Alpha, après avoir fait éprouver une très grande perte aux Espagnols. Il avait reçu dans cette affaire un coup de feu à la jambe gauche, et, se trouvant hors d'état de continuer la campagne, il rentra en France.

Appelé à Paris dans les journées des 1er, 2, 3 et 4 prairial an V (20, 21, 22, 23 mai 1795) ; on l'y employa, et il y concourut à la défaite des insurgés du faubourg Saint-Antoine. La paix ayant été faite avec l'Espagne au moment où il retournait à l'armée, il revint encore à Paris. De nouveaux troubles ne tardèrent pas à y éclater. Le 13 vendémiaire (5 octobre 1795), Beaufort reçut de la Convention l'ordre d'attaquer les sections ; mais au lieu d'employer d'abord les moyens hostiles, il entra en pourparlers, afin d'opérer un accommodement, qui aurait eu lieu, si un représentant ne fût venu rompre les conférences. La section du Théâtre Français s'étant avancée par la rue Mazarine, il la fit rétrograder au moyen de deux coups de canon, et il eût pu lui tuer beaucoup de monde, si sa répugnance à verser le sang de ses concitoyens ne l'eût empêché d'attendre que cette section eût déployé ses forces sur le quai des Théatins. Guidé par ces nobles sentiments, il s'écarta en beaucoup de points des instructions verbales qui lui avaient prescrit de mitrailler la section Lepelletier et de renverser les barricades qu'elle avait établies rue de Richelieu.

Après avoir également servi à la journée du 18 fructidor (4 septembre 1797), il fut envoyé à l'armée du Nord, sous le général en chef Moreau ; mais ses blessures n'étaient pas encore fermées, et, comme il marchait avec des béquilles, ce qui le mettait hors d'état de combattre en ligne, on lui confia la défense du port d'Ostende, où il battit les Anglais. En 1798, il eut le commandement de la 4e division de l'armée d'expédition destinée à agir contre l'Angleterre.

Une nouvelle insurrection se manifestant dans la Vendée, on l'envoya dans ce pays, où déjà il était bien connu. Sa conduite et ses proclamations marquées au coin du patriotisme, de la modération et de l'humanité, ramenèrent bientôt les Vendéens, qui, regardant le général Beaufort comme un bienfaiteur, lui offrirent, en témoignage de leur reconnaissance, douze métairies achetées dans l'intention de lui en faire don. Il ne les accepta qu'à condition d'en rembourser le prix sur le produit de ses épargnes. Ces métairies, devenues propriétés nationales, avaient appartenu à un émigré descendant du grand Colbert ; et lorsque cet émigré rentra en France, il les lui rendit sans rien exiger au-delà des sommes qu'il avait jusqu'alors déboursées pour en avoir la possession.

En 1798, une flotte anglaise ayant bloqué les îles d'Aix, de Ré et d'Oléron, le général Beaufort reçut du directoire l'ordre de mettre ces îles à l'abri de toute attaque, et il s'acquitta de cette mission de telle sorte, que les Anglais battus à l'île d'Aix, furent obligés de se retirer et manquèrent le but de leur expédition. Quatre émigrés furent pris les armes à la main dans cette affaire, et la loi les condamnait à la peine de mort : mais le général composa le conseil qui devait les juger et les fit absoudre. Il fit aussi élargir plusieurs ecclésiastiques détenus à l'île de Ré.

Bonaparte, devenu chef du gouvernement en 1800, fit descendre le général de division Beaufort au grade de général de brigade, et l'excepta du nombre de ceux auxquels il accorda la décoration de la Légion d'honneur. [On prétend qu'il gardait rancune au général Beaufort, pour avoir été puni militairement et publiquement par cet officier après l'affaire du 13 vendémiaire.] Quelque temps après, et sur des dénonciations portées contre ce général, il le fit arrêter, et ne le fit remettre en liberté, qu'après avoir reconnu la fausseté des accusations. Le général Beaufort, couvert de gloire et de blessures, et indigné du traitement qu'on lui avait fait éprouver, et de l'injustice dont il était victime, sollicita la permission de passer au service de la Turquie, fut refusé, et se retira à la campagne, où il composa des mémoires sur les moyens de mettre dans un état respectable de défense les frontières, les côtes et la capitale de la France. Les Anglais ayant attaqué Flessingue en 1809, il se rendit en Hollande, dans l'espoir de faire adopter ses plans ; mais l'île de Walkeren était déjà prise, lorsqu'il arriva à Breskens. Chargé d'organiser 80 mille hommes de nouvelle levée, qu'il trouva sans ordre et sans discipline, il donna tous ses soins à la formation des cadres, à la répression des excès, et sauva du pillage diverses communes qui garderont son souvenir avec reconnaissance. Déjà il avait réussi à organiser régulièrement un corps d'armée de 24 mille hommes, lorsqu'il fut de nouveau réformé.

Rendu malgré lui à la vie privée, il devint inspecteur des droits-réunis, et fut nommé membre du conseil de recrutement pour les départements de la Haute-Loire et de la Lozère. En 1813, lorsqu'il crut la patrie en danger, il oublia ses ressentiments contre Buonaparte et vint lui offrir son bras.

En 1814, il quitta son inspection, revint à Paris, et montra des sentiments favorables à la Restauration. En 1815, il marcha comme volontaire pour s'opposer au retour de Buonaparte. Il a été fait chevalier de Saint-Louis. (Annales du temps, Moniteur.) Dictionnaire historique et biographique des généraux français - de Jean-Baptiste-Pierre de Courcelles - Tome Ier.

BEAUFORT signature

Voici ce que nous dit de lui Charles-Louis Chassin dans le volume 3 de son ouvrage "La Vendée patriote, 1793-1800" :

Le général Beaufort, malgré les lettres qu'il avait adressées à la Convention, et qui avaient été insérées dans le Moniteur, lettres où il annonçait ses succès contre les Chouans, espérant avoir "dans peu purgé le sol de la liberté de cette race maudite", se vantait, à l'époque de la Restauration, pour obtenir la pension de lieutenant-général, d'avoir sauvé la vie à 863 des fidèles sujets du roi en 1793-1794". Il appuyait son affirmation d'un certificat de la mairie de Saint-Lô, dans lequel on lit :

"C'est aux mesures prises par le général Beaufort que 600 personnes, détenues dans le château de Thorigny pour cause d'opinion, ont dû leur salut dans ces temps malheureux de proscription, ayant empêché, au risque de sa propre vie, l'exécution de l'ordre barbare, donné par un délégué conventionnel, de faire périr dans les flammes ces victimes de la tyrannie révolutionnaire."

L'un des premiers historiens des guerres de la Vendée, Bourniseaux, t. III, p. 307, loue Beaufort "de s'être refusé à brûler et d'avoir délivré des prisonniers". En propres termes, il le qualifie de "digne d'être brigand".

Mais on trouve, dans le dossier du général, une dénonciation de celle qui avait été sa femme plus ou moins légitime. Il y est qualifié "d'exécuteur de la haute justice du montagnard Laplanche, cousin germain de Lebon et de Carrier, ayant fait couronner ce représentant, à la Comédie, par une des trois femmes qu'il avait dans sa maison, et avec lui ayant fait noyer et égorger 350 personnes de tout âge et de tout sexe."

Il eut beau prendre le nom de "Beaufol de Beaufort de Thorigny, avec l'autorisation du roi, émerveillé de son exploit à Thorigny", affirmait-il, les ministres de la guerre de la Restauration, comme ceux du Consulat et de l'Empire, se refusèrent à lui reconnaître le grade de général de division et à le remettre en activité. En vain parut, dans Les Fastes de la gloire, l'énumération la plus exagérée de ses services royalistes au 6 octobre 1789, au 20 juin et au 10 août 1792, puis dans l'Ouest, où il n'aurait usé de son autorité militaire que pour sauver des défenseurs de la monarchie, et enfin, en 1815, quand il s'enrôla simple grenadier dans la campagne des volontaires royaux de Vincennes ; de ses exploits militaires, qui l'érigent en sauveur de Granville, en 1793 ; le premier, dès 1794, avant Canclaux et Hoche, méritant le surnom de "Pacificateur de la Vendée" ; libérateur des Pyrénées et conquérant d'une partie de l'Espagne, dans l'intervalle ; sauveur, en 1798, des îles d'Aix, Oléron et Ré, bloquées par les flottes anglaises ; contre les mêmes ennemis, défenseur de Flessingue en 1809 ; sans compter la part qui lui est attribuée dans le renversement de Robespierre au 9 thermidor et l'écrasement des derniers Montagnards dans les journées de prairial, etc. La publication de cette apologie mensongère ne lui fit pas même obtenir la croix de la Légion d'honneur, qu'il réclamait, avec celle de Saint-Louis, obtenue le 17 juin 1815. On lui fit simplement l'aumône de 700 francs pour son volontariat de 1815, et on éleva à 4.000 la pension de 2.000 francs qu'il touchait sous l'Empire, comme général de brigade retraité, pour l'indemniser de l'emploi dans l'administration des Droits-Réunis, dont on l'avait privé.

Il mourut le 1er février 1825, à Corbeil, où il était emprisonné pour dettes, faute d'avoir pu payer les dommages et intérêts et les frais d'un procès en diffamation par voie de la presse, gagné contre lui par un nommé Roux [Leroux] de la Potonière, ex-dragon de la reine et lieutenant au régiment royal des Vaisseaux, qu'il avait qualifié de conspirateur.

Un certificat du curé de Corbeil prouve qu'il se fit confesser ; un autre certificat du maire atteste "qu'il ne possédait aucuns biens mobiliers ni immobiliers, et ne jouissait que de la pension de 4.000 francs, éteinte à son décès."

Un troisième certificat, du juge de paix de Corbeil, signale l'existence d'une veuve, "Catherine Vaubouin, demeurant à Montoire (Loir-et-Cher)", et d'un fils "Joseph-Michel de Beaufort, 33 ans, militaire congédié, son seul et unique héritier présomptif, n'ayant d'autre ressource que son travail d'écrivain public, exercé dans une petite boutique, à la porte du Prado à Paris."

Ce fils réclama un secours pour faire à son père des funérailles convenables, et appuya de plusieurs pétitions la réclamation d'une pension pour sa mère, née Vaubouin, âgée de 71 ans. Il fut prouvé, par recherches du préfet de la Seine, que celle-ci avait divorcé. Mais il fut impossible de découvrir la preuve de son mariage avec le général, absolument nié par celui-ci dans une pièce imprimée en 1801, "Procès-verbal de non conciliation du bureau de paix de la section Bonne-Nouvelle". - D'ailleurs, il se présenta aux bureaux de la guerre, une autre femme, née David, se disant également la veuve du général de Beaufort. Si bien qu'il n'y eut à faire droit ni à la demande de l'une ni à celle de l'autre, non plus qu'à celle du fils. (D'après les nombreuses pièces manuscrites du dossier des Arch. adm. de la guerre)."

TALMONT

 

A PROPOS DE L'ARRESTATION DU PRINCE DE TALMOND

La nouvelle de la capture du "chef des brigands" fut annoncée à la Convention par Garnier (de Saintes), et aussi par le général Beaufort. Ce "général de division provisoire", dans sa lettre de Vitré, 17 nivôse (6 janvier 1794), disait :

"Je te fais part de l'arrestation de l'ex-prince de Talmont ; de Perreau, ancien major du corps royal et commandant en chef de l'artillerie des rebelles ; de Bougon, procureur général syndic du département du Calvados ; de cinq autres rebelles de marque ... La plupart ont envoyé leur âme au Père Éternel ; je leur ai donné cette permission, et, comme ils n'avaient besoin que d'une obole pour passer le Styx, je leur ai retenu 24.000 livres, que j'ai distribuées, par ordre du citoyen Esnue-la-Vallée, à la garde nationale de la Bazoche, qui a arrêté le prince de Talmont, son cuisinier et Bougon, ainsi qu'aux soldats qui composent la division que je commande ..."

Dans une notice, publiée en 1818, sur le lieutenant général Beaufort de Thorigny, on lit :

"Le prince de Talmont et Bougon furent amenés à Fougères et conduits devant le général Beaufort. Ils le supplièrent de les faire fusiller sur-le-champ. - "Je ne fais fusiller personne, leur répondit-il ; mon intention est, au contraire, de gagner du temps ; peut-être réussirai-je à vous soustraire à la peine prononcée par les lois de la République." Ils avaient été dépouillés de tout ce qu'ils possédaient, il ne leur restait pas un sou pour pourvoir à leurs plus pressants besoins. Beaufort leur donna une somme d'argent, et fit habiller le prince en paysan. Ces procédés à l'égard du chef vendéen éveillèrent les soupçons des représentants. Quatre d'entre eux le réclamèrent pour l'envoyer à la mort : - "Puisque vous êtes si altérés de sang, leur dit le général, coupez le prince en quatre quartiers ; vous en aurez chacun un." M. de Talmont fut transféré dans les prisons de Rennes, où il continua à lui prodiguer des consolations et des secours. Cependant les sollicitations des représentants devenaient plus pressantes ; ils exigeaient que la condamnation eût lieu sur-le-champ. On obtint pourtant un sursis, en prétendant que le prisonnier donnerait, sur l'armée royale, des documents de la plus haute importance. Mais le prince étant tombé dangereusement malade, la crainte qu'il ne vint à mourir fit hâter son supplice, que le général eut la douleur de ne pouvoir empêcher."

A l'appui de ces dires, Beaufort produisait, sous la Restauration, ce billet qu'il avait fait signer par le prince :

"Je certifie qu'il n'a pu être trouvé dans ma valise que la somme de 144 louis en or et 4.632 livres en écus de 6 livres, le reste en assignats, ainsi que le tout a été constaté par le procès-verbal lors de mon arrestation.
Rennes, 2 nivôse an II.
TALMOND.
Ce qui fait : assignats = 30.000 livres ; or = 2.880 ; écus = 4.632 = 57.512.

Il ajoutait en marge, avec un reçu authentique de la Trésorerie nationale, daté du 16 thermidor an II (3 août 1794) cette note :

"La commission militaire révolutionnaire s'empara des 50.000 livres en assignats, mais elle ne put mettre la main sur le numéraire, qui était chez le général, malgré l'arrêté du représentant (Esnue). Il fit remettre par un bataillon une somme de 5.203 francs, prise à Perreau, qui a été fusillé à Ernée ; c'est ce qui forme les 12.804 francs, remis à la Trésorerie nationale."

On connaît la célèbre conversation du ci-devant prince de Talmond avec le général Rossignol, au quartier général de Rennes, en présence du représentant Esnue-la-Vallée. Rossignol, dans ses Mémoires personnels et dans un "Mémoire justificatif" en réponse à ses accusateurs, la rappelle ainsi, avec deux variantes, qui ne manquent pas d'intérêts :

"Comme je lui demandais ce qu'il allait faire en Bretagne, il me répondit : "J'en suis roi ; vous êtes les vrais brigands, vous ferez bien de ne pas m'épargner ; car la mort vous attend, si jamais les défenseurs de la royauté et de la religion parviennent à vous attraper."

... Il est vrai que, dans la conversation que j'ai eue avec lui, et dont j'ai fait imprimer mes demandes et ses réponses, il me dit que "j'étais le seul avec lequel il n'avait pas eu de correspondance."

"Le seul" est exagéré. L'insinuation que Rossignol tire d'un mot, ne saurait s'appliquer à Marceau, ni à Kléber, ni aux autres héros patriotes "de la clique". Mais les révélations et vantardises prétentieuses de Beaufort, de Danican et de Tilly, prouvent deux choses importantes : 1° que ceux qui étaient suspectés par le Comité de salut public lui-même sauvaient la République ; 2° et que ceux qui n'étaient pas suspectés l'auraient trahie, si, comme l'affirme Tilly, au lieu du prince de Talmond, ils eussent rencontré à la tête de l'insurrection catholique-royale, un vrai prince de la maison de Bourbon, agréé par l'Europe coalisée. (La Vendée patriote)

lettre injurieuse 1822 z

Le lieutenant-général Beaufort de Thorigny est incarcéré en octobre 1822 pour avoir fait imprimer une lettre injurieuse à l'encontre M. Vincent-François Leroux de la Potonière ; grâcié en septembre 1823, il n'en est pas moins resté en prison pour dettes (voir plus haut) (AN - BB/21/293 - Dossier S.5-3873 / Le document n'est pas disponible en ligne) (Catalogue général de la librairie française au XIXe siècle, Vol 1 à 2 de Paul-Amédée Chéron)

BEAUFORT signature

 

VIE PRIVÉE DU GÉNÉRAL BEAUFOL

Sa vie familiale est plutôt difficile à établir ; rappelons que son nom de famille est précisément "Beaufol" ; or ses enfants sont déclarés sous le nom de "Beaufort". Son fils, Joseph-Michel, qui déclare le décès de son père, le nomme "Beaufol de Beaufort" et signe l'acte "de Beaufort" ! Nous ne savons rien de son premier mariage si ce n'est que sa première épouse pourrait être Marie-Madeleine David épouse "Beaufol de Beaufort", étant inscrite sur la liste générale des pensionnaires, en tant que veuve d'un officier général (pension primitive de 250 fr ; allouée 95 fr en 1835) ; mais comment peut-elle être considérée comme veuve alors que le général Beaufol s'est marié une seconde fois  ? ...

Jean-Baptiste "BEAUFORT" a épousé, à Paris, le 9 prairial an III (28 mai 1795), en secondes noces, Catherine Vaubouin. De ce mariage sont nés :

- Joseph-Michel BEAUFORT, né à Paris, paroisse St-Germain-l'Auxerrois, le 25 août 1791 ; militaire, capitaine de la garde nationale ; chevalier de la légion d'honneur (24 décembre 1833) ; décédé à Bagnolet (93), le 12 août 1854 ;

- Étienne-Jean BEAUFORT, né à Montoire-sur-le-Loir, le 28 mai 1793 ; militaire ; serait mort au champ d'honneur (avant 1819).

Jean-Baptiste Beaufol dit Beaufort de Thorigny est décédé en la maison d'arrêt de Corbeil (91), le 1er février 1825.

BEAUFOL décès 1825

 

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JOSEPH MICHEL DECES 1854 z

 

 

(1) Histoire de la province du Maine - tome 2 - de Almirre-René-Jacques Lepelletier de la Sarthe)

État-civil de Paris reconstitué

AD91 - État-civil de Corbeil-Essonnes

AD93 - État-civil de Bagnolet

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  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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