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La Maraîchine Normande
19 janvier 2021

NANCY (54) PARIS (75) - CHARLES-FRANÇOIS DUHOUX, GÉNÉRAL DE DIVISION (1736 - 1799)

 

Le père du général, Charles-François du Houx de Hennecourt, chevalier, seigneur de Hennecourt, de Gorhey et autres lieux, était fils de Philippe-Charles-Joseph du Houx de Hennecourt et de Catherine de Ravinel et était né le 12 mai 1696 à Dompaire (88) ; lieutenant au régiment des Gardes du duc Léopold.

On le dit "ancien lieutenant au régiment des gardes des ducs de Lorraine Léopold premier et François trois, grand duc de Toscane".

Il avait épousé en premières noces, à Bayon, le 4 mars 1726, Marie-Charlotte de Maillart, fille de Claude-Antoine de Maillart, conseiller à la Cour des comptes, seigneur de villacourt, Leubeville, etc, chevalier et de Gabrielle de Lescamoussier (décédée en 1734), dont il eut une fille, Catherine-Charlotte, née à Bayon (54), le 24 avril 1728, décédée au même lieu le 15 juillet 1731 ; puis en secondes noces, Marguerite-Françoise d'Affinicourt, fille de Jean-François d'Affinicourt, avocat à Nancy puis baillis de la principauté de Lixheim et juge en garde de la terre et seigneurie de Sarreck ; mariage à Nancy, le 16 septembre 1735.

Lorsqu'en 1707 le duc Léopold créa la prévôté de Lixheim, qui comprenait toute la principauté, Jean-François d'Affinicourt y fut envoyé comme prévôt. Il y arriva avec toute sa famille et celle-ci plus tard se fixa définitivement dans la petite ville. Le nouveau prévôt se fit aimer de ses concitoyens et les Pères Tiercelins, qui desservaient les cures de la Principauté, lui accordèrent dans l'église paroissiale un caveau pour sa famille "devant la chapelle de la descente de nostre seigneur de la croix, à côté de l'évangile". C'est là qu'il fut enterré à sa mort arrivée le 12 août 1727 ; et le frère Benoît dressa l'acte de décès. Sa femme l'avait devancé dans la tombe ; elle se nommait Françoise Barotte et "fut regrettée de tout le peuple". D'autres membres de la famille reçurent encore la sépulture dans le caveau ; il y eut deux soeurs du vieux prévôt, "demoiselle Marguerite d'Affinicourt, de Nancy, décédée à 81 ans, le 17 janvier 1731," et Nicole-Marguerite d'Affinicourt, âgée de 60 ans, morte le 17 juillet 1733, et enfin une fille du prévôt ...

M. d'Affinicourt fut remplacé comme prévôt par son fils qui, en 1751, devint lieutenant général au bailliage de la principauté et subdélégué de l'intendant. Il décéda dans sa charge et eut pour successeur M. Ricatte. Le Bailli était le comte de Custine de Guermange, grand fauconnier du roi de Pologne, dont la baronnie de Sarreck relevait de Lixheim.(Le journal de la Société d'archéologie et du comité du Musée lorrain - quarante-quatrième année - 1895)

NANCY duché de Lorraine z

Charles-François naquit à Nancy, paroisse Saint-Nicolas, le 13 août 1736.  Trois soeurs vinrent agrandir la famille : Marie-Joséphine née le 18 mars 1738 ; Reine-Marguerite, le 11 mars 1739 (décédée le 24 novembre 1740) et Cécile-Antoinette, le 8 mai 1740.

Lieutenant de la milice de Lorraine le 1er février 1746 ; réformé avant d'avoir pris son service ; cadet du roi de Pologne le 21 novembre 1749 ; engagé dans les volontaires royaux le 21 novembre 1752 ; lieutenant de dragons le 9 décembre 1756 ; capitaine en 1761 - chevalier de Saint-Louis, même année ; retiré du service en 1768 ; fait la campagne de Corse en 1769 ; 13 juillet 1771, lieutenant-colonel attaché à la Légion de Lorraine puis au Corps des Dragons le 9 décembre 1776 ; maréchal de camp le 1er mars 1791 ; en 1792 en service à l'armée du Nord.

siège de Lille z

Le général Duhoux est suspendu à la suite du siège de Lille, il est accusé d'insubordination militaire à l'égard du général Labourdonnaye (Le courrier de l'égalité n° 55 du 12 octobre 1792) ; un décret de la Convention ordonne sa parution à la barre :

"Paris, le 9 octobre 1792, l’an Ier de la République, 9 heures du soir.

Monsieur le Président,

Je viens d’apprendre que le lieutenant général Duhoux, qu’un décret de la Convention nationale a ordonné de traduire à la barre, est arrivé hier au soir, accompagné par deux gendarmes nationaux.

Je ne l’ai pas su plus tôt parce que nul ordre n’ayant été remis à ces gendarmes autre que l’ordre verbal d’accompagner ce général dans sa route de Lille à Paris, ils ne savent depuis leur arrivée quelle conduite tenir.

Je m’empresse d’en informer la Convention nationale pour qu’elle ordonne ce qu’elle jugera convenable.

Le général Duhoux est logé rue et hôtel Grange-Batelière.

Je suis avec respect, Monsieur le Président,

Le ministre de la guerre par intérim,

Signé : Lebrun."

Une lettre du général Duhoux fait savoir à la Convention qu’il attend ses ordres pour se rendre à la barre et qu’il est prêt à repousser les calomnies dirigées contre lui ; cette lettre est ainsi conçue :

"A Paris, le 10 octobre, l’an Ier de la République française, à l’hôtel Grange-Bateliere.

Monsieur le Président,

Un décret de la Convention nationale m’ordonne de me rendre à sa barre sur le rapport du comité de la guerre, j’attends à cet égard vos ordres. M. Le Brièn m’a fait l’honneur de me dire ce matin qu’il vous avait écrit; si vous aviez la bonté de lui faire connaître vos intentions, il aurait celle de m’en instruire et je m’y conformerai à l’instant; j’ai à cœur que mon * j ef foon véritable patriotisme soient connus et de détruire la calomnie faite contre moi. Si les preuves que j’en ai données au bombardement de Lille et dans les trois sorties que j’ai faites et commandées moi-même peuvent me mériter votre estime et celles de MM. les membres de la Convention nationale, j’en serai on ne peut pas plus flatte.

Le lieutenant général,

Signé : DUHOUX."

Au cours de la séance du Jeudi 11 octobre 1792, Duhoux est introduit à la barre. Le Président l'interroge en ces termes :

Citoyen, quel est votre nom?

R. - Charles-François Duhoux.

D. - Votre état ?

R. - Lieutenant général.

D. - De quelle division?

R. — De la 16e division.

D. - Avez-vous reçu des ordres du ministre de la guerre de vous rendre à Reims avec les troupes qui étaient à Soissons ?

R. - Non, monsieur le Président, mais j’ai reçu des ordres des corps administratifs. Je vais vous les montrer, je les ai dans ma poche... Ils portent exactement que je ne devais rester à Soissons que jusqu’au moment où un officier général y arriverait, et m’ordonnait de me rendre alors à Lille. A l’arrivée de M. Labourdonnaie je suis allé à Lille, où j’ai fait mon devoir : alors les communications étaient interrompues ; j’ai fait trois sorties dans lesquelles les ennemis ont perdu beaucoup de monde, à ce que nous avons su, alors que de mon côté je n’ai perdu que 28 hommes.

D. - Est-il sûr que l’ordre que vous avez reçu du ministre portait de vous rendre seul à Reims, et non pas avec les troupes qui étaient à Soissons ?

R. - Voici l’ordre du ministre que j’ai reçu pour aller à Reims; pour aller à Soissons, je n’en ai reçu que par la réquisition des corps administratifs.

Le général Duhoux dépose ces deux ordres sur le bureau de la Convention et Lasource, secrétaire, en donne lecture : l’un, en date du 7 août, signé du ministre de la guerre, d’Abancourt et du ci-devant roi, nomme le général Duhoux, commandant des troupes de Soissons ; l’autre, émanant des corps administratifs de Soissons, requiert le général Duhoux de se rendre a Reims.

D. - Vous êtes-vous rendu à Reims seul ?

R. -  Je me suis rendu à Reims seul ; il y avait cinq bataillons, on devait y en amener six autres ; j’en avais donné l’ordre à Ghatelas, qui devait prendre l’avant-garde.

D. - Pourquoi vous êtes-vous rendu seul à Reims, puisque la réquisition portait que vous prendriez toutes les troupes qui étaient à votre disposition?

R. - Parce qu’on m’a engagé de partir tout de suite ; j’ai donné des ordres aux bataillons. On travaillait aux habits : je ne pouvais pas les emmener, puisqu’ils n’étaient ni vêtus, ni armés, et les corps administratifs de Soissons m’engagèrent à partir tout de suite.

D. - Les corps administratifs vous ont-ils engagé à partir seul, par écrit ou verbalement ?

R. - Monsieur le Président, c’est verbalement.

D. - Etes-vous resté longtemps à Reims ?

R. - Je suis parti de Soissons à deux heures après minuit. J’ai donné des ordres pour y faire marcher vingt-quatre pièces de canon, et j’ai donné ordre au 24e régiment de partir par piquet, de manière qu’il pût se rendre avec moi, parce que, depuis vingt ans que je suis accoutumé à commander de la cavalerie, je sais mener ça.

D. -  Je vous observe que vous ne répondez pas a la question que je vous ai faite ; êtes-vous resté longtemps à Reims?

R. -  J'y suis arrivé à onze heures du matin; j'y ai vu les corps administratifs, j’ai passé les troupes en revue et je suis reparti à sept heures du soir pour Châlons ; il y avait une fausse alerte ; j’ai péroré les compagnies pour leur faire voir qu’il n’y avait rien à craindre, que je répondais de la sûreté; mais elles ont crié que je les trahissais, et l’on m’a poursuivi comme un traître ; on a arrêté mon cheval ; j’ai voulu aller au district, je n’ai pas pu y arriver. J’ai été trouver le maréchal Luckner pour savoir ce que je devais faire. Le maréchal m’a dit : "Restez, j’attends des ordres de Paris; vous serez peut-être employé dans cette division."

J’ai trouvé M. Merlin à Laon : je me suis rendu à Douai, où j’ai trouvé M. Marassé, qui m’a dit qu’il avait des ordres pour se rendre à Lille, et que cependant il resterait à Douai. Je me suis rendu à Lille, dont les habitants ont confiance en moi ; je m’y suis occupé de mettre la place en état, et d’où j’ai fait une première sortie, au moment où les ennemis se sont approchés pour nous serrer de plus près.

D. - Puisque Reims était votre poste, par la réquisition des corps administratifs, pourquoi l'avez-vous quitté sans aucun ordre ?

R. - Parce que je n’y étais pas en sûreté ; les bataillons n’étaient pas armés, on me demandait des fusils, je n’en avais pas : d’ailleurs, je devais prendre les ordres du maréchal qui m’a retenu, et a envoyé un courrier au ministre lui porter ma lettre.

D. - Pourquoi vous êtes-vous rendu à Lille ?

R. - L’ordre du ministre portait que je me rendrais à Lille; j’ai mes lettres de service pour l’armée du Nord, je commandais à Douai, et j’ai fait enregistrer mes lettres de service à Lille.

D. - Arrivé à Lille, y avez-vous pris le commandement de la place ?

R. - En arrivant à Lille, j’ai trouvé Ruault suspendu ; personne ne commandait. Les citoyens et les corps administratifs m’ont témoigné le désir que je prisse le commandement. Étant à Lille dans le temps de l’affaire Dillon, depuis ce temps j’y ai été fort considéré. Le calme s’est rétabli à Lille, lorsque j’y suis arrivé. J’ai représenté les précautions qu’il était bon de prendre, fait multiplier les pompes, assuré les communications, établi 1,800 hommes aux environs pour couvrir les points intéressants, pour empêcher les ennemis de monter leurs batteries. J’ai fait plusieurs sorties, une entre autres où j’ai tué, suivant le rapport qu’on m’a fait (car ce n’est pas à moi de me vanter), 560 hommes. Le ministre de la guerre a levé la suspension de M. Ruault, qui a pris le commandement à Lille.

D. - La suspension étant levée, pourquoi avez-vous conservé le commandement ?

R. - La lettre du ministre de la guerre ne m’est pas parvenue. M. Labourdonnaie m’a mandé qu’il commandait l'armée du Nord ; qu’il enverrait un officier pour commander à Lille, et que je cessasse mes fonctions. Depuis ce temps, je n’ai rien signé, et n’ai fait aucun acte de commandement; mais il m’était impossible de sortir de Lille.

D. - Le général Labourdonnaie, arrivant à Lille, ne vous a-t-il pas signifié un ordre du pouvoir exécutif de vous rendre à Paris ?

R. - Non, Monsieur le Président, je n’ai point reçu d’ordre du ministre de la guerre pour me rendre à Paris ; je n’ai reçu que la lettre du général Labourdonnaie. Depuis cette lettre, je n’ai fait aucunes fonctions. On m’a prié de rester, et je me suis borné à surveiller les batteries, d’après les prières des corps administratifs, des citoyens et des amis de la Constitution. Messieurs, vous concevez qu’à ma place un autre eût profité de cela pour s’en aller; car on ne se soucie pas de voir autour de soi des bombes et des boulets rouges. J’en ai eu huit chez moi : on peut me rendre justice. Les citoyens me disaient tous : "Ne m’abandonnez pas !" Sortir eût été alors une espèce de lâcheté, et d’ailleurs ils ne m’auraient pas laissé sortir.

D. - Dans la lettre que vous dites avoir reçue de M. Labourdonnaie, ne vous donnait-il pas ordre de vous rendre à Paris ?

R. - Je répète que les ordres du ministre ne me sont pas parvenus ; mais, sur ceux de M. Labourdonnaie, j’ai cessé de signer ; seulement, sur les instances des citoyens, des magistrats et de la Société des Amis de la Constitution, j’ai continué de surveiller la place, et de visiter de ma personne les batteries.

D. - Vous êtes-vous quelquefois réuni en société avec des officiers, sous-officiers et soldats; et dans cette société, n’a-t-il pas été question de faire le serment de ne pas recevoir le général Labourdonnaie ?

R. - Je puis avoir l’honneur de faire serment devant l’auguste Assemblée, que cela ne m’est jamais arrivé. J’ai toujours eu pour M. Labourdonnaie la plus grande déférence. M. Labourdonnaie a été mécontent que j’aie commandé le camp de Lezel. Il m’a dit un jour que, s’il voulais je ne le commanderais pas. Je lui ai répondu qu’il était trop honnête homme, et moi trop brave pour cela.

D. - Avez-vous connaissance que quelques officiers, et notamment le citoyen Legros, lieutenant au 6e régiment, aient tenu des propos injurieux, avec menaces, contre Labourdonnaie ?

R. - Jamais il n’a tenu de pareils propos devant moi; j’ai vu M. Legros la veille de mon départ : il m’a témoigné du regret.

D. - N’avez-vous apporté aucune opposition à l’entrée de M. Labourdonnaie dans la place pendant le bombardement ?

R. - Hélas ! Monsieur, je ne crois pas que M. Labourdonnaie ait voulu y venir. (Murmures.)

D. - A-t-il été fait des sorties pendant le bombardement ?

R. - Il n’y en a pas eu : cela n’était même pas possible. La garnison était faible, et elle était divisée à occuper plusieurs points importants, et à éteindre le feu dans la ville. Les renforts qui sont arrivés, on les a placés autour de Lille, dans certains postes où le canon de l’ennemi aurait fait beaucoup de mal, et dans d’autres d’où il aurait pu nous tourner. M. Lamorlière est venu à Lille, je lui ai donné tous les renseignements qu’il m’a demandés, et je lui ai donné un plan pour une sortie, s’il en avait à faire.

La Convention nationale, après avoir entendu le général Duhoux, renvoie aux comités de sûreté générale et de la guerre réunis, les réponses du général, et les pièces par lui remises sur le bureau, lesquels comités en feront incessamment leur rapport ; et cependant décrète que le général Duhoux demeurera, sur sa parole, dans la ville de Paris jusqu’après le rapport. (Archives parlementaires)

Sa franchise et son langage de soldat le tirèrent d'affaire, il fut remis en liberté et repris du service.

Il est nommé le 19 mars 1793, par le conseil exécutif, général de division "près les troupes qui composent l'armée de la Réserve, dans le département de Maine-et-Loire", il se présente au District de Saumur le 29 mars.

Grièvement blessé à la jambe, lors de l'attaque de Chemillé, le 11 avril, il fut encore blessé d'une balle au travers du corps, à Saumur, le 9 juin.

Il commandait les troupes républicaines au combat du Pont-Barré, le 18 septembre suivant, et fut complètement battu par les Vendéens, dont l'un des chefs était le chevalier Duhoux. Accusé de connivence avec celui-ci et de trahison, il donna sa démission le 26 du même mois, demandant sa retraite, qui lui fut accordée seulement le 3 février 1795 (15 pluviôse an III).

Au 13 vendémiaire, il aurait, dit-on, commandé une partie des sections de Paris soulevées contre la Convention.

D'après son dossier personnel, aux archives administratives de la guerre, il aurait compté cinquante ans, un mois et six jours de service. (Kléber en Vendée (1793-1794) par H. Baguenier-Desormeaux - 1907)

duhoux réunion état-major

Réunion d'état-major : De gauche à droite : Berthier, Lameth, Beurnonville, Biron, Luckner, Duc de Chartres, Valence, Duhoux, d'Aboville, Lynch.

Entre le 21 et le 30 septembre 1793 sont recueillies une quarantaine de dépositions à l'encontre du général Duhoux, effectuées devant le Comité révolutionnaire d'Angers ; elles proviennent pour la plupart de militaires et d'habitants de la région et dans lesquelles on déclare avoir entendu dire que le général était frère du chevalier Duhoux d'Hauterive, ou bien cousin, ou bien encore neveu de celui-ci. 

[Le général républicain Duhoux n'a aucun lien de parenté avec le chevalier Duhoux d'Hauterive]

De Saumur, le 5e jour du 2e mois de l'an deux, le Représentant du Peuple, Richard, écrit au Comité de Salut Public :

"Vous voudrez bien donner sur le champ des ordres pour faire arrêter le général Duhoux qui par suite de sa destitution se rend à Nancÿ lieu de sa naissance. Après l'affaire malheureuse de St Lambert, nous avions reçu contre lui un grand nombre de dénonciations ; mais il ÿ avait opposé des certificats honorables de sa conduite délivrés par les corps de l'armée qui s'étaient montrés avec le plus de valeur ; et nous avions cru pouvoir lui reprocher que des fautes du militaires et l'ignorance du métier. Il nous avait aussi semblé que les habitans d'Angers qui l'accusaient, s'étaient laissé emporter au delà de la vérité par la juste douleur que leur inspirait la perte d'un grand nombre de leurs concitoïens tués ou pris dans cette journée. Tel était alors le résultat des renseignements que nous avions pu nous procurer.

Mais depuis un chef des Rebelles qui a été guillotiné hier, nous a fait sur Duhoux des déclarations qui ne permettent pas de douter qu'il ne soit un traître. Il nous a annoncé entrautres qu'il était frère de l'un des généraux des Rebelles qui porte son nom, ce qu'il a toujours formellement nié, assurant même qu'ils n'étaient pas parents et qu'il ne le connaissait nullement.

Je vous ferai passer demain toutes les pièces.
Richard." (AD85 - SHD B 5/7-26 - vue 3)

Suit la déposition du jeune Plot en date du 30 septembre, relative à l'accusation portée contre le général républicain Duhoux sur sa conduite lors de la bataille du Pont-Barré :

Du 30 septembre l'an 2.

Extrait du livre d'intérogatoire du Comité de Surveillance et Révolutionnaire établi à Angers.

- A déposé et a été intérogé au Comité de Surveillance JACQUES PLOT, de la paroisse de Louplande, district du Mans et distant de trois lieuës de la même ville, âgé de quatorze ans et conducteur de boeufs de son métier.

Lequel a dit que le curé de sa parroisse nommé NICOLAS MÂLIN, la emené lui trentième dans la Vendée aux environs de Pasques de récier (sic) et que le curé a été tué à la prise de Saumur et que depuis ce tems il ne reste plus que lui troisième de vivant.

- A lui demandé ce qu'il devint après la prise de Saumur ?

A répondu qu'il se rendit à Angers avec l'armée des Brigands, qu'il y logea sous les halles et que n'allant point au Siège de Nantes avec l'armée, il se rendit aux Ponts-de-Cés et des Ponts-de-Cés, sur les hauteurs d'Érigné où il monta la garde quelque tems ; qu'il se rendit ensuitte à Chollet où il a resté quatre jours, et qu'il revenu ensuitte à la Roche d'Érigné, d'où il n'a point sorti jusqu'au moment qu'il trouva l'ocasion de passer la Loire entre la Daguenière et les Ponts-de-Cés pour se jetter dans les bras des républicains le samedi vingt-huit septembre de ce mois.

- A lui demandé s'il avait jamais fait feu sur les patriottes ?

A répondu qu'il n'avait jamais eu de fusil qu'une heure et qu'il avait monté la garde avec des piques autour des canons.

- A lui demandé si les Brigands étaient toujours aussi fanatiques comme dans le commencement de leurs massacres ?
A répondu que ne croyant plus à la résurection, ils ne portaient plus de chapelêts.

- A lui demandé si les Brigands s'ennuyaient de la guerre ?

A répondu que les vieux s'ennuyaient beaucoup ; mais que les jeunes ne parlaient pas de se rendre et que les femmes habillées en homme ne se séparaient pas de leurs maris.

- A lui demandé s'il connaissait les chefs de l'armée des rebelles ?

A répondu qu'il connaissait d'Autichamp qui monte toujours un cheval blanc et le général Duhoux qui passe pour frère du général républicain Duhoux.

- A lui demandé quelle taille et quelle est la corporance (sic) du général Duhoux chez les rebelles ?

A répondu qu'il était haut mais pas si gros que son frère qui commande l'armée de la Nation.

Et a dit le dit Plot, qu'avant la déroutte des Ponts-de-Cés du dix-neuf septembre, les Brigands voulaient tous s'en aller quand le général Duhoux dit aux Brigands qu'il fallait se rassembler, que l'armée de son frère Duhoux n'avait pas de fusil, que son armée républicaine n'était composée que de paysans armés de piques, et que les Brigands prenent courage à ces mots s'assemblèrent environ six cents hommes, et qu'avec le petit nombre ils dérouttèrent effectivement l'armée républicaine entre le Pont-Barré et les Ponts-de-Cés le 19 de ce mois - A dit encore qu'il n'y a jamais que trois mille hommes de rebelles sur ces hauteurs et quatre cents hommes de cavalerie et qu'il avait entendu dire que si cette cavalerie ne craignait point destre trahie, elle passerait à la Nation - Et que malgré le gagnage de cette victoire, le commandant des Rebelles Duhoux ne sçavait s'il devait passer la Loire ou monter plus haut.

- A lui demandé où il était la veille de la déroutte du Pont-Barré, jour où l'armée républicaine chassa les Brigands.

A répondu qu'il était à garder des canons dans une paroisse qu'il ne connaît pas.

- A lui représenté comme il peut dire que Duhoux, commandant des Brigands, n'est pas aussi sérieux, aussi corporé que son frère Duhoux qui commande l'armée de la Nation qu'il ne l'avait pas vû ?

A répondu qu'étant le jour de la déroute de l'armée de la Nation sur une hauteur avec une vingtaine de ses camaradees non armés, touts petits et enfants comme lui, il avait été à même de les examiner tous les deux lorsqu'ils partirent pendant une heure dans un chemin creux sur les huit heures du matin et qu'il les aurait examiné plus longtemps si les Brigands ne leur eussent crié de descendre et de quitter la hauteur.

- A lui demandé si en lui faisant voir le général Duhoux commandant les troupes de la république, il le reconnaîtrait bien ?

A répondu qu'il n'a pu lui voir la figure mais qu'il a une grosse tête, une grosse échine et s'habille en bleu et que sitôt qu'il vit les deux Duhoux causer ensemble, il lui vint une idée ainsi qu'à ses camarades que le général voulait les trahir.

- A lui demandé si ce Duhoux des rebelles ne leur avait pas lu une lettre du général Duhoux commandant des troupes de la Nation ?

A répondu que le mardi dix-sept de ce mois à dix heures du matin, le général Duhoux commandant les rebelles avait lu une lettre par laquelle son parent Duhoux commandant les troupes de la Nation, lui marquait qu'il n'y avait rien à craindre et que cette levée en masse n'était que des paysans peu hardis et mal armés et que cette lettre fut luë au moment où les rebelles se préparaient à s'en aller.

- A lui demandé quel habit avait Duhoux commandant les rebelles le jour de la déroute des Ponts-de-Cés arrivée le dix-neuf ?

A répondu qu'il avait un habit verd et que tous les généraux des rebelles avaient des lunettes d'approche pour examiner de loin.

- A lui demandé si le général des Rebelles était accompagné de cavaliers dans ce moment ?

A répondu que non et qu'il y en avait derrière le général Duhoux et commandant des troupes de la Nation à trois portées de fusil, et que les généraux étaient à pied, et les cavaliers au nombre de trois habillés en bleu.

- A lui demandé s'il a profitté de la déroutte du dix-neuf septembre au dessus des Ponts-de-Cés - s'il a pillé, bu et mangé ?

A répondu que des camarades lui avaient apporté de l'eau de vie et que ce jour là il avait vu jetter de loin un patriotte tout vif dans un feu de charette.

- A lui demandé ce qu'il ferait si on lui donnait sa liberté ?

A répondu qu'il désirerait toucher les boeufs et travailler.

Interpellé de signer, a répondu ne sçavoir signer ni lire. (AD85 - AN W 27-1 vues 20 et 21)

 

SIGNATURE DU GENERAL

 

Louis-Philippe et le général étaient tous deux généraux républicains avant que le duc de Chartres, futur Louis-Philippe Ier, passe la frontière pour l'exil et que Duhoux soit affecté en Vendée.

Leurs brigades de cavalerie, faisant mouvement simultanément, les deux généraux échangeaient des propos au botte à botte. C'était en juin 1792, et ils étaient sous les ordres du maréchal Luckner (futur client de Samson). Mais, écoutons Louis-Philippe : "Ce général (Duhoux) était un bon soldat qui n'entendait rien à la politique et qui s'en piquait ... Le général Duhoux était bourru, mais bon homme et nous étions fort bien ensemble ...". Au cours de la conversation et comme il s'agissait de donner un avis sollicité par le maréchal Luckner, Louis-Philippe rapporte, s'adressant à Duhoux : "... Je lui dirai, sans détail ni commentaire : général, point de retraite, en avant ! - Ah, c'est bien dit, me dit Duhoux, gnia qu'ça, faut ça (il n'y a que cela, il faut cela, expression qu'il avait l'habitude d'employer à chaque instant) : Toujours en avant, gnia qu'ça, faut ça ... Ah, je vous réponds, que si l'on me demande mon avis (c'est Louis-Philippe qui parle), je donnerai celui-là et vertement. Je dirai que si l'on veut l'avis de Duhoux, le voilà : "En avant, point de retraite, toujours en avant, gnia qu'ça, faut ça !" (D'Elbée ou l'Épiphanie sanglante - Jean Epois)

PORTRAIT

 

Grièvement blessé à la jambe, au combat de Chemillé, quoique alité, il devint de fait le commandant en chef des troupes concentrées en mai-juin 1793. Ne pouvant se remettre de sa blessure, il donna sa démission le 30 septembre 1793. Il s'occupait de liquider sa retraite, à 10.000 livres, pour 50 ans de service, avec campagnes dans les Flandres, en Hanovre, en Corse, en Pologne, etc., lorsqu'il fut, en brumaire de l'an II, incarcéré à l'Abbaye où il resta 10 mois. (Études documentaires sur la Révolution française, volume 2, de Charles-Louis Chassin)

Un secours provisoire, de 50 livres, lui est accordé le 13 pluviôse an VII (1er février 1799) (Tome VII des procès-verbaux du Directoire), il vivait encore dans la misère, à Paris, en mai 1799 où il serait décédé cette même année.

 

 

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Commentaires
M
Je crois qu'il n'est pas fondé d'écrire que "le général républicain Duhoux n'a aucun lien de parenté avec le chevalier Duhoux d'Hauterive". Pierre Gréau et moi-même avons beaucoup travaillé sur les Duhoux, et je puis témoigner par des écrits de Pierre Gréau d'une parenté peut-être lointaine, mais assurée, entre ces deux Duhoux.
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