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La Maraîchine Normande
16 janvier 2021

GISORS (27) - GÉNÉRAL BARON MARIE-PIERRE-ISIDORE DE BLANMONT (1770 - 1846) [En Vendée, Adjudant-général Blamont]

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Le 8 décembre 1846, la ville de Gisors perdit un de ses plus glorieux enfants : M. le général baron de Blanmont (Marie-Pierre-Isidore), né en cette ville le 23 février 1770.

Son père, Aphrodisie-Victor-Thomas de Blanmont, était maître de pension à Gisors. 

Le jeune de Blanmont fit ses premières armes, comme simple soldat, au régiment d'Auvergne, de 1786 à 1790, sous le règne de Louis XVI ; en 1790, il était caporal. Rentré dans ses foyers, au moment de la Révolution, il s'engagea comme volontaire, dans le 3e bataillon de l'Eure, le 6 septembre 1792, et fut capitaine le 19 septembre 1793.

Le général Turreau l'avait pris pour aide de camp (5 novembre 1793) et l'avait fait élever au grade d'adjudant général chef de bataillon le 6 mars 1794. Blanmont fut blessé de trois coups de baïonnettes au combat de Vihiers. Le 3 juillet 1794, il fut de nouveau blessé d'un coup de feu à la jambe gauche à Machecoul.

Il passa ensuite en Suisse et en Corse. Il était réformé quand Turreau le reprit pour aide de camp, le 1er octobre 1797 ; il se distingua à l'armée du Danube et fut promu adjudant général chef de brigade, sur le champ de bataille, le 25 juillet 1799. A l'armée d'Italie de 1800 à 1806, il devenait aide de camp du général Molitor en 1807, colonel du 105e de ligne le 20 mars 1808.

En 1808, après la bataille de Rugen, ce fut de Blanmont qui porta à l'Empereur le sceptre de Gustave-Adolphe (roi de Suède), tombé entre nos mains.

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Il gagna tous ses grades à la pointe de son épée et fut nommé général de brigade le 6 août 1811. Il combattit à Arlon, au Pont-d'Exiles, à Marengo, Eylau, Friedland, Stralsund, Rugen, Eckmulh, Ratisbonne, Essling, Wagram, Smolensk, la Moskova, Krasnoë et Borisow, où il fut blessé. Au passage de la Bérésina, il fut fait prisonnier puis rentra en France le 30 juillet 1814.

En mars 1815, Louis XVIII le nomma lieutenant-général ; Le 26 avril 1815, il était placé à la tête d'une brigade de l'armée des Alpes. Il fut, dans les Cent-Jours, nommé membre de la Chambre des Députés par le collège des Andelys.  Employé le 20 juin à la défense de Paris, il fut mis en disponibilité le 1er août. En 1819 - 1821, il commandait successivement les départements du Lot, du Cher, de l'Indre. 

Après la révolution de juillet 1830, il reprit du service et fut nommé au commandement du département de l'Oise ; donna sa démission en 1832. Les habitants de Beauvais, dont il s'était acquis la confiance, lui offrirent une épée d'honneur, voir l'article de presse ci-dessous paru dans le journal Le Courrier, numéro du 10 mars 1832 : 

Le Patriote de l'Oise publie l'article suivant sur le remplacement de M. le maréchal-de-camp de Blanmont, commandant le département de l'Oise :

"C'est avec une vive douleur, que partageront tous les bons citoyens du département, que nous leur annonçons le remplacement de M. le général de Blanmont.

La haute sagesse de cet excellent citoyen, son patriotisme éprouvé, son dévouement à la cause de juillet, la bonté de son coeur et la noble franchise de son caractère, l'utilité même dont il était au gouvernement, rien n'a pu arrêter le ministère ; il avait blessé celui-ci au coeur en témoignant publiquement de ses sympathies pour la malheureuse et héroïque Pologne ; il avait commis le crime irrémissible d'assister au banquet donné par notre garde nationale au brave Ramorino ; il avait prononcé ce double toast, éminemment séditieux : "Au roi et à la famille royale. Aux mânes des martyrs de la liberté ; puissent de si généreux efforts être un jour couronnés de plus heureux succès, et répétons ces paroles consolantes : La Pologne ne périra pas."

Le général Blanmont a été remplacé même avant d'avoir été entendu. Ainsi se trouve privé le département du seul fonctionnaire qui jouissait de l'affection et de l'estime publique ; du seul qui, dans des circonstances difficiles, eût pu rallier tous les esprits ; du seul qui pouvait encore servir d'intermédiaire entre le ministère et nous ; du seul qui était pour le département un témoignage vivant de la révolution de juillet ; du seul dont les paroles consolatrices adoucissaient la douleur des patriotes ; du seul enfin dont la présence nous laissait croire que les hommes du 13 mars n'avaient pas encore perdu toute pudeur et tout sentiment de patriotisme.

La triste nouvelle est déjà connue sur beaucoup de points du département. Toutes les lettres que nous recevons de nos correspondans, témoignent de la tristesse et de l'indignation qu'on éprouve de la destitution du général Blanmont ; l'une d'elles se termine ainsi : "Où prétend-on nous mener ? croit-on que les choses puissent long-temps durer ainsi ?"

On nous assure qu'un grand nombre de citoyens de cette ville sont dans l'intention d'ouvrir une souscription, dont le produit serait destiné à offrir une épée d'honneur au général de Blanmont, en témoignage des regrets unanimes qu'inspire sa destitution. Nous ne doutons pas que cet exemple ne trouve des imitateurs dans notre département. La souscription, ajoute-t-on, serait fixée de cinq centimes à 1 fr., terme qu'elle ne pourrait dépasser, afin qu'un plus grand nombre de citoyens puissent y concourir.

P.S. Au moment de mettre sous presse, nous apprenons qu'un grand nombre d'officiers, sous-officiers et gardes nationaux se proposent de se rendre aujourd'hui à midi précis chez le général de Blanmont, à l'effet de lui témoigner le regret qu'ils éprouvent de son départ."

Remis en disponibilité le 1er mars 1832, il fut mis à la retraite le 11 juin suivant.

Le général de Blanmont avait reçu trente-deux blessures et avait eu neuf chevaux tués sous lui, sur les champs de bataille.

Il était Chevalier de la Légion d'honneur, le 4 février 1804 ; Officier, le 14 juin 1804, Commandant, le 23 avril 1809 et Grand Officier, le 4 juin 1831 ; chevalier de Saint-Louis et de l'ordre militaire de Bade. Il fut fait baron par lettres patentes du 25 septembre 1809.

P1550349 Z

 

La mort du général baron de Blanmont fut un jour de deuil pour les habitants de Gisors, et tous l'accompagnèrent jusqu'à la tombe [tombe qui existe toujours]. Des discours pathétiques furent prononcés par MM. Armand Thierry et Vinot, avocat, natif de Gisors, l'un des anciens compagnons d'armes du général.

statue

La statue de Blanmont orne la place qui porte son nom : elle a été inauguré le 13 juillet 1851. Elle est en marbre blanc : c'est l'oeuvre du sculpteur Desboeufs. Elle a été érigée à l'aide de souscriptions obtenues des concitoyens du général.

Ce dit jour, 13 juillet, à onze heures du matin, le cortège, composé du Préfet, du Sous-Préfet, des Maire, Adjoints, Conseillers municipaux, des Députés de l'Eure, etc., se rendit à l'église pour assister à une messe en musique. La garde nationale, en grande tenue, accompagnait les autorités, et, à l'issue de la messe, elle fut passée en revue. Le cortège se rendit sur la place du Rempart, (depuis place Blanmont), à une heure. Elle était décorée de trophées militaires, d'oriflammes, de drapeaux et de banderolles. Alors un roulement de tambours ainsi qu'une salve d'artillerie se firent entendre et la statue, placée sur son piédestal, jusqu'alors voilée, fut découverte. Son apparition fut saluée par des applaudissements et des symphonies musicales. Des discours en vers et en prose furent prononcés ; une cantate fut exécutée par quatre-vingts voix.

Dans l'après-midi, les tours, tourelles, casemates, souterrains et promenades sur les murailles furent laissés libres au public. Des jeux furent organisés dans le Banneton. Dans la soirée, des danses et bals publics eurent lieu sur les remparts, à la lumière de plusieurs milliers de verres de différentes couleurs. Sur les dix heures du soir, à la lueur fantastique de lustres, de girandoles et de feux de couleurs diverses, apparurent les remparts, tours, casemates, bastions et barbacanes composant l'ancienne citadelle. Les monuments publics et les maisons particulières furent pavoisés et illuminés.

On peut dire, sans exagération, que plus de dix mille personnes prirent part à cette inauguration, qui était en même temps la fête patronale de la ville. (Histoire de la ville de Gisors par P.-F.-D. Hersan - pp. 244 à 248 - 1858)

THOMAS DE BLANMONT baptême z


Fils d'Aphrodisie-Victor Thomas de Blanmont, maître de pension, et de Marie-Elisabeth Jourdain, Marie-Pierre-Isidore est né à Gisors, le 23 février 1770 et a été baptisé le 25 du même mois. Il épouse, à Gisors, le 5 vendémiaire an V (26 septembre 1796) avec Marie-Françoise-Félicité Renault, fille de Gervais-François Renault, maçon, et de Marie-Thérèse Lainé, née à Gisors, le 15 février 1770, dont il aura une fille, Victorine-Félicité, née à Gisors, le 5 thermidor an V (23 juillet 1797) ; mariée le 6 mai 1822 avec Louis-Alexandre Commecy, né à Chaumont-en-Vexin (60), agent général de la Compagnie royale d'Assurance contre l'incendie.

Victorine-Félicité est décédée du choléra, à Gisors, 56 rue de Cappeville, le 12 juin 1832, à l'âge de 34 ans.

De ce mariage sont nés :

- Léon, né à Gisors, le 5 février 1823 ; décédé le 30 juin 1823 ;
- Marie-Nelly, née à Gisors, le 5 décembre 1826 ;
- Léon, né le 6 avril 1825 ; décédé le 2 août 1825.

Son épouse, Marie-Félicité Renault, est décédée à Paris, le 31 mars 1811, âgée de 41 ans et 6 mois ; elle repose au cimetière du Père Lachaise.

Son père, Aphrodisie-Victor-Thomas, directeur de la poste aux lettres de Gisors, est décédé au même lieu, rue du Fossé aux Tanneurs, le 7 pluviôse an VIII (27 janvier 1800). Le décès fut déclaré à la municipalité de Gisors  par le général et par son frère, Honoré-Henry, huissier à Magny.

 

BLANMONT adjudant général FM

 

 

AD27 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Gisors

Etudes documentaires sur la Révolution française, volume 2, de Charles-Louis Chassin - 1895

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