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La Maraîchine Normande
2 septembre 2020

PARTHENAY (79) - PIERRE-JEAN ANDRIEUX, EX-ECCLÉSIASTIQUE, DÉPUTÉ DE PARTHENAY (1754 - 1820)

L'EX-ECCLÉSIASTIQUE, PIERRE-JEAN ANDRIEUX
DÉPUTÉ DE PARTHENAY PENDANT LES CENT-JOURS

ANDRIEUX PARTHENAY 002 Z

Aîné d'une famille de cinq enfants, Pierre-Jean Andrieux naquit à Parthenay, le 26 août 1754. Il fut baptisé le jour même, en l'église Saint-Laurent avec comme parrain et marraine Jean Andrieux, propriétaire, son oncle et Jeanne Picard, sa tante.

BAPTËME Z


Il était le fils de Pierre Andrieux, commis à la recette des octrois de la ville de Parthenay de 1765 à 1772, notaire royal du duché de la Meilleraye de 1752 à 1781 et de Renée Picard, fille d'un marchand aisé de la commune.

Après quelques studieuses années d'études au collège de sa ville natale, Pierre-Jean Andrieux ayant décidé de se faire prêtre, entra au séminaire.

Il était âgé de vingt-neuf ans seulement lorsque l'évêque de Nantes, Charles de La Laurencie, ancien vicaire général du diocèse de Poitiers, appréciant ses qualités intellectuelles, le nomma recteur de la paroisse de la Madeleine du Temple, près de Clisson. Il y prit ses fonctions le 26 novembre 1783.

CHEVALIER DE MALTE

Trois ans plus tard, le 14 juin 1786, en la chapelle de l'hôtel prieurial Saint-Georges à Poitiers, le chapitre provincial du Grand Prieuré d'Aquitaine, répondant au souhait exprimé par l'abbé Andrieux, l'autorisait à entrer en noviciat en vue de son admission dans l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.

Le 1er mars 1787, en la chapelle du palais épiscopal de Nantes, François de La Laurencie, Commandeur d'Ozon près de Châtellerault et de Prailles, en la paroisse de Saint-Martin-de-Sanzay, capitaine des vaisseaux du roi, lui conférait la qualité de prêtre d'obédience dans l'ordre des Chevaliers de Malte.

UN RÉPUBLICAIN CONVAINCU

Pierre-Jean Andrieux, dès les premiers jours de la Révolution, afficha ostensiblement ses opinions républicaines.

Après avoir, en novembre 1790, accepté, parmi les premiers, le serment imposé par la Constitution civile du clergé, il mit le même empressement à prêter ceux qui, par la suite, furent exigés des ecclésiastiques.

Le 22 janvier 1791, il s'affilia au club Jacobin des "Amis de la Constitution", installé à Nantes, rue de la Fosse, dans les locaux du ci-devant couvent des Capucins.

Son civisme lui valut d'être choisi comme maire par les habitants de la Madeleine de Clisson. Il remplit avec zèle ses fonctions municipales jusqu'à la suppression de la commune par décret du 15 mars 1791, mesure administrative contre laquelle il protesta vivement.

VICAIRE ÉPISCOPAL

En remplacement de Mgr Charles de La Laurencie qui, insermenté, avait estimé prudent de quitter la France, Julien Minée, natif de Nantes, curé de la paroisse parisienne de Saint-Thomas-d'Aquin, avait été élu, le 12 mars 1791, évêque constitutionnel de la Loire-Inférieure par 193 voix sur 294 votants.

Le 28 mars suivant il confia à Pierre-Jean Andrieux les fonctions de vicaire épiscopal, ce qui ne l'empêcha pas de fréquenter assidûment le "Club des Amis de la Constitution" et d'y prendre souvent la parole.

A la même époque, afin d'aider la République, il versa à trois reprises, 50, 100 et 200 livres, au titre de Contribution Volontaire, dans la caisse du citoyen Joseph-Jacques Vallin, receveur des impôts du district de Nantes.

Le 15 novembre 1793, il participa, en même temps que le conventionnel Jean-Baptiste Carrier, chargé de mission à Nantes et sinistre ordonnateur des fameuses noyades, à l'inauguration du club des Cordeliers en la ci-devant église Saint-Vincent, réunion au cours de laquelle Minée, après avoir renoncé à ses fonctions sacerdotales, avoua "que la profession qu'il avait faite du culte catholique n'était, en réalité, qu'hypocrisie". Plusieurs prêtres abdiquèrent sur le champ. Andrieux s'y résolut huit jours plus tard, le 23 novembre. Ces renonciations entrainèrent dans le département la fin du culte officiel.

SÉJOURS A POITIERS ET A NANTES

Sans autre ressource que la pension accordée aux abdicataires, Pierre-Jean Andrieux désoeuvré demeura, un temps, désemparé.

Il vécut à Poitiers pendant quelques mois et s'y affilia à la Société des "Amis de la Constitution". Les Jacobins de la ville, avant son départ, lui délivrèrent un certificat mentionnant sa présence fréquente aux réunions du club "au cours desquelles il avait développé des théories inspirées du républicanisme le plus pur". Frappé du cachet ovale au bonnet phrygien et du sceau de cire rouge, le document signale en outre que l'ex-vicaire épiscopal "s'est associé à la dénonciation adressée à la Convention à l'encontre des Fédéralistes".

LE MÉNAGE ANDRIEUX

Peu après son retour à Nantes, encouragé par la loi sur le mariage des prêtres l'assurant du maintien de son traitement et suivant l'exemple de certains de ses confrères, Pierre-Jean Andrieux, après quelques mois de relations ancillaires, épousa en septembre 1794, une jeune veuve de vingt-sept ans, Marie-Michelle Guilbaux, de treize ans sa cadette, native de Couëron (Loire-Inférieure), mariée en premières noces à un sieur Jacques-Mathurin Royne qui, faute d'avoir obtenu leur consentement, n'avait pas hésité à l'enlever de chez ses parents, alors cultivateurs à Vay, canton de Nozay.

Le ménage Andrieux vécut d'abord à Boué, près de Savenay, où Andrieux, auquel l'inaction pesait, avait obtenu d'assumer ce à quoi il se consacra pendant un certain temps, la direction d'une entreprise à Beuvron. Avant de revenir à Nantes, où, avec son épouse, il logea place Graslin, maison Rousseau, pendant quelques années.

ANDRIEUX PARTHENAY 001 Z

LA MUNICIPALITÉ DE PARTHENAY AUTORISE LA DÉMOLITION DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE LA COULDRE

L'ex-vicaire épiscopal rêvait, depuis longtemps, de quitter Nantes afin de rejoindre sa famille à Parthenay.

Le 18 décembre 1796, il sollicita de l'administration municipale de la capitale de la Gâtine, l'autorisation d'acquérir, rue de la Citadelle, le couvent des ci-devant religieuses Ursulines confisqué au profit de la nation, mis en vente comme bien national et qui, jusque-là n'avait pas trouvé d'acheteur, et ce, affirmait-il sans donner de précision, afin d'y installer une entreprise industrielle.

Étant devenu propriétaire des dits locaux, pour 3.450 francs, le 5 avril 1797, il renouvela aussitôt sa demande.

Elle fut examinée le 23 avril suivant, au cours d'une réunion présidée, en l'absence du maire Jean-Baptiste Failly, par le citoyen Sionneau, avocat, en présence des conseillers municipaux Alnet, Biget et Supervielle.

"Considérant - concluaient-ils - que le citoyen Andrieux, en acquérant la maison des ci-devant Ursulines envisage d'y établir une manufacture pour la filature du coton et que ce serait contrarier son projet que d'empêcher la démolition qu'il veut effectuer en vue de la création d'un établissement utile à la population et d'un rapport avantageux pour la commune, après avoir entendu la commission du Directoire exécutif, l'autorise à abattre les dits bâtiments".

Malgré la désaffectation de l'église dans laquelle, en 1791, le district avait fait prêter le serment civique aux soeurs chargées de l'instruction publique, il n'était pas question pour l'ancien prêtre d'en faire son domicile. Le ménage Andrieux, en attendant mieux, s'installa donc dans la petite maison située dans l'enceinte du couvent.

Le vieux sanctuaire du XIIe siècle avait encore belle apparence, en dépit des mutilations subies au cours des guerres de religion et de celles que, quelques années plus tôt, lui avaient infligées de fanatiques briseurs d'images.

Andrieux se hâta d'en faire démolir la nef centrale et les bas-côtés, de même que la partie supérieure de la façade où voisinaient entre autres, "sculptures vigoureuses parmi les plus belles du Poitou", la Nativité et l'entrée à Jérusalem.

Seules échappèrent à cette impardonnable destruction, accomplie avec la complicité de la municipalité du moment, l'abside romane et la partie basse de la façade avec son admirable portail aux sculptures mutilées.

Une fois son méfait accompli, l'ancien ecclésiastique que l'on imagine mal, malgré son évidente absence de préjugé, déambulant sans quelque gêne parmi les ruines d'une église presque totalement détruite par ses soins, ne parvint pas à donner suite à ses projets industriels et se contenta de s'enrichir en spéculant.

DE LUCRATIVES ACQUISITIONS DE BIENS NATIONAUX

Prévoyant l'utilisation d'une somme de 14.500 francs héritée de ses parents par son épouse, Pierre-Jean Andrieux, en 1795, estimant qu'il s'agissait là d'un fructueux investissement, fit l'acquisition de plusieurs biens nationaux aux alentours de Parthenay.

Le 27 janvier 1795, il devint propriétaire à Châtillon-sur-Thouet, du château de Chalandeau et de la ferme attenante, dite métairie de la Porte, confisquée sur l'émigré Louis Rigaud, ci-devant comte de Vaudreuil, capitaine de vaisseau, tenant le domaine de son épouse Anne-Marie du Breuil de Théon, dont le frère Jean, capitaine de grenadiers au régiment de Normandie, possédait à Saint-Aubin-le-Cloud, la seigneurie de la Grossetière. Le tout, que se disputèrent une demi douzaine d'enrichisseurs, bourgeois ou marchands de Parthenay et des alentours, fut finalement adjugée à l'ex-ecclésiastique pour 15.500 francs.

Andrieux acheta également en provenance du même Rigaud de Vaudreuil, pour 5.000 francs, la métairie de Chalandeau, celle de la Cordinière, proche du bourg d'Adilly et la petite borderie attenante, dite de l'Aubergerie pour 14.000 francs.

chalandeau z

LE PETIT-FILS D'ANDRIEUX REVEND LE CHÂTEAU DE CHALANDEAU

En 1850, le petit-fils de Pierre-Jean Andrieux, Théophile-Hippolyte Picard, célibataire, employé des Postes à Parthenay, qui le tenait de sa mère, Marie-Flore Andrieux, vendit son domaine de Chalandeau pour 55.000 francs à Alexandre-Benjamin Poignand de La Salinière, de Saint-Pardoux-en-Gâtine, époux de Marie-Rose Amiet, fille du maire de Mirebeau. Leur petite-fille, en l'épousant, apporta Chalandeau, à Maurice de La Rochebrochard, capitaine de dragons.

Abandonné vers 1930, par M. de La Rochebrochard, ancien maire de Châtillon-sur-Thouet, son dernier occupant, le vieux logis aux cinq tours dans lesquelles gîtent corneilles et hiboux n'est plus qu'une sinistre ruine, entourée de douves croupissantes.

château z

UN BREF MANDAT DE DÉPUTÉ

Après que Napoléon, de retour de l'île d'Elbe eut débarqué au Golfe-Juan et après son arrivée aux Tuileries le 20 mars 1815, une certaine agitation se manifesta dans les Deux-Sèvres. Les Vendéens occupèrent Bressuire à deux reprises et Thouars, pendant quelques heures le 21 juin.

A Parthenay où le général Delaage, qui y avait installé son quartier général, stationnait avec 4.000 hommes, le sous-préfet Bonnet de Lesdiguières, dont l'épouse avait brodé un drapeau blanc fleurdelysé à l'intention de la municipalité présidée par Louis-Charles Chaboceau, fut remplacé le 4 mai par M. Dives auquel succéda le 25 mai M. Mauduyt.

L'ex-Jacobin Pierre-Jean Andrieux qui, depuis son retour à Parthenay, était resté en dehors de la politique, était néanmoins connu pour ses idées libérales. Il se porta candidat à la députation à Parthenay en 1815 avec le sieur Fribault et le docteur Hyacinthe Ledain. En tête au premier tour avec 18 voix contre 13 à Fribault et 5 à Ledain qui ne se représenta pas, il fut élu au deuxième tour avec 21 voix contre 5 à Fribault.

Andrieux se rendit à Paris, mais ne ceignit pas longtemps l'écharpe tricolore. Le rôle des députés élus pendant les Cent-Jours qui le 8 juin, lorsqu'ils voulurent venir siéger, trouvèrent fermées les portes de leur palais, fut des plus effacé. L'ex-ecclésiastique, au terme de son éphémère mandat, regagna Parthenay. Bien qu'ayant la réputation d'être un homme fort charitable, il y était tenu à l'écart par la plupart de ses compatriotes.

Il occupait ses loisirs à des travaux manuels pour lesquels il était particulièrement doué. Ne construisit-il pas, entre autres engins mécaniques, un curieux moulin à six ailes qu'il installa pendant quelque temps au voisinage de son habitation, sur l'une des tours de la place du Château.

Andrieux perdit son épouse le 12 juillet 1815 et s'éteignit cinq ans plus tard, en 1820, le 21 juillet.

andrieux décès z

Il interdit la porte de sa demeure aux deux ecclésiastiques qui le sachant à l'article de la mort avaient souhaité le rencontrer. Obstinément fidèle à ses convictions anti-religieuses, il exigea que son corps ne soit pas porté à l'église. Seize personnes seulement, dont ses fermiers, l'accompagnèrent au cimetière. Deux de ses amis, Pierre-Victor Jouffrault et le docteur Ledain y prirent la parole.

De "courageux" anonymes, quelques jours plus tard, placardèrent des vers bassement injurieux sur la tombe de l'ex-vicaire épiscopal de la cathédrale de Nantes dont la vocation religieuse n'avait pas résisté au grand vent de tempête qui, en 1789, avait soufflé sur la France.

Parthenay - Maurice Poignat
Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres - Deuxième série - Tome XXII, N° 3 - 3ème trimestre 1989 - parution : janvier 1991

Pierre-Jean Andrieux avait eu, de son épouse Michelle Guilbaux, deux enfants : Marie-Flore, née à Parthenay, le 17 fructidor an IV (3 septembre 1796), qui, en 1821, épousa Hippolyte Picard, directeur de l'école d'enseignement mutuel de Parthenay ; et Pierre, né à Parthenay, le 5 prairial an IX (25 mai 1801), qui épousa Madeleine Bonnan.

Il fut maire de Châtillon-sur-Thouet de juin 1813 à janvier 1816.

signature z

 

AD79 - Registres paroissiaux et d'état-civil de Parthenay

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