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La Maraîchine Normande
9 juillet 2020

SAINT-DOMINGUE - BESANÇON (25) - LOUIS-GUILLAUME-VALENTIN DU BOURG, ARCHEVÊQUE (1766 - 1833)

 

DU BOURG 3 Z


Louis-Guillaume-Valentin Du Bourg naquit à Saint-Domingue, en 1766, où des intérêts de commerce avaient fixé son père, qui était français d'origine. Au moment de l'émancipation, obligé d'abandonner l'île, M. Dubourg partit pour la Nouvelle-Orléans, et envoya une partie de sa famille à Bordeaux, sa ville natale.

Louis-Guillaume-Valentin avait deux ans, lorsqu'il y arriva, et c'est dans le collège de cette ville qu'il fit ses premières études, après lesquelles il se rendit à Paris pour y suivre les cours de philosophie et de théologie au séminaire Saint-Sulpice. Ses qualités et ses vertus ecclésiastiques le distinguèrent à un si haut degré, qu'à peine eut-il fini ses études théologiques, qu'il fut nommé supérieur de la maison d'Issy, qui n'est qu'une succursale du séminaire Saint-Sulpice.

La révolution le força d'abandonner le poste qui lui avait été confié ; il est assez probable que ce ne fut qu'à la dernière extrémité, puisqu'il ne put s'échapper qu'à la faveur d'un déguisement complet, au moyen duquel il put rentrer à Paris, d'où quelques mois après, il passa en Espagne, et de là en Amérique, possédant parfaitement la langue espagnole, et assez bien la langue anglaise. Successivement fondateur du fameux collège de New-York, et nommé directeur des missions étrangères en Amérique, il se distingua également dans cette double carrière par un talent remarquable d'administration, et par le zèle dont il brûlait pour la conversion des infidèles. Aussi l'évêque de la Louisiane (espagnol d'origine), étant venu à mourir, M. Du Bourg fut chargé de l'administration du diocèse, pendant la vacance du siège, et bientôt après nommé évêque des deux Louisianes.

M. Du Bourg, sacré à Rome en 1815 (il avait entrepris le voyage dans l'espérance de faire changer la résolution du souverain pontife), partit de Bordeaux en 1817, accompagné de cinq prêtres et de quatre sous-diacres, sur un bâtiment que S.M. Louis XVIII avait mis à la disposition de ce prélat, afin de rétablir la mission de la Louisiane.

Débarqué à Annapolis, il parcourut à pied cent lieues d'un pays sauvage, et après une longue et pénible navigation sur l'Ohio, il toucha enfin le territoire de sa mission où il fit planter la croix, ce signe de salut qui devait être le guide de son apostolat. Tous les habitants accouraient pour contempler un prélat envoyé par le souverain pontife et le roi de France ; et l'évêque de la Louisiane et des Florides fit entendre pour la première fois à son troupeau la voix du pasteur.

Ce ne fut que le 5 janvier 1818 que l'évêque missionnaire arriva à St-Louis, capitale de l'état de Missouri, situé sur la rive droite du Mississipi. Le palais épiscopal ne consistait que dans une pauvre masure qui était l'ancien presbytère. Revêtu des habits pontificaux, M. Du Bourg traversa la ville avec ses missionnaires, sous un dais porté par les principaux habitants du pays, il se rendit à l'église au milieu des acclamations d'une joie touchante, et prit ainsi possession de son siège avec les solennités d'usage jusque là, sur cette frontière du désert.

Saint-Louis n'avait d'abord été qu'un village fondé par trois ou quatre familles françaises en 1766 : on n'y comptait encore en 1774 que 1200 habitants ; et c'est aux établissements fondés par M. Du Bourg que l'on doit surtout la prospérité de la ville épiscopale, devenue l'entrepôt d'un commerce immense, et qui sera bientôt une des cités les plus considérables et les plus populeuses de nouveau monde.

Dans l'espace d'une année, l'évêque de la Louisiane avait fait édifier une cathédrale, et le pays lui doit aussi la fondation de deux collèges et de trois monastères pour l'éducation des filles. La mission française de la Louisiane s'étend sur les deux Florides, depuis l'Océan jusqu'à la mer pacifique, et a été divisée en trois diocèses. Plusieurs nations indiennes du Missouri ont demandé des missionnaires, et M. Du Bourg, en quittant ce vaste pays pour la France, en 1826, a eu la consolation d'y laisser deux écoles florissantes pour les enfants, destinées à apporter à leurs nations respectives, sous la conduite, de leurs guides spirituels, les bienfaits de la religion et de la civilisation.

M. Du Bourg était si généralement aimé et estimé, que les Sauvages eux-mêmes ne l'appelaient que le grand-père des blancs. On a pu s'en convaincre par les témoignages de respect qu'il reçut des Osages qui vinrent en France, et qui voulurent à tout prix aller le voir à Montauban.

Cependant la faiblesse de sa santé lui permit de penser qu'il pouvait laisser fructifier en d'autres mains le champ qu'il avait si péniblement défriché. Il partit donc en 1826, avec la consolation d'avoir créé trois diocèses, et de voir à la tête de chacun d'eux un digne évêque, avec tous les éléments nécessaires pour y faire le bien qu'il avait eu en vue : il se rendit à Paris, dans l'espérance d'obtenir un canonicat à Saint-Denis : mais M. Frayssinous, sachant tous les services qu'il pouvait encore rendre à l'église, au lieu de consentir à ses voeux, le décida à accepter le siège de Montauban où une courte administration, qui lui permit cependant de fonder plusieurs établissements religieux, a laissé de longs regrets. Il quitta le siège de Montauban pour celui de Besançon, devenu vacant par la mort du cardinal de Rohan.

Atteint depuis plusieurs années d'une maladie jugée incurable par les plus célèbres médecins de Paris, et sur laquelle il ne s'abusait pas lui-même, il n'en venait pas moins dans son nouveau diocèse, avec la volonté et l'espérance d'y faire quelque bien et d'y consacrer entièrement le reste de ses forces.

Au printemps de 1833, le mal devint sérieux ; des crises périodiques se renouvelaient assez souvent, et toujours au détriment de ses forces qui allaient s'épuisant ; lorsqu'enfin, dans les premiers jours de décembre, une nouvelle crise se déclara comme toutes les autres, plus forte que la précédente : le mal fut si violent en si peu de jours, que les deux médecins, MM. Colard et Pécot, perdirent tout espoir, et dès le premier jour on entendit l'archevêque lui-même répéter avec tout le calme d'une grande âme : "Il y a des pressentiments qui ne trompent jamais, et certainement je ne serai plus de ce monde au milieu de décembre 1833. Non, je ne verrai pas 1834."

Pendant tout le cours de sa maladie, son coeur, suivant les paroles de son mandement, a été la seule portion de son être qui n'ait rien perdu de son ressort. Il prévoyait tout et parlait de tout, et même des choses les plus pénibles à la nature, avec le sang-froid que donne un long apprentissage de la mort, au chrétien qui en redoute les suites, mais qui l'appelle avec confiance

Il refit tout de nouveau son testament le trois décembre ; il communia pour le jubilé dans la nuit du 4 au 5. Le lendemain au soir il fut administré ... Il n'a pas cessé de demander aux prêtres qui l'entouraient de lui suggérer quelques pensées sérieuses, analogues à tout ce que sa position avait de terrible et de consolant. Ce qui ne l'empêcha pas de témoigner sa reconnaissance à ceux qui lui étaient si affectueusement dévoués. Il leur donna à chacun, de main en main, quelque souvenir, tel que ses lunettes, ses tabatières, ses cannes, ses médailles, son petit portrait et autres objets ... Il régla lui-même l'ordre et l'exécution de ses funérailles, en recommandant surtout à ses deux secrétaires, comme volontés sacrés, de ne le laisser exposer que vingt-quatre heures, et encore dans sa bière, de célébrer le plus tôt possible l'office de l'inhumation et de le déposer ensuite dans une chapelle de la Métropole jusqu'à l'autorisation du gouvernement pour sa sépulture dans le caveau des archevêques ... Dans l'intention que sa croix pectorale soit profitable encore après lui, il a commandé lui-même une petite croix en bois doré avec laquelle il devra être inhumé : Il avait ordonné lui-même dans toute la ville les prières des agonisants, et il les fit réciter à différentes reprises aux pieds de son lit, déjà deux jours avant sa mort.

Enfin après dix jours de douleurs et d'angoisse, et presque deux jours d'agonie, et 28 années d'épiscopat, Mgr Du Bourg est mort le jeudi 12 décembre 1833, à 7 heures moins un quart du matin, âgé de 68 ans.

DU BOURG DECES BESANÇON 1833 z

L'Univers : religieux, politique, philosophique, scientifique et littéraire - 18 décembre 1833

 http://users.telenet.be/pater.de.smet/index-fr.htm (portrait)

Archives municipales de Besançon - Registres d'état-civil

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