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La Maraîchine Normande
2 juillet 2020

LA FOSSE-DE-TIGNÉ (49) - 1929 - CHÂTEAU DE BEUGNON - UN JEUNE CHÂTELAIN TUE SA FEMME ...

UN JEUNE CHÂTELAIN TUE SA FEMME
D'UN COUP DE REVOLVER ET SE SUICIDE.
La victime venait d'être mère.
Les causes du drame restent mystérieuses

BEUGNON château z

A quelques kilomètres du bourg de Tigné, dans un cadre sauvage au milieu de bois épais, se dresse, sur le bord de la route, le château de Beugnon, entouré de ses deux fermes. Là, vendredi, vers 16 heures, s'est déroulé, en quelques secondes, un drame de famille dont les mobiles ne sont pas absolument éclaircis.

Mme Besnard, la châtelaine, qui, quarante-huit heures avant, venait de mettre au monde un charmant bébé, a été tuée dans son lit par son mari, Lucien, âgé de 28 ans. Aussitôt après, le meurtrier se logeait, dans la tête, une balle qui devait provoquer la mort.

C'est il y a deux ans que M. Lucien Besnard avait épousé sa cousine, âgée de 22 ans, et originaire de Loudun. Depuis lors le ménage vivait dans la propriété avec une bonne, qui assurait les gros travaux et la cuisine. Samedi dernier, la mère de la malheureuse était arrivée au château pour soigner la future maman.

Le châtelain avait comme fermiers les époux Métivier, installés depuis environ cinq ans. L'autre ferme était exploitée par M. Beaujon et sa femme. M. Besnard possédait une immense propriété qu'il gérait lui-même. Il s'était tout particulièrement consacré à l'exploitation d'un vignoble. Sa femme s'occupait de leur intérieur et s'efforçait de conserver au château l'aspect original et coquet qu'elle avait su lui donner.

M. Besnard était déjà père d'une petite fille qui aura deux ans au mois de juillet prochain.

Est-ce la venue au foyer d'un nouvel enfant qui déchaîna le drame d'hier ? On ne saurait l'affirmeer, mais l'hypothèse peut être envisagée.

Le début de l'après-midi de vendredi (1er mars) s'était passé comme d'ordinaire sans que rien dans son attitude, ni au cours d'une conversation laissât supposer que M. Besnard couvait un sombre projet. Bien au contraire, il assista, auprès de sa femme, au repas de midi, en compagnie de sa belle-mère.

Vers 15 heures, M. Besnard sortit du château et alla rendre visite à son fermier.

L'un et l'autre parlèrent de culture et le fermier déclara qu'il allait aux champs chercher des choux pour ses bêtes.

Pendant ce temps, au château, la bonne, dans les sous-sols, faisait la cuisine cependant qu'au-dessus, la belle-mère s'occupait du nouveau-né.

M. Besnard rentra chez lui vers 16 heures, sans avoir été aperçu.

Brusquement, la mère de la jeune femme, à quelques secondes d'intervalles, entendit deux détonations provenant de la chambre de sa fille. Elle se précipita.

La jeune maman gisait dans les draps au milieu d'une mare de sang, la tête fracassée. A terre, au pied du lit, le mari, un revolver dans chaque main, baignait lui aussi dans son sang, le crâne ouvert.

Beugnon château 3 z

L'enquête du journal :

A 21 heures, nous arrivions au château du Beugnon. La première personne que nous rencontrons est la femme du fermier :

- Ce qui vient de se passer, nous dit-elle, est tout-à-fait incompréhensible. Nous connaissions fort bien nos maîtres et nous entretenions avec eux les meilleures relations. M. Besnard était, du reste, lui-même un excellent cultivateur et souvent il nous donnait les conseils de son expérience.

Songez qu'il est né ici dans ce château qu'il ne quitta jamais.

Lors de son mariage avec sa cousine, Mlle Marie-Henriette Besnard, son père quitta le domaine et décida de se retirer à Angers où il devait mourir peu après.

Mme Besnard était, elle aussi, d'une grande affabilité : bonne pour ses voisins, toujours prête à rendre service. Et sa moralité comme sa conduite sont à l'abri de toute critique.

Au château, nous trouvons tout le personnel en émoi. Et déjà les plus proches parents des deux victimes sont là : un oncle de Thouars, une tante, un autre oncle, juge de paix à Beaufort-en-Vallée, tous appartenant à la famille de M. Besnard.

Le docteur Rouais de Martigné, mandé d'urgence, vint au chevet du meurtrier prodiguer ses soins inutiles.

Dans la cuisine, une voisine veille attentivement sur le berceau du nouveau-né, cependant que la belle-mère, atterrée, est plongée dans un profond mutisme, dans un fauteuil, près de la chambre mortuaire.

La jeune bonne, qui vient de terminer sa déclaration aux gendarmes enquêteurs, nous fait, comme la fermière l'éloge de ses patrons. Elle précise que, depuis qu'elle était au service des châtelains, elle ne fut témoin d'aucune scène de ménage, pas même une parole déplacée.

Des premiers renseignements recueillis, il apparaît comme à peu près certain que l'entente parfaite ne régnait pas au château et que, si le monde extérieur ignorait les dissentiments du mari et de la femme, ceux-ci n'en existaient pas moins.

M. Besnard, dont le goût pour les armes à feu était connu, était en effet d'un caractère assez étrange. On dit en effet qu'il n'aimait pas les enfants. Sans doute, il ne maltraitait pas sa petite fille, âgée de deux ans et se montrait à son égard un père digne de ce nom, mais on voyait très bien qu'il ne l'abordait pas toujours avec une affection spontanée.

On ajoute, d'autre part, que M. Besnard avait peut-être des difficultés financières ignorées.

Journal Le Matin - Dimanche 3 mars 1929

bESNARD baptême

Lucien-Léon-Marie-Henri Besnard est né au château de Beugnon, le 25 septembre 1900. Il était fils de Henri Besnard, propriétaire au Beugnon, et de Marie-Antoinette-Léonie Audouin.

Il avait épousé sa cousine, Marie-Henriette Besnard, à Loudun, le 8 juin 1926. Elle était née le 2 janvier 1907.

 

AD49 - Registres d'état-civil de La Fosse-de-Tigné

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> Je viens de lire votre article qui, je dois le dire...est très complet ! Il se trouve que le nouveau-né dont vous faites allusion est mon grand-père ! Aussi, si vous veniez à avoir d'autres informations ou si vous savez comment récupérer un dossier judiciaire de l'époque, merci de me l'indiquer ! Belle soirée à vous :)
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