Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
13 juin 2020

SARRELOUIS -LA ROCHE-SUR-YON (85) - CLAUDE-RAPHAËL DUVIVIER, INGÉNIEUR EN CHEF DES PONTS ET CHAUSSÉES (1771 - 1821)

CLAUDE-RAPHAËL DUVIVIER, INGÉNIEUR EN CHEF

Dans sa séance du 30 novembre 1821, sur la proposition d'un membre de la municipalité de Bourbon-Vendée, on donne lecture de la notice sur la vie de M. Duvivier, Ingénieur en chef.

Sarrelouis z


Fils de Jean-Louis Duvivier, officier de cavalerie et de Catherine Raphaël, Claude-Raphaël est né à Sarrelouis, le 7 janvier 1771.

Il commença ses études au collège de Charleville, et les termina d'une manière très brillante, chez les pères de l'oratoire à Angers.

Ses connaissances se trouvant plus étendues que dans les cours ordinaires, l'on dressa pour lui un programme particulier des exercices, la thèse qu'il soutint le 18 octobre 1788, en présence des députés de l'assemblée provinciale, roula spécialement sur les mathématiques, la physique et l'astronomie, et fut déposée, comme une chose remarquable, au greffe de la ville. Ce furent ces bons religieux qui imaginèrent cette solennité, pour augmenter sans doute la réputation dont jouissait déjà leur établissement.

Son père lui voyant des dispositions pour les sciences abstraites, le destina à entrer dans le corps des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Dès l'âge de 17 ans, livré à lui-même au milieu des dissipations de la capitale, il consacra tous ses instants à des études sérieuses : une jeunesse sans écarts fut l'heureux prélude d'une vie sans tache.

Admis, d'après un concours où il obtint le premier rang, à l'école des Ponts et Chaussées, il fut reconnu capable d'y enseigner les mathématiques, et choisi quelque temps après pour faire partie des élèves qui formèrent le noyau de cette école dont la renommée devait bientôt s'étendre dans toute l'Europe, et qui a fourni un si grand nombre d'hommes remarquables : je veux parler de l'École Polytechnique.

Employé ensuite comme élève des Ponts et Chaussées, il fut nommé ingénieur en 1797, et dirigea, sous les ordres de M. Boistard, la construction du pont de Nemours, si remarquable par sa légèreté et sa parfaite exécution. Ce fut à cette occasion qu'il fit des expériences sur l'équilibre des voûtes, et qu'il en établit la véritable théorie.

Envoyé à Avignon en 1803, il projeta et fit exécuter le pont de Bonpas sur la Durance. Ce bel ouvrage, auquel présidèrent une rare intelligence et la plus sévère économie, valut à son auteur le grade d'ingénieur en chef.

Il avait commencé le pont sur le Rhône, lorsqu'il reçut l'ordre de se rendre dans le département de la Vendée au commencement de 1809.

Attaché d'abord aux travaux de la ville de Bourbon-Vendée, il contribua, par son influence, à faire abandonner le système des constructions provisoires, il a fait faire sous ses yeux le tribunal, le lycée, l'hôtel-de-ville, les maisons civiles et militaires, celles de la place de la Préfecture, les halles et l'église ...

Chargé plus tard des travaux de tout le département, il s'occupa sans relâche des projets qui devaient le plus contribuer à la prospérité publique.

C'est lui qui pensa le premier qu'on pouvait améliorer le dessèchement des marais mouillés, et la navigation du canal de Luçon. On crut lui ravir cette idée, en rédigeant à la hâte un projet dispendieux qui fut vanté et appuyé par des gens qui s'imaginaient follement trouver dans son exécution des moyens de fortune. Mais ce projet n'a pu soutenir l'examen, et l'on adopta en partie les moyens simples et économiques proposés par M. Duvivier.

Il songeait à compléter l'ensemble des routes qui coupent si heureusement un pays naguère privé de toutes communications, et à rendre navigables les rivières de la Vendée, du Lay, de la Boulogne et de la Vie, quand la mort est venue l'arracher à des occupations aussi éminemment utiles !

C'est au moment où il consacrait avec le plus d'ardeur à ce département ses pensées, son temps, une partie même de sa fortune, que des hommes, dont le ministère pouvait influencer l'opinion, égarés sans doute par l'intrigue ou la prévention, affectèrent de méconnaître ses services, ses talents, son caractère, et entreprirent de l'attaquer dans son honneur et sa réputation.

Quelles tristes pensées ce sujet fait naître ! Serait-il donc vrai qu'une carrière honorable, une vie pure, une réputation sans tache, pussent être flétris en un instant par le souffle de la calomnie ? ...

Ah ! pour concevoir une injustice aussi révoltante, il faut remonter aux dissensions qui ont affligé ce malheureux pays : il faut y voir un des effets du fanatisme de l'esprit de partie, qui met la justice et l'honneur dans le triomphe d'une coterie.

Mais que peut maintenant la calomnie ? s'attachera-t-elle à un cadavre, poursuivra-t-elle la mémoire d'un homme honorée de la douleur publique ? et s'il eut vécu, n'aurait-il pas trouvé dans sa propre conscience, dans l'estime des gens de biens, dans la haute considération dont il était entouré, dans la tendresse de ses amis, une ample compensation à la haine de quelques hommes ?

Vous regrettez, Messieurs, dans ce digne collègue, l'homme public, l'administrateur éclairé ; vous connaissiez cet esprit sage et précis dans les discussions, bien qu'il fut orné de connaissances étendues et profondes - "Où retrouverons-nous, nous dit un de ses amis, cette finesse de ce calme de jugement, ce coup d'oeil froid et désintéressé sur toutes les choses vulgaires, et cette manière de pensée si noble et si élevée ?"

Je ne parle point ici de son équité, de son désintéressement, de sa générosité sans bornes, de son amour pour son pays et pour son Roi, afin de ne pas répéter un éloge devenu populaire.

Je voudrais vous montrer cet excellent homme, tel qu'il était, pour ses amis intimes : C'est avec eux qu'il se livrait aux charmes d'une conversation animée, et qu'il déployait toutes les ressources de son esprit.

Sous un extérieur grave et sévère, il cachait une âme bonne, qui s'abandonnait avec confiance aux douceurs de l'amitié. Facile à émouvoir par la piété et par les sentiments tendres, il paraissait inaccessible à la haine, à la jalousie et aux passions honteuses.

Une réserve qui lui était naturelle, un discernement que devançait l'expérience, l'avaient dirigé dans le choix de ses amis dès son plus jeune âge. Il a conservé tous ceux qu'il a eu pendant sa vie, et plusieurs quoique ses camarades ou ses chefs, avaient pour lui un respect qui allait jusqu'à la vénération : c'était le prix d'un caractère ferme et généreux ou dominaient la franchise et la loyauté.

Ses relations avec des hommes d'État distingués, la confiance qu'ils avaient dans ses opinions, lui ont fournis les occasions d'être utile à un grand nombre de personnes. Il n'était pas avare de son crédit, mais il n'en usa jamais que pour faire du bien et ce n'est pas le seul point dans lequel il diffère de ses amis.

C'est un trait de son caractère de n'avoir jamais rien sollicité pour lui-même : il ne dut qu'à ses talents et à son rare mérite les distinctions flatteuses qu'il a obtenues.

Nommé Ingénieur en chef dès l'âge de 35 ans, il reçut du Roi, en 1814, le titre de chevalier de la Légion d'honneur, et un nouveau grade allait être la preuve de la haute estime que les chefs de son corps avaient pour lui.

Ainsi, soit qu'on le considère comme homme public, soit qu'on descende dans les détails de sa vie privée, on le verra partout estimé, honoré, chéri et toujours digne de l'être.

Ses amis peuvent pourtant lui faire un reproche : il ne s'occupait pas assez de lui. Une sorte de pudeur, un excès de délicatesse lui faisaient éloigner les conversations dont il était l'objet ; et, renfermant en lui-même les chagrins qu'il pouvait avoir, il ne cherchait point dans l'amitié les consolations qu'il savait si bien répandues.
On ne connaît point jusqu'à présent les restes de sa famille ; mais il s'en était fait une nombreuse dans les amis tendres et dévoués qui pleurent sur sa tombe, et qui resteront inconsolables de sa perte.

Le conseil après avoir écouté cette notice avec intérêt, arrête qu'elle sera insérée en entier au présent procès-verbal de ce jour comme un témoignage de l'estime publique et de la douleur des membres du conseil.

Claude-Raphaël Duvivier est décédé à La Roche-sur-Yon, le 17 novembre 1821.

 

DUVIVIER décès

 


Archives de la Ville de La Roche-sur-Yon - Délibérations municipales - AMRY_85_191_D_1D_2 - vues 24 et 25 / 139

 

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité