VOUVRAY (37) VENDÔME (41) - PHILIPPE-JÉRÔME-GAUCHER DE PASSAC, OFFICIER D'ARTILLERIE (1765 - 1830)
PHILIPPE-JÉRÔME-GAUCHER DE PASSAC, ancien officier supérieur d'artillerie, chevalier de Saint-Louis, est né le 30 septembre 1765, à Vouvray, département d'Indre-et-Loire et baptisé le 5 octobre suivant.
Il fut élevé à Vendôme, d'abord dans une pension particulière, puis à l'école royale militaire tenue par les prêtres de l'oratoire.
Il entra comme élève d''artillerie à l'école de Metz en 1784 et fut reçu officier d'artillerie au régiment de Toul en 1785, à la même promotion que Buonaparte, mais une trentaine de rangs avant lui. Il se trouvait dans ce régiment avec Laclos, auteur des liaisons dangereuses, Lacombe-Saint-Michel, Rousseau de Saint-Aignan, Casimir de Montlivault, Ferdinand de Broglie.
Le début de la révolution et surtout le voyage qu'il fit à Paris en 1789, avec un bataillon de son régiment, le guérirent de toutes les idées de réforme des abus et de perfectionnement dans le gouvernement qui avaient pu le séduire un instant en lisant les philosophes et les politiques du temps. Aussi émigra-t-il au mois de janvier 1792.
Après avoir rejoint son frère à Bruxelles, il partit pour Coblentz et alla rejoindre à Obervesel, sur le Rhin, un rassemblement d'artillerie. Il fit avec ce corps la campagne de 1792, sous les ordres de leurs A.R. Monsieur et Monseigneur le comte d'Artois.
Licencié à Arlon, il revint avec son frère à Bruxelles, puis à Aix-la-Chapelle d'où il fut appelé en 1794, pour faire partie d'une réunion d'officiers d'artillerie destinés à être transportés à la Vendée ; mais après avoir été retenus dans ce port jusqu'à l'arrivée des républicains de l'autre côté du canal, il fut embarqué sur un Cutter et conduit dans l'île de Walcheren où le mauvais air décima ses camarades et qui donna à lui-même des fièvres quartes qui durèrent quatre mois. Il suivit la retraite de l'armée anglaise à travers la Hollande, l'Oost-Frise, le duché de Brême, jusques sur les bords de l'Elbe. Ramené sur ceux de Weser, il s'y embarqua pour faire partie de la seconde expédition de Quiberon, sous les ordres de S.A.R. le comte d'Artois (S.M. Charles X). Il apprit en route le sort de la première expédition et celui de son malheureux frère qui faisait partie du corps du brave Sombreuil, et qu'il avait vu pour la dernière fois à Harderwick sur les bords de l'Elbe. Après avoir été embarqués quatre mois, après être venu près des îles d'Houat et d'Hœdic, dans la baie de Quiberon, puis dans la baie de Bourgneuf, il fut ramené à Limington et licencié.
Il passa un an à Londres et entra dans le corps d'artillerie de M. de Rotalier, destiné alors pour les Indes occidentales, mais heureusement cette destination fut changée et il suivit son corps en Portugal, où il passa quatre ans. Il revint ensuite en Angleterre ; mais au bout de trois mois il put rentrer en France, en septembre 1801, et il y rejoignit une femme chérie, Catherine-Françoise-Adélaïde Buscheron de Boisrichard (1770 - 1862), qu'il avait épousée le 12 juillet 1790, à Vendôme. Elle était fille de M. Antoine-Pierre-René Buscheron de Boisrichard, ancien officier de la maison du Roi, puis conseiller au bailliage royal de Vendôme, et alors maire de cette ville. Il en eut deux enfants : 1° Philippe-Antoine de Passac, né en 1804, mort à 7 mois ; 2° Deux filles mortes en naissant ; 3° Françoise-Adélaïde de Passac, née le 30 octobre 1802 ; mariée à Vendôme, le 2 janvier 1827 avec Alexandre-Jean-Baptiste Fayau de Vilgruy.
Il se retira à Vendôme, devint membre du conseil général du département de Loir-et-Cher, et consacra tous ses loisirs à la littérature.
En 1814, il fut nommé chevalier de Saint-Louis, chef de bataillon d'artillerie, et en 1815, commandant d'artillerie à Laon ; il n'accepta pas cette place, et obtint sa retraite.
Philippe-Jérôme-Gaucher de Passac est décédé à Vendôme, le 3 avril 1830, âgé de 64 ans.
Son frère, Pierre-Alexandre-Adrien de Passac, seigneur de Pinchat et Cosson, est né le 30 janvier 1761. Il épousa, en 1781, Luce Mayaud de Rassai, fille de Messire Mayaud et nièce de Messire de Boislambert, seigneur de Rassai, près Loches en Touraine, lieutenant du roi des villes et château de Loches. Elle mourut à Loches en 1782, n'ayant eu qu'une fille qui ne vécut que six semaines. Pierre-Alexandre-Adrien émigra en 1792, servit pendant la campagne de cette même année à l'armée de leurs A.R. et dans le corps commandé par M. de Sombreuil, en 1795. Fait prisonnier à Quiberon avec ce corps et conduit à Vannes, il fut victime comme ses compagnons d'infortune. Voici comment M. Joseph-C. (de Montbron, membre de la chambre des députés) raconte les derniers moments de Pierre-Al.-Ad. de Passac.
"Enfin le jour parut et avec lui le gendarme qui devait nous conduire à la mort. Il tenait la liste des condamnés et nomma mes infortunés compagnons, qu'on attacha deux à deux à mesure qu'il parlait. Ces hommes, qui un instant auparavant, pleuraient avec amertume sur leurs fautes, prirent un air calme et serein pour marcher au supplice. Qui pourrait le croire ? Je les ai vus quittant leurs habits pour les donner aux soldats avant qu'ils fussent souillés de sang et percés de coups. Passac fut nommé le dernier et nous restions le jeune volontaire et moi. Passac ôta un mouchoir qu'il portait au cou et me le donna, en disant : je n'ai plus autre chose, gardez ce mouchoir, mon cher capitaine, qu'il vous rappelle mon amitié ... Grand Dieu ! comment le témoin de tant de vertus a-t-il pu ne pas les imiter ? Sa fermeté ne se démentit point ; mais en l'embrassant je sentis déjà sur ses joues les glaces de la mort."
Son père, Pierre-Alexandre de Passac, second du nom, chevalier, seigneur de Pinchat, est né le 19 novembre 1725, lieutenant au régiment d'infanterie de Tournaisis, en 1744, lieutenant des maréchaux de France à Tours, par commission du 20 février 1759, épousa le 17 janvier 1757, demoiselle Marie-Françoise-Suzanne Hogu, fille unique de M. François-Jacques Hogu, président de l'élection de Vendôme et subdélégué, morte au mois de décembre 1765 et lui en 1772. Il eut pour enfants 1° Pierre-Alexandre-Adrien ; 2° Philippe-Jérôme-Gaucher ; 3° Deux filles mortes en bas-âge.
Vendôme et le Vendômois - par M. Ph.J.G. de Passac - 1823
États de services - Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois - 1989
AD37 - Registres paroissiaux de Vouvray
AD41 - Registres d'état-civil de Vendôme